Le Psautier est, par excellence, une œuvre littéraire qui donne la parole à ses lecteurs : « — ALLELUIA Louez le Seigneur toutes les nations, louez-le tous les peuples ! » (Ps 117,1)
Les cent cinquante psaumes composent le plus long livre de la Bible. Traditionnellement il est attribué à David, mais on y trouve des poèmes attribués à Salomon ou à divers chantres du temple de Jérusalem. Plusieurs psaumes se présentent d'ailleurs comme des chants accompagnés par divers instruments liturgiques.
C'est un livre pour tous, et pour toute occasion, heureuse ou malheureuse, à vivre avec le Seigneur. Le peuple d'Israël, inspiré par Dieu, y a exprimé ses peines et ses joies, y a demandé pardon ; il y a loué Dieu et l'a remercié pour les bénédictions. Qu'ils soient individuels ou communautaires, lyriques ou épiques, les poèmes relèvent donc de genres aussi divers que la confession de foi, la lamentation, l'hymne de louange, la méditation sur l'histoire, l'idéal messianique, etc.
Ils ont nourri la prière du peuple de l'Ancien Testament, de Jésus, des Apôtres et des premiers martyrs : le Psautier est le livre le plus cité dans le Nouveau Testament. Jésus fit tellement sienne la voix du psalmiste, qu'il mourut en l'actualisant pleinement dans son cri sur la croix : Éli, Éli, lema sabachthani (Ps 22,2 ; cf. Mt 27,46). Mieux, la poésie énigmatique des Psaumes permit au Christ de suggérer son identité divine (Ps 2,7 ; 110,1, etc.). Se considérant comme son Corps mystique, l'Église continue la prière de sa Tête, priant Dieu dans l'Alliance Nouvelle par ces paroles inspirées de l'Ancienne Alliance en ses multiples liturgies.
Véritable marqueterie de voix emboîtées, voix de David ou de son fils, voix des chantres du Temple, voix de Dieu, voix de Jésus-Christ, les psaumes dans la polyphonie de leurs versions continuent d'inspirer des nombreuses compositions musicales.
Nota bene sur la numérotation des psaumes : pour de pures raisons technologiques, la présente bible suit la numérotation des psaumes selon la version hébraïque (massorétique), mais la Bible latine, tout comme la Bible grecque, présente en fait une numérotation décalée. Les psaumes 9 et 10 selon l'hébreu y sont fusionnés ainsi que les psaumes 114 et 115, tandis que les psaumes 116 et 147 de l'hébreu y sont séparés en deux.
- hébreu—Ps 11 à Ps 113 = grec/latin—Psaumes 10 à 112 ;
- hébreu—Ps 114–115 = grec/latin—Psaume 113 ;
- hébreu—Ps 116 = grec/latin—Psaumes 114–115 ;
- hébreu—Ps 117 à Ps 146 = grec/latin—Psaumes 116 à 145 ;
- hébreu— Ps 147 = grec/latin—Psaumes 146–147.
Nous indiquons dans le texte même les cas de fusion ou de division. En dehors des psaumes 1 à 8 et des psaumes 148 à 150, où la numérotation est la même, pour savoir le numéro selon la version latine du Psaume que vous êtes en train de lire, il faudra donc diminuer d'une unité le numéro qui s'affichera au-dessus. Par exemple, le célèbre Miserere se trouvera ici au ch.51, mais il est, dans la tradition latine le Psaume 50.
TEXTE
Critique textuelle
Hébreu
Les manuscrits hébreux massorétiques ne diffèrent que par de petites variantes, et viennent sans doute d'un archétype unique, autour de l’ère chrétienne. Néanmoins, mémorisé d’abord par oral puis sans cesse recopié, l’état du texte porte la marque des péripéties de la transmission. En témoignent tout au long du texte les diverses haplographies, dittographies, métathèses, soit de consonnes à l'intérieur des mots, soit de mots à l'intérieur des phrases, les confusions de lettres, en particulier du resh et du dalèt, les sauts d'une ligne à l'autre et les déplacements de versets. Quant aux défauts du rythme, par lacune ou au contraire par surcharge, ils proviennent sans doute des aléas de la transmission orale. Les traducteurs se sont souvent appuyés sur les versions anciennes pour étayer leurs hypothèses dans les cas difficiles. Mais ces versions ne font souvent que souligner les difficultés.
