« Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu... » : difficile de mieux commencer par le commencement que le prologue de ce livre, qui est un des poèmes les plus célèbres de la littérature mondiale ! Tout au long de l'Évangile selon saint Jean, composé dans une prose poétique et rythmique qu'on a comparée aux ondes des vagues de la mer, se cristallisent des formulations si frappantes qu'elles sont passées en proverbes, telles que « L'esprit souffle où il veut » (Jn 3,8)...
Le « Quatrième évangile » est l'évangile de tous les paradoxes : d'abord, il est le seul des quatre à ne jamais employer ni le mot →« évangile » ni le verbe qui en dérive. Ensuite, c'est le plus élaboré sur le plan théologique, donc à première vue celui qui interprète le plus les faits. Cependant, sur les plans chronologique et topographique, il est aussi le plus vraisemblable, ne serait-ce que dans son usage constant des Écritures et des grandes liturgies du Temple pour raconter Jésus comme nouveau Moïse et plus que Moïse. C'est, enfin, à la fois le plus tardif (il date de la fin du 1er s.) et le plus originaire : le seul qui se prétende expressément fondé sur un témoignage oculaire !
Surnommé « Jean le théologien » depuis l'Antiquité en raison de la profondeur de sa révélation, et pour cette raison symbolisé par l'aigle, oiseau capable de fixer le soleil sans en être aveuglé selon les bestiaires légendaires, le quatrième évangéliste a longtemps été identifié à l'un des Douze, Jean fils de Zébédée. Il pourrait cependant s'agir d'un autre disciple, Jean le Presbytre (c'est-à-dire : l'Ancien, ou le Prêtre), un témoin oculaire, tout proche de Jésus, qui aurait choisi comme sa Mère ou les femmes de son entourage, de se tenir mystiquement et intimement présent à la Tradition de la mémoire sur Jésus dont les apôtres se font propagateurs (cf. Jn 21,23-24).
Jean s'ouvre et se clôt avec des termes propres au langage, intimement liés à la création (Jn 1,2-3) et au Créateur lui-même (Jn 1,1), et en relation avec Jésus (Jn 1,9-14), en particulier dans le livre que nous sommes en train de lire (Jn 21,25). Celui-ci apparaît ainsi comme totalement maîtrisé par son auteur qui intègre constamment sa réflexion au récit qu'il déroule. Ce faisant, en même temps qu'il transmet sa « →Vie de Jésus », Jean la met en rapport avec la spéculation juive sur la mystérieuse →Parole divine créatrice du cosmos et donatrice de la Torah... Bref, tout en retenant les traits essentiels d'un évangile en tant que « biographie » de Jésus, l’Évangile selon saint Jean, autant et plus que les Synoptiques, narre, au-delà de toute chronique d'une existence singulière, une vie qui se déroule dans le temps mais plonge dans l'éternité (cf. Mt 13,35).
Le simple lecteur d'aujourd'hui qui ouvre le Quatrième évangile s'embarque donc dans une belle aventure de pensée, de langage et... d'amitié ! À partir de ce petit livre, Quelqu'un l'interpelle. Jean dit de Jésus ce qu'aucun autre évangile n'avait encore dit : il pénètre dans son for intérieur comme seul un ami proche peut le faire. Voici le défi : entrer dans cet évangile et le savourer en tant qu'ami de Jésus.
TEXTE
Critique textuelle
Codices
Comme le reste du Nouveau Testament, le texte grec de Jean s’établit avant tout par la comparaison des grands codices des 4e et 5e s.: le Codex Vaticanus, le codex Sinaïticus, et le →codex de Bèze gréco-latin. En général semblable au Vaticanus, le Sinaïticus s’avère proche du codex de Bèze pour les sept premiers chapitres de Jean : il représente dans l'ensemble une tradition moins mêlée à celle des autres évangiles que le Vaticanus, et donc un témoin précieux du si particulier « style johannique ».
Papyri
Avec ceux de Mt, les témoins de Jean sont les papyri du NT les plus nombreux.
- Le plus ancien papyrus du NT, P52 (ou P. Rylands GK. 457) conservé à la John Rylands Library de Manchester, daterait de 125. Il présente deux passages de Jn 18 (recto Jn 18,31-33 ; verso Jn 18,37-38) sous la forme canonique ; le papyrus Egerton 2 (de la même époque, lui aussi d'origine égyptienne) semble aussi en citer plusieurs passages. Si l'on date la composition de Jean des alentours de 95, P52 au moins attesterait d'une diffusion précoce.
- Les papyri de la collection Bodmer sont 150 ans plus vieux que les codices. P75 est généralement plus proche du codex Vaticanus que des autres manuscrits. P66 présente un texte mixte, entre le Vaticanus et le Sinaïticus, plus proche cependant du second. Les désaccords entre P66 et P75 montrent que dès 200 ap. J.-C. bien des variantes existaient déjà dans le texte de l’évangile.
Autres témoins anciens
- Il existe de cet évangile des versions anciennes latines, syriaques, coptes et éthiopiennes.
- Les citations de Jean chez les Pères de l’Église ont également leur importance (voir ci-dessous : réception traditionnelle).
