La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 4,9–5,1

M V
G S

Tu m’as ravi

Vblessé le cœur, ma sœur, ma promise, tu m’as ravi

Vblessé le cœur

par un seul de tes regards

Vyeux, par une seule des perles

Vun seul cheveu de ton collier

Vcou.

….

M
G S
V

10 Que ton amour a de charme, ma sœur fiancée !

Combien ton amour est meilleur que le vin et l’odeur de tes parfums, que tous les aromates !

10 

10 Qu'elles sont belles, tes mamelles, ma sœur, promise,

plus beaux que le vin tes seins et l'odeur de tes parfums plus puissante que tous les aromates

4,10 Les amours du bien-aimé 1,2.4

11 Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée, le miel et le lait sont sous ta langue

et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban.

11 

11 rayon distillant, tes lèvres, promise, miel et lait sous ta langue

et l'odeur de tes vêtements comme l'odeur de l'encens

4,11 Le parfum du Liban Os 14,7 Miel et parfums Pr 5,3 ; Os 14,7

12 C’est un jardin fermé que ma sœur fiancée, une source fermée, une fontaine scellée.

12 

12 jardin clos ma sœur, promise, jardin clos fontaine scellée 

4,12 Le jardin de la bien-aimée 6,2 Fontaine Pr 5,16
M V
G S

13 tes pousses sont un bosquet

Vjets, un paradis de grenadiers avec Mles fruits les plus exquis

Vde fruitiers,

cypres avec nards

Vnard,

13 

14 nard et safran, cannelle

Vcanne aromatique et cinnamome

Vcannelle, avec tous arbres

Vl'ensemble des bois à encens

Vdu Liban,

myrrhe et aloès, avec tous les meilleurs baumiers.

Vparfums, 

14 … 

4,14 la myrrhe et l’aloès Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Jn 19,39

15 Fontaine

Vfontaine de jardins, puits d’eaux vives ruisseau qui coule du Liban.

Vqui coulent impétueusement depuis le Liban.

15 

4,15 L’eau jaillissante du puits Pr 5,15-16
M
G S
V

16 — Levez-vous aquilons. Venez autans ! Soufflez sur mon jardin et que ses baumiers exsudent ! Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu’il mange de ses beaux fruits !

16 

16 — Lève-toi aquilon, et viens auster : souffle sur mon jardin et qu'effluent ses aromates ! 

5,1 Je suis entré dans mon jardin, ma sœur fiancée,

j’ai cueilli ma myrrhe avec mon baume

j’ai mangé mon rayon avec mon miel, j’ai bu mon vin avec mon lait !

Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés.

Vienne mon préféré dans son jardin et qu'il mange du fruit de ses arbres !

— Je vins en mon jardin, ma sœur, promise,

recueillis ma myrrhe avec mes aromates

mangeai un rayon avec mon miel, bus mon vin avec mon lait ... 

(Mangez, amis ! buvez et vous enivrez, mes très chers !)

5,1 Invitation au banquet Is 55,1-2

Contexte

Milieux de vie

4,13 FLORE Grenadier

Un grenadier à Jérusalem

Photo : Isabelle Dauphin (oct. 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

M, G—Ex 28,33-34 ; 39,24-26 ; Nb 13,23 ; 20,5 ; Dt 8,8; 1S 14,2 ; 1R 7,18-20 ; 2R 25,17 ; 2Ch 3,16 ; 4,13 ; Ct 4,3.13 ; 6,7.11 ; 7,13 ; 8,2 ; Jr 52,22-23 ; Jl 1,12 ; Ag 2,19 

Comparer les « jets » de la « fontaine scellée » qu'est la bien-aimée avec un « paradis de grenadiers », c'est évoquer le jus de grenade, rouge et sucré et proche du vin par la couleur. D'un point de vue christique, cela rappelle forcément le cœur transpercé du Christ sur la croix d'où jaillissent le sang et l'eau, et signe de vie par excellence. Ainsi la bien-aimée est-elle aussi source de vie, avec le rapprochement aisé du « jardin clos » avec Marie toujours Vierge.

Identification

L’identification est indiscutable : le nom « rimmôn » dans la Bible (qui signifie « élevé ») désigne à la fois le grenadier et la grenade. Les Romains ont connu ce fruit par les Carthaginois et l’ont appelé « malum punicum » (« fruit punique »). Aujourd’hui son nom scientifique est « punica granatum » : « punicus » signifie « de Carthage » et « granatum » veut dire « rempli de graines ».

