Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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30 Accomplissez votre œuvre avant le temps
et il vous donnera la récompense en son temps.
30 car le Seigneur m’a donné une langue pour ma récompense
et par elle je le louerai.
31. Approchez-vous de moi, ignorants
et assemblez-vous dans la maison de la discipline !
32. Pourquoi tardez-vous encore, et que dites-vous à ceci :
— Vos âmes sont intensément assoiffées ?
33. J’ai ouvert la bouche et j’ai parlé :
— Achetez[-la] pour vous sans argent.
34. Soumettez votre cou à son joug
et que votre âme accueille la discipline
car on peut la trouver tout près.
35. Voyez de vos yeux que j'ai bien peu travaillé
et que je me suis acquis un grand repos.
36. Saisissez la discipline, qui regorge d'argent
et emparez-vous de l'or qui abonde en elle !
37. Que votre âme trouve sa joie dans sa miséricorde !
Et vous ne serez pas confondus en la louant.
38. Faites votre œuvre avant le temps
et il vous donnera votre récompense en son temps.
— Chapitre 52 —
1. Et Salomon fléchit les genoux devant toute l'assemblée d'Israël
il tendit ses mains vers le ciel et dit :
2. — Seigneur Dieu d'Israël, il n'y a pas de Dieu comme toi dans le ciel en haut
ni sur la terre en bas
3. toi qui gardes ton alliance et ta miséricorde pour tes serviteurs
qui marchent devant toi de tout leur cœur.
4. Observant pour ton serviteur David ce que tu lui avais dit
tu as parlé de ta bouche et de ta main tu as tout achevé comme en ce jour.
5. Et maintenant, Seigneur Dieu d'Israël, maintiens ce que tu as dit à ton serviteur David, lui disant :
— Tu ne manqueras pas d'avoir un homme siégeant face à moi sur le trône d'Israël
6. si vraiment tes fils surveillent leur conduite
afin de marcher selon mes préceptes comme ils ont marché devant moi.
7. Et maintenant, Seigneur Dieu d'Israël, la parole que tu as dite à ton serviteur David s'est vérifiée :
8. si Dieu va vraiment habiter avec les hommes sur la terre
9. si le ciel du ciel ne suffit pas, certainement la maison que j'ai bâtie non plus !
10. Mais regarde vers la prière de ton serviteur
et vers sa supplication, Seigneur, pour exaucer la faveur que demande la prière
prononcée par ton serviteur devant toi :
11. que tes yeux soient sur cette maison jour et nuit
sur le lieu où tu as dit que ton nom serait invoqué ;
écoute la prière que ton serviteur prononce dans ce lieu
12. écoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël
quand ils prieront dans ce lieu
13. écoute depuis le lieu de ta demeure dans le ciel
écoute et sois propice si un homme pèche près de toi !
ICI FINIT LE LIVRE DE JÉSUS FILS DE SIRACH
30 ...
13–30 Confession et exhortation
En première partie, l'auteur raconte sa propre recherche de la sagesse. Son propos peut être scindé en deux sections :
Cette seconde partie invite les « gens sans instruction », ceux qui n’ont pas encore suivi cet itinéraire de sagesse, à suivre son exemple et son enseignement.
Considéré souvent comme un appendice, ce poème faisant l’éloge de la quête de la sagesse est bien dans la manière de Ben Sira.
L'auteur accumule ici des indices autobiographiques (Milieux de vie Si 51,13–30), exceptionnels dans la Bible.
13–30 Présentation générale Du point de vue de la critique textuelle, ce poème final se présente différemment du reste du livre : aucun des manuscrits n’est totalement fiable.
La version grecque, le meilleur témoin, présente plusieurs difficultés : v.15a est difficile à interpréter ; v.26c ne donne qu’un stique ; v.28a semble contredire v.25b (cf. Grammaire Si 51,28a, où la contradiction est levée).
La Vulgate suit le grec. La plupart et les meilleurs manuscrits latins ne s’achèvent pas sur Si 51 mais sur Si 52,1-13, qui reprend la prière de Salomon de 1R 8,22-31 ; 2Ch 6,12-22. V-Si 52 n’est cependant pas le texte de ces deux passages en V mais retraduit le grec.
Les témoins de l’hébreu sont problématiques :
À partir de toutes les versions il est possible de reconstituer le texte héb. original, en respectant le caractère alphabétique du poème (Genres littéraires Si 51,13–30). Néanmoins, en plusieurs versets cette reconstitution demeure conjecturale. La première partie (v.13-17 : Propositions de lecture Si 51,13–30) correspond à 11Q5 (11QPsa), en complétant le v.13b avec « (je l’ai demandée) et j’ai beaucoup prié » (Critique textuelle Si 51,13b).