Genres littéraires
Une « Vie »
Jean compose une « →Vie » de Jésus toute orientée vers son dénouement : le récit de la passion (suivi des témoignages sur la résurrection).
- À la différence des synoptiques, il ne consacre au ministère en Galilée qu'un seul chapitre (6), où il concentre les principaux traits de l'activité de Jésus connus par ailleurs : miracles et foules enthousiastes (Jn 6,2.5), espérances messianiques (Jn 6,14s) et inintelligence de la foule (Jn 6,26), murmures (Jn 6,41), découragement et abandon de beaucoup (Jn 6,52.60.66), foi des Douze (Jn 6,67ss), et annonce de la Passion (Jn 6,70s).
- Inversement, Jn rapporte des miracles inconnus des synoptiques, comme l'eau changée en vin à Cana ou la résurrection de Lazare et surtout de très longs discours, exprimant une christologie plus explicite insistant sur la divinité de Jésus.
Un témoignage « juridique » : de l’histoire au service d’une théologie
Jn se présente explicitement comme un témoignage composé et reçu en vue d'une fin très honnêtement décrite : susciter la foi chez ses lecteurs (Jn 20,30s ; 21,24s). Il atteste l'événement accompli par la venue de Jésus Christ : l'Incarnation du Verbe pour le salut des hommes.
- Son enquête historique va à l'essentiel : il retient seulement quelques faits matériels et historiques pour y découvrir des mystères divins (cf. Jn 2,19ss ; 9,7 ; 11,51s ; 13,30 ; 19,31-37). Chez Jn, le symbolique et l'historique fusionnent, et chercher à les démêler revient à le lire à contresens.
- Sa stratégie religieuse est explicite. Il relie la mémoire de Jésus à tous les modes de présence de Dieu à son peuple : Moïse, le temple, les fêtes liturgiques. Jésus accomplit les grandes figures messianiques de l'Ancien Testament : il est l'Agneau de Dieu (Jn 1,29), le temple nouveau (Jn 2 21), le serpent sauveur élevé dans le désert (Jn 3,14), le pain de vie figuré par la manne dans le désert (Jn 6,35), le bon Pasteur (Jn 10,11), le vrai cep (Jn 15,1) etc.
- Sa stratégie littéraire vise à provoquer la rencontre de ses lecteurs avec ce Verbe incarné, cette Parole. Jn considère son évangile lui-même comme le signe ultime qui doit conduire son lecteur à croire. C'est pourquoi il relativise les « signes » (Jn 4,48 ; 20,25.29) qui n'ont de sens que rapportés à la parole (Jn 4,40ss). Après le « signe » de la multiplication des pains, ceux qui restent avec Jésus sont ceux qui lui attribuent des paroles de vie éternelle (Jn 6,66-69). Ce sont elles qui appellent la foi (Jn 15,22.24 ; cf. Ex 4,15ss). Autant et plus que les « signes » (Jn 5,36 ; 10,25), ce sont les paroles du Baptiste (Jn 1,7s.15 ; 5,31-35), du Père lors du baptême du Christ (Jn 5,37 ; Jn 1,32ss), des Écritures (Jn 5,39.45ss ; cf. Dt 18,15.18), et de l'Esprit (Jn 15,26) qui témoignent en faveur de Jésus. Jn oblige donc son lecteur à « demeurer » longuement dans la parole, de la façon la plus concrète qui soit, en répétant sans cesse ! (d'où son style — cf. infra : Procédés littéraires caractéristiques — qui oblige littéralement à demeurer).
Un drame : le « Roi » selon Dieu, ou le triomphe de l'amour
Comme dans les synoptiques, Jésus meurt dans Jn en tant que « roi des Juifs » (Jn 19,3.12-15.19ss).
- Ce titre relève du messianisme de la dynastie royale davidique (Jn 7,40ss), dans les codes de laquelle s'est faite l'entrée solennelle à Jérusalem (Jn 12,13).
- Jn met en scène le drame de l'opposition croissante à celui qu'il confesse comme leur messie, des élites hiérosolymitaines (Jn 5,16ss ; 7,30ss.44 ; 8,59 ; 10,31.39). Cette opposition culmine dans la décision prise en Jn 11,47-53.
- Inversant la parodie de couronnement qu'était pour les Romains qui le pratiquaient le supplice de la crucifixion (Textes anciens Mt 27,37b ; Milieux de vie Mt 27,35a), Jean décrit la mort (et la résurrection) de Jésus comme usteron proteron, retournement total de situation : alors que l'ennemi croit réussir, il est lui-même vaincu (Jn 12,31s). L'« élévation » de Jésus (sa crucifixion, selon le latin d'Empire qui disait : elevare in crucem) est en fait son intronisation glorieuse (Jn 12,23 ; 13,31s ; 17,1.5).
- Au fond, pour Jn, Jésus est bien roi, mais d'une royauté hors de ce monde (Jn 18,36), dont le « Prince » n'a donc aucune prise contre lui (Jn 14,30).