Classification
  • Famille : punicaceae
  • Genre : punica
  • Espèce : granatum
Localisation

Originaire d’Asie centrale et plus précisément des régions d’Iran situées au sud de la mer Caspienne, le grenadier est rapporté par les Phéniciens à Carthage et sur le pourtour méditerranéen. Il est l’un des premiers arbres cultivés par l’homme. Il était présent à Jéricho 4000 ans av. J.-C., dans les jardins de Babylone et en Égypte (Nb 20,5). Aujourd’hui ce fruit est cultivé sur tous les continents.

Description
  • Arbuste monoïque au port touffu et buissonnant qui peut atteindre jusqu’à 6 m de haut. 
  • Il peut vivre 200 ans.
  • Rameaux légèrement épineux.
  • Ses petites feuilles caduques, oblongues (3 à 7 cm) et opposées sont d’abord rouges puis vertes.
  • Ses fleurs rouge-orangé sortent chiffonnées de leur calice et mesurent environ 3 cm de diamètre quand elles sont ouvertes.
  • Son fruit, la grenade, est une grosse baie jaune-rouge contenant en moyenne 600 semences rouges et pulpeuses dans 6 à 12 loges. Ce fruit éclate quand il est mûr.

Illustration botanique du Punica granatum

1885 © Domaine public

Usage
Alimentation
  • La grenade est consommée comme fruit ou en boisson (jus de grenade, liqueur, vin de grenade). Le jus de grenade est parfois associé au vin (Ct 8,2).
  • En réduisant le jus, on obtient un condiment appelé nasharab.
Médical
  • En tisane les fleurs sont utilisées pour soigner l’asthme.
  • L’écorce soigne la dysenterie.
  • Les grains de grenade contenant des vitamines, du potassium, des antioxydants et des hypertenseurs sont de bons remèdes pour lutter contre les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Cultuel
  • Le grenadier était une plante sacrée.
  • La grenade devait être associée au culte du dieu assyrien Ramman, que Naaman appelle dans la Bible « Rimmôn » (2R 5,18).
Culture matérielle
  • Le tanin de l’écorce sert de teinture (couleur jaune) pour le cuir, les tapis, etc.
  • En cuisant les grains, on obtient une encre noire.
  • Sa racine mélangée à de l’oxyde de fer donne une teinture bleue.
Ornemental
  • Les fleurs de grenadier peuvent être mises en bouquets.
  • Les grenades sont utilisées comme motifs architecturaux en particulier chez les Assyriens. Les chapiteaux et colonnes du temple de Salomon ainsi que la mer d'airain étaient ornés de grenades (1R 7,20 ; 2Ch 4,13 ; Jr 52,22).
  • L’habit sacerdotal d’Aaron était décoré de grenades (Ex 28,33).
  • Aujourd’hui certains rouleaux de la Torah sont décorés de grenades.
Symbolique
Prospérité, bénédiction
  • La grenade fait partie des sept fruits bénis de la Terre promise.
  • Elle est considérée dans le Coran comme un fruit du paradis.
Vie, fertilité, éternité
  • Elle est symbole de fertilité en raison de ses nombreuses graines.
  • Son jus a la même couleur que le sang qui représente la vie.
  • En Chine, les femmes offrent des grenades à la déesse de la miséricorde pour qu’elle leur accorde d’avoir des enfants (MoldenkePlants of the Bible p. 191).
Renouvellement, passage d’une vie à une autre, éternité
  • Les grains de grenade, quand ils sont enfouis pour un temps dans la terre, peuvent germer et porter du fruit afin de permettre à de nouveaux grains de voir la lumière du jour. C’est là un symbole de renouvellement.
  • Dans la mythologie grecque, Perséphone, fille de Déméter déesse de l’agriculture, sur le point d’être délivrée des enfers pour rejoindre sa mère, succombe à l’attrait de la grenade qu’Hadès lui tend, et en mange six grains. Ceci lui vaut d’être ramenée aux enfers mais uniquement pour y passer six mois chaque année. Durant ces six mois, Déméter délaisse les récoltes de la terre pour chercher sa fille (c’est alors l’automne et l’hiver) et la récolte ne reprend que lorsque Perséphone revient, au printemps et en été : de là le cycle des saisons.
  • Les Égyptiens plaçaient des grenades dans les sarcophages pour le voyage de l’âme dans l’au-delà. 
  • La grenade qui éclate pour laisser apparaître ses grains symbolise la résurrection du Christ sortant du tombeau.
  • Jean de la Croix Cantique spirituel str. 36 : Dieu est « représenté par la forme circulaire ou sphérique de la grenade parce qu’elle n’a ni commencement ni fin ».
La royauté
  • Le bout de la grenade a la forme d’une couronne.
  • En Perse le sceptre royal se terminait par une grenade.
  • D’anciennes représentations de Jupiter le montrent avec une grenade dans la main.
Commandements de Dieu
  • La grenade, selon les juifs, contient 613 graines rappelant les 613 commandements.
Unité
  • En un seul fruit est contenue une multitude de grains serrés les uns contre les autres et harmonieusement agencés.
L’amour, la beauté, la charité, le Christ
  • Sa couleur rouge et son goût suave et sucré font de ce fruit le fruit de l’amour.
  • Dans la poésie orientale, la femme est parfois comparée à la grenade pour illustrer sa beauté (Ct 4,3.13).
  • Sous une écorce dure et quelconque se cachent des graines à la saveur divine tout comme dans l'humanité de Jésus se cache sa divinité. 
  • Ce fruit qui s’entrouvre tout seul pour laisser couler son jus rouge et permettre à l’homme de goûter ses fruits est le symbole de la Passion de Jésus : par amour, il a donné sa vie pour la multitude et de son cœur transpercé sur la croix a jailli le sang rédempteur.
Fruit de l'arbre de vie
  • Parce que la grenade est symbole d’amour, d’éternité, d’unité, de retour à la vie, de fertilité, de bénédiction et une représentation du Christ, le grenadier devient un parfait symbole de l’arbre de vie.
L’Église
  • Derrière une écorce rugueuse se cachent la beauté et la bonté de la grenade. De même la beauté de l'Église réside à l'intérieur, dans l'âme des justes qui aiment Dieu Ps 45,14 Apponius Exp. Cant.8,74.
  • Comme les grains rouges de la grenade sont réunis en un seul fruit, la multitude des hommes lavés dans le sang du Christ est réunie en une unique Église.
  • Comme de la grenade éclatée apparaissent les nombreux grains qui la composent, du cœur transpercé de Jésus naît l’Église.

