La Bible en ses Traditions

Philippiens 1,3–2,30

Byz V S TR Nes

Je rends grâce à mon Dieu à chaque fois que je fais mémoire de vous

 

1,3 Je rends grâce à mon Dieu Rm 1,8 ; 1Co 1,4 ; 1Th 1,2 ; Phm 4
Byz V TR Nes
S

toujours

et en chacune de mes prières pour vous tous

faisant cette supplication dans la joie

 

car en toutes mes prières pour vous

et dans la joie, j'intercède

Byz V S TR Nes

en raison de votre communion dans l’Évangile, depuis le premier jour jusqu’à présent,

1,5 dans l’Évangile 1Co 9,23

ayant cette confiance

que celui qui a commencé en vous une œuvre bonne

la parachèvera jusqu’au jour du Christ Jésus.

Sde notre Seigneur Jésus Christ.

1,6b Œuvre de Dieu Jn 4,34 ; 6,28-29 ; Rm 14,20 1,6bc Dieu fidèle 1Co 1,9 ; 1Th 5,24
Byz V TR Nes
S

De même il est juste pour moi de penser cela au sujet de vous tous

parce que je vous porte dans mon cœur, vous, qui dans mes liens

ainsi que Byz V Nesdans la défense et l'affermissement de l’Évangile,

êtes tous associés à ma grâce.

Vjoie.

De même il est juste pour moi de penser au sujet de vous tous

parce que dans mon cœur vous êtes établis vous qui, dans mes liens

ainsi que dans ma défense de la vérité de l’Évangile,

êtes associés à ma grâce.

 

1,7b dans mon cœur 2Co 6,12 ; 7,3 1,7c Évangile Rm 1,16 ; 1Co 15,1
Byz V S TR Nes

Car Dieu m’est témoin

comme je languis après vous tous dans les entrailles du Christ Jésus !

1,8b je languis après vous tous 1Co 16,24 1,8a témoin Rm 1,9 ; 1Th 2,5.10 1,8b entrailles Ph 2,1 ; Sg 10,5 ; Si 30,7 ; Mt 9,36 ; 18,27 ; Lc 10,33 ; 15,20

Voici donc ce que je demande dans ma prière :

que votre amour

Vcharité surabonde toujours plus en connaissance

Vscience et en toute espèce d'acuité

Stout discernement spirituel 

1,9b surabonde 2Co 9,8 connaissance G-Pr 8,10 ; Ep 1,17 1,9ss Prière de Paul Col 1,9-12

10 pour mettre à l'épreuve les choses qui diffèrent

Vapprécier ce qui est le meilleur

afin d’être purs et irréprochables pour le jour du Christ

1,10a discerner Rm 2,18 ; He 5,14 1,10b irréprochables 1Th 3,13

11 comblés des fruits

V Nesdu fruit de la justice par Jésus Christ

VJésus-Christ pour la gloire et la louange de Dieu.

1,11 fruits Ph 1,22 ; Mt 21,34 ; Jn 15,2-8.16 ; Rm 1,13 ; 6,22 ; Ga 5,22 ; He 12,11 ; Jc 3,17-18
Byz V TR Nes
S

12 Or je veux que vous sachiez, frères

que ce qui m’est arrivé a tourné plutôt au progrès de l’Évangile.

12 ...

1,12 progrès 1,25; Ac 8,1.4; 2Th 1,3

13 En sorte que mes liens sont devenus manifestes par le Christ dans tout le prétoire et partout ailleurs

13 ...

1,13 Prisonnier Ac 23,35; Ep 3,1; 4,1; 2Tm 2,9
Byz V S TR Nes

14 et la plupart des frères, ayant dans le

Snotre Seigneur pris confiance par le fait même de mes chaînes,

ont beaucoup plus d’audace pour dire sans peur la parole V Sde Dieu.

1,14 annoncer sans crainte Ac 28,31; 1Th 2,2

15 Certains, il est vrai, c'est par envie et querelle

Vpar esprit de contention

mais d’autres, c'est par bonne volonté Set par amour qu'ils prêchent le Christ.

Byz V TR Nes
S

16 Ceux-ci

VCertains agissent par

querelle annoncent le Christ sans pureté [d'intention], pensant susciter de l’affliction dans mes liens 

V Nescharité sachant que j'ai été préposé pour la défense de l’Évangile ;

16 ...

Byz S TR Nes
V

17 tandis que les autres [agissant] par charité sachant que j'ai été préposé pour la défense de l’évangile

Nesquerelle annoncent le Christ sans pureté [d'intention] pensant susciter de l'affliction dans mes liens.

17 tandis que les autres annoncent le Christ par esprit de contention et non sincèrement,

en prétendant susciter l'affliction dans mes rangs.

Byz V TR Nes
S

18 Quoi donc ? De toute manière

soit prétexte soit vérité le Christ est annoncé

et de cela je me réjouis et je m'en réjouirai encore.

18 ...

1,18 Annonce de l’Évangile Lc 9,50; 1Th 2,5

19 Car je sais que cela aboutira

Vtournera à mon salut

par votre prière et l’assistance de l’Esprit de Jésus Christ

19 ...

1,19 Prière d’intercession G-Jb 13,16; Rm 15,30; 2Co 1,11 assistance de l’Esprit Rm 8,26; Ga 3,5

20 selon ma vive

Vmon attente et mon espérance 

que je ne serai confondu en rien

mais qu'en toute assurance maintenant comme toujours le Christ sera magnifié dans mon corps

soit par ma vie soit par ma mort.

20 ...

1,20 assurance 2Co 3,12 exalté dans mon corps 1Co 6,20; 2Co 4,10 Honte Ps 35,26s ; 40,15ss ; 1P 4,16

21 Car pour moi vivre c'est le Christ et mourir, un gain.

21 ...

1,21 Union au Christ Rm 8,10s; Ga 2,19s; Ph 3,7-12; Col 3,3s

22 Mais

VQue si vivre dans la chair c'est pour moi un fruit du labeur

je ne sais que choisir.

22 ...

23 De fait

Byz V NesOr je suis pressé des deux côtés

ayant le désir de partir

Vd'être séparé et d’être avec le Christ

ce qui est Nes| en effet | [en effet ] | de beaucoup le meilleur

23 ...

1,23 Être avec le Seigneur Lc 23,43; Jn 14,3; 2Co 5,8 partir 2Tm 4,6
Byz V S TR Nes

24 mais que je demeure dans la chair est plus nécessaire

Smon corps me presse pour vous.

Byz V TR Nes
S

25 Et étant persuadé de ceci, je le sais, je resterai et je demeurerai avec vous tous

pour votre progrès et pour la joie de votre foi

25 ...

1,25 Rester avec les disciples Phm 22 progrès 1,12; Ac 8,1.4; 2Th 1,3

26 afin que votre fierté

Vvotre action de grâces abonde dans le Christ Jésus en moi

par ma présence auprès de vous.

26 ...

1,26 Fierté de l’Apôtre 1,4; 2,16; 1Co 15,31; 2Co 1,14; 5,12; 1Th 2,19

27 Seulement vivez en citoyens

Vconduisez-vous d’une manière digne de l’Évangile du Christ

afin que soit que je vienne et que je vous voie

soit qu'absent, j'entende dire de vous

que vous tenez bon dans un seul Esprit

d’une seule âme

luttant

Byz TR Nestravaillant ensemble pour la foi de l’Évangile

27 ...

