La culture de la vigne est si ancienne, qu’il est difficile de connaître précisément son origine. Dans la Bible elle commence avec Noé (Gn 9,20) et sa présence est attestée ensuite en Égypte (Gn 40,9-11 ; représentations picturales dans les tombeaux d’Égypte) et en Canaan (Nb 13,24). On considère généralement que la vigne est originaire de l’Arménie et des régions de la Mer Caspienne (Moldenke, Bible Plants, p. 242).
Description
Plante grimpante qui s’attache à des supports par des vrilles.
Son système racinaire est puissant et étendu. Il peut s’enfoncer jusqu’à 6 m de profondeur pour puiser l’eau nécessaire.
Cultivé, le pied de vigne, flexible, se recouvre peu à peu d’écorces anciennes pour former le tronc que l’on appelle cep. Il se ramifie en plusieurs bras sur lesquels poussent des rameaux appelés sarments. Les sarments peuvent atteindre une longueur de 10 m mais ils sont généralement coupés pour ne pas dépasser 2 m de long. Sur les nœuds des tiges (renflements) poussent des feuilles et des bourgeons.
Ses feuilles à nervures palmées, généralement à 5 lobes, ont une base en forme de cœur.
Ses fleurs, petites, verdâtres et regroupées en inflorescences dégagent une agréable odeur.
Son fruit, le raisin, est composé de baies pluriloculaires regroupées en grappes. Sa couleur (blanc, jaune, rouge, violet, noir) et sa forme (globuleuse elliptique, ovoïde) diffèrent selon les variétés. Chaque baie possède une enveloppe externe recouverte de pruine, et contient une pulpe généralement incolore et un ou deux pépins.
Un ensemble de plants issus d’un même pépin peuvent former un cépage. Les cépages se distinguent surtout par la couleur des fruits, leur taille et leur saveur. Il existe plus de 6000 cépages dans le monde.
Culture
Plantation
Avant de planter une vigne il est important de préparer le sol à la bêche en creusant un sillon (→Pline Naturalis historia 17,159), et d’enlever les pierres (Is 5,2).
Il existe différentes techniques de culture de vigne :
Dans l’Antiquité se pratiquait la culture de la vigne sur arbre ( Jr 8,13 ;Ha 3,17 ) : on laissait pousser la vigne près d’un arbre qui lui servait de tuteur. Ainsi →Pline Naturalis historia 14,10 parle de vignes « mariées » au peuplier et dont les tiges grimpaient de branche en branche. De ces vignes étaient tirés parfois de grands crus (→Pline Naturalis historia 17,199). Près d’habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers (1R 5,5 ;Mi 4,4 ;Za 3,10).
Une autre manière de cultiver la vigne est de la dresser, avec ou sans échalas, avec ou sans joug (perche ou roseau). Cette technique donne un vin meilleur car le raisin profite plus du soleil, et garde moins l’humidité. Elle permet aussi de travailler plus facilement la vigne.
Il est encore possible de laisser la vigne pousser à terre (→Pline Naturalis historia 17,185) en supprimant la tige du cep. On entoure alors la vigne rampante de clôtures basses et de tranchées. Cette culture, qui permet au raisin d’être mieux abrité du soleil par les feuilles, se rencontre surtout dans les pays chauds, en Afrique, Égypte, Syrie et Europe. Le vin est de moins bonne qualité, le raisin est la proie des renards et des rats et le risque de pourriture au contact du sol est grand.
Entretien de la vigne
La vigne a besoin d’être taillée (Jn 15,2-6) chaque année à la fin de l’hiver (Pline affirme qu'on peut la pratiquer dès la fin des vendanges et durant tout l’hiver si le climat est doux). La taille a pour rôle de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente. Autrefois on taillait la vigne à la serpette (Is 2,4 ;18,5 ;Jl 4,10).
Après 3 ans d’entretien, la vigne porte du fruit la 4e année.
Récolte et fabrication du vin
Les vendanges au pays du Levant ont lieu au mois de septembre et doivent être finies avant la fête des tabernacles.
On cueillait les raisins dans des paniers. Ils étaient ensuite jetés au pressoir – cuve en pierre placée dans le verger – et foulés aux pieds par les vendangeurs. Le jus du raisin s’écoulait alors par une fente dans une seconde cuve ou dans des récipients. Des pressoirs à levier étaient ensuite utilisés pour extraire ce qui restait du jus des raisins déjà foulés.
Les méthodes de conservation du vin étaient différentes selon le climat : dans les régions aux hivers rigoureux, le vin était conservé dans des tonneaux de bois cerclés ; dans les pays tempérés, on le mettait dans des jarres d'argile ( Jr 13,12 ) ou des outres en peau (Jos 9,4.13 ;1S16,20 ;Jdt 10,5).
Placé dans le cellier, ou, dans le cas du Temple, dans des magasins, le vin fermentait et vieillissait pour se bonifier (Lc 5,39). Selon la forme des jarres, la qualité du vin était différente : Les petites jarres donnaient un vin meilleur. Pour assurer l’étanchéité des jarres, on les enduisait de poix. La poix et la résine (en particulier la résine de térébinthe) servaient aussi à appréter le vin pour faciliter sa conservation. Ce vin résiné prenait un léger goût de térébinthe. →Pline Naturalis historia 14,124.
Usage
Alimentation
Le vin est consommé communément en boisson avant ou après fermentation. En Orient, autrefois, le vin aromatisé avec des herbes, de la myrrhe ou d'autres résines, était très apprécié.
Une partie du raisin est mangée en nature ou sous forme de raisins secs.
