La Bible en ses Traditions

Luc 24,50–53

Byz V S TR Nes

50 Il les emmena  [dehors] 

V S TR dehors jusque vers Béthanie

et, levant ses mains, il les bénit.

51 Il advint, comme il les bénissait, qu'il se sépara d’eux

et il était emporté au ciel.

52 Et eux, s'étant prosterné devant lui

Vl'ayant adoré, retournèrent à Jérusalem en grande joie.

53 Et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu. VAmen.

VICI FINIT L'ÉVANGILE SELON LUC

Réception

Liturgie

46–53 il était emporté au ciel FÊTE - l'Ascension L’Ascension célèbre le mystère de la montée au ciel corps et âme de Jésus, quarante jours après sa Résurrection. Jésus rejoint son Père en promettant aux Apôtres de leur envoyer l’Esprit-Saint.

Ascension de Jésus, ivoire, v. 400, musée national de Bavière, ancienne collection Martin von Reider (Munich).

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HISTOIRE

Institution

Si la célébration de ce mystère remonte certainement au temps des Apôtres, les premières traces de l’institution de cette fête remontent au 4e siècle, soit après l’édit de Constantin.

À partir de 511 la fête de l’Ascension est précédée de trois jours de prières pour les moissons que l’on appelle « Rogations ». Ces prières, souvent accompagnées de processions dans les champs, ont été instituées en Gaule par l'évêque Saint Mamert. Celui-ci christianisa la fête romaine des Robigalia qui adjurait les dieux de favoriser les récoltes.

La Bénédiction des blés en Artois de Jules Breton (1857).

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Calendrier

L’Ascension est toujours célébrée un jeudi, le quarantième jour après Pâques, conformément aux Écritures (Ac 1,3). Quarante siècles avaient attendu le Messie, quarante ans virent le peuple Hébreu traverser le désert vers la Terre promise, quarante jours fut nécessaires aux Apôtres pour s’approprier la vérité de la Résurrection et en témoigner à leur tour : Théologie Ac 1,3.

CÉLÉBRATION

Textes

La première lecture tirée du livre des Actes des Apôtres (Ac 1,1-11) : « il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux ». Le psaume Ps 47,2-9 annonce cette élévation. Dans la deuxième lecture Saint Paul (He 9,24-28.10,19-23) explicite ce mystère : « le Christ est entré dans le ciel lui-même ». L’évangile de saint Luc (Lc 24,46-53) nous donne le récit de l’événement.

Rites
  • Jusqu’à la réforme liturgique qui a suivi le Concile Vatican II, le diacre éteignait le cierge pascal à la fin de l’évangile. La liturgie exprimait par ce rite l’élévation de Jésus au Ciel comme la fumée de la mèche et sa disparition aux yeux des Apôtres comme la flamme éteinte du cierge pascal. Cet usage remonte au rit ambrosien dans lequel on élevait lentement le cierge éteint jusqu’à la voûte de l’église.
  • À la fin du Canon de la Messe, le prêtre élève l'hostie et le calice en disant omnis honor et gloria (tout honneur et toute gloire). Cette « petite élévation » signifie l'Ascension du Christ ressuscité, par laquelle le Père reçoit et agrée le sacrifice du Fils, et consomme ainsi notre salut.
Mystagogie

