Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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13 Quand j’étais encore jeune
avant que j'erre j’ai recherché ouvertement la sagesse dans ma prière.
13 Tu as élevé ma demeure sur la terre
et j'ai prié pour que la mort s'éloigne.
13 ...
14 Devant le temple je l'ai demandée
et je la rechercherai jusqu’à la fin.
14 J’ai invoqué le Seigneur, père de mon Seigneur, pour qu’il ne m'abandonne pas au jour de ma tribulation
et qu'il ne me laisse pas sans secours au temps des orgueilleux.
14 ...
13–30 Confession et exhortation
En première partie, l'auteur raconte sa propre recherche de la sagesse. Son propos peut être scindé en deux sections :
Cette seconde partie invite les « gens sans instruction », ceux qui n’ont pas encore suivi cet itinéraire de sagesse, à suivre son exemple et son enseignement.
Considéré souvent comme un appendice, ce poème faisant l’éloge de la quête de la sagesse est bien dans la manière de Ben Sira.
L'auteur accumule ici des indices autobiographiques (Milieux de vie Si 51,13–30), exceptionnels dans la Bible.
13–30 Présentation générale Du point de vue de la critique textuelle, ce poème final se présente différemment du reste du livre : aucun des manuscrits n’est totalement fiable.
La version grecque, le meilleur témoin, présente plusieurs difficultés : v.15a est difficile à interpréter ; v.26c ne donne qu’un stique ; v.28a semble contredire v.25b (cf. Grammaire Si 51,28a, où la contradiction est levée).
La Vulgate suit le grec. La plupart et les meilleurs manuscrits latins ne s’achèvent pas sur Si 51 mais sur Si 52,1-13, qui reprend la prière de Salomon de 1R 8,22-31 ; 2Ch 6,12-22. V-Si 52 n’est cependant pas le texte de ces deux passages en V mais retraduit le grec.
Les témoins de l’hébreu sont problématiques :
À partir de toutes les versions il est possible de reconstituer le texte héb. original, en respectant le caractère alphabétique du poème (Genres littéraires Si 51,13–30). Néanmoins, en plusieurs versets cette reconstitution demeure conjecturale. La première partie (v.13-17 : Propositions de lecture Si 51,13–30) correspond à 11Q5 (11QPsa), en complétant le v.13b avec « (je l’ai demandée) et j’ai beaucoup prié » (Critique textuelle Si 51,13b).
La version syriaque est une traduction assez libre de l’héb. : elle ne suit pas le caractère alphabétique du poème, saute les v.14-15ab (Comparaison des versions Si 51,13–17) et modifie des pronoms.
13b je l’ai demandée (héb.) Conjecture Le stique est manifestement trop court. Proposition de lire « je l’ai demandée et j’ai beaucoup prié ».
13a m’égarer (héb.) Moralement 11Q5 : t‘yty ; le verbe tā‘â signifie l’errance morale et non pas spatiale. Ni dans ce poème ni ailleurs dans le livre l’auteur n’a signalé une telle errance morale. Malgré les voyages qu’il signale, les siens (Si 34,12) ou ceux du scribe en général (Si 39,4), il semble quand même préférable de ne pas opter pour une errance spatiale.
13a mes errances (G) Moralement et spatialement G : planêthênai me. En s’inspirant probablement des voyages de Ben Sira, G emploie le verbe planaômai, qui évoque à la fois la pérégrination spatiale et l’errance morale. Ceci élargit l’idée : il conçoit les voyages comme des expériences morales (cf. Si 39,4).
14a sanctuaire (G) Thème du Temple
La version grecque du v.14a situe la prière de Ben Sira face au Temple (naos). Dans le livre de Ben Sira, ce serait la seule mention du Temple ou sanctuaire où aurait prié Ben Sira.
Le Temple est encore mentionné :
13–30 Poème alphabétique Le livre se conclut, comme le livre des Proverbes, par un poème alphabétique, c'est-à-dire un poème dont la première lettre de chaque verset (ou strophe selon le cas) suit l’ordre de l’alphabet. Ce procédé poétique est considéré comme recherché. On trouve d’autres poèmes alphabétiques en Ps 9-10 ; 25 ; 34 ; 37 ; 111-112 ; 119 ; 145 ; Pr 31,10-31 ; Lm 1-4 ; Na 1,2-8. Ici,
Le caractère alphabétique du poème avait déjà été détecté sur la base de G et S, avant la découverte des mss. hébreux du Caire et de Qumrân.
13–30 Traits autobiographiques exceptionnels La pointe du poème est une invitation à se mettre à l’école du maître, ce qui n'est pas sans parallèles : Intertextualité biblique Si 51,23–28. Il est remarquable ici que pour justifier cette invitation, les deux premières strophes soient une auto-présentation de celui qui parle. Ben Sira parle souvent de lui-même dans son livre :
Aucun sage de la Bible avant lui n’avait agi de la sorte.
13–17 Abrègement dans ms.B et S La 1e partie de la confession (Propositions de lecture Si 51,13–30) est réduite d’un tiers dans ms.B et S :
13b la sagesse dans ma prière : G V | héb. S : Ø — Explicitations dans G et V
14a Elle est venue (héb.) Particularité héb. C’est la seule version à mentionner la venue de la sagesse.
13–30 et 11Q5 : Une composition énigmatique On s’interroge sur la fonction que pouvait remplir le florilège d’extraits de psaumes et de ce poème alphabétique découvert à Qumrân.
12–20 Lectionnaire quotidien romain : la joie dans la sagesse
13–19a.20.27 Lectionnaire sanctoral romain
13–30 Deux œuvres appelées l’Alphabet de Ben Sira La première œuvre appelée Alphabet de Ben Sira est un opuscule qui se compose d’une liste de 22 sentences en araméen, rangées selon l’ordre alphabétique et agrémentées d’un commentaire en hébreu. Listes de sentences (au plus tôt fin de la période des amoraïm ou même la période des gaonim) et commentaire (11e s. ?) ne relèvent pas de la même composition. Il ne semble pas que l’origine de l’opuscule soit liée au poème alphabétique qui clôt le livre de Ben Sira. Il n’est même pas certain que les auteurs de ce pseudépigraphe aient lu l’œuvre de Ben Sira, même si l’on peut trouver une communauté d’esprit entre le livre et la liste. En revanche, cet Alphabet de Ben Sira atteste que la tradition juive attribuait à Ben Sira une série de sentences qui lui étaient plus ou moins étrangères, comme le montre également le Talmud de Babylone (→b. Sanh. 100b). Le commentateur de la liste alphabétique des sentences attribue à Ben Sira la paternité de cinq livres, dont la →Pesiq. Rab.
Le second Alphabet de Ben Sira (liste alphabétique de 22 sentences en hébreu et commentaire), postérieur au premier, rapporte une série de légendes relatives à Jésus Ben Sira, dont le récit de la naissance virginale, dans une sorte de parodie de la naissance d’un autre Jésus, de Nazareth.
1–30 Le premier commentaire chrétien sur le livre de Ben Sira est le commentaire édifiant de , évêque de Mayence au 9e s. (→Comm. Eccl.).