Les médecins anciens attribuaient au vin de grandes vertus médicinales. Ils avaient étudiés les propriétés de chaque cépage et les prescrivaient comme remèdes . →Pline Naturalis historia 14,19.
Paul de Tarse présente le vin comme un remède contre les maux d’estomac (1Tm 5,23).
Il était considéré comme un désinfectant : →Lucien de Samosate Oeuvres completes 24,2 rapporte qu’on arrosa les rues avec du vin lors de la peste d’Athènes. Dans la parabole, le bon samaritain panse les plaies du blessé avec du vin et de l’huile (Lc 10,34).
Selon →Pline Naturalis historia 14,7, en boisson, il a la propriété de réchauffer les organes, en lotion de les refroidir.
Cultuel
Le vin était donné en libation aux dieux (Nb 28,14 ;Dt 32,38). Une loi romaine interdisait d’utiliser pour les pratiques religieuses certains vins : vins de vignes non taillées ou frappées par la foudre, vin d’un raisin foulé par des pieds blessés, vin de marc souillé par la chute d’ordures, vins coupés avec de l’eau (ex : vins grecs) →Pline Naturalis historia 14,119.
Le cep de vigne atteignait parfois de grandes tailles si bien qu’il était possible de tailler dedans de grandes statues : une statue de Jupiter à Populonia, une panthère à Marseille, des colonnes à Métaponte, un escalier à Éphèse (→Pline Naturalis historia 14,9).
Autre
La feuille de vigne et la grappe de raisin servent de motifs pour orner sculptures et peintures. Dans le Temple de Jérusalem d’Hérode, une vigne d’or ornait le vestibule (→Josèphe Bellum Judaicum 5,5,4).
Symbolique de la vigne
Paix et prospérité
1R 5,5 : le peuple habite en sécurité « sous sa vigne ».
La tribu de Juda
Gn 49,11 : Jacob, lorsqu'il bénit ses fils sur son lit de mort, compare Juda à une vigne.
Le peuple d'Israël
Jr 2,21 : Dieu, pour reprocher à Israël son infidélité par la bouche de Jérémie, compare ce peuple à une vigne dégénérée.
Jr 6,9 : le pillage d'Israël est comparé à un grapillage de vigne (Is 24,3-7).
Is 27,2-6 : Dieu prend soin d'Israël comme le vigneron de sa vigne et il attend de son peuple qu'il porte du fruit.
Ps 80 : le psalmiste évoque la sortie d'Égypte, l'entrée en terre promise et les invasions qui suivent par l'image de la vigne plantée, entretenue puis pillée.
Dt 22,9 : Dieu, par l'image de la vigne, interdit à Israël tout culte étranger.
Mt 21,33-43 ;Mc 12,1-9 ;Lc 20,9-16 : dans la parabole des vignerons homicides, la vigne peut encore une fois représenter Israël.
Sagesse
Si 24,17 : la sagesse est comparée à la vigne chargée de fruits.
Jn 15,1-9 Jésus se compare au cep de vigne qui donne aux sarments liés à lui, la sève (la grâce) nécessaire pour vivre et porter du fruit. La vigne, symbole d'Israël devient, par la venue du Christ, image de l’Église.
Symbolique du vin
Feu, joie, amour
Parce qu’il réchauffe le corps et le cœur, le vin est assimilé au feu. Comme lui, il est symbole de joie, d’amour.
Les périodes de tristesse, d'épreuves sont associées à une absence de vin (Dn 10,3 ;Jl 1,12).
Le vin favorise la convivialité. En Grèce, dans l'Antiquité, les banquets étaient suivis du symposion, temps de détente où, tout en buvant du vin, les convives parlaient, jouaient et assistaient à des spectacles.
Le vin est un élément indispensable pour les fêtes (Jn 2,3) ; il participe à la joie des noces. Jésus en changeant l'eau en vin lors des noces de Cana (Jn 2,9), fournit aux époux et invités une source de joie et d'amour et il annonce par là le vin de la nouvelle alliance (Mc 14,24), vin de la joie éternelle, du banquet des noces de l'agneau (Is 25,6 ;Ap 19,9).
Vie éternelle, vie divine
Le vin libère l’esprit et décuple les forces de l'homme. Il donne à celui qui le boit, plus de confiance en soi, d’aisance pour discourir. Il développe les facultés intellectuelles créatives, imaginatives.
La vigne après la vendange semble pourrir en hiver mais elle se régénère au printemps. Aussi le vin évoque la résurrection, la vie par delà la mort (→Girard Symboles bibliques 2016 t.2,p.284).
Le vin désigné dans la Bible comme « le sang des raisins » (Gn 49,11 ;Dt 32,14), devient signe du sang de Jésus, vraie vigne (Jn 15,5).
Ce sang est le « vin nouveau » (Mt 9,17) versé pour la multitude, signe de « l’alliance nouvelle » (Lc 22,20 ;1Co 11,25).
A Gethsémani, « lieu du pressoir », la sueur de sang dont Luc fait mention (Lc 22,44), marque le début du sang versé durant toute la Passion.
Jésus présente son sang comme la vraie boisson qui donne la vie (Jn 6,55). Il choisit le vin comme l'une des deux espèces de l'Eucharistie (Mt 26,27 ;Mc 14,23-24 ;Lc 22,20). Par l'institution de ce sacrement, le vin eucharistique devient substanciellement sang du Christ.
1,14aFLORE Cypre (Henné) Le mot hébreu « kopher » [kōper], traduit par « kupros » dans la Septante et « cyprius » dans la Vulgate (afin de reproduire la phonétique du mot) désigne l’arbuste Lawsonia inermis appelé communément « henné ».