Grec
- La version grecque la plus ancienne, celle de la Septante, traduit un texte hébreu plus fidèle à l'original, et mieux préservé que le texte massorétique. Il faut noter, cependant, des problèmes au niveau des temps verbaux, et une syntaxe qui peine à refléter les sémitismes. Certains mots revêtent parfois une signification plus influencée par l'araméen, les anthropomorphismes sont atténués, de même que les passages condamnant les étrangers. Elle met en avant certains thèmes comme l'angélologie, la démonologie, ainsi que la notion de rétribution, et colore les thèmes du salut ou du jugement d'une teinte messianique ou d’attente eschatologique : tous ces traits relèvent nettement du judaïsme postexilique. Sur le plan rhétorique, elle privilégie une phrase plus souple et homogène, renonçant ainsi aux heurts du texte hébreu ainsi qu’à maintes notations concrètes.
- D’autres versions ont été transmises par la →recension lucianique et les traductions d’ , de et de .
Latin
La Vetus latina apparue en Afrique et à Rome vers la fin du 2e s. ap. J.-C. est corrigée par
vers 383 d’après la Septante. Puis il retraduit intégralement le psautier depuis l'hébreu vers 392.Araméen
Le Targum des psaumes, mis par écrit vers le 5e s., est une paraphrase assez prosaïque, qui est influencée par les écrits rabbiniques. Les mêmes caractères que ceux de la Septante s’y retrouvent, avec un net accent moralisant. Plus original, un lien est fait entre la rétribution et la vie après la mort ; l’exégèse historicisante se concentre sur la Loi, attribuant à Dieu les hauts faits de l’histoire royale, tout en tendant vers un messianisme dépourvu de connotations religieuses.
Syriaque
La plus ancienne version syriaque, la Peshitta, remontant aux premiers siècles de l'ère chrétienne, semble relativement indépendante du texte grec. Issue de la traduction d’un texte hébreu non vocalisé, elle présente des similitudes avec le texte massorétique.
D’autres versions syriaques traduisent ensuite le grec :
- la syro-palestinienne ou hiérosolomytaine (vers le 5e s.) ;
- la philoxénienne, faite en 508 par ;
- la syro-hexaplaire faite en 617-618 par d’après la cinquième colonne des Hexaples.
Proposition d’une structure du livre
Le Psautier est subdivisé en cinq « livres » (Ps 1-41 ; 42-72 ; 73-89 ; 90-106 ; 107-150), marqués par des points de repères bien explicites dans le texte (Ps 41,14 ; 72,18ss ; 89,53 ; 106,48 ; 150,1-6). Une analogie avec les cinq livres de la Torah a été avancée. Bien qu'il soit difficile de déchiffrer la logique interne de chaque « livre », certains psaumes consécutifs révèlent un vocabulaire assez homogène et une certaine cohérence structurelle.
Genres littéraires
On distingue trois genres principaux, sans exclure les genres mineurs ni d'autres regroupements.
1. Les hymnes
Les Ps 8 ; 19 ; 29 ; 33 ; 46-48 ; 76 ; 84 ; 87 ; 93 ; 96-100 ; 103-106 ; 113-114 ; 117 ; 122 ; 135-136 ; 145-150 sont des chants de louange de Dieu. Après une invitation au chant, le psaume décrit les merveilles de Dieu, sa création, son salut, et termine par une nouvelle exhortation ou une prière. Deux ensembles peuvent être distingués :
- Les Cantiques de Sion (Ps 46 ; 48 ; 76 ; 87) célèbrent sur un ton eschatologique la cité de Jérusalem (Ps 84 ; 122).