1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)

Illustration botanique de Commiphora myrrha (arbre à myrrhe ou basalmier) de Müller (1833-1887) 

  Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Eugen Köhler, 1887 © Domaine public→

Ex 30,23 ; Ex 30,23 ; M, G – Est 2,12 ; Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 ;  M – Si 24,15 ; Mt 2,11 ; Mc 15,23 ; Jn 19,39 ; Ap 18,13 

Identification

La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).

Classification
  • Famille : burseraceae
  • Genre : commiphora
  • Espèce : myrrha
Localisation

Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).

Description
  • Arbuste de 3 à 5 m de haut aux branches noueuses et anguleuses dotées d’épines.
  • Ses petites feuilles ovales vertes sont caduques et aromatiques.
  • Ses fleurs blanches ou rouges-orangées apparaissent en été.
  • De ses nœuds suinte, sous forme de larmes jaunes, une résine aromatique que l’on appelle « myrrhe » ; ce nom vient de l’akkadien murru qui signifie « amère ».
Usages
Médical et cosmétique
  • En médecine, dès l’Antiquité, la myrrhe était réputée pour apaiser la douleur et pour son action anti-inflammatoire. Les Grecs utilisaient la myrrhe pour nettoyer les plaies des soldats. Elle était utilisée en gargarisme pour éviter les inflammations de la bouche.
  • Jérôme Commentariorum in Matthaeum 27,48  t.26, col.212  affirme que le breuvage donné à Jésus sur la croix, un vin mêlé de myrrhe (Mc 15,23), avait pour but d’alléger les douleurs du crucifié.
  • En huile, elle servait pour la toilette des femmes (Est 2,12).
Cultuel
  • Parfum pour l’embaumement (Hérodote Historiae 2,86 ), elle est employée en Égypte mais aussi chez les Juifs (cf. Jn 19,39).
  • Elle est brûlée comme encens dans les temples.
  • La myrrhe entrait dans la composition de l’onction sainte (Ex 30,23). Aujourd’hui elle entre dans la composition du saint-chrême.
Histoire
  • Selon les archives royales assyriennes, au 9e siècle av. J.-C., la myrrhe venue d’Arabie par caravane était vendue dans des villes sur les bords de l’Euphrate.
  • Hérodote Historiae 7,181 rapporte que Pythès, membre de l’armée navale de Xerxès, tombé à demi-mort entre les mains des Perses, fut soigné avec de la myrrhe. 