Classification
Famille : lythraceae
Genre : lawsonia
Espèce : inermis
Localisation
Cette plante pousse naturellement dans les régions allant du nord-est de l’Afrique au nord-ouest de l’Inde. Elle fut cultivée très tôt au Proche-Orient. On la retrouve encore aujourd’hui dans la vallée du Jourdain jusqu’à Jéricho.
Description
Arbuste de 1 à 5 m de haut fortement ramifié.
Ses feuilles opposées et ovales contiennent un colorant appelé « lawsone ». La taille des feuilles varie selon l’apport en eau.
Ses fleurs blanches disposées en grappes sont fortement odorantes.
Ses petits fruits sont des capsules rondes de 4 à 8 mm contenant de nombreuses graines.
Usage
Médical et cosmétique
Utilisé à des fins thérapeutiques pour ses effets anti-inflammatoires, analgésiques et antipyrétiques. Dans l'Antiquité, l’huile de cypros permettait de relâcher les nerfs, les feuilles servaient à soigner les maux d’estomac, les abcès, les aphtes, les brûlures, les luxations (→Pline Naturalis historia 23,46).
L’essence extraite des fleurs est utilisée en parfumerie. Son parfum est proche de celui du troène mais plus intense.
Le colorant rouge obtenu à partir de ses feuilles desséchées, est utilisé pour teindre les cheveux (→Pline Naturalis historia 23,46), la peau et les ongles. Encore aujourd’hui des tatouages éphémères sont réalisés avec le henné. Les Égyptiens se servaient du henné puisqu'on en a retrouvé sur les ongles de plusieurs momies.
Soins capillaires : il aurait des propriétés antipelliculaires et il fortifie les cheveux.
La poudre de henné est aussi utilisée pour teindre les fourrures et le cuir.
1,17Le cyprèsFLORE Cyprès
Classification
Le cyprès est un conifère. Il existe environ trente espèces de cyprès. L’espèce la plus présente au Moyen-Orient est le cyprès commun (Cupressus Sempervirens) appelé aussi « cyprès d’Italie » ou « cyprès de Provence ».
Famille : cupressaceae
Genre : cupressus
Espèce : sempervirens
Localisation
Cette espèce est originaire d’Asie mineure et s’est répandue autour du bassin méditerranéen et dans le reste du globe. En régions montagneuses il pousse en compagnie du cèdre. (Mt Liban, Mt Hermon) mais, ne résistant pas au grand froid, on ne le trouve pas sur les sommets. Théophraste écrit que l’on trouve le cyprès dans les pays de soleil comme la Crète, la Lycie et Rhodes. (→Théophraste Historia plantarum 4,5,1 )
Description
De haute taille (jusqu’à 25 m de haut) et massif, le cyprès est très ramifié et a un feuillage en écaille, persistant.
On trouve deux formes de cyprès commun : la forme horizontalis aux branches étalées et la forme pyramidalis au port plus élancé, conique qui résiste bien au vent.
Son écorce se crevasse avec le temps et dégage une odeur de résine.
Ses fleurs donnent naissance à des cônes sphériques, bruns, appelés « noix de cyprès ».
→Pline→Naturalis historia 24,10 présente les feuilles et les fruits du cyprès comme des remèdes contre les morsures de serpents, les coups de soleil, les hernies, les douleurs nerveuses, etc … Les cônes ont des propriétés anti-inflammatoires.
Son utilisation en médecine est très ancienne (cf. tablettes cunéiformes sumériennes, Gilgamesh).
Son bois servait de bois de construction en bâtiment (→Théophraste→Historia plantarum 5,7,4) et de construction navale chez les phéniciens et grecs (Le bois gofer de l'arche de Noé est souvent traduit par « cyprès »).
Il fait partie des bois utilisés pour la construction du Temple de Salomon pour les portes et parquets. (1R 6,15-34).
Fabrication d'instruments de musiques (2S 6,5). Aujourd’hui encore des guitares sont faites en bois de cyprès.
Autres
Il protège les cultures des vents violents.
Symbolique
Tristesse et deuil
Le cyprès est l'attribut de Pluton, dieu des enfers.
Les nécropoles romaines et grecques étaient ornées de cyprès parce que ces arbres devaient permettre de communiquer avec les régions souterraines de l’Hadès.
Les sarcophages des Égyptiens étaient souvent en cyprès.
→Ovide Metamorphoses 10, raconte que le jeune Cyparisse, ayant tué par accident le cerf que lui avait offert Apollon, en est si peiné qu'il demande à ce dernier la faveur de laisser couler ses larmes pour l'éternité. Apollon le change alors en cyprès, arbre dont la sève s'écoule en forme de larmes.
En raison de ses feuilles persistantes, de son bois réputé imputrescible, de sa longévité (jusqu’à 2000 ans), de son odeur d’encens, le cyprès, « arbre funèbre », devient signe de vie éternelle.
Dieu lui-même se compare au cyprès (Os 14,9). Ainsi, dans les cimetières, cet arbre au feuillage toujours vert et à la cime élancée vers le ciel, vacillante comme une flamme, rappelle la présence de Dieu et sa promesse de donner la vie éternelle à ceux qui croient.
Une légende très en vogue à l’époque médiévale, et qui contient de nombreuses variantes, présente le cyprès comme l'un des arbres dont fut tirée la croix du Christ.