- D'une façon caractéristique de la pensée →apocalyptique, Jean décèle, en amont du drame humain, un drame surnaturel : le « Prince de ce monde » (Jn 12,31 ; 14,30 ; 16,11) utilise les opposants de Jésus (Jn 8,44) pour le détruire (Jn 13,2.27 ; 14,30) ainsi que ses disciples (Jn 15,18s ; 17,14).
Traits apocalyptiques
Le quatrième évangile plonge son lecteur dans une eschatologie déjà en cours de réalisation.
- En ce qui concerne la vision du monde, Jn 8,23 fait coexister les deux mondes distingués par le judaïsme : le monde présent et le monde à venir (eschatologique) coexistent. L'un est « en bas » (ce monde-ci) et l'autre est « en haut », en Dieu (Jn 13,1).
- Quant à l'eschatologie personnelle, la résurrection n'est plus à attendre pour l'instant où sera instauré le « monde à venir » (cf. Dn 12,1s), elle est inaugurée en Jésus (Jn 11,23-26). La foi est un début de résurrection (Jn 5,24 ; cf. 1Jn 3,14 — inversement : Jn 3,18-21.36). L'anéantissement dans le shéol n'est plus à craindre (Jn 8,50 ; 11,25) : la mort n'est qu'une impression superficielle (cf. Sg 3,2) il s'agit d'un passage (Jn 13,1).
- Quant à l'eschatologie communautaire : c'est seulement « au dernier jour » que ressuscitera celui qui croit en Jésus (Jn 6,39s.44.54); qu'il sera jugé (Jn 11,48) par le Christ ressuscitant les bons et les méchants (Jn 5,28s ; cf. Dn 12,2).
Structuration
On divise classiquement le Quatrième évangile en deux grandes parties flanquées d'un prologue et d'un épilogue :
- Jn 1,1-18 : Prologue
- Jn 1,19-12,50 : Vie publique
- Jn 13,1-20,31 : Cycle de la Passion
- Jn 21,1-25 : Épilogue
Les fêtes juives jouent un rôle révélateur en offrant un cadre signifiant à chaque acte important de Jésus :
- Jn 2,13 Pâque ;
- Jn 5,1 Solennité non nommée, peut-être la Pentecôte ou un sabbat ordinaire ;
- Jn 6,4 Pâque ;
- Jn 7,2 Tentes ;
- Jn 10,22 Dédicace ;
- Jn 11,55 Pâque.
Ces quelques indications laissent entrevoir le raffinement de la construction de Jean, qui mérite à elle seule une synthèse : →Jean (structure).
Procédés littéraires caractéristiques
PROSODIE Langue poétique
Le « style » de Jean est ce qui frappe le plus dans son évangile. Le grec médiocre de Jn conduit certains spécialistes à y voir une traduction de l’araméen, cependant la question du grec koinè sémitisé est très complexe :
- Le « rythme hébraïque » est très présent : répétitions, parallélismes et structures circulaires (chiasmes) abondent, en particulier dans des passages aussi célèbres que le Prologue Jn 1,1-18 et ou les « derniers adieux » (Jn 14-17)
- Déclinée en correctio ou épanorthose, cette forme répétitive crée, sur le plan sémantique, un effet de fugue.
ÉNONCIATION quiproquo et ambigüité
Ce trait est aussi présent chez les autres évangélistes, mais il semble systématisé chez Jn :
- Mise en scène de l’incompréhension des interlocuteurs face à l’incarnation (Jn 2,19ss ; 3,3s ; 4,10s ; 6,26s ; 7,34s ; 8,33ss ; 11,1-13) ;
- Recours ironique et pédagogique au double sens : élever (Jn 3,3.8.14) ; (crucifixion comme retour à Dieu : Jn 8,28 ; 12,34); eau vive (Jn 4,10) ; mourir pour (Jn 11,50ss).
- Ironies (cf. Jn 3,2 ; 4,12 ; 6,42 ; 7,35 ; 9,40s ; 11,50) ;
- Ambiguïté énonciative : qui parle, Jean le précurseur ou bien l’auteur de l’évangile (en Jn 3,16-21) ? Nicodème ou bien le narrateur (en Jn 3,31-36) ? Enfin, dans la fin du chapitre 12 (Jn 12,37-44), le narrateur parle comme Jésus, citant les Écritures comme en écho aux paroles mêmes du Maître.
Jn souligne par deux fois le fait que sous le regard de Dieu, un énonciateur peut en cacher un autre :
- dans l'interprétation de la parole affreuse de Caïphe (Jn 11,49-52)
- et dans la discussion sur le cadrage énonciatif incorrect du titulus (Jn 19,19-22).
SÉMANTIQUE
Symbolisme plus développé que dans les synoptiques
Chez Jean, les grands enseignements de Jésus sont structurés par des images frappantes. Comparaisons et paraboles deviennent de véritables allégories (de la lumière et des ténèbres ; de la chair et de l'esprit ; de la vigne, du cep, des sarments et des fruits ; du pasteur, de la porte, du bercail et du troupeau) ; ou encore des énigmes (du corps comme Temple, de l'Esprit comme souffle ; de l'eau comme foi ; de la croix comme vrai serpent d’airain ; de la crucifixion comme élévation…).
Arithmologie?