Les Psaumes du Règne de Dieu (Ps 47 ; 93 ; 96-98) se rapprochent du style prophétique.
2. Les supplications, ou psaumes de souffrance, ou lamentations
Ces psaumes sont des prières adressées à Dieu, implorant son secours et sa protection. Après un fervent appel, le psalmiste dépeint la détresse du peuple, dans un style souvent stéréotypé et fait d'images concrètes, avant de conclure par l'action de grâces et la certitude du salut (Ps 6 ; 22 ; 69 ; 140). On distingue parmi eux des psaumes pénitentiels (Ps 51), de reproche (Ps 9-10 ; 22 ; 44), de foi en Dieu (Ps 3-5 ; 11 ; 16 ; 23 ; 42-43 ; 55-57 ; 62-63 ; 91 ; 121 ; 125 ; 130 ; 131, etc.).
- Certains psaumes sont des chants collectifs (Ps 12 ; 44 ; 60 ; 74 ; 79 ; 80 ; 83 ; 85 ; 106 ; 123 ; 129 ; 137). Après une épreuve affectant l'ensemble du peuple, on supplie le Seigneur de sauver Israël. Il est possible d'attribuer les Ps 74 et Ps 137, à la chute de Jérusalem en 587, le Ps 85 au retour d'exil.
- D'autres sont plus individuels (Ps 3 ; 5-7 ; 13 ; 17 ; 22 ; 25-26 ; 28 ; 31 ; 35 ; 38 ; 42-43 ; 51 ; 54-57 ; 59 ; 63-64 ; 69-71 ; 77 ; 86 ; 102 ; 120 ; 130 ; 140-143). Il s'agit de demandes très variées, contre tous les dangers, notamment les maux physiques, les agressions verbales des ennemis (généralement vagues), les péchés. On ne peut dégager un "moi collectif", tel un roi parlant au nom de la communauté, étant donné le caractère très personnel des expressions utilisées et l'absence de références explicites au roi. Bien que certains psaumes aient pu être adoptés ultérieurement par l'ensemble du peuple (Ps 22 ; 28 ; 59 ; 69 ; 71 ; 102), ils demeurent néanmoins l'expression d'une souffrance individuelle et d'une confiance inébranlable.
3. Les actions de grâces
Ces psaumes (Ps 18 ; 21 ; 30 ; 33-34 ; 40 ; 65-68 ; 92 ; 116 ; 118 ; 124 ; 129 ; 138 ; 144) peuvent être considérés comme des chants du peuple dans son ensemble, mais ils reflètent généralement plutôt une action de grâce personnelle. Ils sont souvent associés à des hymnes.
4. Genres secondaires et mélange des genres
Il est évident que ces genres ne sont pas aussi tranchés et qu'il est fréquent de touver plusieurs genres dans un même psaume. Le Ps 89 mêle hymne, ton prophétique et lamentation, par exemple. De même, le Ps 119, hymne à la Torah, peut être lu comme une supplication personnelle et/ou une exposition de la doctrine sur la Sagesse.
- Les thèmes de Sagesse, par exemple, peuvent revêtir une importance telle qu'on évoque des "Psaumes didactiques", comme les Ps 1 ; 112 ; 127.
- Certains psaumes sont proches du genre oraculaire (Ps 2 ; 50 ; 75 ; 81-82 ; 85 ; 95 ; 110). Quelques exégètes y voient des oracles véritablement exposés lors des cérémonies dans le Temple, d'autres la simple reprise du style prophétique. On ne peut que rappeler l'ampleur des sujets communs entre Prophètes et Psaumes, et l'assurance des liens entre Psaumes et culte.
- On discerne enfin les psaumes « royaux » : oracles (Ps 2 et 110), prières (Ps 18 ; 20 ; 28 ; 61 ; 63 ; 72 ; 101), action de grâces (Ps 21), chant royal de procession (Ps 132), hymne royal (Ps 144), épithalame (Ps 45). Peut-être ces psaumes datent-ils du temps de la royauté et reflètent-ils des usages de cour. Le roi est appelé fils de Dieu, sauveur, et son royaume doit durer pour l'éternité sur toute la terre. Les Ps 2 ; 72 ; 89 ; 110 ; 132 sont l'écho du messianisme royal davidique et alimentent l'attente et l'espérance du Messie, l'Oint de Yhwh.
