Urie est l’un des officiers de David, membre des « Trente » (2S 23,39 ; 1Ch 11,41) — en fait les trente-sept guerriers d’élite du roi. Il est qualifié de « Hittite », ce qui renvoie à l’époque de David aux petits royaumes néo-hittites de Syrie du Nord et aux peuplades dispersées dans l’ancien pays de Canaan.
Dans l’Ancien Testament
Le meurtre d’Urie le Hittite reste comme la seule faute commise par David durant son règne exemplaire (1R 15,5).
- Le personnage intervient dans le deuxième livre de Samuel (2S 11,1-26). Durant la guerre contre les Ammonites, David resté à Jérusalem tombe amoureux de Bethsabée (fille d’Eliam), la femme d’Urie alors mobilisé pour le siège de Rabba avec Joab. Suite à leur union, Bethsabée est enceinte. David pour éviter tout scandale fait revenir Urie à Jérusalem pour qu’il puisse passer une nuit avec sa femme et ainsi camoufler l’adultère, mais celui-ci par respect pour les rites guerriers, observe la continence et refuse de dormir dans sa maison. David fomente donc l’assassinat du mari trompé en demandant à Joab de le faire tuer par l’ennemi sur le champ de bataille. Après la mort d’Urie, et passée la période de deuil, David épouse finalement Bethsabée.
- Dieu, affecté par ce meurtre, envoie auprès de David le prophète Nathan qui réprimande le roi par parabole (2S 12,1-10) et qui lui prophétise la mort de l’enfant que porte Bethsabée (2S 12,11-14). Malgré la pénitence du roi, l’enfant meurt (2S 12,15-19) et David rend grâce à Dieu (2S 12,19-23).
- À la suite de l’accomplissement de la prophétie, et son acceptation par David, Rabba tombe aux mains des armées d’Israël (2S 12,26-31), et Bethsabée donne naissance à Salomon, son second enfant.
Dans le Nouveau Testament
Urie est cité par Matthieu dans sa →généalogie (Mt 1,6).
Dans la tradition rabbinique
Le roi David a un prestige tel que son péché pose question. On tente alors de le justifier, soit en disant qu'il n'a pas commis ce péché, soit en noircissant le personnage de Urie le Hittite, que l'on accuse de rebellion contre le roi. Ces passages montrent la latitude laissée aux rabbins pour interpréter le texte des Écritures :
- b. Šabb. 56a « Rav dit : Rabbi [Yehouda Hanassi], descendant de David, scrute et explique [l’Écriture sainte], pour disculper David. [Le verset dit :] Pourquoi as-tu méprisé la parole de l’Éternel, pour faire le mal ? [2S 12,9]. Cette mauvaise action [ainsi rapportée] est différente de toutes les autres mauvaises actions exprimées dans la Tora. Pour toutes les mauvaises actions rapportées dans la Tora, il est dit "Il fit", tandis qu’ici, il est dit "pour faire", ce qui signifie : "Il a voulu faire [le mal], mais ne l'a pas fait…" »
Une autre possibilité : en fait, Urie le Hittite, époux légitime de Bethsabée, n'est pas vraiment innocent. Il fait preuve d'insoumission :
- b. Qidd. 43a "Cela s’appliquera pour toi [David] comme "l’épée des fils d’Ammon" [2S 12,9] : tu ne peux être puni à cause de l’épée des fils d’Ammon, tu ne seras pas non plus puni pour [la mort d’] Urie le Hittite. Pour quelle raison ? Celui-ci se rebella contre la royauté, car il dit à [David] : et mon Seigneur Joab, et les serviteurs de mon Seigneur campent en rase campagne, et moi, j’irais à ma maison pour manger et boire, et coucher avec ma femme…" [2S 11,11. Urie prendrait ici pour prétexte le fait que ses compagnons sont en guerre pour refuser d'obéir aux ordres du roi qui lui commande d'aller retrouver sa femme. On peut aussi penser que Urie est désireux d'observer les lois de la guerre qui interdisent aux hommes combattants d'avoir des relations conjugales, cf. 1S 21,6].