La Bible en ses Traditions

Isaïe 53,8–12

M V
G
S

il a été enlevé par

Và l’oppression et le

Vau jugement

Met sa génération, qui la considèrera ? 

Vla racontera ?

Oui, il

VPuisqu'il a été retranché de la terre des vivants

à cause du crime de mon peuple, le coup est pour lui.

Vil les a frappés !

Dans l'humiliation son jugement a été enlevé 

qui décrira sa génération ?

Car sa vie est enlevée de la terre,

à cause des violations de la loi par mon peuple, il a été mené à la mort.

...

M V
G S

Il a placé avec les

Vil donnera des impies Vpour sa tombe et Mavec un riche , chez ses morts

Vpour sa mort

parce qu’il n’avait pas commis de violence

Vd'iniquité et qu’il n'y avait pas de mensonge en sa bouche.

...

M V
G
S

10 YHWH s'est plu à l'écraser, à le rendre malade

VLe Seigneur a voulu le broyer dans la faiblesse 

si son âme offre un sacrifice

Vs'il offre son âme pour le péché, il verra une semence, il prolongera ses jours

V perpétuée

et la volonté de YHWH réussira

Vdu Seigneur sera réalisée par sa main.

10 Et le Seigneur veut le purifier de sa plaie

si vous offrez pour un péché, votre âme verra une longue postérité

et le Seigneur veut enlever

10 ...

11 À cause de la peine de son âme, il

VParce qu'il a travaillé, son âme verra, il

V et se rassasieraM dans sa science

Vpar sa science, le juste mon serviteur justifiera la multitude

il portera lui-même leurs iniquités.

11 de la peine de son âme pour lui montrer la lumière et façonner avec connaissance,

pour justifier un juste qui est bien l'esclave de beaucoup [d’hommes]

et leurs péchés il prendra sur lui-même.

11 ...

M V
G S

12 Voilà pourquoi je lui octroierai une part parmi les

Vdes multitudes et avec les puissants, il s'octroiera un butin :

Vil distribuera les dépouilles des puissants :

parce qu’il a dénudé

Vlivré son âme Mjusqu'à la mort

qu’il a été compté parmi les pécheurs

Vscélérats

qu'ila porté lui-même la faute des multitudes et qu'il a intercédé

Vprié pour les pécheurs.

12 ...

Propositions de lecture

40,1–55,13 Le « livre de la consolation d’Israël » L'incipit de ce chapitre et le thème des premiers versets inspire le titre souvent donné à cette deuxième partie du livre d'Isaïe : Is 40-55. En contraste avec les oracles pleins de menace d'Is 1-39, c'est la consolation qui est ici annoncée, par le  prophète anonyme de la fin de l'Exil qu'on appelle le « Deuxième Isaïe ».

Texte

Genres littéraires

52,13–53,12 Chants du Serviteur

Identification

C'est à l'exégète luthérien Bernhard Duhm, Das Buch Jesaia (Gottingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 1892) que semble due l'identification de quatre fragments isaïens comme « chants du serviteur ». 

Certains y ajoutent le fragment Is 61,1–3 bien que le terme de « serviteur » n'y apparaisse pas.  

Thématique

Un énigmatique « serviteur de YHWH » (עבד יהוה, 'eḇeḏ YHWH) y apparaît, Dieu l'appelle à diriger les nations, mais celles-ci le maltraitent terriblement, avant qu'il ne soit finalement récompensé. 

Réception

Liturgie

7–11 Il est offert Antienne

«  Oblatus est »

Traditionnel, Jeudi Saint - Laudes: Antienne " Oblatus est" et Psaume 146

(CD, 2007), Dom Jean Claire, chœurs des moines de l'abbaye de Solesmes

© Abbaye de Solesmes→Ps 147

57,1 ; 53,7s Voyez comment meurt le Juste Répons

« Ecce Quomodo »

Traditionnel, Samedi Saint - 2° Nocturne: Répons "Ecce Quomodo"

