La Bible en ses Traditions

Ruth

« Booz s'était couché de fatigue accablé |  Il avait tout le jour travaillé dans son aire | Puis avait fait son lit à sa place ordinaire | Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé... » Le poème Booz endormi de Victor Hugo tourmente encore bien des lycéens français qui doivent en faire un commentaire composé. Il s'inspire directement du livre de Ruth.

C'est l'une des rares œuvres où l'on retrouve au premier plan une figure féminine : aux côtés Ruth, personnage éponyme, se tient sa belle-mère Noémie. C’est une petite histoire familiale et villageoise qui devient un élément essentiel dans la grande histoire nationale et celle du salut. Contre la stipulation spécifique de la Loi, Ruth, une veuve de Moab, trouve sa deuxième maison à Bethléem, parmi les fils d’Israël. Mariée avec Booz, Ruth l’étrangère, convertie, devient arrière-grand-mère du roi David. Elle appartient désormais à la généalogie royale de la Maison de David, et en conséquence aussi à celle de Jésus.

Le canon palestinien met le livre parmi les cinq →Megillôt (ou "Rouleaux"). Le canon d’Alexandrie de la Septante et la Vulgate le placent parmi les livres historiques, après les Juges parce que les événements décrits ici précédent la monarchie.

Il s’agit bien du parcours d’une étrangère qui « s’en retourne » vers un pays qui pourtant n’était pas sa patrie d’origine – et qui passe ainsi de la misère à l’abondance, de la malédiction à la bénédiction. Deux points se dégagent principalement de ce récit : l'universalité de la miséricorde de Dieu qui regarde même une étrangère, ainsi que l'importance de la foi, dûment récompensée.

Ruth est citée dans la généalogie de Jésus (Mt 1,5). Dans la théologie chrétienne, elle est aussi une figure de la Vierge Marie. D'autre part, Noémie est un type de la Vierge Marie au pied de la Croix (Rt 1,20).

TEXTE

Critique textuelle
Grec

Le texte grec de Ruth est très littéral et permet de retrouver l'hébreu sous-jacent.

Latin

La Vulgate est au contraire plus éloignée du texte hébreu.

Syriaque

La Peshitta n'est pas très bien conservée pour ce livret.

Proposition d’une structure

Ce livret, l'un des plus courts de l'Ancien Testament, est ainsi nommé, parce qu'il raconte l'histoire de Ruth, la Moabite. Trois parties peuvent en être dégagées :

Genres littéraires

Le livret de Ruth est un récit de conversion dans le cadre d’une chronique familiale. Pour qualifier les migrations des personnages depuis le pays de Moab jusqu’au territoire de Juda, le texte biblique utilise, à douze reprises, le verbe shūb « se tourner », qui a toujours dans la Bible une connotation religieuse de retour et de conversion au Dieu d’Israël.

CONTEXTE

Auteur/s

Malgré le premier verset qui inscrit Ruth dans la continuité des Juges, l'auteur du livret n'est pas celui à qui on attribue la rédaction deutéronomiste →Deutéronome.

Datation

Il n'y a pas d'unanimité sur la datation du livret.

RECEPTION

Canonicité
Importance traditionnelle

Le livret de Ruth n’a guère suscité de commentaires patristiques. Le plus souvent, c’est en commentant la →GÉNÉALOGIE de Jésus chez Matthieu que la référence à Ruth apparaît : Ruth est une ancêtre de David (sa bisaïeule) et donc de Jésus-Christ.

Des lectures morales ou figuratives du personnage de Ruth existent.