1,27 Mener une vie digne Ep 4,1; Col 1,10; 1Th 2,12 Présence et absence Col 2,5 tenez ferme 1Th 3,8; 5,1 Unité d’esprit 2,2; 3,16; 4,2; Ac 2,44; 4,32; Rm 12,16; 15,5; Ep 4,3; 1Co 1,10; 2Co 13,11
Byz V S TR Nes

28 n’étant nullement effrayés par les

Snos adversaires :

ce qui pour eux est

V Nesest pour eux une démonstration

Vcause de la perte

et pour vous du

Nesde votre

Sde notre salut

 Byz V TR Neset cela est de Dieu. 

1,28 adversaires 1Co 16,9 salut 2Th 1,5
Byz V TR Nes
S

29 Car il vous a été fait la grâce

Vdonné à l'égard du Christ

non seulement de croire en lui

mais aussi de souffrir pour lui

29 et ceci vous a été donné par Dieu,

que non seulement et vraiment vous croyiez en Christ, 

mais aussi que pour lui vous souffriez

1,29 Don du ciel 1,6; Jn 3,27; Jc 1,17 Souffrir pour le Christ Mt 5,10ss; Ac 5,41; Col 1,24; 2Th 1,4-7; 1P 1,6s
Byz V S TR Nes

30 ayant

Sendurant le même combat que vous avez vu en moi,

et dont vous entendez maintenant parler en moi

V Sà mon sujet.

2,1 S’il est donc une consolation dans le Christ

s’il est un encouragement de l’amour

Vla charité

s’il est une communion de l’Esprit

s’il est des entrailles de commisération,

2,1 consolation Lc 2,25 communion 2Co 13,13 entrailles 1,8; Sg 10,5b; Si 30,7; Mt 9,36; 18,27; Lc 10,33; 15,20

2,2 comblez ma joie, en ayant une même pensée,

ayant le même amour

Vla même charité

unis d’âme

aspirant à une seule chose

2,2 aspirant à une seule chose 4,2 joie 1,4.18; 2,18; 3,1; 4,4; 2Co 13,11; 1Th 5,16 unis d’âme 1,27; 3,16; 4,2; Ac 2,44; 4,32; Rm 12,16; 15,5; Ep 4,3; 1Co 1,10; 2Co 13,11
Byz V TR Nes
S

2,3 rien par esprit de contention ou

V Nesni par vaine gloire

mais dans l'humilité que chacun estime les autres comme supérieurs à lui-même

Vsoi

...

2,3 Vaine gloire et humilité Pr 15,33; Mt 18,4; 23,11; Lc 14,10s; Ga 5,26; Ep 4,2; Col 3,12; 1P 3,8; 5,5

2,4 chacun ayant égard, non à ses propres intérêts,

mais à ceux des autres.

...

2,4 Intérêt d’autrui 2,20s; 1Co 10,24-33; 13,4s
Byz S TR Nes
V

2,5  Byz S TREn effet, qu'il y ait   NesAyez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus :

 En effet ressentez en vous ce qui est aussi dans le Christ Jésus :

Byz V TR Nes
S

2,6  lui étant

Valors qu'il était en forme de Dieu

il n’a pas considéré comme une usurpation d'être égal à Dieu

...

2,6 égalité à Dieu Jn 1,1s; 5,18; 10,30; 17,5 comme un avantage qu’on ravit Gn 3,5; Is 14,3-23; Ez 28,1-19 Image de Dieu 2Co 4,4; Col 1,15; He 1,3 physionomie Mc 9,2; 16,12 Renoncer à son droit Rm 15,3; 1Co 9,15; 2Co 8,9

2,7 mais il s’est anéanti lui-même prenant une forme d'esclave

devenu semblable aux hommes

et reconnu à sa figure comme un homme

...

2,7 un homme Jn 1,14; Rm 8,3; 1Tm 2,5; He 2,7.14.17; 1Jn 4,2 se vida Is 53,2-5; 2Co 8,9 physionomie d’un esclave Mt 20,28; Jn 13,4s reconnu... comme un homme Mt 13,55s; Lc 4,22c; Jn 10,33

2,8 il s’abaissa

Vs'humilia lui-même devenant obéissant jusqu’à la mort,

mais la mort de la croix.

...

Byz V S TR Nes

2,9 Voilà pourquoi Dieu l’a exalté

et lui a donné un

Nesle nom qui est au-dessus de tout nom

2,9 Abaissement - exaltation Is 52,10-13; Mt 23,12; He 2,9 Exaltation - ascension Lc 24,51; Ac 7,55s; Ep 1,20-23 nom Is 62,2; Ac 3,16; 4,12; 5,40s; He 1,4

2,10 afin qu’au nom de Jésus

tout genou fléchisse

aux cieux, sur terre et dans les profondeurs

Venfers,

2,10 Prosternation Is 45,23; Lc 24,52; Ep 3,14; He 1,6 Domination universelle du Christ Col 1,16-20; He 1,3s; Ap 5,11-14; 12,10 cieux.terre.profondeurs Nb 16,33; 1S 28,11s; Ep 4,10; Ap 5,3

2,11 et que toute langue confesse

que le Seigneur c’est Jésus Christ

VJésus-Christ pour

Vdans la gloire de Dieu le

Sson Père.

2,11 Jésus Seigneur Ac 2,36; Rm 1,4; 10,9; 1Co 12,3; Col 2,6; Ap 19,16 gloire de Dieu Is 42,8

2,12 Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi

non seulement en ma présence

Slorsque je suis proche

mais bien plus maintenant en mon absence,

Sque je suis loin,

avec crainte et tremblement, œuvrez à votre salut

2,12 crainte et tremblement 1Co 2,3; 2Co 7,15; Ep 6,5; 1P 1,17
Byz V TR Nes
S

2,13 car c’est Dieu qui opère en vous

à la fois le vouloir et le faire selon sa bonne volonté.

13 ...

2,13 dessein bienveillant Mt 11,26; Lc 2,14; Ep 1,5.9 Dieu.qui opère en vous 1,6; 2Co 3,5; 1Th 2,13

2,14 Et faites toutes choses sans murmures ni hésitations

14 ...

2,14 murmures et discussions 1Tm 2,8
Byz V S TR Nes

2,15 afin que vous soyez irréprochables et intègres,

enfants de Dieu irrépréhensibles

au milieu d'

Shabitant dans une génération tortueuse et pervertie

parmi laquelle vous brillez

Sapparaissez comme des flambeaux dans le monde,

2,15 intègres Rm 16,19 Être irréprochable pour le jour du Seigneur 1Co 1,8; 1Th 3,13 luminaires dans le monde Dn 12,3; Mt 5,14ss génération.pervertie Dt 32,5; Mt 10,16; 12,39; Ac 2,40
Byz V TR Nes
S

2,16 étant attentifs à la parole de vie

pour ma fierté

Vgloire au jour du Christ

car je n’aurai pas couru en vain

ni peiné en vain.

16 Que je sois pour eux un lieu de vie

pour ma fierté en vue du jour du Christ

car je n’aurai pas couru en vain

ni peiné en vain.

2,16 la parole de vie Ac 5,20 couru en vain Is 49,4; 65,23; Ga 2,2; 1Th 3,5 jour du Christ 1,10 Fierté de l’Apôtre 1,4; 1,26; 1Co 15,31; 2Co 1,14; 5,12; 1Th 2,19

2,17 Et même si je sers de libation

Vje suis immolé pour le sacrifice et le service de votre foi

je m’en réjouis et vous félicite tous

17 ...

2,17 libation Ex 24,6ss; 2Co 12,15; 2Tm 4,6; He 9,19 service 1,24s
Byz V S TR Nes

2,18 de même, vous aussi, soyez joyeux et réjouissez-vous avec moi.