L’évangéliste utilise souvent la symbolique des nombres.
- Jésus reproche à la Samaritaine d'avoir eu cinq maris (Jn 4,16s) et le mot « mari » revient cinq fois. De même pour les mots « pains » et « poissons » (Jn 6,9-13), « disciples » (Jn 1,35ss ; 21,1-14).
Certains chiffres qui ont une valeur symbolique conventionnelle
- 7 symbolise la totalité, la perfection. Le paralytique est guéri « tout entier » (Jn 7,23) dans un récit où l'adjectif « sain » revenait primitivement sept fois (Jn 5,4.6.9.11.14s ; 7,23). L'expression « ouvrir les yeux » revient sept fois lors de la guérison de l'aveugle-né (Jn 9,10.14.17.21.26.30.32). L'enfant à Capharnaüm est guéri à la septième heure (Jn 4,52s).
- 6, par contraste, évoque l'imperfection. La faiblesse de l'homme en Jésus se montre à la sixième heure (Jn 4,6 ; 19,14). Quand l'évangéliste énumère les témoignages en faveur du Christ (Jn 5,31-47) et y oppose l'incrédulité des adversaires, « témoigner » revient sept fois (Jn 5,31.32.33.36s.39) tandis que le verbe « croire », avec négations, revient six fois (Jn 5,38.44.46.47). Il y a six jarres de purification (Jn 2,6, vs Jn 13,8ss ; 15,3) ; six fêtes « des juifs » mais la dernière Pâque, passage de ce monde vers le Père (Jn 13,1), est nommée sept fois (Jn 11,55 ; 12,1 ; 13,1 ; 18,28.39 ; 19,14). Le Christ est maintenant le véritable Agneau pascal (Jn 19,36 ; cf. Ex 12,10.46 ; 1Co 5,7).
Typologie mosaïque sublimée
Moïse, comme tous les prophètes, a été « envoyé » par Dieu pour sauver et guider son peuple (Ex 3,10ss), de même Jésus pour donner la vie aux hommes (Jn 3,17.34 ; 6,29.57 ; 7,29 ; 10,36 ; 17,18). Jésus nomme 26 fois Dieu comme « celui qui [|]'a envoyé » (Jn 4,34 ; 5,23s.30 et passim).
Jésus est le nouveau Moïse.
- D'après Dt 18,15.18s, Dieu a promis à son peuple de lui envoyer un prophète semblable à Moïse. Jésus est le prophète par excellence (Jn 6,14 ; 7,40.52), supérieur et meilleur que Jean-Baptiste (Jn 1,21b). C’est de Jésus que Moïse a écrit dans la Loi (Jn 1,45 ; 5,46 ; cf. Dt 18,15, 18). L'évangéliste place donc sur les lèvres de Jésus des paroles qui concernent Moïse dans les Écritures (Jn 12,48ss ; 8,28s ; 7,16b-17; cf. Dt 18,18s ; Nb 16,28 ; Ex 3,12 ; 4,12). Dans l'économie de la Nouvelle Alliance, Jésus accomplit Moïse (Jn 1,17) si bien que ses coreligionnaires devraient le reconnaître pour le nouveau Moïse (Jn 9,24-34).
Jésus fait comme Moïse : des signes
- À l'image de Moïse conduisant le peuple, Jésus est hégémôn, conducteur de ses disciples dans le désert de ce monde vers la Terre Promise qu'est la maison du Père (cf. Dt 1,33) : il vient les chercher pour les conduire là où il est (Jn 12,26 ; 14,2s ; 17,24; cf. Jn 1,37ss ; 14,2s).
- Comment être certain que Jésus n'est pas un imposteur (Jn 17 ; 8,21-25) ? Moïse avait déjà fait cette objection à Dieu (Ex 3,13 ; 4,1) qui lui avait donné l'occasion d'accomplir des « signes », preuve de sa mission divine (Ex 4,2-9). De même, Jésus accomplit et dépasse Moïse (Jn 1,15-18).
- L’évangile est rythmé par les échos de l’exode mosaïque : l’agneau de la Pâque (Ex 12,3-13), l'eau transformée (cf. Ex 7,20 et Cana) ou donnée (cf. Nicodème), le sanctuaire (purification du Temple), la manne (Jn 6,5-13 ; cf. Ex 16), le serpent.
- Durant sa vie terrestre, Jésus accomplit six miracles dont quatre sont nommés « signes » (Jn 2,11 ; 4,54 ; 12,18 ; cf. Jn 11,42). Les foules croient en lui à cause de ses signes (Jn 2,23 ; 6,2.14 ; 7,31 ; 11,47 ; 12,37 ; 20,30), reconnaissant en lui l'action du Dieu qui seul peut bouleverser les lois de la nature (Jn 3,2 ; 9,32s ; cf. Ex 3,12). Cette stratégie sémiotique culmine dans le septième et dernier « signe » : la résurrection (Jn 2,18-22 ; 10,17s).
Jésus enseigne comme Moïse, en prophète, porte-parole de Dieu.