→Actes de Pilate 20 raconte qu’Adam, malade, aurait envoyé son Fils Seth réclamer à l’archange st Michel un peu d’huile de l’arbre de Vie. L’archange le lui refusa en disant qu’Adam ne serait oint de l’huile de la miséricorde que lorsque dans 5500 années, le fils de Dieu viendrait la lui donner.
→Voragine La légende dorée (p. 363-372) Selon une autre chronique, Saint Michel aurait donné à Seth un rameau de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, que Seth aurait planté sur la tombe d’Adam et qui donna un arbre splendide duquel fut fait la verge de Moïse, celle d’Aaron, le bois qui adoucit les eaux de Mara, la perche du serpent d’Airain et la croix de Jésus Christ.
→Cornish Ordinalia parle de 3 graines données par l’ange à Seth qui les plaça dans la bouche d’Adam mort. De là poussèrent trois arbres : un cyprès, un cèdre et un olivier qui n’en formèrent qu’un seul (symbole de la trinité) qui servira finalement à faire la sainte croix.
1,17FLORE Cèdre du Liban
Étymologie
En hébreu, « érez » désigne le cèdre ; puis par extension il désigne tout bois utilisable dans les cérémonies de purification. Ce nom apparait 70 fois dans la Bible.
Classification
Il existe 4 espèces de cèdres dont le cèdre du Liban. C'est un arbre conifère.
Famille : pinaceae
Genre : cedrus
Espèce : libani
Localisation
Originaire du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Turquie). Au Liban les cèdres couvraient autrefois la plus grande partie du Liban mais la déforestation a eu raison de pratiquement l'intégralité des anciennes forêts. Il ne reste que quelques îlots de cèdres dans la région de Bcharré, dans El chouf, à Jaj ou à Tannourine.
Description
Arbre majestueux et massif qui peut atteindre jusqu’à 40 m de haut.
De forme pyramidale au début de sa vie, il étend au fil du temps ses branches à l’horizontal, prenant une belle apparence avec sa cime tabulaire.
Ses aiguilles persistantes, d’environ 3 cm de long, ont une couleur vert-gris-bleuté, qui varie selon les espèces. Les aiguilles sont rassemblées en rosettes.
Les cônes d’environ 10 cm ont une forme ovoïde et un aspect lisse du fait des écailles plaquées.
Son bois est odorant.
On estime son espérance de vie à 2000 ans.
Ce conifère a une bonne résistance au froid et aux fortes chaleurs et pousse généralement sur un sol siliceux, rocailleux en région montagneuse (1000 à 2000 m d’altitude).
Usage
Médical
Le cèdre a des propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Ce sont essentiellement ses aiguilles qui sont utilisées à des fins thérapeutiques en infusion ou en usage externe. Le macérat de bourgeon de cèdre soigne les problèmes cutanés.
Culture matérielle
Son bois est utilisé pour la confection de charpentes, de coffres, de mobiliers dès l’antiquité car l’odeur du bois de cèdre éloigne les mites, insectes et vers.
Le bois de cèdre du Liban fut importé à Jérusalem par Salomon pour permettre la construction du Temple. (2Ch 2,3-10).
Dans l'antiquité il est aussi utilisé pour la construction navale et la fabrication de sarcophages.
Il semble que des cèdres du Liban étaient plantés dans la cour du Temple (cf. Ps 92,13).
Cultuel
Dans les rites religieux, la fumée du cèdre était réputée pour chasser les mauvais esprits.
→Pline Naturalis historia 13,2 raconte qu’au temps de la guerre de Troie, on n’employait pas encore l’encens dans les sacrifices mais on brûlait des rameaux de cèdre et de citre qui répandaient un relent plutôt qu’une senteur.
La sciure de cèdre servait en Égypte à l'embaumement des momies.
Autres
Le cèdre est aujourd’hui l’emblème du Liban.
Cet arbre a inspiré des artistes tel que Lamartine : « Choeur des cèdres du Liban ».
Symbolique
Majesté divine, grandeur, gloire, force.
Ps 104,16-17 Le cèdre manifeste la grandeur de son créateur.
Ez 17,22-23 La parabole présente le cèdre comme le royaume de Dieu.
Ps 92,13 Les justes sont comparés au cèdre du Liban.
Ez 31,1-9 Pharaon est comparé au cèdre pour sa grandeur.
Orgueil
Par contraste, ceux qui se dressent comme rivaux de Dieu sont aussi comparés au cèdre.
Dans la Bible, les prophètes utilisent le Liban comme symbole de Jérusalem et les cèdres comme symbole des hauts dignitaires orgueilleux (Is 2,13 ;Jr 22,7-23 ;Ez 17,3 ;Am 2,9 ;Za 11,2).
Plusieurs fois dans la Bible, il est question de l’expression « fleurs des champs » de manière générale. C’est le cas dans le Cantique des Cantiques avec le nom nitṣṣanîm (Ct 2,12) qui désigne des fleurs de printemps de couleurs vives et même rouges. À d’autres moments la Bible parle de « fleurs des champs » en insistant sur leur aspect éphémère (Ps 103,15). D’autres fois elle vante leur beauté (Lc 12,27-28 ;Mt 6,28-30).
Voici plusieurs fleurs des champs rencontrées en Israël qui peuvent illustrer cette expression.
Anémone coronaire
Identification
En raison de sa beauté et de sa couleur éclatante, l’anémone couronnée est considérée par plusieurs spécialistes comme étant le « lis des champs » qui surpasse Salomon dans toute sa gloire. Cette fleur se trouve presque partout en Israël et Cisjordanie au printemps et elle est admirée par tous. Elle est abondante sur le mont des Oliviers, les plaines et les bords du lac de Tibériade (les kalānîôt en hébreu).
