La Bible en ses Traditions

Cantique des Cantiques

« Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche » (Ct 1,2) : c’est avec ces mots fébriles que s’ouvre le Cantique des cantiques. Son titre est un superlatif hébraïque, qui signifie : « le plus beau des chants d'amour ». De quel amour s’agit-il ? 

Pour notre époque un peu obsédée par l’éros, ce livre est, de toute la Bible, celui qui aborde le sujet de l'amour de la manière la plus complète, explicite et passionnée. Il déploie poétiquement la passion consommée et consumante entre un homme et une femme. Et de fait, les traductions antiques déjà étaient très littérales : même la Septante, issue du monde juif alexandrin porté vers l'allégorie ne présente guère de tendance allégorisante. Saint Jérôme non plus, ce grand défenseur de l'idéal de virginité qui semble avoir eu la prudence d’atteindre trente ans avant d'ouvrir ce livre « dangereux », n'a pas non plus fait intervenir d'allégorie dans sa traduction, il respecte la littéralité du texte.

Et pourtant, les rabbins, mais aussi les Pères de l'Église si souvent attachés à défendre le sens littéral dans la Bible pour éviter les dérives (allégoriques ou pseudo-mystiques) du gnosticisme, et pour souligner ce que la révélation divine a de plus concret, ont toujours refusé la lecture érotique. Seul Théodore de Mopsueste (4e s.) aurait défendu le sens littéral du Cantique, y voyant un écrit de circonstance du roi Salomon, amoureux de celle qu'il veut épouser : un concile condamna son interprétation « impie ». Le Cantique des cantiques semble l'éclatante exception qui confirme la règle de la reconnaissance prioritaire du sens littéral. 

Il est vrai que certains Pères justifient l’interprétation allégorique du Cantique par une préoccupation un peu moralisatrice. Ils semblent réticents à ce que l’Écriture puisse traiter de l'amour humain dans sa dimension charnelle, qu’ils considèrent plutôt comme un moindre mal, sinon comme un péché. Selon le principe du defectus litterae (selon lequel lorsque la littéralité est trop problématique ou semble trop grossière, elle doit renvoyer symboliquement à un sens plus haut ou plus profond), ils posent que le vrai sens du Cantique n’est pas son sens « littéral » apparemment érotique. 

Il est également vrai, cependant, que le Cantique ressemble autant à un « opéra fabuleux », comme aurait dit Arthur Rimbaud, qu’à un simple dialogue entre deux amants : de nombreuses tierces voix s'interposent entre lui et elle. Assez vite, dans le livre, on ne sait plus vraiment qui parle, des amoureux, de leurs amis, d'un chœur, de frères de la bien-aimée, des filles de Jérusalem ou encore... de Salomon lui-même !

En réalité, pour l’historien de la littérature, ce livre se présente comme véritable marquetterie de textes d’origines variées, y compris d’archaïques chants d’amour entre un homme et une femme (la critique textuelle y décèle de nombreux liens avec la littérature érotique égyptienne des 3e et 2e s. av. J.-C. : sous les Ptolémée, les écrivains juifs hellénisés d'Alexandrie rayonnaient aussi en Palestine, en contact permanent avec l'Égypte). Lorsqu'ils furent combinés, ce fut d'emblée, semble-t-il, pour symboliser l'amour entre l'homme et Dieu.

Quant à sa structure, on peut comparer le Cantique à une symphonie en plusieurs mouvements, tantôt allegretto, tantôt ritartando :

Chercher une structure plus précise serait vain : le Cantique n'est pas un traité, mais un poème, et cette lecture symphonique renvoie aussi aux trois temps de l'histoire d'Israël, eux aussi toujours mêlés : découverte de l'amour de Dieu, infidélité et perte de celui-ci, puis amour retrouvé. Le Cantique est au fond un symbole exodique : l'histoire du peuple d'Israël sortant d’Égypte, passant par le désert et gagnant sa terre promise peut être comprise ici grâce à la représentation de l'amour humain.