2,19 J’espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée

afin que moi aussi je sois réconforté en apprenant ce qui vous concerne,

Byz V TR Nes
S

2,20 car je n’ai personne d'autre de même sentiment : lui se préoccupera sincèrement de ce qui vous concerne.

20 Car je n'en ai pas d'autres ici comme moi, qui se préoccupera sincèrement de ce qui vous concerne.

Byz V S TR Nes

2,21 Tous en effet cherchent leur propre intérêt non ceux de Jésus Christ

VJésus-Christ.

2,22 Mais vous connaissez sa valeur éprouvée

car comme un enfant envers son père, avec moi, il s'est mis au service de l’Évangile.

2,22 Hommes de valeur 1Co 16,16 Paternité de l’Apôtre 1Co 4,14-17; 2Co 6,13; 12,14; Ga 4,19; 1Th 2,11; 1Tm 1,2.18; Tt 1,4; Phm 10
Byz V TR Nes
S

2,23 J’espère donc l’envoyer

Vque je l’enverrai dès que j’aurai aperçu

Vvu ce qu'il en est de moi

23 ...

2,24 et j’ai confiance dans le Seigneur que moi

Vmoi-même aussi j'irai bientôt.

Vje viendrai vers vous bientôt.

24 ...

2,25 J’ai estimé nécessaire vous envoyer Épaphrodite, mon frère, collaborateur et compagnon d’armes

mais aussi votre apôtre et ministre en ma nécessité,

25 J’ai estimé nécessaire vous envoyer Épaphrodite, mon frère, assistant et collaborateur

mais [aussi] votre apôtre et ministre en ma nécessité,

2,25 L’apostolat comme service militaire 1,27; 4,3; Rm 15,30; Phm 2 Épaphrodite 4,18
Byz V S TR Nes

2,26 puisqu’il désirait vous voir tous et était anxieux

car Sil savait que vous aviez entendu qu'il était malade.

2,27 Et de fait, il a été malade, bien près de la mort

mais Dieu lui a fait miséricorde

non pas seulement à lui, mais à moi aussi,

afin que je n’aie pas tristesse sur tristesse.

Byz V TR Nes
S

2,28 Avec plus d'empressement donc je l'ai envoyé

afin que l'ayant vu vous vous réjouissiez encore

et que moi, je sois sans tristesse.

28 ...

2,29 Recevez-le donc dans le Seigneur avec toute joie

et tenez de tels hommes en honneur.

29 ...

Byz V S TR Nes

2,30 Car à cause de l’œuvre du Christ il a approché la mort,

livrant son âme

Nesayant risqué sa vie

Byz TRsans aucune considération pour sa vie

Sayant méprisé sa vie,

afin de compenser l'insuffisance de votre service à mon égard.

2,30 jusqu’à la mort 2,8 Soutien de l’Apôtre 4,10-20; Rm 12,13; 1Co 9,11; 2Co 8,14; 11,8s

Propositions de lecture

1,7a de vous tous (G) huper | (V) pro Huper = peri (cf. Zerwick Analysis philologica ; Zerwick Gr. Bibl. 96 (69) p. 31s). Pro en latin postclassique signifie aussi « au sujet de » (cf. Blaise Dict.).

1,9ss Une prière transformée en exhortation

Le rôle de l'agapê dans la vie chrétienne

  • Spicq 1959 « Conformément à l'usage, saint Paul associe, dans le prologue de sa lettre, action de grâces et prière, et sa demande du v.9 ne paraît pas originale ; c'est une reprise de 1Th 3,12 [...]. Toutefois, la finale du verset et les précisions des v.10-11 apportent un complément d'une extrême importance sur le rôle de la charité dans la vie chrétienne. Ces trois versets (9-11) sont les plus denses et les plus précis du NT sur l'influence de l'agapê au point de vue intellectuel et moral, en ce monde ou en l'autre » (2,234).
La croissance de la charité entraîne une connaissance profonde de Dieu et une sensibilité affinée
  • Spicq 1985 Puisque seul Dieu illumine « les yeux du coeur pour faire voir » (Ep 1,18 ; cf. Ph 3,15, etc.), il faut donc prier pour obtenir « cette grâce, qui est d'une part appelée à grandir sans cesse et d'autre part liée à la charité : plus l'amour s'accroîtra et plus la connaissance (Vocabulaire Ph 1,9b) sera profonde et la sensibilité plus affinée (Vocabulaire Ph 1,9b) : ''Ce pour quoi je prie, c'est afin que votre amour de charité abonde encore de plus en plus en connaissance et en toute perception morale (ou clairvoyance), pour que — discernant le meilleur — vous soyez purs et irréprochables pour le jour du Christ'' (Ph 1,9s). Dans cette prière, qui est aussi une exhortation, l'accent est sur le verbe ''abonder'' (Vocabulaire Ph 1,9b) qui évoque un jaillissement croissant de grâces. On évoquera d'abord une connaissance exacte de Dieu révélé en Jésus-Christ, par opposition à l'ignorance païenne ou à l'aveuglement des Juifs (Rm 1,28.10,2 ; Col 1,10.2,2), puis une connaissance pratique impliquant un renouvellement de la vie morale (Rm 3,20 ; Ep 1,17 ; Col 1,9), enfin et surtout une réflexion de plus en plus poussée ou mieux un amour attentif et fidèle, car rien ne donne d'intuition et de pénétration à l'intelligence comme l'amour, notamment cette agapê qui est ''amour de la vérité'' (2Th 2,10), mais surtout est l'amour dont Dieu s'aime lui-même et qui nous aime, et qu'il verse dans nos coeurs (Rm 5,5). Comment ne serait-il pas apte à saisir la volonté de Dieu, ce qui lui est agréable, et tout porté à l'accomplir ? L'amour est essentiellement complaisance, se plaire en quelqu'un ; ici il est lucide, il rend intelligent, il ''sent'' (Vocabulaire Ph 1,9b) ce qu'il faut faire ou éviter, afin d'être toujours d'accord avec le Seigneur et s'ajuster à ses vouloirs « (149).

1,9b charité (G) Agapê dans l'éthique chrétienne

Il s'agit de la participation à l'amour de Dieu

Spicq 1959 « L'agapê dont il s'agit n'est déterminée par aucun complément d'objet. On aurait donc tort de préciser qu'il s'agit d'amour envers Dieu ou le prochain. L'Apôtre comprend la charité comme une grandeur autonome, exprimant la vie chrétienne elle-même en ce qu'elle a d'essentiel (cf. 1Co 13), et spécialement comme source d'énergie et de rayonnement dans la vie morale et religieuse. Lorsque saint Paul parle de charité, il évoque moins ses objets que sa source, il pense d'abord à la charité qui vient de Dieu et du Christ, et qui nous ''étreint'' (2Co 5,14). Dans un contexte de prière, cette nuance est certaine. L'Apôtre demande à Dieu de communiquer une participation toujours plus abondante de son amour aux Philippiens. 