CONTEXTE
Milieux de vie
Tout comme la poésie égyptienne, mésopotamienne ou cananéenne, le lyrisme d'Israël remonte aux origines, et on retrouve des traces dans toutes les pièces poétiques des livres narratifs : Cantique de Moïse (Ex 15), Chant du Puits (Nb 21,17s), hymne de Débora (Jg 5), élégie de David sur Saül et Jonathan (2S 1), éloges de Judas et de Simon Maccabée (1M 3,3-9 ; 14,4-15) avant les cantiques de Marie, Zacharie et Syméon dans les Evangiles. On sait que des recueils existaient, dont il ne reste souvent que le nom et quelques allusions, tels que le "livre des Guerres de Yhwh" (Nb 21,14) et le "livre du Juste" (Jos 10,13 ; 2S 1,18). La poésie religieuse est principalement représentée par les Psaumes.
Certains critiques estiment que les Psaumes étaient utilisés pour une fête en l'honneur de Yhwh, analogue à celle de Marduk à Babylone, en s'appuyant sur les Ps 47 ; 93 ; 96-98 qui emploient des images royales humaines. Mais aucune preuve tangible de cette hypothèse n'a été avancée. Le roi d'Israël est l'Oint de Yhwh, son « Messie », et ce lien religieux avec Dieu constitue la principale différence avec les conceptions égyptiennes ou mésopotamiennes, en dépit d'expressions communes.
Circonstances cultuelles
Les chantres
Il est certain que des chantres faisaient partie intégrante du personnel cultuel du Temple et que des danses accompagnaient les fêtes (Jg 21,19ss ; 2S 6,5.16) même si leur mention explicite n'apparaît qu'après l'exil. Am 5,23 évoque de chants associés aux sacrifices, David instaure des chanteurs pour le palais (2S 19,36) et d'après les Annales de Sennachérib, le Temple de Salomon, à l'instar des temples de la région, compte des chantres sous le règne d'Ezéchias. L'attribution de certains psaumes à Asaph, aux fils de Coré, à Hémân et à Étân (ou Yedutûn) - chantres du Temple avant l'exil, selon les Chroniques - confirme cette hypothèse, et l'attribution à David, qui a réorganisé le culte et les chantres (1Ch 25), et qui a dansé devant l'arche de Yhwh (2S 6,5.16) permet de remonter plus haut encore.
Psaumes accompagnant un rite
On trouve également des notations de musique ou de liturgie pour certains psaumes, ainsi que des allusions à un rite (Ps 20 ; 26-27 ; 66 ; 81 ; 107 ; 116 ; 134-135) et à une récitation dans le Temple (Ps 48 ; 65 ; 95 ; 96 ; 118). Les « Cantiques des Montées » (Ps 120-134) ainsi que le Ps 84, étaient utilisés lors des pèlerinages. De nombreux psaumes peuvent donc être directement liés au culte du Temple. D'autres ont pu y être rattachés ultérieurement à des fins liturgiques (Ps 125 ; 128-129). Cependant, cette constatation générale manque d'indications précises quant à leur utilisation lors de cérémonies particulières.
- Le grec donne comme titre aux Ps 24 ; 48 ; 93-94 une répartition sur la semaine.
- Le Ps 92 est destiné au sabbat selon le titre hébreu.
- Le Ps 30 est utilisé pour la fête de la Dédicace, selon l'hébreu.
- Le Ps 29 sert à la fête des Tentes, selon le grec.
Si ces notations ne remontent peut-être pas à l'usage primitif, elles attestent cependant d'une utilisation liturgique au Temple, puis à la Synagogue, avant d'être adoptées par l'Église.