Pour qui reconnaît en Jésus le messie d’Israël en qui se récapitule toute l’histoire du Peuple élu, l’interprétation christologique, mariale et ecclésiale s’impose, depuis Origène. Si l’on admet la lecture érotique du Cantique, la femme qui est sa véritable héroïne est peut-être bien celle de la Bible dont il est le plus difficile de défendre la virginité, quoi qu'elle ne soit pas encore mariée. Or Origène, dans son commentaire du Cantique où il voit dans ce livre un chant de l'amour de l'âme pour son Dieu, voit aussi dans les « seins meilleur que le vin » de la bien-aimée (Ct 1,2), les seins de la Vierge Marie qui allaita l'enfant Jésus. C'est également à cette tradition allégorique du Cantique que l'on doit le titre marial de « tour d'ivoire » (Ct 7,5), renvoyant paradoxalement à la chasteté, alors qu'il s'agit du cou, couvert de baisers, de la bien-aimée... 

Le saint pape Jean-Paul II mit peut-être tout le monde d’accord, en s’appuyant sur le Cantique des cantiques pour établir une continuité entre l'amour humain et l'amour divin, dans sa fameuse « théologie du corps », devenant le seul pape à avoir mentionné ce livre, dans trois catéchèses de juin 1984. Inspiré du Cantique, il y enseigne clairement que l'amour humain peut simplement, dans sa noblesse, faire signe vers l'amour divin !

TEXTE

Critique textuelle
Hébreu

Quatre témoins (fragmentaires) retrouvés à Qumrân donnent le texte hébreu du Cantique, dans une forme abrégée, pour certains, du texte massorétique. Ce dernier offre des passages obscurs en raison de difficultés de transmission de texte. Il est le plus souvent la base des traducteurs de la Septante, de la Vulgate et de la Peshitta.

Grec

La traduction du Cantique dans la Septante a été réalisée au 1er s. ap. J.-C. Les termes de l’original sont souvent traduits l’un après l’autre de manière littérale, ce qui est parfois l'occasion de contresens (par exemple Ct 3,8). Le traducteur grec a cherché à rendre mot pour mot les passages obscurs. Il est donc parfois difficile de savoir s'il comprenait l'original et comment il le comprenait - par exemple Ct 6,12, ou « Tes yeux sont des colombes hors de ton silence » (Ct 4,1.3) au lieu du massorétique : « …derrière ton voile. » 13 mots ou groupes de mots dans la Septante n'ont aucun correspondant dans le texte massorétique. Ces expressions harmonisent en général le texte par rapport à d'autres versets - par exemple « plus que tous les aromates » en Ct 1,3 est une harmonisation sur Ct 4,10. Là où le texte massorétique a vocalisé dōdêka (« tes amours »), la Septante traduit mastoi sou (« tes seins »), ce qui suppose de lire dadêka (« tes seins »), comme l’implique aussi le texte de la Vulgate (Ct 1,2.4 ; 4,10 ; 7,13). Trois toponymes sont traduits par des noms communs sans doute selon leur étymologie supposée : « la foi » pour Amanah (Ct 4,8) ; « la bienveillance » pour Tirça (Ct 6,4) ; « Fille-de-beaucoup » pour Bath-Rabbîm (Ct 7,5). Ces passages sont les seuls où le traducteur laisse peut-être percer l'allégorie.

Certains manuscrits grecs, dont le Vaticanus et l'Alexandrinus , donnent des didascalies, qui font parler l’épouse, l’époux, les filles de Jérusalem, etc.

Latin

Jérôme traduit le Cantique sans vouloir lui imposer un sens allégorique, sauf peut-être en Ct 8,11: « Le Pacifique a eu une vigne dans celle qui contient des peuples. »

Syriaque

La Peshitta est très fidèle au texte massorétique, tout en employant des idiomatismes plus nombreux que la Septante. On peut noter des points où elle rejoint la Septante, comme lorsqu'elle transpose le toponyme Tirça par « bienveillance » (Ct 6,4), ou ajoute des mots « Mes seins ont allaité mes agneaux » (Ct 8,1).

Procédés littéraires caractéristiques

Le Cantique constitue une collection de poèmes d'amour, dont l’intrigue reste assez lâche. Ce langage de passion amoureuse a parfois surpris. L'expression littéraire obscurcit maints passages. Le texte use de divers procédés dont certains sont connus par des parallèles bibliques ou extrabibliques. Mais plusieurs procédés littéraires semblent pourtant plus spécifiques.