L'accroissement de cette participation à l'amour divin entraîne une connaissance profonde de Dieu et un affinement du sens moral

On savait déjà par Ep 3,17-19, que l'agapê parvenue à un certain degré de croissance donne de la pénétration à l'intelligence ou qu'elle exerce une activité spéculative, elle illumine les yeux du coeur (Ep 1,17s). C'est cette pensée que saint Paul reprend ici, en l'accentuant avec une vigueur exceptionnelle. Si la charité des Philippiens doit grandir, c'est dans un sens très déterminé, en epignôsei kai pasêᵢ aisthêsei. Selon la construction perisseuein en (Rm 15,13 ; 2Co 8,7), en effet, c'est l'amour lui-même qui s'épanche ou s'exerce dans le domaine de la connaissance (Vocabulaire Ph 1,9b). N'est-il pas agapê tês alêtheias (2Th 2,10) ? » (2,235). « À cette connaissance, saint Paul ajoute l'affinement du sens moral » (Vocabulaire Ph 1,9b). On conçoit qu'une telle perception soit affinée par l'agapê. Seul un amour total et exclusif ''sent'' ce qui peut plaire ou déplaire, à l'être aimée : seule l'agapê, issue de Dieu, peut révéler comment correspondre en tout à la volonté de Dieu » (2,237s).

Au v. suivant on comprend que la charité exerce l'office de discernement, d'appréciation et de choix (Vocabulaire Ph 1,10a).

  • Spicq 1959  « La charité exerce son rôle d'appréciation et de choix par l'intermédiaire de l'epignôsis et de l'aisthêsis, « mais saint Paul déclare que c'est l'amour qui enrichit le chrétien de meilleures lumières sur Dieu et avive sa sensibilité religieuse et morale. C'est une grande étape franchie dans l'élaboration de l'éthique de la nouvelle Alliance, toute entière fondée sur l'agapê envers Dieu et le prochain. Objectivement, la Loi et les prophètes dépendaient de ce double précepte. Il est désormais acquis que le chrétien, non seulement s'ajuste à cette exigence de l'amour — sa seule règle, alêtheuontes en agapêᵢ (Ep 4,15) — mais qu'il se décide subjectivement à agir et se conduit pratiquement sous la lumière et la motion de la charité. C'est l'agapê qui inspire, commande ses facultés morales, à telle enseigne qu'elle lui fournit les critères du bien et du mal » (2,238s).

1,10a pour mettre à l'épreuve ce qui diffèrent (G) Expression énigmatique

  • Spicq 1959 Cette sentence eis to dokimazein humas ta diapheronta, dépend de hina perisseuêᵢ : « Si l'accroissement de la charité rend la connaissance de Dieu et du Christ plus pénétrante, et le sens moral plus délicat et plus aigu, c'est pour aboutir littéralement ''à mettre à l'épreuve les choses qui diffèrent''. L'expression est énigmatique parce que dokimazein aussi bien que ta diapheronta ont des acceptions très variées ; mais pour un disciple de saint Paul, elle évoque une notion morale majeure et précise » (2,238).

1,10b purs et irréprochables Expression redondante à valeur de superlatif

  • Spicq 1959 « Le chrétien est sans tache (Vocabulaire Ph 1,10b), ni reproche (Vocabulaire Ph 1,10b) dès lors qu'il a agi par amour de Dieu et du prochain. Il n'y a de vertu que celle que l'agapê suscite et anime­. La double notation eilikrinês-aproskopos peut être considérée comme évoquant l'aspect positif et négatif de la perfection morale, mais plutôt comme une expression redondante, ayant valeur de superlatif : absolument irréprochable et marchant droit » (2,241).

1,10b pour le jour du Christ Perspective eschatologique

  • Spicq 1959 « Cette innocence parfaite est requise et prend toute sa valeur en fonction de la perspective : eis hêmeran Christou, c'est-à-dire de la comparution devant le tribunal du Christ (cf. Ph 1,6.2,16 ; Ep 4,30 ; 2Tm 1,12). La formule hina... eis accentue fortement la perspective eschatologique qui domine la croissance de la charité (Vocabulaire Ph 1,9b). Celle-ci joue son rôle de discernement moral durant la vie terrestre ; c'est à elle qu'il appartient d'établir une hiérarchie des valeurs, d'apprécier et de retenir comme sa propriété ce qui va dans le sens de l'amour de Dieu et du prochain. Moyennant quoi, le chrétien vit en vrai disciple du Sauveur ; sa conduite est en harmonie avec sa foi. Il en résulte qu'il n'a rien à redouter au jugement final (1Jn 4,18 ; Jude 24s). Grâce à l'aisthêsis (Vocabulaire Ph 1,9b) de la charité, irréprochable, il ne sera pas condamné. C'est l'agapê qui sauve ! » (2,242).

1,11 comblés du fruit de justice La fécondité de la charité débordante ne se limite pas à une garantie d'innocence, d'immunité (Propositions de lecture Ph 1,10b). Le v.11 confirme que l'expression « purs et irréprochables » ne s'entend pas dans une acception purement négative. Il ajoute que la vie morale inspirée par l'agapê produit une plénitude de biens, l'authentique perfection.

  • Spicq 1959 « Celle-ci est exprimée par la locution paléo-testamentaire : ''un fruit de justice'' (Vocabulaire Ph 1,11). Il s'agit de ces bonnes oeuvres et vertus issues de la rectitude intérieure, de cette intention d'amour qui donne valeur à tout. Ce fruit qui est la vie chrétienne elle-même, est surabondant et définitivement acquis » (2,242).

1,11 fruit de justice par Jésus Christ

Tout le bien que nous faisons est par le Christ

  • Spicq 1959 « [...] le Pharisien converti ne peut écrire ''justice'' →Dikaiosunê au sens d'oeuvre de l'homme valable devant Dieu, sans faire la correction chrétienne et prévenir une méprise : Ce fruit, c'est le Christ qui le fait mûrir et lui donne sa qualité. Ce n'est qu'en Lui qu'on peut obtenir une plénitude surnaturelle (Col 2,10) » (2,242).

Texte

Critique textuelle

1,16s Ordre inversé des versets Certains manuscrits, à l'image de ceux du texte byzantin et du Textus Receptus que nous suivons ici, donnent un ordre des versets inverse par rapport à la Vulgate et Nestle Aland (ainsi que la plupart des manuscrits les plus anciens tels que P46, א, A, B, D et la tradition latine) et non attesté avant le VIe siècle.

Vocabulaire

1,5.7d communion + êtes associés (G) koinôniaᵢ + sugkoinônous

Famille de mots structurant la lettre

Voc. de Paul « Il semble que ce soit l'emploi de cette famille de mots [le verbe koinôneô, le substantif koinônia et d'adjectif koinônos, formé à partir de koinos « commun »] dans les Philippiens qui en éclaire le mieux le sens ; en effet, les 6 emplois de koinônia et de ses composés structurent la lettre : Ph 1,5.7.4,14-15 encadrant Ph 2,1 et Ph 3,10. Or le 1er emploi désigne clairement une ''part active prise à'' l'annonce de l'évangile. Elle est explicitée par une participation des Philippiens aux épreuves de l'apôtre (Ph 1,7 et Ph 4,14), qui s'est concrétisée en une aide financière (Ph 4,15). Si Paul accepte des Philippiens seuls cette forme de koinônia, c'est qu'elle est le signe de la part qu'ils prennent à sa ''grâce'' d'évangélisateur, dans la défense et l'affermissement de l'évangile (Ph 1,7). En quoi consiste donc cette ''grâce de l'apôtre ? Elle passe par la ''conformation'' de sa propre vie à celle du Christ et par la participation à ses souffrances (Ph 3,10) dans l'attente de la résurrection ; la koinônia aux souffrances du Christ, c'est ce mouvement de don de soi et d'humiliation jusqu'à la mort sur la croix qui fut celui du Christ. À la suite de l'apôtre, c'est toute la communauté qui est appelée à conformer son ''corps d'humiliation'' pour devenir ''corps de gloire''. Se conformer au mouvement du Christ, c'est vivre en lui, en une unité où chacun reconnaît l'autre comme supérieur à soi ; c'est participer à l'Esprit (koinônia Pneumatos, Ph 2,1) qui donne à chacun des charismes différents.