Auteur/s et datation
La question des «titres» : des auteurs multiples
Les titres attribuent 73 psaumes à David, 12 à Asaph, 11 aux fils de Coré, ainsi que quelques autres à Hémân, Étân (ou Yedutûn), Moïse et Salomon. 35 psaumes sont anonymes. Les titres grecs ne sont pas forcément les mêmes que l'hébreu et attribuent à David la composition de 82 psaumes, tandis que le syriaque présentent encore plus de divergences. Cependant, la formule hébraïque n'indique pas un auteur spécifique, mais plutôt un lien entre le psaume et une personne. Par exemple, les psaumes « aux fils de Coré » son considérés comme faisant partie d'un répertoire familial, tout comme les psaumes « au maître de chœur » (Ps 4 ; 5 ; 6 ; 8, etc.) du répertoire du Temple. Il existait également un recueil d'Asaph et un recueil davidique.
L'auteur traditionnel, David
Toutefois, ces indications de provenance ont rapidement été interprétées comme désignant un auteur, et certains psaumes « à David » ont même été associés à des événements de sa vie (Ps 3 ; 7 ; 18 ; 34 ; 51-52 ; 54, etc). Cette attribution à David s'est finalement étendue à l'ensemble du recueil. Malgré cette généralisation, on ne peut sous-estimer ces indications qui suggèrent une composition effective par des chantres, notamment pour Asaph et les fils de Coré. Un rapprochement avec les livres historiques sur David musicien (1S 16,16ss ; cf. Am 6,5) et poète (2S 1,19-27 ; 3,33s), intéressé par le culte (2S 6,5.15s) invite à considérer l'existence de psaumes composés par ce roi, tel que le Ps 18, très proche de 2S 22. L'impulsion davidique et un noyau authentique de pièces du roi forment la base du Psautier qui compile plusieurs sources poétiques.
Hypothèse de datation
Après avoir daté les Psaumes d'après l'exil ou plus tard, la critique estime qu'on a affaire à un travail de longue haleine et distingue plusieurs groupes :
- Des Psaumes royaux datant de la royauté, mais sans plus de précisions, étant donné le flou de leur contenu.
- Les psaumes du Règne de Yhwh, apparentés à Isaïe, datant de l'exil, comme ceux qui évoquent la chute de Jérusalem (Ps 137) ou le retour (Ps 126).
- La restauration du Temple donne une nouvelle impulsion au culte et beaucoup d'importance aux chantres. Des écrivains usent d'un genre proche des psaumes pour exposer leur doctrine comme Ben Sira. Néhémie réunit les livres de David selon 2M 2,13.
- Certains exégètes datent les Ps 44 ; 74 ; 79 ; 83 de l'époque maccabéenne mais sans preuves suffisantes.
Outre la méthode historico-critique, un bon nombre d’exégètes favorise plutôt une approche canonique et même synchronique qui, sans ignorer la dimension historique, tend à considérer le psautier dans son état final.
Formation
Le Psautier actuel est une compilation de collections antérieures. On a deux groupes de psaumes de David, Ps 3-41 et Ps 51-72 avec la mention « Fin des prières de David » ; tous sont attribués au roi sauf un à Salomon (Ps 72) et trois anonymes.
On a d'autres groupements :
- le psautier d'Asaph (Ps 50 ; 73-83),
- celui des fils de Coré (Ps 42-49 ; 84-85 ; 87-88),
- celui des Montées (Ps 120-134),
- celui du Hallel (Ps 105-107 ; 111-118 ; 135-136 ; 146-150).
Les répétitions de certains psaumes (Ps 14 et Ps 53 ; 40,14-18 et Ps 70 ; 57,8-12 plus Ps 60,7-14 et Ps 108) sont une bonne preuve de l'existence de ces multiples recueils. L'étude des noms divins est aussi un indice puisque Dieu est appelé Yhwh dans les Ps 1-41 et Ps 90-150 (sauf Ps 108), Elohim dans les autres psaumes.
Le Psautier a connu une division en cinq livres avec pour transitions des doxologies (Ps 41,14 ; 72,18ss ; 89,52 ; 106,48). Le Ps1 introduit et le Ps 150 conclut.