(CD, 2005), Dom Jean Claire, chœur des moines de l'abbaye de Solesmes

© Abbaye de Solesmes→, Is 57,1.53,7s

Ecce Quomodo Moritur - Voyez comment meurt le Juste - est le quinzième Responsorio pour la Semaine Sainte. Dans cette chanson, nous voyons le Christ, le Juste par excellence, mourir des mains de l'inique devant un monde indifférent. Ce n'est pas dans cette vie que nous devrions chercher des récompenses pour la justice que nous avons pratiquée, mais dans la vie éternelle à venir. Dans ce monde, le Christ, la Justice même, s'est tranquillement livré pour souffrir et mourir des mains des méchants, car c'est par ses souffrances que la paix a été obtenue pour les membres fidèles de l'Église. Souvenons-nous d'être justes dans nos transactions, et n'espérons toujours aucune récompense du monde, tout comme le Christ n'a fait tort à personne mais a souffert l'ignominie de la Croix. Comme le O vos omnes, Ecce quómodo compte parmi les plus belles pièces du répertoire et les plus émouvantes. Contemplation attendrie sur la mort du Christ, sur l’indifférence de tous devant une telle extrémité d’amour, et sur la paix qui entoure le grand sommeil du Juste.

Tradition juive

1–12 Le serviteur souffrant : la figure du peuple juif La tradition juive voit dans le serviteur décrit par Isaïe le peuple élu. Les rabbins considèrent qu'en traversant l’histoire, le peuple élu devra subir la persécution, il sera laissé comme mort mais sa postérité sera assurée par Dieu.

Cette prophétie est donc à la fois comme :

  • une relecture du passé du peuple élu qui fut déporté à Babylone après la destruction de Jérusalem en 586 av. J.-C.
  • l’annonce faite par Dieu des persécutions que subira le peuple juif. Cette annonce n’est pas dénuée d’espérance puisque, malgré les persécutions, subsiste une promesse de postérité.

À travers cette lecture, les rabbins magnifient la fidélité de Dieu au travers des épreuves. C’est une lecture dite corporative, qui se distingue d’une lecture individuelle.

Arts visuels

1–12 Du Serviteur souffrant au Christ : Isaïe comme cinquième évangéliste ?  

Première Renaissance, école de Mantoue

Les Pères de l'Église perçoivent une ressemblance frappante entre cette description du serviteur souffrant qui voit ses jours prolongés après son passage au sépulcre, et les récits de la souffrance de Jésus, transpercé sur la croix, mis au tombeau et ressuscité.

Andrea Mantegna (ca. 1431-1506), La Lamentation sur le Christ mort, (tempera sur toile, 1470-1474), 66 x 81 cm

Reg. Cron. 352, Pinacothèque de Brera, Milan

 © Domaine public→

Cette Déploration du Christ montre celui-ci mort, allongé, et trois pleureuses, à savoir sa mère, Marie de Nazareth, Marie-Madeleine, et l'apôtre Jean. Le cadrage resserré sur le Christ met en exergue les principaux stigmates de sa Passion.

Illustrateur du 19e s. 

Schnorr von Carolsfeld, Julius, 1794-1872, (gravure sur bois, 1860), Oracles messianiques, h. 35 cm, illustration

in Schnorr von Carolsfeld Julius  et Merz Heinrich (1816-1893), Die Bibel in Bildern. 240 Darstellungen, erfunden und auf Holz gezeichnet [1852-1860], Leipzig : Georg Wigand, 1860

Getty Research Institute, © Public Domain→

L'image concentre la vocation d'Isaïe, la vision de la Madone à l'enfant et celle du Christ avec sa croix victorieuse de Satan en une seule illustration des oracles messianiques et des chants du Serviteur.

7s un agneau Bestiaire biblique

17e s.

Le célèbre agneau de Zurbarán n'est pas debout, mais prêt à être immolé :

Franscisco de Zurbarán (1598-1664), Agnus dei, (huile sur toile, entre 1635 et 1640), 38 x 62 cm

Musée du Prado, Madrid, salle 010A, inv. P07293 

Wikicommons→, © Domaine public, Lv 22,17-30 ; G—Is 53,7-8 ; Ac 8,32

Francisco de Zurbarán est un peintre espagnol du siècle d'or. Il se distingue dans les peintures religieuses où son art révèle une grande force visuelle et un profond mysticisme. Il a réalisé six versions de ce sujet qui diffèrent peu les unes des autres. L'agneau est traité avec un grand réalisme, ses pattes sont liées pour le sacrifice, et la toile porte l'inscription : « Comme une brebis, il fut conduit à l’abattoir ; comme un agneau muet devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche. » (Ac 8,32).