 Myrrhe

Photo : Leo_65 / 319 Bilder de Pixabay (2014) © Domaine public

Symbolique
Souffrance

En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.

Mort

Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.

Humanité

Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.

Royauté

Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.

Amour

Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)

Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».

4,14 FLORE Cinnamome (cannelier de Ceylan)

 Illustration botanique de Cinnamomum verum

 dans  Köhler's Medizinal-PflanzendeFranz Eugen Köhler 1887  © Domaine public 

Ex 30,23 ; Pr 7,17 ; Ct 4,14 ; Ap 18,13

Identification 

Il existe 300 espèces de cinnamomum. L’écorce (intérieure) de cette plante est communément appelée « cannelle ». Ce nom vient de l’hébreu « kaneh » qui donne « canna » en latin, et désignait les végétaux qui ont une tige creuse. Le « kinnamon [qinnnâmôn] » hébreu, dans la Bible, désigne à priori, l’espèce cinnamomum verum,  appelé aussi cinnamomum zeylanicum, c’est à dire « cannelier de Ceylan » ; cette espèce est considérée comme étant la plus appréciée et la plus connue du genre cinnamomum

Dans d'autres passages bibliques (Ex 30,24 ; Ez 27,19) où il est question de cannelle ou casse, il s'agirait plutôt du cinnamomum cassia (cinnamome de Chine)

Classification
  • Famille : lauraceae
  • Genre : cinnamonum
  • Espèce : cinnamomum verum (ou zeylanicum)
Localisation

Originaire du sud-est asiatique. D’après Hérodote Historiae  3,110-111 et  Strabon Geographica  16,4,25, il viendrait d’Arabie ou du pays des sabéens (Strabon Geographica 16,14,19). D’après Pline Naturalis historia 12,86, il viendrait d’Éthiopie. En réalité il s’agirait plutôt de la Malaisie. Cette plante pousse principalement sur les côtes de l’Inde (Strabon Geographica 15,1,22) et sur l’île de Ceylan (Sri-Lanka). Des tentatives de transplantation en Syrie ont dû être faites sans succès car Pline explique que cet arbuste est sans force pour arriver aux régions voisines de la Syrie (Pline Nat. 16,135).

Description
  • L’ arbuste peut s’élever jusqu’à 15 m.
  • Il possède des feuilles vertes, persistantes, luisantes, ovales, à 3 nervures principales.
  • L’écorce, de couleur brun-rougeâtre, est lisse et papyracée. Après avoir été prélevée sur le tronc et les branches puis séchée, elle est enroulée pour être commercialisée sous le nom de cannelle.
  • Les fleurs de couleur blanchâtre possèdent 3 sépales, 3 pétales et 12 étamines.
  • Les fruits sont des baies pourpres d’environ 1 cm de diamètre.
Usage
Médical et cosmétique
  • Cette plante est  utilisée pour ses vertus thérapeutiques et médicinales.
  • Comme huile parfumée : l'huile de cinnamome est obtenue à partir des fruits mûrs ou en trempant de petits morceaux d'écorce brisés dans de l'eau de mer et en les distillant. Pline affirme aussi que l’on fait de l’huile avec la racine de cinnamome (Pline Nat.15,30). On l'utilisait pour parfumer les appartements et les lits de repos (Pr 7,17). 
Alimentation
  • On l’utilise en cuisine pour ses vertus aromatiques ; pour parfumer le vin (Pline Nat., 14, 107).
Cultuel
  • Cette substance aromatique est l’un des principaux composants de l’huile sainte du Temple, huile qui servait à la consécration des prêtres et des objets de culte du Temple.