La version syriaque est une traduction assez libre de l’héb. : elle ne suit pas le caractère alphabétique du poème, saute les v.14-15ab (Comparaison des versions Si 51,13–17) et modifie des pronoms.
23–30 (héb. reconstitution)
30a à contretemps (S) Vorlage héb. ? S : dl’ b‘dnh, litt. « qui n’est pas en son temps ». Comment comprendre ? Ms.B a traduit bçdqh (biçᵉdāqâ) « dans la justice ». Il est le seul à ne pas mentionner l’idée du temps dans ce stique, par ailleurs parfaitement compréhensible sans changement. Faut-il s’aligner sur les versions ?
30b Béni soit Dieu pour toujours et loué soit son nom de génération en génération (S-30cd) Supplément ? Ce v. n’appartient ni au poème alphabétique ni davantage à la souscription (cf. ms.B : Critique textuelle Si 51,30c).
30c Sagesse de Jésus fils de Sira Ajouts héb. La souscription héb. est ainsi développée :
30a Accomplissez votre œuvre Accusatif d’objet interne G : ergazesthe to ergon humôn ; V : operamini opus vestrum, litt. « œuvrez votre œuvre » ; comme en ms.B : m‘śykm ‘św ; S : ‘bdw ‘bdkwn.
30 Verset de clôture : composition savante Le verset précédent (Tav = v.29) clôt le poème alphabétique de 22 lettres (Critique textuelle Si 51,13–30).
30a avant le temps fixé G : pro kairou ; V : ante tempus.
L’expression est obscure. Faut-il comprendre « pour le temps fixé » ? ; ou que « le temps fixé » dont il s’agit soit celui de la mort ? (cf. Si 11,28 pro teleutês). Critique textuelle Si 51,30a
entre les deux stiques : « avant le temps fixé... en son temps ».
13–30 Poème alphabétique Le livre se conclut, comme le livre des Proverbes, par un poème alphabétique, c'est-à-dire un poème dont la première lettre de chaque verset (ou strophe selon le cas) suit l’ordre de l’alphabet. Ce procédé poétique est considéré comme recherché. On trouve d’autres poèmes alphabétiques en Ps 9-10 ; 25 ; 34 ; 37 ; 111-112 ; 119 ; 145 ; Pr 31,10-31 ; Lm 1-4 ; Na 1,2-8. Ici,
Le caractère alphabétique du poème avait déjà été détecté sur la base de G et S, avant la découverte des mss. hébreux du Caire et de Qumrân.
13–30 Traits autobiographiques exceptionnels La pointe du poème est une invitation à se mettre à l’école du maître, ce qui n'est pas sans parallèles : Intertextualité biblique Si 51,23–28. Il est remarquable ici que pour justifier cette invitation, les deux premières strophes soient une auto-présentation de celui qui parle. Ben Sira parle souvent de lui-même dans son livre :
Aucun sage de la Bible avant lui n’avait agi de la sorte.
30c Sira Orthographe du nom propre En héb. et S, le nom de Sira s’achève par la gutturale aleph (Sîra’). G l’a translittérée par la consonne khi (Sirach), et V lui a emboîté le pas (Sirach).
13–30 et 11Q5 : Une composition énigmatique On s’interroge sur la fonction que pouvait remplir le florilège d’extraits de psaumes et de ce poème alphabétique découvert à Qumrân.
13–30 Deux œuvres appelées l’Alphabet de Ben Sira La première œuvre appelée Alphabet de Ben Sira est un opuscule qui se compose d’une liste de 22 sentences en araméen, rangées selon l’ordre alphabétique et agrémentées d’un commentaire en hébreu. Listes de sentences (au plus tôt fin de la période des amoraïm ou même la période des gaonim) et commentaire (11e s. ?) ne relèvent pas de la même composition. Il ne semble pas que l’origine de l’opuscule soit liée au poème alphabétique qui clôt le livre de Ben Sira. Il n’est même pas certain que les auteurs de ce pseudépigraphe aient lu l’œuvre de Ben Sira, même si l’on peut trouver une communauté d’esprit entre le livre et la liste. En revanche, cet Alphabet de Ben Sira atteste que la tradition juive attribuait à Ben Sira une série de sentences qui lui étaient plus ou moins étrangères, comme le montre également le Talmud de Babylone (→b. Sanh. 100b). Le commentateur de la liste alphabétique des sentences attribue à Ben Sira la paternité de cinq livres, dont la →Pesiq. Rab.
Le second Alphabet de Ben Sira (liste alphabétique de 22 sentences en hébreu et commentaire), postérieur au premier, rapporte une série de légendes relatives à Jésus Ben Sira, dont le récit de la naissance virginale, dans une sorte de parodie de la naissance d’un autre Jésus, de Nazareth.
1–30 Le premier commentaire chrétien sur le livre de Ben Sira est le commentaire édifiant de , évêque de Mayence au 9e s. (→Comm. Eccl.).