Classification
Famille : ranunculaceae
Genre : anemone
Espèce : coronaria
Localisation
Cette fleur est très présente sur tout le bassin méditerranéen. Elle se développe surtout dans les pâturages et les oliveraies.
Description
Plante vivace de 20 à 40 cm de haut.
Feuilles caduques très découpées.
Fleur hermaphrodite terminale et solitaire, de couleur variable mais le plus souvent rouge ou jaune. Elle a 6 pétales. Une sphère de carpelles entourée d’étamines se trouve au centre de la fleur.
La floraison a lieu au printemps (janvier à avril) et parfois au début de l’automne. La fleur se referme la nuit.
Usage
Médical
Les anémones sont toxiques mais dans l’Antiquité les Égyptiens et les Romains leur attribuaient des vertus médicinales : ils entouraient les bras et le cou d’un malade d’anémones pour le guérir.
Ranonculus asiaticus
Identification
La renoncule persane que l’on trouve aussi dans les terres du Levant, est une fleur très proche de l’anémone couronnée et est parfois confondue avec elle. Elle fait partie de ces fleurs des champs que les auditeurs de Jésus avaient l’habitude de voir.
Classification
Famille : ranunculaceae
Genre : ranunculus
Espèce : asiaticus
Localisation
Originaire de la région méditerranéenne orientale, d’Asie Mineure. Elle fut introduite en France par les Croisés de Saint Louis qui la rapportèrent de Terre Sainte.
Description
Plante herbacée vivace.
Tige simple ou ramifiée de 40 cm environ.
Feuilles trilobées duveteuses ou poilues.
Plusieurs fleurs de 3 à 5 cm de diamètre peuvent pousser sur les tiges. Elles sont de couleur rouge, rose, jaune ou blanche et se referment la nuit. Dans sa forme simple, la renoncule persane a 5 pétales. La forme à fleurs doubles, hybride est commercialisée par les fleuristes.
Papaver subpiriforme
Identification
Le coquelicot d’Israël, espèce très proche des coquelicots d’Europe (papaver rhoeas) est aussi très présent en Galilée et Judée, en bordure de route, dans les terrains vagues, les jardins. D’un rouge qui se rapproche de l’anémone et de la renoncule, il est parfois difficile de les différencier.
Classification
Famille : papaveraceae
Genre : papaver
Espèce : umbonatum
Localisation originaire de Palestine, Liban, Syrie et Turquie. On les rencontre en Israël dans les régions cultivées du Nord.
Description
Plante annuelle ramifiée de 15 à 40 cm de haut.
Tige fine, couverte de poils.
Feuilles finement découpées à la base de la tige.
Grandes fleurs terminales à 2 sépales libres qui se détachent à l’éclosion de la fleur ; 4 pétales rouges qui ont la texture d’un papier de soie froissé. La base des pétales a des taches noires.
Fruit sphérique et pileux qui contient de nombreuses graines.
Floraison de mars à mai (un peu plus tardif que l’anémone). La vie d’un coquelicot est très courte (2 à 3 jours).
Tulipa agenensis (subsp. sharonensis)
Identification
La tulipe de Sharon est l’une des espèces retenues par les botanistes pour être la rose de Sharon. Elle correspondrait mieux encore que la tulipe montana car elle pousse dans les endroits sablonneux de la plaine côtière de Sharon.
Le nom tulipe dérive du mot persan « thuliban » qui signifie « turban ».
Classification
Famille : liliaceae
Genre : tulipa
Espèce : agenensis
Localisation
Tulipe originaire de l’est de la méditerranée. Elle pousse dans les maquis et forêts méditerranéennes, le long de la plaine côtière entre la Syrie et Israël. Ses tulipes ont été introduites en Europe au 16es (surtout en Hollande, au Pays-Bas).
Description
Tige glabre d’environ 40 cm.
Feuilles rosettes, lancéolées d’environ 25 cm de long.
Fleur rouge écarlate avec au centre une tache noire pointue à marge jaune. Les tépales externes sont plus longs et pointus que les tépales internes. Elles fleurissent en mars.
La tulipa agenensissubsp.Sharonensis a une tige un peu plus petite (20-25 cm) et des feuilles et des fleurs plus petites également. Ses tépales sont jaunâtres sur la face inférieure. Elle pousse uniquement sur les sols sableux.
Symbolique
Amour
La tulipe par sa couleur rouge intense et sa base noire évoque le feu et le charbon et donc aussi la flamme de l’amour. En Perse, l’amant donnait une tulipe cramoisie à celle qu’il aimait pour symboliser la flamme qui consume son cœur.
Tulipa montana
Identification
La rose de Sharon, difficile à identifier précisément, pourrait être la tulipa montana (cf. recherches du Dr Ephraim Ha-Reubeni).
Classification
Famille : liliaceae
Genre : tulipa
Espèce : montana
Localisation
Cette espèce de tulipe est originaire des montagnes d’Iran et du Turkménistan. On la trouve en Irak, autour de la mer Caspienne, en Syrie et Liban.
Description
Bulbe vivace de 15 cm de haut.
Feuilles glauques
Fleurs en forme de coupe de couleur rouge intense avec à l’intérieur une tache noire et des anthères jaunes.
Anthemis palaestina (ou camomille d’Israël)
Classification
Famille : asteraceae
Genre : anthemis
Espèce : palaestina
Localisation
Originaire de la région méditerranéenne. On retrouve cette fleur en Israël et Palestine (Golan, Hermon, Galilée, côte, vallée du Jourdain, Carmel, Samarie, désert, montagnes de Judée, Néguev).