 Bâtons, poudre et fleurs de cannelle de Ceylan

Photo : Simon A. Eugster (2015) © CC-BY-SA-3.0→

Histoire
  • La cannelle est commercialisée depuis des siècles : par l’archéologie nous savons qu’elle était déjà commercialisée au 11e s. av. J.-C. puisque des traces de cannelle ont été retrouvées dans des flacons phéniciens de cette époque sur la côte israélienne près de Haïfa. C’est par l’intermédiaire des phéniciens et de l’Arabie (royaume de Saba) que le Moyen-Orient a eu connaissance très tôt, de cette épice.
  • Elle était vendue très cher : Pline parle de 1000 deniers la livre (Pline Nat.12,95).
  • Sans doute pour en augmenter encore le prix, des fables au sujet de sa provenance étaient contées : « Quant au cinnamome, les Arabes le récoltent d’une façon plus étonnante encore. Où il naît, quelle est la terre qui le nourrit, on ne sait le dire, à cela près que certains, dont l’opinion n’est pas sans vraisemblance, prétendent qu’il pousse au pays où Dionysos fut élevé. Ce sont, dit-on, des oiseaux de grande taille qui apportent ces copeaux que, d’un nom appris des Phéniciens, nous appelons cinnamome ; ils les apportent pour la confection de leur nid, qu’ils attachent en les formant de boue contre des falaises escarpées où l’homme ne peut aucunement accéder. En face de cette situation, voici donc l’artifice dont usent, dit-on, les Arabes : ils découpent en morceaux aussi gros que possible les membres des bœufs, ânes et autre bêtes de somme qui viennent à périr, les transportent dans la région des falaises, les déposent à proximité des nids, et se retirent à l’écart ; les oiseaux descendent aussitôt et remontent les quartiers de chair sur leurs nids, qui, ne pouvant en supporter le poids, se rompent et tombent à terre ; eux surviennent et recueillent ainsi le cinnamome ; et le cinnamome, qu’ils recueillent, arrive de là dans les autres pays. » (Hérodote Historiae 3,110-11)
  • D’après Pline Nat.,12,94 c’est l’empereur Vespasien Auguste qui le premier a consacré dans les temples du Capitole et de la Paix des couronnes d’or incrustées de cinnamome.
Symbolique
réflexion, vigilance, pureté
  • Grégoire de Nysse Homiliae in Canticum canticorum,  9,11, ayant entendu dire que le cinnamome avait des propriétés purificatrices et rafraichissantes, rapproche cette plante du fruit produit dans l'âme des personnes réfléchies, car la réflexion éteint les passions des personnes « brûlant de désir ou bouillant de colère » et « conserve sa parole pure ». 

4,14 canne aromatique FLORE Roseau odorant L'humble et enivrante « canne aromatique » vient ici compléter le tableau des délices florales que l'amour évoque, en contraste avec les forts et majestueux « bois du Liban ».

La citronelle

Photo : @Haskcipta Yosri, juin 2005 © CC-BY-2.0→

Ex 30,23-24 ; Ct 4,14 ; Jr 6,20 ; Is 43,24 ; Ez 27,19

Identification

Certains auteurs ont d’abord pensé que ce roseau parfumé de Ct 4,14 était acorus calamus, une plante aquatique ressemblant au roseau et très odorante mais aujourd’hui, il est plus généralement admis que le roseau aromatique correspondrait au genre cymbopogon.

Classification
  • Famille : poaceae
  • Tribu  : andropogonodae
  • Genre : cymbopogon
Localisation

Il existe une cinquantaine d’espèces de cymbopogon originaires d’Afrique et d’Asie. Les espèces présentes aujourd’hui en Israël ne sont pas parfumées mais les roseaux aromatiques pouvaient être importés d’Inde (Jr 6,20 ; Ez 27,19). Cymbopogon citratus, appelée aussi « citronnelle », est la plus connue mais d’autres espèces comme martinii et murcatus, cultivées en Inde, ou cymbopogon schoenanthus qui poussait au 19e s. à Gennésareth pourraient aussi correspondre.

Description
  • Plante vivace herbacée au feuillage persistant poussant en touffes. Elle peut mesurer de 15 cm à 3 m de hauteur selon les espèces.
  • Son feuillage est souvent parfumé : cymbopogon citratus et schoenanthus.

Cymbopogon martini dans la forêt tropicale sèche à Khandwa (Inde)

Photo : Ravi Upadhyay  (Fév. 2019) © CC-BY-4.0→

Usage
Alimentation
  • Cette plante peut être transformée en tisane commune.
  • Elle sert de condiment dans les plats.
  • Elle parfume des boissons.
Médical 
  • Les huiles essentielles tirées des divers espèces de cymbopogon (citronelle, palmarosa) sont utilisées comme additifs de parfums dans les cosmétiques, les shampoings, les teintures capillaires, etc.
  • En décoction les feuilles soignent la fièvre, les symptômes grippaux, les rhumatismes et les problèmes intestinaux.
Symbolique
Fragilité
  • Quand il est à terre ou placé entre les mains de l’homme, le roseau peut facilement être rompu (2R 18,21 ; Is 36,6).
Flexibilité, souplesse
  • Parce que sa tige et ses feuilles sont légères et qu’il se laisse balloter par le vent, le roseau est symbole de flexibilité, souplesse.
  • Jean de la Fontaine dans sa fable « Le Chêne et le Roseau », fait dire à cette plante : « je plie et ne romps pas ». Tandis que le chêne, symbole de force et de pouvoir, finit par être déraciné par le vent, le roseau flexible et si faible en apparence, résiste à la tempête.