Référence pour la compréhension des autres emplois pauliniens 

On comprend mieux alors, à la fois les emplois de Rm 12,13 (Vocabulaire Rm 12,13a) et Rm 15,26 (Vocabulaire Rm 15,26b.27b), visant la collecte, celui de Ga 2,9 où le signe des ''mains de communion'' fonde l'unité des évangélisateurs, et les expressions ramassées de 1Co 1,9 Vocabulaire 1Co 1,9 et surtout 1Co 10,16-17, où il s'agit de participer [sacramentellement au corps et au sang du Christ] pour vivre réellement de sa vie. Peut-être rejoint-on ainsi Ac 2,42 ? La koinônia, part prise à l'Esprit, fait de la vie de la communauté comme de celle de l'apôtre, un évangile vivant » (Roselyne Dupont-Roc, Communion, Avoir part (koinônia, koinônos), 16). Cf. →Communion, koinônia.

1,9b acuité Hapax NT Gr : aisthêsei, litt. « perception » ; la capacité à percevoir et estimer une situation précise, le tact. Cf. G-Pr 5,2 ; 14,7 ; 15,7.

Cet hapax néotestamentaire « s'emploie dans l'usage profane soit de l'acte de sentir (sensation), soit de la faculté (sensibilité) ; au sens 1er de perception sensible, il passe à celui de discernement moral, perception spirituelle, que le livre des Proverbes a consacré dans la langue biblique (aisthêsis, 22 fois dans Pr, sur 27 dans l'AT. Cf. les vêtements du grand prêtre confectionnés par des tailleurs habiles, qui ont un pneuma aisthêseôs (Ex 28,3)) [...] » (Spicq 1959, 2,237).

  • Spicq 1985 « Le mot aisthêsis, que l'on traduit parfois ''tact affiné'' s'entend aussi bien de la sensation que de l'intelligence, mais accentue ici la nuance morale de la connaissance susdite (cf. He 5,14), elle saisit la qualité des choses ; ce serait le ''sens moral'' qui incline, oriente vers la décision pratique pour bien agir. Elle est le privilège des justes (Pr 11,9), des sages (Pr 10,14), des prudents (Pr 14,6), des avisés (Pr 12,23), inhérente à une réflexion judicieuse. Or l'agapê affine singulièrement cette faculté psychologique et morale, cette sensibilité religieuse » (149, note 29). 
  • Spicq 1959 « Le livre des Proverbes est précisément écrit pour en instruire les coeurs droits (Pr 1,4) qui se signalent par cette prudence avisée et circonspecte, ho agapôn paideian agapaᵢ aisthêsin (Pr 1,21). En liaison avec l'epignôsis, l'aisthêsis serait donc le sens moral, une conscience lucide et délicate qui réagit d'instinct dans le sens de la volonté de Dieu » (2,235).

1,9b connaissance spirituelle Le substantif epignôsis signifie « connaissance » spirituelle : capacité à reconnaître le bien, à discerner. C’est un fruit de l’action de l’Esprit dans le croyant. V traduit par scientianotitia, cognitio, agnitio, etc.

Une connaissance profonde des choses divines

Vocabulaire Rm 1,28a ; 3,20b ; 10,2b ; Vocabulaire Rm 10,2b ; Vocabulaire Ep 1,17b ; cf. Vocabulaire Ep 4,13a

  • Spicq 1959 « epignôsis, sans article et sans complément, peut avoir plusieurs significations. À coup sûr, il vise d'abord l'objet de la foi, le contenu de l'Évangile (Ep 1,17 ; 1Tm 2,4.4,3 ; Tt 1,1 ; 2Tm 3,7 ; He 10,26 ; cf. Rm 1,28.10,2) : La charité connaît, analyse et réalise toutes les richesses, du salut, et d'abord le Christ et son amour infini (Ep 1,17s.3,17s.4,13 ; Col 2,2. Le sens ''d'expérience, réalisation'' est bien attesté dans Rm 3,20). Mais c'est dire que cette connaissance est aussi celle de la volonté divine, comme le suggèrent eis to dokimazein du v.10 (cf. Rm 2,18.12,2) et surtout Col 1,9s, tên epignôsin tou thelêmatos autou (cf. Phm 6 ; Ep 5,17 : Comprenez (suniete) quelle est la volonté du Seigneur ; Ep 5,10 : discernant ce qui lui est agréable). Ainsi le progrès de la charité se déploie dans une activité contemplative, pénétrant toujours plus avant dans l'intelligence du mystère divin, et dans une perception mieux éclairée des desseins et de la volonté de Dieu. Ces deux objets ne sont pas dissociables, car la charité qui saisit plus clairement la transcendance de Dieu et l'infini de son amour, comprend beaucoup mieux ses exigences de sainteté et de charité réciproque. Il s'agit en définitive, de la connaissance religieuse et vivante propre à l'homme nouveau : endusamenoi ton neon ton anakainoumenon eis epignôsin (Col 3,10). Grandir dans la charité, c'est parvenir à l'état adulte, et être en mesure d'exercer cette intelligence dont le baptisé a été doté » (2,235s).

1,9b abonde (G) Perisseuein : Verbe au présent progressif ou « surabonde ». Le verbe grec perisseuein signifie : être dans l'abondance, exceller, surabonder, surpasser, cf.Vocabulaire 2Co 1,5ab ; Vocabulaire 2Co 8,7ad ; Vocabulaire 2Co 2,4c.

  • Spicq 1959 « Le verbe perisseuein, aimé de l'Apôtre (Ph 1,26.4,12.18 ; cf. Rm 3,7), s'emploie de toutes les grâces accordées par Dieu et de la perfection chrétienne sous quelque aspect que ce soit (1Th 4,1.10 ; Rm 5,15 ; 1Co 14,12 ; 2Co 3,9.8,7), mais d'abord de l'agapê (1Th 3,12 ; [...]) qui, plus que toute autre vertu, semble faite pour grandir. Si, de fait, elle est participation de l'amour même de Dieu, on conçoit qu'il ne peut y avoir de limite à sa croissance, et que le chrétien doive aspirer à s'enrichir de plus en plus de ce don ; d'où le verbe au présent progressif. Il ne s'agit même pas de plénitude à proprement parler, mais de dépassement. Si le verbe perisseuô ne signifie pas ce progrès au-delà de toute mesure, l'accumulation des termes eti mallon kai mallon dit bien cet excès : ''toujours encore plus'' (cf. 1Th 4,9-10). On n'aime jamais assez ; ou plutôt, jamais on n'est assez réceptif de ce don. C'est Dieu seul qui infuse la charité et l'accroît ; voilà pourquoi l'augment de la charité est l'objet privilégié de la prière chrétienne » (2,234s).

1,9b toute acuité Signification de la précision « toute » 

  • Spicq 1959 « La précision pasêᵢ fait allusion à ces détails de la vie ou à ces actions en apparence indifférentes, sur lesquels la ''connaissance'' ne donne aucune règle précise, mais où le coeur aimant sent d'instinct le choix à faire » (2,238, note 1).

1,10a pour mettre à l'épreuve  (G) Dokimazein  Spicq 1959 « Si le verbe dokimazô, en effet, a le sens de prouver (2Co 8,8), (Vocabulaire 2Co 8,8b) et d'approuver (Rm 14,22), (Vocabulaire Rm 14,22c), il a d'abord celui d'examiner, se livrer à une enquête ou faire une épreuve, en vue d'apprécier et de juger, et finalement retenir ce qui est valable.

