La Bible en ses Traditions

Zacharie dans l’Évangile

Les oracles de Zacharie, que l’on peut dater des lendemains de ceux d’Aggée (520 av. J.-C.), visent au départ Zorobabel, petit-fils du roi Joachin de Juda (d'ascendance davidique), désigné comme gouverneur par les Perses. Zorobabel, qui accomplit une première fois ces prophéties, est mentionné dans les deux généalogies de Jésus (Mt 1,12 ; Lc 3,27). Accompagnant Zorobabel le gouverneur et Josué le grand prêtre, le messianisme de Zacharie promeut la restauration d’une dyarchie royale et sacerdotale. Le Deutéro-Zacharie (Za 9-14), difficilement datable (début du 4e s. ?), prolonge canoniquement les prophéties messianiques du Proto-Zacharie (Za 1-8), déclinées en figures anonymes et énigmatiques, situées dans un avenir eschatologique.

Zacharie semble avoir joué un grand rôle dans la constitution même des récitatifs évangéliques, pour éclairer les faits rapportés par la tradition sur Jésus (dont Zorobabel est un aïeul), en particulier pour donner sens à la passion. Il est présent dans le corpus évangélique sous différentes formes.

Typologie

Citations

Allusions

Allusions propres à Mt
Allusions communes avec d’autres évangiles
Allusions propres avec d'autres évangiles que Mt

Une controverse moderne révélatrice des enjeux de l'usage de Zacharie dans l'Évangile

Dans une brève missive adressée au Père Maydieu, éditeur au Cerf, Paul Claudel courroucé réagit au tout premier fascicule de la future Bible de Jérusalem (Aggée, Zacharie, Malachie) et dit son indignation à propos de la traduction de Za 13,6 (archives du Couvent Saint-Étienne à Jérusalem). À la suite de recherches historiques, on avait préféré traduire un passage signifiant littéralement :

par :

Les éditions compactes suivantes ajouteraient une note invitant à y voir ou bien une coutume prophétique d’auto-lacération, ou bien une allusion à des rixes entre amis (p. ex. La Bible de Jérusalem, Paris : Cerf, 2000, 1653 n. g) — là où des siècles de tradition textuelle, depuis la Septante et la Vulgate, avaient maintenu la traduction « au milieu de tes mains », qui constituait une évidente prophétie christologique de la croix :

Claudel est catégorique : « C’est un véritable faux dans une matière d’une telle gravité ! Et qui donne une triste idée du reste de l’ouvrage. » La sévérité du poète trouve un écho chez des esprits aussi ouverts que le patrologue jésuite Jean Daniélou (Recension de Aggée, Zacharie, Malachie, traduits par A. Gélin, Études 259 (1948) 407-408), et le théologien dominicain Yves Congar, qui déplorent également le manque de sens mystique et de référence christologique de ces premiers fascicules, assurant que la typologie messianique de la Bible permet seule de saisir sa « véritable signification » (Congar Yves, « L’Ancien Testament, témoin du Christ », La vie intellectuelle 17 [1949] 334-343, 342-343).

Zacharie dans l'Évangile est ainsi un exemple particulièrement frappant du décalage aujourd'hui existant entre l'interprétation christologique traditionnelle de l'ensemble des Écritures et la recherche exégétique moderne d'un sens littéral réduit à « ce que les auteurs de l'époque avaient l'intention de transmettre aux auditeurs / lecteurs de l'époque » — et son impact sur les traductions.