- Moïse redit ce que Dieu lui commande de dire (Dt 18,18 ; Ex 4,12.15) : Jésus aussi (Jn 8,28 ; 12,49) ne prend pas l'initiative (Jn 7,16ss ; 14,10.24), mais transmet les paroles de Dieu (Jn 3, 34 ; 17,8).
- Jésus donne un commandement qui résume toute la Loi ancienne, les dix « paroles » que jadis Moïse avait transmises de la part de Dieu (Ex 20,1-17 ; Dt 5,5-22) : il demande « Aimez-vous les uns les autres comme moi-même je vous ai aimés » (Jn 13,34s ; 15,12.17). Car « Dieu est Amour » (cf. 1Jn 4,7-16).
- Moïse a révélé aux hommes le Nom divin par excellence : « Je suis » (Ex 3,13ss). Jésus y fait allusion maintes fois, mais d'une manière telle qu'il semble assumer lui-même le "Je" divin (Jn 8,58 ; cf. Jn 8,24.28 ; 13,19 ; Dt 32,39 ; Is 43,10 ; 45,18), avec sa puissance (au moment de l'arrestation, que Jésus dise « Je suis » et ses ennemis sont à terre (Jn 18,5s). Jésus a révélé aux hommes cet autre nom divin (Jn 17,6.26) qui dit un amour inconditionnel, « Père » (Jn 17,1.11.24s).
Jésus est plus que Moïse
- Plus encore que le nouveau Moïse porte-parole de Dieu annoncé par Dt 18,15.18, dans la bouche duquel Dieu place ses paroles (Dt 18,18; il est "avec" sa bouche : Ex 4,12), Jésus est lui-même Parole de Dieu (Jn 1,1s.14), vie et lumière (Jn 1,4s.9) qui éclaire la marche (Jn 8,12 ; 9,5 ; cf. Ps 119,115) ; il existait avant le monde, qui fut créé par la Parole (Jn 1,3) et Moïse a donc pu voir sa gloire (Jn 12,41).
- Comme en Is 55,10s, cette Parole vient régénérer la terre, au point de faire de l'homme un fils de Dieu (Jn 1,12s), puis elle remonte au Père (Jn 1,18 ; 13,3 ; 14,2s ; 16,27s). Au cours de cette vaste parabole, elle révèle les secrets de Dieu (Jn 1,18 ; 3,11ss).
De fait, Jésus accomplit l’économie mosaïque de la p/Parole et du livre
- Avec Moïse et la Tora, la Parole divine n'est n'est plus recélée dans les cieux, mais "tout près", à portée de main, dans le Livre (Dt 30,11-14 ; Ba 3,29ss.38). Avec Jésus (et Jn!), elle se condense dans l'Évangile.
- La parole de Moïse est le principe d'une nouvelle vie (cf. Dt 8,3) que l'on obtient si on l'écoute/obéit (Dt 18,15.19) — la désobéissance conduisant à la mort (Dt 30,15-20).
- La parole de Jésus est encore féconde : parole de vie éternelle (Jn 6,63.68, cf. Jn 12,50), elle ressuscite celui qui la reçoit (Jn 5,24), lui évite la mort (Jn 8,51) — et inversement : Jn 12,48 ; cf. Dt 18,19).
Jésus fait entrer dans l'intimité divine
- Moïse était le seul à converser avec Dieu face à face comme un ami avec son ami ; Jésus le révèle comme un fils révèle son père. Jn utilise le terme « Fils » dans un sens fort : il est engendré de Dieu (Pr 8,25) et lui-même Dieu (Jn 1,1 ; 20,29 ; cf. 1Jn 5,20), distinct de l'appellation des autres hommes comme « enfants » de Dieu (Jn 1,12 ; 11,52).
- Dans le cadre des spéculations juives antiques sur l'unipluralité divine, la confession de Jésus comme « Verbe devenu chair » (Jn 1,14) et la mystérieuse promesse par Jésus d'un esprit Paraclet (Jn 14,26), pour continuer son œuvre, venant du Père comme lui (Jn 15,26 ; 8,42 ; 16,27-30 ; 17,8), envoyé à sa demande (Jn 14,16 ; 15,26 ; 16,7) pour être avec eux (Jn 14,16s), non pour faire bande à part, mais pour catalyser leur mémoire sur Jésus (Jn 2,22 ; 12,16 ; 13,7 ; 15,26 ; 20,9) et même leur transmettre ce qu'il aura entendu d'auprès du Père (Jn 16,12-15) posent les fondements de la théologie trinitaire.
CONTEXTE
Datation
On a proposé que Jn 9,22 ; 12,42 ; 16,2 fassent allusion à une décision des autorités juives prise lors de la rencontre de Jamnia, ce qui situe la composition ultime de Jn après les années 80. Il semble que Jn ait été publié à Éphèse ou à Antioche dans les dernières années du 1er s.
La composition ultime s'appuie vraisemblablement sur des sources plus anciennes (p. ex. Jn 14,2s, proche de 1Th 4,13s, semble attendre un prompt retour du Christ) : on a proposé que Jn s'appuie sur un texte d'origine palestinienne et des environs de l'an 50, en tout cas une compilation de traditions indépendantes de la tradition synoptique.