RECEPTION
Canonicité
Canon
Dès le début du 2e s. av. J.-C., le psautier actuel est incorporé à la Bible hébraïque. Le livre se trouve en tête des Écrits (Ketubîm) dans la Bible hébraïque et la Septante (cf. Lc 24,44) mais après Job dans la Bible chrétienne. Le psautier aurait été le premier livre de la section des Écrits à être traduit en grec durant le 3e s. av. J.-C. Le Nouveau Testament cite les psaumes plus d’une centaine de fois.
Le Psautier est une collection de cent cinquante psaumes. Du Ps 10 au Ps 148, la numérotation de la Bible hébraïque (qui est suivie ici) est en avance d'une unité sur celle de la Bible grecque et de la Vulgate, qui réunissent les Ps 9 et Ps 10 et les Ps 114 et Ps 115 mais coupent en deux le Ps 116 et le Ps 147.
Intertextualité
Le Nouveau Testament cite beaucoup les Psaumes
- Jésus les utilise pour exposer sa doctrine (Mt 21,16.42 ; 22,43ss ; 23,39 ; Jn 15,25).
- Les évangélistes insistent sur l'accomplissement des Psaumes par et en Jésus (Mt 4,6 ; 13,35 ; 21,9 ; 27,46, etc. ; Jn 2,17 ; 6,31 ; 19,24.28, etc.).
- Les apôtres utilisent aussi les Psaumes pour leur prédication (Ac 1,20 ; 2,25-28.31.34 ; 13,33, Rm 3,4.10-18 ; 4,7s ; 8,36 ; 10,7.18 ; 11,9s ; 15,3.9.11 ; 1Co 3,20 ; 10,26 ; 2Co 4,13 ; 9,9 ; Ep 4,7s, He 3,7-4,11).
Importance traditionnelle
Liturgie juive
Les psaumes tiennent une place considérable dans le culte juif. Outre les psaumes liés à des fêtes comme la fête de Pessah où sont récités au moment du repas pascal (Seder) les psaumes du petit Hallel (Ps 113-118) puis le grand Hallel (Ps 136), chaque sabbat est l’occasion de cantillations, le vendredi soir, pour l’office de Kabbalat Shabbat, les Ps 95-99 ; 29 ; 92-93 ; le Ps 145 est récité au début de chaque office quotidien, soit trois fois par jour. Lors du rituel funéraire, la récitation continue du psautier auprès du défunt est une pratique très ancienne. Le judaïsme connaît aussi la récitation continue du psautier dans la prière privée avec une répartition soit hebdomadaire soit mensuelle.
Liturgie chrétienne
Déjà employés comme lectures, les Psaumes sont peu à peu intégrés comme chants chrétiens aux 3e-4e s., servant de transitions entre les lectures lors des offices ou comme chants de procession. Ils sont généralement exécutés sous la forme responsoriale, un soliste disant les versets et le peuple répondant par un refrain. Le chœur double dans l'assemblée se développe vers le 4e s. mais vers le 6e s., le peuple délaisse peu à peu le chant des Psaumes. Ce sont les communautés de prêtres et de moines qui intègrent alors de plus en plus les Psaumes dans leur office. On y ajoute ensuite les cantiques de l'AT et du NT (recueil de 15 cantiques au 5e s.). Les refrains évoluent en tropaires (strophes poétiques) en Orient, tandis qu'en Occident, l'antienne est récitée au début et à la fin du Psaume, pendant que deux chœurs alternent la psalmodie des versets.
Du culte à la culture
Compositions à usage liturgique
- En Orient, les hymnes comme les tropaires d' (5e s.) s'inspirent beaucoup des Psaumes.
- En Occident, bien que moins d'hymnes soient créées, les Psaumes sont souvent repris dans les collectes (5e-8e s., Excita potentiam tuam et veni).