La dokimasia est l'examen ou l'épreuve par lequel on vérifie la qualité d'une monnaie ou les aptitudes d'un candidat à une charge.

On est donc en droit de voir dans dokimazein la délibération et le jugement propres à la vertu de prudence. L'intérêt de ce texte est d'attribuer à l'agapê cet office de discernement, d'appréciation et de choix » (2,238). 

1,10a les choses qui diffèrent (G) ta diapheronta 

Le sens du participe présent neutre diapheronta 

  • Spicq 1959 « À la vérité, les 4 sens de diapherô sont attestés dans le NT : être distinct, différent (1Co 15,41 ; Ga 4,1), l'emporter, surpasser (Mt 6,26.12,12), se répandre (Mc 11,16 ; Ac 13,49), il importe (Ga 2,6). Il n'est pas facile de choisir ; mais le participe présent neutre diapheronta est un terme courant de la philosophie grecque et hellénistique, et ''discerner les différences'' — au plan moral — ne peut être qu'apprécier les valeurs respectives, choisir entre le bien et le mal. C'est bien l'activité que l'on pouvait attendre de l'aisthêsis et de sa dokimasia : Le chrétien soumet ses actions ou ses ''affaires'' à un examen critique, approuve celles qui sont bonnes, et qu'il importe de réaliser, rejette les autres » (2,239).

1,10a pour apprécier ce qui est le meilleur (V)  ut probetis potiora, en Rm 2,18, on trouve une expression semblable : probas utiliora « tu discernes ce qui est plus utile ». Fillion commente : « c'est-à-dire ce qui est meilleur, plus parfait. Le grec peut signifier aussi : les choses qui diffèrent, ou la différence qui existe entre le bien et le mal, ce que Dieu ordonne et ce qu'il défend. » (Fillion, 8,31) ; « Capables de distinguer le vrai du faux, le bien du mal et de pratiquer toujours ce qui est juste et droit [...] » (Fillion 8,372).

  •  « À la suite de la Vulgate (ut probetis potiora, l'Ambrosiaster a traduit : ut probetis quae sunt utilia), certains commentateurs entendent que le chrétien choisit les choses qui sont excellentes, qui l'emportent, le plus parfait (Bengel, Estius, Meyer, J. B. Lighfoot, Ch. Bruston [...]). » (2,239, note 2). 

1,10b purs (G) eilikrinês Hapax paulinien Eilê splendor solis, krinô, ad splendorem solis probatus, purus, candidus, nullo vitio corruptus. (Zerwick Analysis philologica). Eilikrinês est un hapax paulinien. Dans le NT, il se trouve seulement en 2P 3,1. Paul utilise le nom eilikrineia en 1Co 5,8 ; 2Co 1,12.2,17 (cf. Zorell Lexicon ; Spicq 1959, 2,241).

1,10b irréprochables (G) Aproskopos

  • Spicq 1959 « La valeur négative de aproskopos ''qui ne fait point de faux pas'' s'estompe au bénéfice de l'idée sous-entendue : La vie morale est une marche, peripatein en agapêᵢ (Ep 5,2) ; or la route peut cacher des pièges ; le manque d'attention et de précaution peut occasionner des chutes, en hodôᵢ aproskopôᵢ (Si 32,21). Le Siracide exhortait à ne rien faire sans avoir délibéré (aneu boulês, v.19). Il est probable que l'Apôtre se réfère à cette prudence qui est celle de l'aisthêsis, examinant et éprouvant toutes les conjonctures de l'action » (2,241).

1,11 fruit Sens religieux et moral de « fruit » 

fréquent dans la Bible :

1,11 fruit de justice Locution paléo-testamentaire Cf. Is 32,17 ; Am 6,12 ; Pr 11,30 ; He 12,11 ; Jc 3,18.

1,11 comblés ou : remplis

1,21 (G)  En Gr, les deux verbes sont des infinitifs traités comme des substantis avec un article, ce qui donne littéralement  : Car pour moi le vivre [c'est] Christ et le mourir un gain.

2,7a il s'est anéanti (G) Acception métaphorique d'inanition de kenoô

Kenoô n'est pas un terme « théologique » technique

Spicq 1982 La « Vulgate a bien traduit : exinanivit, ''Il s'anéantit lui-même''. Le verbe dénominatif factitif kenoô, employé ici à l'indicatif aoriste et sans complément, mais suivi d'un pronom réfléchi n'a aucun parallèle en grec et fait figure d'hapax ; il ne signifie pas une renonciation volontaire, ni même un dépouillement, mais une inanition. Son acception est métaphorique ; ce n'est donc pas un terme ''théologique'' technique, mais celui d'une âme religieuse contemplant le mystère du Christ, et ayant le sens de la transcendance divine et du néant de la créature. C'est dire à la fois qu'il ne faut pas renoncer à la traduction ''anéantir'', elle dit ce qu'elle veut dire, surtout dans une hymne, et que cette kénose est relative. Le Christ n'a pas cessé d'être Dieu et n'est pas devenu autre chose, c'est son mode d'exister et sa morphê qui ont changé lorsque le Verbe a assumé une condition terrestre par son incarnation, mais son identité personnelle est immuable. 

  • Note 2 de la p. 403 : On a eu peut-être tort de commenter cette hymne comme un exposé théologique rigoureux et de trop préciser la kénose en l'expliquant par ce qui précède ou ce qui suit. S'il fallait le faire, c'est plutôt l'incarnation de Dieu qui serait comme un anéantissement ; car, une fois homme, il est normal que le Christ meurt, même si cette mort est singulièrement aggravée par la crucifixion.

Le sujet de ekenôsen n'est pas le Christ incarné, mais le Seigneur préexistant que l'assomption de la nature humaine ''réduit à rien'' ; expression légitime à une époque où l'on n'avait pas encore défini qu' ''Il'' avait une seule Personne et deux natures. Le meilleur parallèle est 2Co 8,9 : ''eptôcheusen plousios ôn. Il se fait pauver, quoiqu'il fût riche''. » (402s).

Grammaire

1,11 fruit de justice Justice est génitif d'auteur 

  • Spicq 1959 « dikaiosunês n'est pas un génitif d'apposition ou de qualité, ayant valeur d'adjectif : le fruit qui consiste dans la justice, mais le fruit que la justice produit, Ga 5,22 ; Ep 5,9 » (2,242, note 5).

Réception

Liturgie

2,8.10s Qu'au nom du Seigneur

Introït « In nomine Domini »

Traditionnel, Introït - In nomine Domini

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ph 2,10.8.11

Introït « In nomine Jesu »

Traditionnel, Introït - In nomine Jesu

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ph 2,10-11 Ps 5,12-13

Introït chanté pour la fête de Saint Ignace de Loyola le 31 juillet et pour la fête du Saint Nom de Jésus.

2,8s Christus factus est

Répons "Christus factus est"

Ténèbres de Gethsémani - Laudes: Répons "Christus factus est", (CD, 2005)

Dom Jean Claire, Choeurs Des Moines de L'Abbaye De Solesmes

© Abbaye de Solesmes→, Ph 2,8.9

Le Graduel Christus factus est (5e mode) constitue le leitmotiv de la Semaine Sainte, dont il termine chaque jour l’Office des Ténèbres, et même, sans chant, chacune des Heures. Simple adaptation, sans doute, à un type mélodique antérieur, mais merveilleusement réussie, tant elle souligne l’opposition entre l’humiliation de la croix (1re partie), et l’exaltation triomphale dont la croix fut la condition et la rançon (verset).