Vocabulaire
Allégorie

La recontextualisation ultérieure de ce texte dans l’ensemble des écrits de l’Ancien Testament et le rapprochement des métaphores nuptiales avec celles que nous présentent les Prophètes (Osée ou Ézéchiel) permettent de lire allégoriquement ce poème d’amour. C’est dans cette même dynamique qu’une interprétation du Cantique à la lumière du Nouveau Testament applique ces mêmes images aux relations du Christ avec son Église ou avec chaque chrétien personnellement. C'est là que s'enracine l'utilisation du Ct par les mystiques.

Ambiguïté énonciative : identification des protagonistes ?

Le texte massorétique ne donnant aucune didascalie, l'interprétation est encore plus difficile car on ne sait pas toujours, et même rarement qui parle exactement. À trois endroits stratégiques (titre, milieu et fin) la figure salomonienne est insérée (cf. Ct 1,1b ; 3,7.9.11 ; 8,11s), et l'importance de ce personnage est renforcée par les nombreux jeux de sonorités et de paronomases autour du nom Salomon.

Comparaisons

Les comparaisons de l’être aimé avec des régions géographiques d’Israël semblent spécifiques à ce livre. La mention de la ville de Tirça (Ct 6,4), par exemple, peut se comprendre par le retour au sens étymologique du mot : « agréable, plaisante », ce qui donne une justification à l'allusion géographique autrement surprenante.

Lyrisme

Le Cantique se présente au point de vue du sens littéral (textuel) comme une suite de poèmes qui forment un dialogue d’amour d’une grande beauté lyrique. Ce dialogue se fonde sur des métaphores propres à la culture hébraïque, à la géographie et aux paysages ruraux de Canaan. L’expérience de l’amour est si englobante que toute la faune (chèvres, cavale, colombes, gazelles, biches, faon, tourterelle, renards, etc.) et la flore (cèdre, cyprès, narcisse, lis, chardons, pommier, arbres, fleurs, figuier, bois du Liban, etc.) participent à ses émois dans l’ivresse de tous les sens (parfums, délices, regards, étreintes, voix, etc.). Cet amour offre un caractère transcendantal qui ne peut se comparer qu’à la véhémence de la mort et du Shéol ou à celle des flammes « du Seigneur » (Ct 8,6).

Unité ?

Les opinions divergent sur la nature de l’unité du recueil : s’agit-il d’une cohésion artificielle ou d’une structure inhérente à la logique de l’écriture du poème qui procède par association d’idées, d’images et de sensations ? En tous cas, les refrains (par exemple Ct 2,7 = Ct 3,5 = Ct 8,4, et Ct 2,16 = Ct 6,3 ~ Ct 7,11), les nombreuses redites, les mots-crochets et la structure dialogique donnent l'unité du poème, en apparence composé de plusieurs morceaux.

Proposition d’une structure du livre

L’unité littéraire du Cantique reste encore disputée, les positions allant du refus pur et simple d’identifier une structure, à la division du texte en 52 petits poèmes, en passant par de multiples solutions intermédiaires.

Une des solutions est de distinguer un prologue (Ct 1,1-4) suivi de dix poèmes puis d'un épilogue (Ct 8,5ss), avec quelques additions dans les derniers versets (Ct 8,8-14). Quatre versets, Ct 2,6s et Ct 8,3s, sont comme une grande inclusion.

Les tenants de l’hypothèse dite « dramatique » repèrent une seule intrigue au long du texte, mettant aux prises les différents personnages (Salomon, une Sulamite, un berger, des jeunes filles, des gardes, etc.) dans les péripéties que rencontrent deux amoureux au cours de leur quête mutuelle. La variété des scénarios proposés invite toutefois à s’interroger sur la nature de ces événements : s’agit-il d’un drame ou bien des mouvements lyriques de l’âme ?

Genres littéraires

De très nombreuses interprétations existent pour le Cantique et divergent grandement. Il met en scène un homme et une femme qui s'aiment et se recherchent, se perdent et se retrouvent. Selon les règles du langage lyrique, les amants chantent tour à tour les qualités de l’être aimé, en un style direct que vient parfois amplifier le chœur.

Un livre sapiential ?

L’attribution du Cantique au roi Salomon (Ct 1,1), le sage vaincu par les femmes, invite à relire ce poème à la lumière de l’ensemble de la littérature sapientielle, dans le sens (directionnel) d’une réflexion morale sur les grands événements humains : la vie, l’amour, la mort. Mais le Cantique ne s’intéresse pas explicitement à l’histoire du salut et privilégie le temps de l’Amour, par définition immortel et éternel.