Sources ?
- On a souvent considéré Jean comme un texte composite, en croyant y lire nombre d'illogismes (contradiction entre Jn 13,36 et Jn 16,5 ? entre la demande des frères de Jésus en Jn 7,3s et les signes déjà accomplis à Jérusalem Jn 2,23 ; 5,1-9 ?), de digressions (comme Jn 3,31-36 ; 12,44-50) ; d'ajouts a posteriori (comme l'appendice de Jn 21 après ce qui semble être la conclusion en Jn 20,30s, d'ailleurs partiellement reprise en Jn 21,25). Le choix d'un style répétitif rend cependant difficile l'identification de véritables doublons (par exemple dans les sections de Jn 7,33-36 et Jn 8,21s, qui développent en réalité un thème commun).
- Un lent processus de composition ? On a cherché à expliquer les « anomalies » en pensant que l'évangéliste utilise (mal ?) des sources. Une hypothèse souvent reprise consiste à distinguer une « source des signes » ; un recueil de « paroles » ; un récit de passion et les témoignages sur la résurrection du Christ. On a également tâché de reconstituer un « écrit fondamental » réutilisé par l'évangéliste, et connu aussi de Luc, ce qui expliquerait la parenté des traditions « johanniques » et « lucaniennes » (évangile et Actes) relevée dès l'Antiquité.
- Résultant de la progressive intégration d'éléments divers, repris, retouchés et finalement publiés, non par Jean lui-même, mais par ses disciples après sa disparition (Jn 21,24).
Auteur
Autoprésentation de l'évangéliste comme énigme
Le quatrième évangile
- est encadré de deux allusions à un disciple anonyme, hyperprésent à la mesure de sa discrétion, qui pourraient fonctionner comme des sortes de colophons, garantissant l'autorité du récit qu'elles enchâssent : Jn 1,35s (avec André et avant Pierre) et Jn 21,7.20-24 (en contrepoint de Pierre).
- il se présente sous la garantie d'un témoin oculaire des événements de la vie du Christ qu'il rapporte : à la Cène (Jn 13,23), au pied de la croix avec Marie (Jn 19,26.35), courant au tombeau (Jn 20,8), demeurant pour toujours (Jn 21,20-23), ne fût-ce que par son évangile, précisément. À ceux qui soutiennent que l'Évangile de Jean, en raison de sa dimension littéraire et interprétative élevée par rapport aux Synoptiques, n'a pas pu être écrit par un véritable témoin oculaire du Christ, Bauckham répond exactement l’inverse : « En fait, le degré élevé d'interprétation est approprié précisément parce que c'est le seul des évangiles canoniques qui revendique la paternité d'un témoin oculaire » (→, 411) ou, pour être encore plus précis, l'autorité du seul évangéliste qui a été témoin de la Passion.
Il est identifié comme « le disciple que Jésus aimait » lorsque le récit arrive à la Passion (Jn 13,23) ;
il est en relation constante avec Pierre : connu du grand prêtre du temple c'est par lui que Pierre est admis, Jn 18,15-17; premier, avant Pierre, à arriver au tombeau vide, et bien que Pierre entre en premier, premier à avoir « cru » (Jn 20,4) ; premier à reconnaître, et non Pierre, le Seigneur ressuscité (Jn 21,7) ; il reçoit mission de rendre témoignage (Jn 21,15-25), alors que Pierre doit donner sa vie au service des autres.
Indices spatio-temporels
- Un enracinement dans le judaïsme palestinien dans sa diversité du 1er s. : l'abondance de controverses précises dont on peut trouver traces dans les débats proto-rabbiniques et bien des détails de la vie quotidienne s'enracinent dans la société juive palestinienne, probablement dans la région de Jérusalem dont les toponymes, mentions de cultes et de fêtes s'avèrent fort circonstanciés. Le milieu samaritain semble également influent sur cette tradition (Jn 4,1-42), la dyarchie messianique du prophète (Jn 1,45 ; 6,14) et du roi d'Israël (Jn 1,49) renvoyant pouvant faire écho à la vénération samaritaine de Moïse-prophète (Dt 18,15.18) et de Joseph-roi (Gn 4,41ss ; cf. Gn 41,55 cité lors de Cana Jn 2,5).
- Un certain réalisme chronologique : plutôt que de concentrer schématiquement le ministère de Jésus en un an, Jn le dilate sur deux ou trois ans, avec des allers et retours entre Jérusalem et la Galilée qui semblent plus réalistes (Jn 5,16ss ; 7,30.44 ; 8,59 ; 10,31.39). Jn fournit la datation la meilleure des évangiles en ce qui concerne la construction du temple (Jn 2,20 ; cf. Lc 3,1). Pareillement, la description de la mort de Jésus comme la résolution d'un long conflit étalé sur des mois et des années est plus vraisemblable que la tradition synoptique qui schématise le conflit en un seul récit de procès de Jésus devant le Sanhédrin la nuit de son arrestation.