Tradition juive

2,6ss L'énigme de l'humilité dans le Dieu biblique

  • Levinas Nations « [...] l'idée de l'incarnation divine est étrangère à la spiritualité juive [Tradition juive Ps 115,16]. Les docteurs du Talmud — dont la pensée, les discussions, et même les divergences, sont déterminantes pour la formulation de cette spiritualité et pour l'interprétation de l'Ancien Testament tel qu'il signifie pour Israël — tirent bien des enseignements du Ps 115,16 [...]. Interprétation audacieuse qui module le sens obvie des versets tels que Ex 19,18 ; 19,20 ; 33,9 et 2R 2,1.11. Mais que la Kénose ou l'humilité d'un Dieu consentant à descendre jusqu'aux conditions serviles de l'humain — dont parle l'épitre de saint Paul aux Philippiens (Ph 2,6-8) —, ou une modalité ontologique très proche de celle que suggère à la conscience chrétienne ce mot grec, ait aussi sa pleine signification dans la sensibilité religieuse juive est d'abord attesté par des textes bibliques eux-mêmes. Les termes évoquant la Majesté et la Hauteur divines sont souvent suivis ou précédés de ceux qui décrivent un Dieu se penchant sur la misère humaine ou habitant cette misère. Des articulations du texte soulignent cette ambivalence ou cette énigme de l'humilité dans le Dieu biblique » (133).

Théologie

2,8 la mort de la croix  CHRISTOLOGIE Convenait-il que le Christ souffre sur la croix ? 

La responsio développe sept raisons de convenance : (1) donner un exemple de vertu, en nous montrant que la mort n'est pas à craindre pour qui mène une vie droite ; (2) nous racheter du péché originel — Adam a péché en mangeant du fruit de l'arbre, le Christ nous rachète en étant attaché au bois de la croix ; (3) sanctifier l'air - selon Jean Chrysostome - après avoir sanctifié la terre en y marchant durant sa vie terrestre ; (4) préparer notre ascension au ciel - toujours selon Jean Chrysostome ; racheter l'ensemble des hommes (Grégoire de Nysse) les quatre branches pouvant signifier les points cardinaux, et les bras étendus les juifs d'un côté, les païens de l'autre ; (6) par la forme de la croix, symboliser des vertus comme la persistance et la persévérance par la position débout, l'espérance ou encore la gratuité de la croix ; (7) répondre à des préfigurations — Augustin voit ainsi dans l'arche en bois de Noé, dans le bâton de Moïse ou encore l'arche d'alliance, des préfigurations de la croix du Christ. 

Arts visuels

1,1–30 Bénédiction

Johann Christoph Weigel (1654-1725), L'Épître de saint Paul aux Philippiens (gravure, 1695)

in Der Heiligen Apostel Geschichte und Episteln, letzlichen auch Die Hohe Offenbahrung S. Joannis : Nach anleitung Heyl. Schrifft in Bildnussen vorgestellt, éd. : Augsburg

© st-takla.org→

À terre, les chaînes de saint Paul, prisonnier pour l'évangile. Dans le ciel, la bénédiction de la croix du Christ, qui rappelle les adresses pleines de souhaits de grâces de saint Paul à ses destinaires.

2,9ss aux cieux, sur terre et dans les enfers Christogramme

Domínikos Theotokópoulos, dit Le Greco (1541-1614), L'Adoration du nom de Jésus (peinture sur toile, 1579), 55,1 x 33,8 cm

The National Gallery, Londres (Angleterre, Royaume-Uni) © Domaine Public→

Le Gréco offre à ce verset de Paul une parfaite illustration. Dans la partie supérieure du tableau, le nom de Jésus figure, auréolé de lumière et surmonté d'une croix, adoré par des myriades d'anges en prière dans le ciel. Ce nom n'est ni un sigle, ni un acronyme, comme on le croit trop souvent dans le monde latin, en interprétant les trois lettres comme indiquant « Iesus, Hominum Salvator ». Il s'agit plutôt des trois premières lettres grecques du nom de Jésus (« Ιησους », ou « IHΣOYΣ » en majuscules), translittérées imparfaitement mais néanmoins traditionnellement : iota, êta, sigma. C'est le nom de Jésus qui sauve, comme cela foisonne dans les Actes des apôtres. En bas à gauche, des hommes se prosternent devant le nom de Jésus. Parmi eux, on reconnait le roi d'Espagne Philippe II (au centre, vêtu de noir), le Doge Alvise Mocenigo vêtu d'une chape doré et le pape Pie V qui leur fait face. La présence de ces trois personnages suggère la Sainte Ligue, alliance ayant pour objectif de contrer la progression turque durant la guerre entre Venise et la puissance ottomane au début des années 1570. En bas à droite, la gueule béante d'un monstre laisse entrevoir les damnés gisant dans les feux de l'enfer. 

Musique

1,21 Obsèques musicales

17e s.

Heinrich Schütz (1585-1672), Musikalische Exequien SWV 279/281, 1635

Sir John Eliot Gardiner, English Baroque Soloists, Monteverdi Choir

© Licence YouTube standard→, Jb 1,21.19,25s Ph 1,21 Jn 1,29.3,16 Is 26,19 Ps 73,25s Lc 2,29-32 Ap 14,13 Sg 3,1

Composition

Musikalische Exequien est un ensemble de motets en trois parties, tout d'abord en forme de messe de funérailles allemande luthérienne. Ce premier épisode précède un autre air spirituel extrait du psaume 73. Il est suivi à son tour d'une troisième partie, le Cantique de Siméon (connu dans la liturgie catholique sous le nom de Nunc dimittis). L'ensemble a été composé en 1635 pour les funérailles de Heinrich Posthumus von Reuss, seigneur de Gera, Schleiz et Lobenstein en Thuringe, mort le 16 décembre 1635.

Livret

Partie I : Concert in Form einer teutschen Begräbnis-Messe SWV 279 6vv SSATTBIntonatio: Nacket bin ich von Mutterleibe kommen — Soli: Nacket werde ich wiederum dahinfahren Herr Gott, Vater im Himmel — Soli: Christus ist mein Leben, Sterben ist mein Gewinn Jesu Christe, Gottes Sohn — Soli: Leben wir, so leben wir dem Herren Herr Gott, Heiliger Geist — Intonatio: Also hat Gott die Welt geliebet, daß er seinen eingebornen Sohn gab — Soli: Auf daß alle, die an ihn gläuben, nicht verloren werden Er sprach zu seinem lieben Sohn — Soli: Das Blut Jesu Christi Durch ihn ist uns vergeben — Soli: Unser Wandel ist im Himmel Es ist allhier ein Jammertal — Soli: Wenn eure Sünde gleich blutrot wäre, Sein Wort, sein Tauf, sein Nachtmahl — Solo (Altus): Gehe hin mein Volk Soli: Der Gerechten Seelen sind in Gottes Hand — Solo (Tenor): Herr, wenn ich nur dich habe  — Soli: Wenn mir gleich Leib vnd Seele verschmacht Er ist das Heil und selig Licht — Soli: Vnser Leben währet siebenzig Jahr Ach, wie elend ist unser Zeit — Solo (Tenor): Ich weiß, daß mein Erlöser lebt Weil du vom Tod erstanden bist Soli: Herr ich lasse dich nicht du segnest mich denn Er sprach zu mir.