De nombreux exégètes en font un ensemble de poèmes chantant l'amour humain fidèle tel qu'on le trouve dans le mariage. Le caractère sacré se trouve dans le fait que Dieu a donné sa bénédiction au mariage (Gn 2 ; Pr 2,17 ; 5,18 ; 31,10 ; Ml 2,14 ; Si 26).On retrouve ce thème de l'union de l'homme et de la femme bénie par Dieu dans la Genèse, dans le livre de Tobie ou dans l'histoire du roi David ; des tournures de phrase très proches, un vocabulaire commun ont aussi aidé à une transposition de l'interprétation : le Ct est alors vu comme une image des liens entre Yhwh et Israël, en lien aussi avec le Ps 45. Libéré d'un puritanisme excessif et d'un érotisme licencieux, le Ct reçoit la tâche de chanter l'amour humain, comme les autres livres sapientiaux s'occupent d'aspects de la vie des hommes, ce qui serait le sens littéral.

Un épithalame en l'honneur de Salomon ?

Cette interprétation s'appuie sur des mentions ou des allusions à l'Égypte : la cavale attelée aux chars de Pharaon, (Ct 1,9), le teint basané de la Bien-Aimée (Ct 1,3) qui se qualifie de « lotus » (Ct 2,1), mot hébreu qui vient de l'égyptien sshshn. La paronomase « Salomon / Sulamite » (Ct 7,1) est un indice supplémentaire en faveur de l'évocation des noces de Salomon et de la fille du Pharaon (1R 3,1 ; 7,8 ; 9,16.24 ; 2Ch 8,11). Ce seul mariage mentionné (cf. Ct 3,6-11) constitue le prétexte d’une référence au luxe et à la puissance du roi Salomon (cf. aussi Ct 8,11s). Cette exégèse a l'avantage d'expliquer la place réservée au roi, le décrivant comme une figure messianique. Ses noces avec une étrangère permettraient de fournir un élargissement jusqu'à la nouvelle Jérusalem universelle. Et il faudrait alors comprendre certains substantifs étonnants - les monts de Béter (Ct 2,17) ou les chars d'Amminadib (Ct 6,12) - comme des références à l'histoire biblique.

Mais il semble difficile de réduire ce livre à un épithalame, puisque le poème est dépourvu de toute allusion à la progéniture. Il est également frappant de noter l’absence de « mythologisation » des sentiments amoureux.

Hypothèses diverses

Le caractère fortement décontextualisé du texte rend impossible toute détermination certaine de l’intention première de l’auteur anonyme :

La grande dispersion des propositions de l'exégèse contemporaine du Cantique invite à la prudence, voire à l’acceptation des limites de l’état actuel de la science.

CONTEXTE

Milieux de vie
Origine du Cantique dans un culte cananéen ?

Pour certains, le Ct refléterait un état expurgé et démythologisé du culte d'Ishtar et Tammouz, culte qui comprenait des rites de hiérogamie et qui aurait pu exister aussi chez les hébreux. Il n'est pas vraiment plausible de s'attacher à cette hypothèse car tous les prophètes ont dénoncé ces religions de fécondité des Cananéens (Is 7,10 ; Jr 7,18 ; Ez 8,14 ; Za 12,11). Les parallèles entre les deux s'expliquent assez aisément par le thème commun, celui de l'amour.

Proximité avec la poésie des pays voisins
Histoire et géographie

Le nom « Sulamite » (Ct 7,1) est parfois rapproché de la Sunamite qui apparaît dans l'histoire de David et de Salomon (1R 1,3 ; 2,21s), mais le contexte extérieur reste très flou, malgré l’abondance de toponymes en lien avec la Terre Sainte.

Auteur/s et datation

L’apparition dans l’histoire du Cantique des cantiques, est aussi abrupte que l’ouverture de son texte : nul indice sur son auteur, sur les circonstances de sa composition ou ses premiers destinataires. Cette indétermination fondamentale ouvre dès lors le champ à une grande variété d’hypothèses.

L'auteur selon la tradition, Salomon

Le Bien-aimé est nommé « roi » (Ct 1,4.12) et « Salomon », ce qui signifie « le Pacifique » (Ct 3,7.9). La Bien-aimée a pour dénomination « la Sulamite », soit « la Pacifiée », « celle qui a trouvé la paix » (Ct 8,10).