La position traditionnelle, remise en cause
Traditionnellement, l'Église reconnaît dans l'apôtre Jean le quatrième évangéliste. L'évangile aurait été rédigé sous le règne de Trajan (98-117)
- → 3,3,1 « Jean, le disciple du Seigneur, le même qui reposa sur sa poitrine, a publié lui aussi l'évangile pendant son séjour à Éphèse en Asie. » Haer.
Irénée disait tenir cette information de
son maître. Nombre d'auteurs ecclésiastiques anciens ont répercuté cette identification. Une telle identification est souvent révoquée en doute.- D'après certains témoignages auxquels feraient écho plusieurs textes liturgiques, Jean l'apôtre est mort martyr à une date relativement ancienne, et n'a pu écrire l'évangile. Même si l'ancrage palestinien est indéniable, plusieurs éléments réfèrent peut-être au contexte d’une communauté plus large (Syrie ou Asie mineure), qui pourrait avoir déjà pris des distances par rapport au judaïsme (p. ex. « votre loi », ou « leur loi » : Jn 8,17 ; 10,34 ; 15,25) : l'argument n'est cependant pas décisif car les Juifs entre eux avaient ce genre de disputes.
- Pourquoi dans la partie où il évoque le ministère de Jésus, l'apôtre Jean passerait-il sous silence des épisodes comme la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5,37), la transfiguration (Mc 9,2), la dernière cène (Mc 14,17s), l'agonie à Gethsémani (Mc 14,33) ?
- Dans la seconde moitié de Jn, le « disciple que Jésus aimait » est explicitement présent dans plusieurs scènes — dernier repas à Jérusalem (Jn 13,23), un certain « autre disciple » (Jn 20,2) connu du grand prêtre (Jn 18,16) —, tandis que le fils de Zébédée ne l'est qu'en Jn 21,2.
Par ailleurs, assez tôt, on observe une tendance à appeler apôtres toutes les figures chrétiennes primitives. Dès la fin du 2e s.
→ 4.17.105.1 : Clément de Rome est « l'apôtre Clément » Strom. ;
→ 2.6.31.2, 2.7.35.5 cite l'épître de Barnabé en l'attribuant à « Barnabé l'apôtre » (cf. déjà Paul Strom.1Co 9,1-6).
La tendance à désigner les Écritures, anciennes et nouvelles, comme « les prophètes » et « les apôtres » encourage l'utilisation du terme apôtre pour tout auteur des écrits du Nouveau Testament :
→ 1:67.3 « Les mémoires des apôtres ou les écrits des prophètes sont lus » pendant le culte 1-2 Apol. ;
→14 « Les livres et les apôtres [τὰ βιβλία καὶ οἱ ἀπόστολοι] déclarent que... » 2 Clem.
« Pour ceux qui n'avaient pas l'accès d'Irénée à la tradition éphésienne locale, l'idée d'un auteur d'évangile pour qui le désignatif de 'disciple du Seigneur' était plus approprié que celui d' 'apôtre' devait être tout à fait anormale » (→, 63). Une fois que le « disciple du Seigneur » fut régulièrement décrit comme un apôtre, l'identification avec le fils de Zébédée était irrésistible.
Autres propositions
Parmi près de 20 propositions, certains commentateurs ont évoqué Lazare (habitant près de Jérusalem, possiblement connu du grand prêtre, il est explicitement appelé « celui que tu aimes » Jn 11,3.36), ou même Marie Madeleine ! La plus sérieuse alternative est celle d'un autre Jean que l'apôtre fils de Zébédée.
- → 3,39,4) suggère qu'un disciple, Jean l'Ancien, assura la continuité et l’épanouissement de la tradition johannique en terre étrangère, peut-être à Éphèse. Le fait de la résidence de Jean à Éphèse après la mort de Domitien (81-96) est attesté par la tradition Hist. eccl. de Hierápolis cité et interprété par
aurait pu en tirer une conclusion touchant l'origine du livre. En fait, à bien le relire, son témoignage est ambigu.
- → 3,12,5 et passim nomme « apôtres » Pierre, Paul ou les fils de Zébédée, tandis que l'évangéliste est toujours « Jean, le disciple du Seigneur » : peut-être y eut-il deux groupes, « les apôtres et les disciples du Seigneur ». Haer.
Au fond, la personne du « disciple que Jésus aimait » reste une énigme historique. Quel qu'il ait été ou quels qu'aient été ses continuateurs (ci-dessous), ce furent des apostolici viri (→ 18) dignes de foi. DV
Une discrète présence johannique ?
- Le privilège que Marc accorde à Pierre, l'apôtre dont il transmet le témoignage, en le mentionnant en premier et en dernier (Mc 1,16 ; 16,7), est subsumé par l'inclusio de l'évangile de Jean, qui commence et se termine par Jean, d'abord anonymement, puis comme témoin oculaire dont la véracité est confirmée par d'autres à la fin (cf. →, 124-9).
« Les qualifications du disciple bien-aimé pour témoigner de Jésus ont commencé avant que Pierre ne devienne un disciple et son activité de témoignage se poursuivra dans l'avenir, même après que Pierre aura achevé sa vie de disciple. En un sens, elle se poursuivra même jusqu'à la parousie parce qu'elle est incarnée dans son Évangile » (→, 392-3 ; , From Tomb to Text : the Body of Jesus in the Book of John. New York : Bloomsbury T&T Clark, 2017).