Description
Herbe annuelle aromatique.
Feuilles glabres coupées et pennées en lobes étroits.
Capitules radiées de fleurons blancs autour d’un disque de fleurons tubulés jaunes.
Chrysanthemum coronarium (glebionis coronaria)
Identification
Le chrysanthème couronné appelé aussi marguerite dorée en raison de sa couleur jaune or et que l’on retrouve en Galilée peut, elle aussi, faire concurrence à Salomon par sa magnificence.
Classification
Famille : asteraceae
Genre : glebionis
Espèce : coronaria
Localisation
Originaire du pourtour méditerranéen, cette plante se rencontre au bord des routes, dans les ruines, les terrains calcaires d’Afrique du Nord, d’Israël et d’Europe du Sud.
Description
Plante annuelle.
Tige dressée de 15 à cm à 1 m de haut.
Feuilles alternes, bipennées qui se plient la nuit et se redressent le jour.
Capitules de 6 cm de diamètre, solitaires. Fleurs à la ligule jaune et blanche ou entièrement jaune.
Les fruits sont des akènes.
Usage
Alimentaire
Les feuilles sont parfois consommées crues ou cuites (en particulier en Chine et au Japon)
Cyclamen persicum
Famille : primulaceae
Genre : cyclamen
Espèce : persicum
Localisation
Originaire de l’ouest de l’Asie Mineure, on en trouve en Turquie, Israël, Jordanie, au nord de l’Afrique et sur quelques îles grecques.
Description
Fleurs élancées odorantes blanches, roses ou rouges.
Bulbes arrondis (d’où leur nom qui vient de cyclos, « cercle » en grec)
Colchicum automnale
Classification
Famille : liliaceae
Genre : colchicum
Espèce : autumnale
Localisation
Les colchiques poussent dans les prairies en Europe et sur le pourtour méditerranéen.
Description
Plante basse à corme.
Des fleurs solitaires terminales à 6 tépales apparaissent en automne.
Les feuilles et fruits (capsules ovoïdes) apparaissent au printemps.
Usage
Médical
Elle était utilisée contre la goutte.
Les colchiques sont toxiques.
Ornemental
Elle a un usage décoratif.
2,1anarcisse de SaronFLORE Narcisse Le mot hébreu ḥăbaṣṣelet présent en Ct 2,1 et en Is 35,1 est traduit par des noms assez généraux dans la Septante et la Vulgate (Ct 2,1 : anthos et flos ;Is 35,1 :krinon et lilium). L’étymologie du nom hébreu indique qu’il s’agit d’une plante à bulbe (bāṣāl , « oignon » Nb 11,5, hapax) ; il ne peut donc être question d’une « rose » de Saron comme cela fut souvent traduit. L’identification précise de cette plante reste difficile.
Plusieurs espèces ont été proposées :
Colchicum automnale
Cistus
Anemone coronia
Anemone fulgens
Colchorus olitorius
Tulipa sharonensis
Tulipa montana
Narcissus tazetta
Le narcissus tazetta est l’espèce retenue par le plus grand nombre de commentateurs.
Classification
Famille : amaryllidaceae (classification APG 3) ou liliaceae
Genre : narcissus
Espèce : tazetta
Localisation
Cette plante pousse sur le pourtour méditerranéen, en Europe Centrale et au Moyen-Orient dans des zones de plaines et de garrigues. On la trouve en abondance dans la plaine de Saron.
Description
Plante à bulbe.
Tige de 20 à 60 cm qui se termine par un bouquet de fleurs odorantes.
Feuilles vertes, linéaires, d’environ 30 cm, à bords lisses.
Fleur jaune pâle ou blanche à 6 tépales qui porte en son centre une couronne jaune-orange en forme de coupe, avec 6 étamines de longueurs inégales. La floraison en Israël a lieude décembre à mars.
Les fruits sont des capsules ovoïdes noires.
Une substance toxique est contenue dans la tige et le bulbe.
Usage
Médical et cosmétique
En raison de ses propriétés adoucissantes et hydratantes, le narcisse est utilisé pour les soins capillaires et les problèmes de peau.
Elle a des vertus antipyrétiques et antivirales.
En infusion, les fleurs ont des propriétés calmantes et sédatives.
En parfumerie, on extrait des fleurs un solvant volatil.
Ornemental
La fleur est utilisée pour faire des bouquets.
Symbolique
Beauté, égoïsme, amour-propre
→Ovide Metamorphoses 3 rapporte le mythe de Narcisse, un jeune homme d’une grande beauté qui, un jour en s’abreuvant, vit son reflet dans l’eau et, tombant amoureux de sa propre image, en mourut. À l’endroit où l’on retrouva son corps, des fleurs de narcisses avaient poussé.
2,1bFLORE Lis
Identification
Le mot hébreu « šûšan » traduit le plus souvent par « lis » en francais, pourrait désigner des fleurs d’espèces variées. D’après la Bible, cette plante pousse dans les vallées (Ct 2,1), les prairies (Ct 2,16 ;6,3), les champs (Ct 4,5), les jardins (Ct 6,2), près des eaux (Si 50,8) et même au milieu des épines (Ct 2,2). Elle donne des fleurs magnifiques, de parures royales (Mt 6,28-30 ;Lc 12,27-28) qui ont la forme de coupes (2Ch 4,5) et exhalent un merveilleux parfum (Si 39,14). Ces fleurs poussent en abondance (Os 14,6).