Guéranger L'Année liturgique, l’Ascension : « O notre Emmanuel ! Vous êtes donc enfin par-parvenu au terme de votre œuvre, et c’est aujourd’hui même que nous vous voyons entrer dans votre repos. Au commencement du monde, vous aviez employé six jours pour disposer toutes les parties de cet univers créé par votre puissance ; après quoi vous rentrâtes dans votre repos. Plus tard, lorsque vous eûtes résolu de relever votre œuvre tombée par la malice de l’ange rebelle, votre amour vous fit passer, durant le cours de trente-trois années, par une succession sublime d’actes à l’aide desquels s’opéraient notre rédemption et notre rétablissement au degré de sainteté et de gloire dont nous étions déchus. Vous n’avez rien oublié, ô Jésus, de ce qui avait été arrêté éternellement dans les conseils de la glorieuse Trinité, de ce que les Prophètes avaient annoncé de vous. Votre triomphante Ascension met le sceau à la mission que vous avez daigné accomplir dans votre miséricorde. Pour la seconde fois vous entrez dans votre repos ; mais vous y entrez avec la nature humaine appelée désormais aux honneurs divins. Déjà les justes de notre race que vous avez retirés des limbes prennent rang dans les chœurs angéliques, et en partant vous nous avez dit à nous-mêmes : je vais vous préparer une place ».

CULTURE POPULAIRE

Venise

De l’an 1177 jusqu’en 1797 à Venise on sortait en parade le Bucentaure pour célébrer le mariage du doge avec la mer. Ce bateau vénitien était une galère très haute, sans mât, d’où le doge jetait un anneau d’or dans la mer en signe d’épousailles.

Le Bucentaure au Môle le jour de l'Ascension, par Canaletto (v. 1745), Philadelphia Museum of Art.

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50s PARALITURGIE Chemin de croix : une station inattendue  Dans la volonté contemporaine de refonder les dévotions populaires dans leurs substrats bibliques, et d'éviter l'écueil du dolorisme,  le chemin de croix du peintre Jerzy Duda-Gracz (1941–2004) à Jasna Gora→ ajoute l'Ascension à la méditation de la Passion glorieuse du Seigneur. 

Jerzy Duda-Gracz (1941-2004), 18 — Ascension, (huile sur toile, 2000-2001), 185 x 117 cm

Chemin de croix ex voto de l'artiste, narthex, galerie haute du sanctuaire de l'icône miraculeuse, Sanctuaire de Jasna Gora, Czestochowa (Pologne)

© D.R. Jerzy Duda-Gracz Estate→ ; photo : J.-M. N., Ac 1,4-11 ; Mc 16,19 ; Lc 24,50-51 ; Rm 10,6 ; Ep 4,8-10 ; 1Th 4,17 ; 1P 3,22

Jésus termine son séjour terrestre et s’élève au ciel : là où se tient le Christ, soleil levant au centre des cieux et au centre du ciel humain. Il est là représenté de la même façon qu’il était devant Pilate, dans la première station. Dans l’ultime aussi, il ferme les yeux, afin que nous nous souvenions de lui non pas comme d’un juge mais de celui qui délivre et qui fait entrer l’humanité dans la maison du Père, dans cette maison commune ; et cette Ascension se passe où ? Sur la « Montagne claire », « Jasna Gora », du sanctuaire de Notre Dame de Czestochowa. Parce que derrière, c’est le sanctuaire de Notre Dame de Czestochowa. Il y a une multitude de gens, une foule de pèlerins, de ces hommes et de ces femmes qui, au cœur de leur pèlerinage, revivent la Passion de l’espérance, la Passion d’une nation, la Passion de Notre Dame de Czestochowa, Notre Dame de Jasna Gora. La porte du ciel, chemin vers la Jérusalem céleste. Et ce ne sont pas seulement des paroles, mais c’est toute l’histoire d’un peuple et l’histoire en quelque sorte dit cette preuve éprouvée d’une nation tout entière et d’une humanité toute réunie. Car dans cette ville, il y a quelque chose du ciel, et quelque chose de l’offrande de la terre, qui s’y rencontrent. Il y a en ce lieu effectivement une terre de bénédiction, une terre de présence, comme il y a un lieu de vie. Le chemin d’une nation : Lourdes, c’est le chemin avec et au milieu des malades ; ici, c’est l’histoire d’une vie donnée c’est l’histoire d’un peuple tout entier, qui a su vivre, qui a su survivre grâce à la foi ! (J.-M. N.)