4,14 safran  FLORE Crocus En plus d'être une denrée précieuse, le raffinement du safran a aussi des connotations nuptiales, puisqu'il servait à teinter le voile des mariées chez les Romains et en Grèce, que les Assyriens le faisaient cueillir par des vierges et qu'on le considérait comme un aphrodisiaque.

Crocus sativus, Russie

Photo : Youri Danilevsky (oct. 2017) © CC-BY-SA-4.0→, Ct 4,14

Identification

Le  karᵉkôm  n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible (hapax), en Ct 4,14. Si ce mot a parfois été traduit par « curcuma », il est plus juste d’y voir le safran, dont la plante qui le produit, le crocus sativus, était cultivée dans la région de Jérusalem.

Classification
  • Famille : iridaceae
  • Genre : crocus
  • Espèce : sativus
Localisation

Originaire de Crète, le safran, appelé aussi « or rouge », s’est répandu au Moyen-Orient. Il a d’abord été cultivé en Grèce. On trouve des traces de safran en Mésopotamie en 2000 av. J.-C.

Description 
  • Le crocus sativus est une plante vivace d’environ 30 cm.
  • Elle possède de longues feuilles vertes verticales.
  • Des fleurs violettes ressemblant aux colchiques d’automne apparaissent en octobre. La floraison s’étale sur environ deux semaines.
  • Il faut environ 150 fleurs pour obtenir 1 g de safran sec. Cette quantité et le soin qu’il faut apporter à la culture de safran rend cette denrée extrêmement précieuse et chère.
Usage
Alimentation
  • Le safran est une épice qui colore et aromatise les mets.
  • Il est utilisé en confiserie et pour la préparation de boissons alcoolisées (chartreuse, gin, izarra, strega).
Médical
  • Le safran était utilisé à des fins médicales dans l’Antiquité (cf. papyrus d’Ebers).
  • Pline Naturalis historia 21, 81 : « Appliqué avec de l’œuf il dissipe toute inflammation […] les suffocations hystériques, les ulcérations de l’estomac, de la poitrine, des reins, du foie, du poumon et de la vessie ». Il est soporifique et permet de résister à l’ivresse.
  • Grecs et Romains le considéraient comme un euphorisant Pline Nat. 21,81.
  • Il était utilisé comme parfum.
  • Un mélange de safran et de vin servait dans les théâtres romains à rafraîchir l’air.
Culture matérielle
  • Le safran sert à teinter des textiles produisant un lumineux jaune-orangé. À Tyr et en Grèce, le voile des jeunes mariées était teint avec du safran.
Symbolique
Amour
  • Le safran passait pour être un aphrodisiaque Pline Nat.21,81.
  • Dans la mythologie grecque, Zeus invitait ses compagnes sur un lit de safran.
Pureté et sainteté
  • Les Assyriens font cueillir le safran par des jeunes vierges.
  • Le voile de la mariée chez les Grecs et les Romains dans l’Antiquité était couleur safran comme signe de pureté.
  • Les moines bouddhistes coloraient leur habit avec du safran.
  • Le safran était brûlé par les Romains lors de cérémonies religieuses.

 Fils de safran,

Photo : Hubert (fév. 2015) © CC-BY-SA-4.0→, Ct 4,14

4,14b FLORE Aloès

Identification

Alahoth que l’on traduit généralement par « aloès » dans la Bible ne désigne pas toujours des plantes du genre aloe. Dans l’Ancien Testament, ce nom désignerait plutôt le parfum fournit par Aquillaria agallocha surnommé « bois d’aigle », « bois d’aloès » ou « bois d’Agar ». Par contre, quand, dans son évangile, Jean utilise le mot grec aloe, il s’agit bien du véritable aloès (aloe succotrina).

Aquillaria agallocha

 Le bois d'aigle

Photo: P. Bonnet (déc. 2019) © Domaine public

Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 4,14

Classification
  • Famille : thymelaeaceae
  • Genre : aquilaria
  • Espèce : agallocha
Localisation

Originaire de Cochinchine, de Malaisie et du nord de l’Inde, il est exploité encore aujourd’hui au Bangladesh et en Birmanie. En raison de la forte commercialisation de ce bois de grande valeur, l’espèce est au bord de l’extinction dans certaines régions.