Il est possible que les diverses mentions bibliques du « lis » fassent référence à plusieurs espèces de fleurs car aucune espèce ne possède toutes ces caractéristiques à la fois. Les botanistes et commentateurs de la Bible ont donné de nombreuses possibilités :
Lilium candidum
Hyacinthus orientalis
Lilium chalcedonicum
Anemone coronaria
Anthemis palaestina
Pancratium maritinum
Urginea maritima
Ixiolirion tataricum
Nymphaea lotus
Iris pseudacorus
Cyclamen persicum
Asphodelus
Gladiolus
Le lis de la Madone (lilium candidum) tient une place importante dans cette liste puisqu’il est l’espèce appelée communément « lis » aujourd'hui (« šûšan »en hébreu moderne) et qu’il est chargé de toute la symbolique du lis biblique.
Classification
Famille : liliaceae
Genre : lilium
Espèce : candidum
Localisation
Cette plante, originaire des Balkans et du Moyen-Orient, s’est largement répandue en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique (Mexique). Elle est cultivée depuis plus de 3000 ans. Elle pousse encore aujourd’hui à l’état sauvage sur les collines de Galilée et sur le Mont Carmel.
Description
Plante à bulbe vivace.
Tige entre 1 et 2 m de hauteur qui pousse au printemps.
Plusieurs grandes fleurs à 6 pétales d’une grande blancheur poussent à l’extrémité de chaque tige. Elles dégagent une odeur suave.
Feuilles vertes brillantes, elliptiques, lancéolées. Tandis que la plupart des lis perdent leurs feuilles en hiver, cette espèce garde à sa base une rosette de petites feuilles.
Les lis sont utilisés pour confectionner des bouquets.
Ils sont utilisés comme motifs architecturaux et sont représentés sur de nombreux tableaux pour leur symbolique. On les retrouve sur des bas-reliefs assyriens.
Histoires
Selon une légende, l'apôtre Thomas, ne croyant pas aux rumeurs qu'il avait entendues sur la résurrection de la Bienheureuse Vierge Marie, fit ouvrir son tombeau. À l'intérieur, au lieu de son corps, il trouva le tombeau rempli de lis et de roses.
D'après la mythologie grecque, le lis serait né d’une goutte de lait tombée du sein d’Héra allaitant Héraclès.
Symbolique
Pureté, virginité, amour pur
L’extrême blancheur du lis en a fait le symbole de la pureté.
En raison de sa beauté et de la parure somptueuse dont Dieu l’a dotée (Lc 12,27-28) cette fleur est devenue le symbole de l’élection divine et donc de l’amour.
Sainteté
Le lis exhale un parfum agréable qui est symbole de l’odeur de sainteté (Si 50,8-9).
Il est, dans l’iconographie, l’attribut de nombreux saints : la Vierge Marie, saint Joseph , saint Bernard, saint Dominique, sainte Claire, saint Louis, sainte Catherine de Sienne, saint Antoine de Padoue...
Royauté
Jésus présente la fleur de lis comme une parure plus belle encore que celle du roi Salomon (Mt 6,28-30 ;Lc 12,27-28).
La fleur de lis (qui représente plutôt un iris) fut prise comme emblème par les rois de France.
La Vierge Marie
Les peintres au Moyen-Âge représentaient la Vierge avec un lis. En raison de cette association, le nom de « lis de la Madone » a été donné à cette espèce de lilium.
elle exhale le parfum divin de la sainteté (Si 50,8-9).
Réception
Comparaison des versions
1,1–15M G | V (Numérotation des versets) M et G incluent le titre du livre dans la numérotation des versets, contrairement à V. Il en résulte un décalage systématique d'un verset (en moins) de V par rapport à M et G.
M = 6,1 // V : 5,17 (dernier verset du chapitre), ce qui explique le décalage dans la numérotation des versets (M : 6,2 // V : 6,1, etc.)
M : 7,1 // V : 6,12.
Intertextualité biblique
1,15Tes yeux sont des yeux de colombeSymbolisme de la colombe
Livre de la Genèse : Noé envoie une colombe depuis son arche pour savoir si les eaux se sont retirées de la terre après le déluge. Celle-ci revient dans le soir avec un rameau d'olivier dans le bec, indiquant ainsi à Noé que les eaux ont baissé. (Gn 8,8-12) Dès le déluge, la colombe est signe de vie, de paix et d'alliance avec Dieu.
Cantique des Cantiques : les colombes occupent une place prépondérante dans ce livre vétéro-testamentaire (Ct 1,15 ;Ct 2,14 ;Ct 4,1 ;Ct 5,2 ;Ct 6,9)
Évangiles synoptiques : la colombe est évoquée lors du récit du baptême de Jésus : « l'Esprit-Saint descendit sur lui sous un aspect corporel, comme une colombe » (Lc 3-22) ; ainsi qu'en Mc 1,9-11 ;Mt 3,13-17 ;Jn 2.
Liturgie
2,1–17LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode.
Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.
Philosophie
1,1–8,15Le Cantique comme symbole de la révélation→Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.
Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.
Révélation performée : importance du dialogue
La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.
Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.
Révélation lyrique : importance de la subjectivité
Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.
Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.
Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste.
Critique de la réception moderne du Cantique
Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.
Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.
Arts visuels
1,12ssL'étreinte amoureuse
Expressionnisme allemand
Composition
Le Cantique des Cantiques — en allemand Das Hohelied Salomos — est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015. La composition n°4 illustre le thème de l'étreinte amoureuse présent dans Ct 1,12-14.