Usages ascétiques
Le NT ne fournit que peu d'informations sur l’usage des Psaumes dans les premières communautés (1Co 14,26 ; Ep 5,19 ; Col 3,16 ; Jc 5,13 ; Ac 16,25). Cependant, les Actes des martyrs ou les écrits de Tertullien témoignent de leur grande importance dans la prière des premiers fidèles. Les vierges, les veuves, les ermites font de leur récitation une grande partie de leur prière privée. Selon les Canons d'Hippolyte, 4e s., le catéchuménat, le noviciat du moine (Laure de Saint-Sabbas), et l’ordination sous-diaconale (Canons syriens) demandent l’apprentissage des Psaumes par cœur.
Histoire des traductions
La traduction en langues vernaculaires (psautier gallican vers 1100, français dès le 13e s.) s’intensifie au 16e s. et est capitale pour les langues elles-mêmes (Bible de
(†1546) et du roi (†1625)). On ne compte pas les écrivains qui ont traduit les Psaumes en vers, (†1544), (†1684), (†1698), (†1763), ou (†1955) transposant la Vulgate.Dans la musique
En Orient, la mélodie reste étroitement liée à la récitation/cantillation juive, tandis qu’en Occident, au Moyen-Age, les chantres composent les antiennes grégoriennes. Plus tard, la polyphonie vient enrichir cette mise en valeur du texte ; par exemple, (†1594) ou (†1672) composent des œuvres à partir des Psaumes.
Dans les arts visuels
Les Psaumes sont très présents dans l'iconographie chrétienne.
- Dès le 5e s., le Ps 148 est représenté dans une maison épiscopale à Ravenne
- Au-dessus du baptistère de Néon à Ravenne, se lit le début du Ps 23. Ce psaume est à l'origine de la représentation du Bon Pasteur qui se trouve dans les anciens baptistères (Naples, Latran, Vatican).
Les psautiers sont de deux types, des manuscrits à destination des nobles, avec des miniatures en pleine page, imitant les manuscrits alexandrins, et des psautiers plus simples, avec des miniatures en marge
Exégèse chrétienne
Dès le 3e s. apparaissent les premiers commentaires des psaumes avec
(†235) et (†254). Aux 4e-5e siècles, les psaumes tiennent la première place dans les homélies et commentaires des Pères.- (†420, Lettres 112, 20) cite – outre d'innombrables écrits partiels – six auteurs orientaux ayant commenté tous les psaumes : , (†ca. 306), (†339), (ca. 350), (†ca. 390) et (†398).
- Il mentionne en Occident (†367), (†371) et (†397).
A cette liste il convient d'ajouter au moins pour l'Orient :
- (†373), (†379), (†ca. 390), (†ca. 395),
- (†407), (†428), (†444), (†ca. 450), (†455), (†ca. 457).
En Occident,
- lui-même, (†410), (†430), (ca. 460)
- (†585).
A partir du 6e s., la prédication scripturaire diminue. Mais il y a encore des commentaires sur les psaumes.
- Certains auteurs, comme Bède le Vénérable (†735) et (†853), copient leurs prédécesseurs.
- D'autres s'orientent dans une direction plus ascétique ou spirituelle, comme (†804) ou (†1045).
- Suivent les commentaires de (†1101), (†ca. 1102), (†1120), (†1123), (†1129), (†1153), (†1173), (†1160).
- La méthode scholastique s’introduit avec : (†1280) et (†1274).
Suivent alors les commentaires de :
- (†1349), (†1378),
- (†1435), (†1468), (†1471), (†1490),
- (†1550), (†1558).
Après la Réforme, outre l'œuvre des réformateurs
(†1546) et (†1564) eux-mêmes, suivent, entre autres :- (†1553), (†1558), (†1569), (†1576), (†1583), (†1588), (†1590), (†1592), (†1597),
- (†1605), (†1606), (†1608), (†1621), (†1634), (†1639), (†1644), (†1651), (†1669), (†1680), (†1686), (†1691),
- (†1704), (†1706), (†1713), (†1715), (†1719), (†1727), (†1738), (†1742), (†1747) (†1770).