Description
  • Arbre tropical élevé (6 à 20 m) vivant dans le sous étage forestier de manière dispersée.
  • Son écorce est claire.
  • Feuilles vertes et brillantes.
  • Fleur de petite taille.
  • Le bois, imprégné de résine, est parfumé. La production de résine a lieu en réponse à une blessure ou à une infection. L’homme pour stimuler la production de résine par les micro-organismes, blesse l’arbre. 

 illustration botanique d'aquillaria agallocha

chromolithographie, W. Saunders,1839 © Domaine public

Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 4,14

Usage
Alimentation
  • En Orient, il sert d’aromate.
Médical et cosmétique
  • Il est transformé par distillation en huile essentielle pour être utilisé dans des parfums et produits cosmétiques. Son parfum est boisé, musqué et intense. Il faut près de 150 kg de bois pour faire 1 l d’huile. Son prix est élevé (jusqu’à 80000 dollars le litre aujourd’hui)
  • Au Vietnam il est employé contre les intoxications.
  • Il est réputé pour ses propriétés cordiales et céphaliques.
  • Les feuilles, en infusion, ont des vertus sédatives et digestives.
  • Le bois est utilisé pour faire du vin médicinal.
Culture matérielle
  • Le bois peut être sculpté ou tourné.
Cultuel
  • Il est utilisé pour les cérémonies religieuses et accompagne sacrifices et prières. On l’appelle aussi le « bois des dieux ».
  • Les Égyptiens et les Grecs s’en servaient dans leurs rites funéraires.

Aloe succotrina (ou aloe vera)

 L’Aloe succotrina était plus réputé mais a les mêmes propriétés qu’aloe vera.

Aloe succotrina, Abu shawka, (nov. 2012, Cape)

© Domaine public

Jn 19,39

 Classification
  • Famille : aloeaceae
  • Genre : aloe
  • Espèce : succotrina
Localisation

Originaire d’Afrique du sud, cette plante est aussi présente sur l’ile de Socotra (territoire du Yémen à l’entrée de la mer rouge) d’où elle tire son nom d’espèce. Elle a besoin d’un climat méditerranéen et pousse à flanc de montagne ou sur les falaises et les rochers.

Description
  • Plante grasse à rosettes denses et hautes de 2 m.
  • Feuilles vertes, épaisses, longues et à la marge dentelée.
  • Fleurs rouges orangées disposées en épis sur une hampe d’environ 1 m. Elles fleurissent vers la fin de l’hiver.

 Illustration botanique d'Aloe succotrina

dans Köhler's Medizinal-Pflanzende  Franz Ernest Köhler, 1897

© Domaine public

Usage
Alimentaire
Médical et cosmétique
  • Le gel contenu dans les feuilles est utilisé en cosmétique et en pharmacie pour le soin de la peau. Il a des propriétés hydratantes, cicatrisantes et adoucissantes et soulage donc les brulures, les coupures, l’eczéma.
  • Son latex est un laxatif.
  • Il empêche les cheveux de tomber et calme les maux de tête. Pline Nat. 27,5
Cultuel
  • L’aloès était utilisé par les Égyptiens pour embaumer les morts. Ses vertus médicinales sont rapportées par le papyrus Ebers (1550 av. J.-C.)
Histoire
  • Aristote aurait convaincu Alexandre le Grand de conquérir l’ile de Socotra pour obtenir les plantations d’aloès et ainsi soigner ses soldats blessés en campagnes. Cette plante l’aurait guéri lui-même d’une blessure de flèche.
  • Après les attaques nucléaires de Nagasaki et Hiroshima, les japonais soignaient les victimes avec l’aloès. Leur peau cicatrisait rapidement et les risques de cancer de la peau diminuaient.
Symbolique
Beauté
  • L’une des propriétés de l’aloès est d’embellir la peau.
  • Une légende égyptienne raconte que l’éclat des yeux de Cléopâtre venait de l’utilisation d’un collyre contenant de l’aloès.
  • Néfertiti devait la beauté de sa peau à ses bains de lait d’ânesse et de pulpe d’aloès.
  • Les jeunes amérindiennes enduisaient leur visage de jus d’aloès pour attirer les garçons.
Guérison
  • Ses propriétés thérapeutiques l’ont rendu célèbre et précieux.
Renaissance et éternité
  • Sur les buchers funéraires en Inde sont placés des feuilles d’aloès.
  • En Égypte, l’aloès était placé autour des temples et pyramides pour accompagner les pharaons vers l’au-delà et les soigner durant leur voyage. Quand il fleurissait, cela signifiait que le mort avait atteint sa destination. Considérée comme plante d’éternité, elle faisait partie des ingrédients utilisés pour l’embaumement.
  • Les Grecs pensaient que l’aloès rendait les guerriers invulnérables.
  • Durant les croisades, les Templiers attribuaient à « l’Élixir de Jérusalem » composé de vin de palme, de pulpe d’aloès et de chanvre, des vertus de longévité.