Étant donné que Salomon a dû composer des poèmes, (1R 5,12), selon la tradition, le Cantique des cantiques a pu lui être attribué. Le titre, en redoublant le même mot, dénote le superlatif. De plus, il est très présent dans l'œuvre. Il faut bien noter cependant qu'il représente un des types du Messie attendu.

Hypothèse historique

La plupart s’accordent en effet pour dater le Cantique de la période du Second Temple, à cause de la présence d'aramaïsmes, d'un mot grec (Ct 3,9) et d'un mot perse (Ct 4,13), sans parler de certaines tournures de langage et d'un vocabulaire parfois archaïque. Néanmoins, il faut garder une certaine prudence quant à une datation précise de l’ouvrage.

Beaucoup s'accordent sur son lieu de composition, la Palestine, étant donné l'abondance de toponymes de cette région.

RECEPTION

Canonicité
Canon hébraïque

Le Cantique des cantiques appartient au troisième groupe du canon hébraïque, les Ketubim (les « Écrits ») après la Torah et les Nebi’im (les Prophètes, comprenant les livres historiques). Certains écrits rabbiniques des 2e-3e s. font état de controverses sur sa canonicité, résolue par la suite. Le livret est lu à Qumrân : quatre fragments dans trois manuscrits de la grotte 4 et un de la grotte 6 ont été découverts, sans qu’il soit possible de connaître l’usage précis qui en était fait (liturgique, patrimoine culturel, lecture allégorique ?).

Vers le 5e s. ap. J.-C., le Cantique devient l'un des cinq megillôt (rouleaux), le Cantique servant pour Pessah dans certaines communautés.

Canon chrétien

Se fondant sur la tradition juive, l'Église chrétienne range le Cantique dans son canon, dans la Bible grecque parmi les livres sapientiaux, après l'Ecclésiaste, et dans la Vulgate entre l'Ecclésiaste et la Sagesse.

Intertextualité
Importance traditionnelle
Postérité littéraire

Deux écrits apocryphes du 1er s. ap. J.-C. auraient pour source le Cantique :

Exégèse juive

Dès le 1er s., le Ct est chanté par les Juifs dans les réjouissances profanes du mariage, malgré l'interdiction portée par Rabbi Aqiba.

A partir du 2e s. ap. J.-C., les Juifs interprètent le Ct de façon allégorique : l'amour entre les deux époux représente celui de Yhwh et d'Israël. Cette allégorie se retrouve abondamment chez les prophètes, en particulier Osée.

Constamment enrichie au fil des siècles, l’interprétation allégorique est désormais celle de la tradition juive, comme en témoignent notamment :

Exégèse chrétienne

Les auteurs chrétiens, après Origène et malgré l'opposition de Théodore de Mopsueste (†428) – le seul à considérer le Cantique comme un écrit profane à l’occasion du mariage de Salomon avec la fille de Pharaon –, tiennent eux aussi l'interprétation allégorique, en la déplaçant sur le plan de l'Église épouse du Christ, ou de l'union entre l'âme et Dieu.

Du 4e au 18e s., 145 commentateurs chrétiens du Cantique sont recensés :

Réception culturelle

Au long des siècles, le Cantique n’a cessé d’inspirer artistes, écrivains et compositeurs.

Littérature anglaise
Arts visuels
Musique

Au Moyen-Age, de nombreux arrangements musicaux anonymes sont composés. Ensuite,

Opéra

Eduard Tubin a écrit le Pasteur de Reigi (1971), opéra où Catharina, la femme du pasteur et Kempe, le nouveau diacre, chantent leur amour avec les mots mêmes du Cantique des cantiques. Survient le pasteur, qui soutient que ces paroles sont un dialogue entre le Christ et son église. S’ensuit un débat sur sens littéral et sens allégorique dans le Cantique, élément assez inattendu dans un opéra.

Cinématographie

Référence est faite au Cantique dans des films bibliques : Salomon et Sheba de King Vidor (1959) ; La Bible de John Huston (1966), dans le dialogue d’Abraham et Sarah.

Dans le film fantastique La Sagesse de Crocodiles (de Po-Chih Leong, 1988), un vampire s’inspire du Cantique et dans le film policier Il était une fois en Amérique (de Sergio Leone, 1984), son amie d’enfance récite les vers du Cantique à David Noodless.