RÉCEPTION
Canonicité : premières attestations et citations
- Dès la première moitié du 2e s. plusieurs auteurs ecclésiastiques lisent Jean ou s’en inspirent : (†107), (†ca. 120, et les presbytres dont il dit recueillir les traditions apostoliques), (†155), (†165). Tous les milieux chrétiens le connaissent rapidement : (†173), les Quartodécimans en Asie, (†ca. 180), (†196), les gnostiques (†ca. 175) et (ca. 175), l’apologète (†ca. 190), (†230).
- Seule exception notable : celle des Aloges (alogoi) aux alentours de 170 ; le prêtre Caïus s’oppose aux Montanistes et dénie l’origine apostolique du quatrième évangile et de l’Apocalypse sur lesquels ils s’appuient, en les attribuant au gnostique Cérinthe.
- La tradition manuscrite ne fait aucune distinction entre le quatrième évangile et les synoptiques : (†202) déjà parle de l’« Évangile aux quatre faces », ou Tétramorphe. L’évangile de Jean n’est donc pas celui d’un petit groupe fermé, mais appartient pleinement à l’Eglise, sur un pied d’égalité avec les Synoptiques. Au 2e s., l’existence de l’Apocryphon de Jean, et des Actes de Jean montre bien l’importance continue des thèmes johanniques, ainsi que la popularité qui entoure le personnage lui-même.
Réception traditionnelle
Exégèse chrétienne
Au fil des siècles de la Tradition chrétienne, depuis l’âge patristique jusqu’au temps des Réformes, Jean n’a cessé d’être commenté :
- ; (†254), Commentaire sur saint Jean (Jn 1-13)
- ; (†428), Commentaire sur l’évangile de Jean ; (†430), In Johannis evangelium tractatus CXXIV ; (†444), Commentaire sur l’évangile de Jean ; (5e s.), Paraphrase de l'évangile de Jean. (†407), Homélies sur l’évangile de saint Jean
- ; (†877), Vox spirituales aquilae (homélie sur le Prologue de Jean) et Commentarius in Johannem ; (ca. 850), Commentaire de Jean
- ; (†1129), In evangelium S. Johannis commentarium
- ; (†1280), Enarrationes in Johannem ; (†1274), Expositio in evangelium Johannis
- (†1328), Expositio sancti evangelii secundum Johannem ;
- ; (†1564), In evangelium secundum Johannem commentarius ; (†1583), Commentarii in quatuor evangelistas. (†1546), Reihenpredigten über Johannes
La christologie du quatrième évangile a une grande importance sur la théologie chrétienne.
(†1202) base en partie sur la promesse johannique du Paraclet son système apocalyptique très populaire. a lui aussi édifié sa théologie spéculative sur son exégèse de l’Evangile de Jean.Culte chrétien
Lazare est considéré comme saint chez les orthodoxes et les catholiques. Une église grecque-orthodoxe, par exemple, lui est dédiée au début du 10e s., à Chypre.
Réception culturelle
Dans la littérature
L’impact de Jean est profond. Qu’il suffise ici de citerJn 21,20-23 et reprise par In Joannis evangelium tractatus, 124) peut-être par peur d’amoindrir la particularité de l’Assomption de Marie.
(Canto XXV du Paradis), qui s’élève contre l’idée d’une assomption de Jean (fondée surDans les arts visuels
Des scènes importantes et des images tirées de l’évangile influencent de nombreux artistes. L’art chrétien antique montre souvent l’influence du quatrième évangile dans les catacombes, sur les sarcophages, avec l’image du Bon Pasteur dans les catacombes de Callixte, par exemple. Des scènes de l’évangile occupent une place prééminente dans la peinture, comme par exemple, La Résurrection de Lazare (1517-1519), de Jn 19,25ss).
, Le Christ et la samaritaine (ca. 1625), de , ou Le Christ à la piscine de Bezatha (1735-1736) de . Les représentations de la crucifixion de Jésus abondent, et figurent souvent Marie et le disciple bien-aimé au pied de la croix (cf.En musique
- Passions : La passion selon saint Jean (1724) de est la plus connue, mais d’autres compositeurs ont écrit de magnifiques Passions comme (1580), (1594), (1605), (1666), (ca. 1680), (1706), (la première en 1725) et (1772).
- Cantates : Au moins treize cantates de sont inspirées de textes de l’évangile de Jean, comme BWV 108 (1725), Es ist euch gut, daß ich hingehe (Jn 16,7.13) et BWV 85 (1725), Ich bin ein gutter Hirt (Jn 10,12).
- Le Stabat Mater, hymne latin du 13ème s., se voit reprendre par (†1523), (1712), (1736), (1767), (1781 et 1801), (1841), (1877), et (1925-1926).
Dans la culture populaire
Certains aspects du quatrième évangile appartiennent au vocabulaire courant, comme l’expression « Lazare » pour désigner une personne qui se sent revivre, « Thomas » pour épingler un cynique, ou « changer l’eau en vin » pour marquer une action qui paraît impossible à moins d’un miracle.