La Bible en ses Traditions

HEXAPLES d'Origène

Œuvre monumentale du grand savant de Césarée, les Hexaples (en latin Sextupla) sont une →recension chrétienne de la Septante, venant après les trois grandes recensions juives.  (présentant l'hébreu et quatre tentatives grecques de traduction). Achevées entre 215 et 245 ap. J.-C., elles se composent de milliers de pages présentant sur six colonnes les principales versions des Écritures, constituant la première édition →polyglotte de la Bible

Pourquoi cette entreprise ?

Description

Cette compilation présentait en 6 colonnes :

On peut estimer que l'œuvre comptait près de 6500 pages en une quinzaine de grands volumes. L'œuvre originale semble avoir disparu au 7e s. Elle n'avait probablement jamais été copiée dans son intégralité, mais des copies partielles durent circuler, en particulier de la cinquième colonne.

La fameuse « cinquième colonne »

concentra les efforts critiques d'Origène : il y traite des problèmes textuels en cas de disparités entre les copies de la Septante, en se référant  aux autres versions grecques et à l'exemplaire hébreu dont il dispose, au moyen de signes typographiques : les →obèles et les astérisques.

Les traces conservées des Hexaples

Du fait des condamnations d’Origène, les Hexaples ont été mal transmis. De ce fait, une grande partie des versions grecques anciennes est perdue.On estime pouvoir reconstituer au maximum 5% de l'ensemble : 

4 fragments de synopse conservés, et postérieurs de 5 à 10 siècles à la rédaction, dont deux →palimpsestes célèbres :

Manuscrit Taylor-Schechter 12.182 (TS 12.182), (manuscrit palimpseste sur parchemin, 7e, puis 10e s. ap. J.-C.), codex du Livre des Psaumes et de la poésie liturgique hébraïque de Jannai, G—Ps 22,15–18. (fol. A recto) G—Ps 21,19–24.25–28 (fol. B verso)

Collection Taylor-Schechter, University Library, Cambridge (Royaume Uni) © Domaine public→, Ps 22

TS 12.182 contient de la poésie liturgique hébraïque en écriture supérieure et un fragment des Hexaples en écriture inférieure. l'écriture inférieure a été remplacée par la poésie liturgique hébraïque du rabbin Jannai (cf. Charles Taylor, Hebrew-Greek Cairo Genizah palimpsests from the Taylor-Schechter collection, Cambridge, 1900, 54–65).

L'édition de Frederick Fields, Origenis Hexaplorum quae supersunt; sive veterum interpretum graecorum in totum Vetus Testamentum fragmenta, Oxford : Clarendon Press, 1875 (2 t. consultables en ligne : 1 : Genesis – Esther→ ;  2 : Hiob – Maleachi→), reste une référence. 

Corps de texte et corps de chair : une œuvre de science et de piété ?

N’est-il pas frappant qu'Origène, retenur par l’histoire de la spiritualité évoque comme le premier dévot de Jésus au sens presque moderne du Sacré-Cœur (dans ses commentaires sur l'attitude du disciple bien aimé penché sur le cœur de Jésus lors de la dernière Cène), soit également le fondateur de la grande critique textuelle ?

Il y avait pour lui, à la suite des premières générations de scribes, une sorte de continuité vécue entre le corps de chair du Verbe incarné et le corps du texte des Écritures où il s’incorpore...