Réception

Liturgie

5,1–16 LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode.  

TraditionnelMegillat Shir HaShirim, c.5 lu par Abraham Shmuelof (1913-1994), Maison Saint-Isaïe des Dominicains, Jérusalem, années 1970

Audio Scriptures International (numérisation) ; Mechon Mamre→ (mise en ligne)  © Sœurs du Carmel (enregistrements originaux)

Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.

Philosophie

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Littérature

4,12 sœur fiancée Amour fraternel ou fraternité incestueuse ? « Mon enfant, ma sœur, — Songe à la douceur ... »

« L'Invitation au voyage », Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, XLIX, 1857)

Charles Baudelaire (1821-1867) ouvre son poème — lu en général comme l'un des plus apaisés de la section « Spleen et Idéal » — par une référence au Cantique des cantiques, qu'il a sans doute lu dans la traduction de Lemaistre de Sacy : « Ma sœur, mon épouse, est un jardin fermé ; elle est un jardin fermé, et une fontaine scellée. » (Ct 4,12)

Dans sa version en prose (Le Spleen de Paris, XVIII, 1869), il reprend cette juxtaposition, belle et trouble à la fois, de l'amante et de la sœur :

« Un musicien a écrit l’Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’Invitation au voyage, qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ? »

Musique

4,9 Au cœur

17e s.

Dieterich Buxtehude (1637/1639-1707), Membra Jesu Nostri -BuxW75- (6) "Ad cor", 1680

John Eliot Gardiner (dir.), Monteverdi Choir, English Baroque Soloists

© Licence YouTube standard→, Ct 4,9

Paroles

VI. Ad cor 1. Sonata 2. Concerto a 3 voci (SSB) Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa, vulnerasti cor meum. 3. Aria (Soprano 1) Summi regis cor, aveto, te saluto corde laeto, te complecti me delectat et hoc meum cor affectat, ut ad te loquar, animes. 4. Aria (Soprano 2) Per medullam cordis mei, peccatoris atque rei, tuus amor transferatur, quo cor tuum rapiatur languens amoris vulnere. 5. Aria (Bass) Viva cordis voce clamo, dulce cor, te namque amo, ad cor meum inclinare, ut se possit applicare devoto tibi pectore. 6. Concerto a 3 voci (SSB) Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa, vulnerasti cor meum.

VI. Au cœur : 1. Sonata 2. Concerto à 3 voix (2 sopranes, 1 basse) : Tu m'as blessé le cœur, ma sœur fiancée, tu m'as blessé le cœur. 3. Aria (Soprano 1) Salut à toi, cœur du plus grand des rois, je te salue d'un cœur joyeux, je me réjouis de t'étreindre et cela atteint mon cœur, inspire-le à te parler. 4. Aria (Soprano 2) Que ton amour se porte jusqu'à la moelle de mon cœur, ce cœur de pécheur et de roi, à l'endroit où ton cœur ravi se languit, frappé d'amour. 5. Aria (Basse) Avec la vive voix de mon cœur je crie : « cher cœur, puisque je t'aime, penche-toi vers mon cœur, afin qu'il puisse se coller contre toi, entièrement dévoué à toi. » 6. Concerto à trois voix (2 sopranes, 1 basse) : Tu m'as blessé le cœur, ma sœur fiancée, tu m'as blessé le cœur.

Composition

Membra Jesu nostri (en français « les membres de notre Jésus »), BuxWV 75, est un cycle de sept cantates composées par Dietrich Buxtehude, sur des poésies spirituelles du Moyen Âge, déplorant l'une après l'autre les plaies du Christ.

1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.

5,1–16 Je dors mais mon cœur veille

17e s.

Melchior Franck (1579-1639), Geistliche Gesäng und Melodeyen: No. 3, Ich schlafe, aber mein Herz wachet

Christoph Dittmar (dir.), Cantus Thuringia & Capella

© Licence YouTube Standard→, Ct 5,2

Composition

Melchior Franck est un compositeur allemand de la Renaissance tardive et du début de l'époque baroque. Il composa plus de quarante livres de motets, dont cette œuvre sur le Cantique des Cantiques: « Je dors, mais mon cœur veille ».