Partie II : Motette Herr, wenn ich nur dich habe, SWV 280 8vv double choir SATB.SATB

Partie III : Canticum B. Simeonis Herr, nun lässest du deinen Diener in Frieden fahren, SWV 281 8vv double choir SATTB.SSB

2,6–11 Ignatius Cantata

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Ignatius Cantata op.34, 2014

Joris Derder (bariton), Nico Couck (guitare), I Solisti del Vento (ensemble)→, Musa Horti (choeur)

 © Kris Oelbrandt→, Ps 123,2.148,1-4.51,19.69,8-10 Lc 1,38.9,57-61.2,48s Jn 6,68.21,15ss Ph 2,6-11

Composition

Cette cantate est une synthèse musicale des exercices spirituels d'Ignace de Loyola. Les mouvements I, II, III et IV parcourent les quatre phases des exercices: émerveillement sur la création, suivre le Christ, s'adonner à la croix, ressusciter avec Lui. Ces quatre idées centrales sont explicitées par des citations des exercices (chantées en Sprechstimme par le bariton), qui sont commentés par des versets bibliques illustratifs, chantés par le chœur. Le premier mouvement est précédé par un prologue (la fameuse prière de Thérèse d'Avila), le dernier est suivi par un épilogue qui donne une dernière synthèse.

  • Mouvement I (00:00 - 12:55):

Dans le premier mouvement, le retraitant s'apprête pour l'émerveillement en se rendant compte de sa propre humilité et de la grandeur de Dieu. Le psaume 123, notamment par l'image de la servante qui regarde la main de sa maîtresse, décrit cette idée. Voir aussi Ps 51,19.

Au milieu de la première phase des exercices, le retraitant éclate en émerveillement et joie sur la création. La musique monte pas à pas, le chœur monte dans des progressions harmoniques qui ouvrent chaque fois un nouveau monde (un nouvel élément énuméré dans le psaume 148), le bariton parle à travers en énumérant plus ou moins les mêmes éléments comme ils apparaissent dans le texte ignacien.

Retour vers la conscience de sa propre humilité. Le verset du psaume 51 (l'offre de mon cœur broyé) rappelle le psaume 123. La mélodie reprend celle du ps 123 en mouvement miroir rétrograde.

  • Mouvement II (12:55 - 23:00):

La deuxième phase des exercices ignaciennes se concentre sur la volonté de suivre le Christ. Ce concept est illustré musicalement par un basson seul qui joue une mélodie légère, sautante, quasi improvisée, en croches constantes - décrivant quelqu'un qui se met en route. Sur cette mélodie apparaissent de courts fragments avec des citations bibliques sur ce thème. La première expression de la volonté de suivre le Christ, chantée en forme de chorale, est celle de l'Annonciation, où Marie se confie à la promesse de l'ange Gabriel. Voir aussi Lc 9,57-61 et Jn 6,68.

La deuxième expression de la volonté de suivre le Christ est la promesse - pourtant conditionnelle - de divers gens de suivre le Christ. Celui-ci répond en Espagnol (rappellant les exercices ignaciennes) "Sigue me", "Suis-moi". Voir aussi Lc 1,38 et Jn 6,68.

La troisième expression de la volonté de suivre le Christ, citation de l'évangile selon St Jean, est mise de nouveau (comme la première, Lc 1,38) en forme de chorale. Voir aussi Lc 1,38 et Lc 9,57-61.

  • Mouvement III (23:00 - 30:40)

Dans la troisième phase des exercices ignaciennes, le retraitant réalise que la croix est inévitable en suivant le Christ. Après la citation de la phrase centrale des exercices par le bariton, le début du prologue revient, maintenant joué par la guitare. De cette manière l'auditeur se souvient de la prière de Thérèse d'Avila: "Je suis à vous". La tête de la mélodie de la prière est maintenant jouée par les instruments à vent et tenue longue en point d'orgue. Les versets du psaume 68 (69) sont superposés sur ce tapis harmonique, mêlant ainsi la notion de l'abandon et la notion de la croix. Le bariton chante régulièrement, comme troisième couche, "Sigue me", "Suis-moi", ce qui rappelle le deuxième mouvement, notamment Lc 9,57-61.

La conviction que le Christ ressuscité est apparu tout d'abord à Marie, sa mère, est typiquement jésuite. L'histoire du jeune Jésus qui est retrouvé après trois jours dans le temple, peut être vu comme une justification biblique de ce passage des exercices ignaciens. Deux motifs musicaux sont repris et superposés: la mélodie continue du basson (voir la deuxième phase dans Lc 1,38, Lc 9,57-61 et Jn 6,68) - maintenant jouée par le hautbois - et le chant de l'humble servante (voir ps 123, 2). L'humble servante est comparée à Marie qui s'écrie en retrouvant Jésus.

  • Mouvement IV (30:40 - 36:49)

La quatrième et dernière phase des exercices conclut par une réconciliation: le retraitant se réconcilie avec Jésus et ses émotions ou conflits intérieurs en déclarant son amour pour le Christ ressuscité, illustré par Jn 21,15-17. La mélodie du prologue, où le chœur chantait la prière de Thérèse d'Avila, notamment "Que mandais hacer de mi?" ("Que veux-tu que je fasse?"), sonne maintenant dans les instruments à vent comme une formule répétée pp. C'est sur cette couche que les confessions de Pierre à Jésus sont chantées, en alternance entre ténors (Jésus) et le reste du chœur.

Partitions→

2,6–11 A Dieu

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), A Dieu (Oratorio du printemps op.23), 2011

Aldo Platteau (bar); Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Mc 8,34-35.9,2 Mt 16,24-25.17,2 Lc 9,23-24.29 Ph 2,6-11 Ex 33,21-23

Composition

Cette Cantate est composée pour le cinquième Dimanche du carême sur la transfiguration. Sept scènes méditent sur les paradoxes qui sont au cœur des évangiles: Jésus homme divin; se perdre pour se retrouver; Dieu visible-invisible. Un soliste présente une mélodie dodécaphonique qui revient légèrement transformée dans chaque scène, rendant la transfiguration audible.

Scène 1: paradoxe de celui qui sauve son être en le perdant à cause de Jésus et l'Annonce.

Scène 2: le récit de la transfiguration au mont Tabor.

Scène 3: La kénose de Dieu donne lieu à la naissance de Jésus qui, à son tour, s'humilie jusqu'à la croix.

Scène 4: méditation poétique de Rutger Kopland (« De grazige weiden » dans « Al die mooie beloften ») sur le Christ crucifié.

Scène 5: jubilation sur le Christ ressuscité.

Scène 6: L'histoire de Dieu que nous ne voyons que de dos illustre le paradoxe de Celui qui nous est tellement proche, mais dont nous ne voyons jamais le visage. Le verset de Paul Éluard, « Il fallait bien qu'un visage réponde à tous les noms du monde », sert d'illustration.

2,8s Le Christ s'est fait obéissant

19e s.

Anton Bruckner (1824-1896), Christus factus est, 1884

Cantando

© Licence YouTube standard→, Ph 2,8s

Compositeur

Anton Bruckner est un compositeur autrichien et organiste. 

17e s.

Felice Anerio (1560-1614), Christus factus est

The Cambridge Singers

© Licence YouTube standard, Ph 2,8s

Paroles

Christus factus est pro nobis obediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus exaltavit illum et dedit illi nomen, quod est super omne nomen.

Le Christ s'est fait pour nous obéissant jusqu'à la mort, et la mort sur la croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom.

Compositeur

Compositeur italien de la fin de la Renaissance et du début de la période dite baroque, Felice Anerio appartient à l'École romaine des compositeurs. Il est le frère aîné d'un autre compositeur important et légèrement plus moderniste, de la même période, Giovanni Francesco Anerio.