1,15Tes yeux sont des yeux de colombeSymbolisme de la colombe La blancheur immaculée et la douceur de la colombe ont valu à l’oiseau de Vénus le privilège de devenir un symbole du Saint-Esprit. La colombe est l'emblème de la chasteté, de l’innocence, de la fidélité conjugale : Intertextualité biblique Ct 1,15. C'est aussi l'Esprit qui dicte à l'oreille des écrivains inspirés. Dans l'Église romaine, la colombe était particulièrement reliée à la légende de saint Grégoire Ier († 804). Dans de nombreux dessins, le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe soutenait ce docteur de l'Église, soit pour un texte théologique (à partir du 8e s.), soit en faveur d'un chant (dès le 10e s.) comme le montrent ces enluminures médiévales :
2,1–17Cantique des Cantiques
Peinture espagnole du 17e s.
Le Cantique des Cantiques présente le chant de l’amour d’un homme vers sa femme. Ce chant introduit le lecteur dans le mystère de la relation d’amour qui unit deux époux. De nombreux passages de ce texte invitent à contempler l’attitude masculine face à celle qui est aimée.
« Trop d’hommes sont amputés d’eux-mêmes. 'La virilité n’est plus une valeur en Occident', écrit Paul François Paoli dans La Tyrannie de la faiblesse (2010). Elle n’est pourtant pas l’agressivité, ni la dureté du cœur, encore moins la vulgarité. Mais le don de son corps et de son sang pour devenir gardien de l’épouse dans la vulnérabilité de son enfantement, pour protéger la vie fragile (...). Voilà ce qui conduit l’homme à son accomplissement, et la femme à porter la vie. On ne peut porter la vie que dans l’union au Corps d’un autre. L’homme est une force qui doit s’incliner au rang de serviteur, afin de ne jamais tomber dans la brutalité despotique de celui qui n’a jamais fait de sa puissance un service. La logique de l’amour d’un homme est eucharistique : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église et a donné sa vie pour elle » (Lettre de Saint Paul aux Éphésiens). »
Cette conception de la virilité semble rejoindre une citation de Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe (1949) : « Personne n'est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu'un homme inquiet pour sa virilité. »
2,1anarcisse de Saronou Rose de Saron : interprétation christologique et mariale Le nom de la fleur en question en hébreu est parfois traduit par « rose » au lieu de « narcisse ». Dans cette traduction de « rose » il a rejoint les Litanies de la Sainte Vierge.
15e s.
19e s.
Sainte Marie Mère des nations tenant un globe dans ses mains :
Première composition de la Vierge illustrant la litanie « Sainte Marie, Rose mystique ». Le visage éclairé de profil et les yeux fermés, signes de sa lumière intérieure, Marie, « comprise à la façon de ces précurseurs de la Renaissance » (Leprieur), porte avec assurance le monde dans sa main gauche et quelques roses rouges dans sa main droite. Le critique François Bournand écrit, après l’exposition des 33, à la galerie Georges-Petit, en 1887 : « Un artiste que je ne connaissais pas encore, M. Georges [sic] Desvallières, se révèle ici comme un jeune maître, il a énormément de talent, il me faut le reconnaître. C’est un primitif italien du XVe siècle, égaré en France au XIXe siècle. » (La Curiosité). Il ajoute, dans Le Blanc et le Noir : « […] Quel charme mélancolique ! Quelle puissance émotionnante dans sa “Sainte Marie, Rose mystique” ! ».
Fortement influencé par les maîtres italiens qu’il a étudiés au Louvre ou lors de ses voyages dans la Péninsule, Desvallières s’inspire de l’Allégorie de Fécamp (CR 60) ou de son Condottiere (CR 73), deux tableaux profanes de 1883, sur un fond de paysage avec un ciel dont les couleurs comptent plus intensément. L’année de son mariage, en 1890, l’artiste reprendra la même composition dans Vierge aux donateurs (CR 280), conservé au musée des Beaux-Arts de Reims.
Musique
1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)
21e s.
Composition
Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.
2,1–17Le Cantique des Cantiques
Le Cantique des cantiques illustré dans un film :
Rowan Atkinson, alias Mr Bean et Kristin Scott Thomas, dans Secrets de famille de Niall Johnson (2006). Un homme regarde sa femme faire sa toilette tandis que le narrateur déclame un hymne composé à partir des versets du Cantique des Cantiques.
2,1–11Je suis le narcisse de Saron
18e s.
Paroles
I am the Rose of Sharon and the lily of the valleys. As the Lily among the thorns, so is my Love among the Daughters. As the Apple tree, among the trees of the wood, so is my Beloved among the Sons. I sat down under his shadow with great delight, And his fruit was sweet to my taste, taste. He brought me to the Banqueting House, His Banner over me was Love. Stay me with Flagons, Comfort me with Apples, for I am sick, sick of Love. I charge you, O ye Daughters of Jerusalem, by the Roes and by the Hinds of the Field, that you stir not up nor Awake, Awake my Love till he please. The voice of my Beloved, Behold, he cometh, Leaping upon the mountains, skipping upon the Hills. My Beloved spake and said unto me: rise up, my Love, my fair one, and come away, for Lo, the Winter is past, the rain is over and gone. (Ct 2,1-11)
Compositeur
William Billings (né à Boston le 7 octobre 1746, mort dans cette même ville le 26 septembre 1800) est un compositeur américain de musique chorale, et est considéré comme le père de la musique chorale américaine. À l'origine tanneur de métier et autodidacte, Billings a créé ce qui est maintenant reconnu comme un style spécifiquement américain de la musique vocale.