La Bible en ses Traditions

Galates

« Ô Galates insensés : qui vous a fascinés vous sous les yeux de qui Jésus Christ a été affiché crucifié ! » (Ga 3,1) Sur un ton passionné, voire polémique, il réaffirme sa prédication afin d'empêcher la déformation et la dénaturation de ces éléments vitaux de la foi chrétienne. Les Galates, qui ne sont pas juifs, ont apparemment adopté des pratiques juives (la circoncision, par exemple) dans l'espoir d'obtenir leur salut.

Voici l'un des textes de l'Église primitive les plus influents à travers toute l'histoire du christianisme : les Réformés ont emprunté la dialectique de « la foi contre les œuvres » (déclinée en contrastes entre Loi et Évangile, chair et esprit, chair et promesse, Jérusalem présente et Jérusalem céleste), pour s'opposer au catholicisme et au judaïsme: « l'homme n'est pas justifié par les œuvres de la Loi mais par la foi de/en Jésus Christ » (Ga 2,16 ; 2,21 ; 3,2 ; 5,2). Cependant, bâtir toute une « théologie paulinienne » sur le sujet en se fondant sur ce seul texte, extrêmement polémique et adressé à des croyants d'origine non juive, reviendrait à oublier que dans l'épître aux Romains, Paul aborde les mêmes questions avec plus de nuances. Il n'a en effet jamais recommandé à des Juifs devenus croyants en Jésus, d'abandonner les pratiques de la Loi dans aucune de ses lettres.

Libérés par la grâce et non par la Loi
Pour répondre aux critiques de certains judaïsants, c'est-à-dire ceux qui cherchent à rétablir l'observance des préceptes mosaïques (Ga 5,2s) comme conditions de salut, Paul revisite l'histoire du salut et démontre que la Loi n'en constitue qu'une étape (Ga 3,23ss), ayant pour but de révéler à l'homme sa misère et de le conduire vers Dieu (Ga 3,19-22). Jésus accomplit le don de la grâce, promis à Abraham avant la Loi (Ga 3,16ss). Il existe deux alliances. Pour illustrer cette réalité, Paul utilise une allégorie : Agar et Sara. Agar symbolise la première alliance, celle de la servitude ; tandis que Sara représente la nouvelle alliance, celle de la liberté (Ga 4,21-31).
Le salut offert à tous

Les œuvres sont la preuve visible de la foi, mais elles découlent d’un don de l’Esprit (Ga 5,22-25) et non de la Loi : en effet, tous peuvent devenir enfants de Dieu (Ga 4,1-7). La foi et le baptême font participer chacun à la mort et à la résurrection de Jésus (Ga 3,26s) : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). Désormais, ce n’est plus sous le joug de la Loi, mais dans une obéissance filiale et confiante que tous sont invités à vivre.

TEXTE

Critique textuelle

Le texte de cette épître est bien établi : il y a peu de variantes, et celles-ci sont minimes.

Proposition de structure

Plusieurs mouvements structurent l’épître aux Galates :

De vives objurgations interrompent le récit : Ga 3,1-5 ; 4,8-20 ; 5,2-12.

Genres littéraires

Le genre de l’épître s'ouvre ici à la rhétorique apologétique : c'est une véritable défense et illustration de l'Évangile de Jésus-Christ que l'Apôtre rédige dans un contexte surdéterminé par la polémique.

CONTEXTE

Datation et circonstances

L'épître aux Galates forme un diptyque avec l'épître aux Romains : la première répond en hâte à une situation critique précise et la seconde argumente avec plus de méthode. Cette proximité entre les deux lettres invite à dater Galates avant Romains.

Avant le « Concile » de Jérusalem, dans les années 40 ?

Certains historiens identifient la deuxième visite de Paul à Jérusalem (Ga 2,1-10) à la deuxième visite évoquée dans les Actes des Apôtres (Ac 11,30 ; 12,25). Dans sa lettre, Paul semble ne pas avoir connaissance du décret de Ac 15,20.29 (cf. Ga 2,6) : cela indiquerait que son épître a été écrite avant ce qu'on a appelé le « concile de Jérusalem ». Il faut alors identifier les « Galates »  aux Lycaoniens et aux Pisidiens que Paul a convertis lors de son premier voyage. Cepedant, cette hypothèse semble douteuse pour deux raisons. D'une part, le terme « Galates » était encore couramment utilisé pour désigner les seuls habitants de la Galatie au 1er s. ap. J.-C., bien que ces régions aient été rattachées politiquement à la Lycaonie et à la Pisidie à partir de 36-25 av. J.-C.

Hypothèse d'une date plus tardive : vers 56 ou 57 ?

Il est possible de comprendre la deuxième visite à Jérusalem mentionnée dans les Galates (Ga 2,1-10) non pas comme la deuxième mais comme la troisième des Actes (Ac 15). Dans ce cas, la datation de l'épître aux Galates est plus tardive, et la lettre est rédigée après la réunion décisive de Jérusalem. L'absence de mention du décret pourrait s'expliquer par sa promulgation ultérieure (cf. Ac 15,1), ce qui justifierait aussi les actions de Pierre (Ga 21,1-14). Les Galates sont bien ceux que Paul évangélise lors de ses deuxième et troisième voyages (Ac 16,6 ; 18,23). On date alors la lettre de 56-57, avant l'épître aux Romains, ce qui explique aussi leur parenté.

Milieux de vie

Le contexte polémique de l'épître aux Galates renvoie à une situation de rivalités aiguës entre factions diverses du mouvement de Jésus : Paul semble s'opposer aux proches de Jacquesm pour qui l'observance de la Torah en tous ses préceptes, y compris la →circoncision, reste nécessaire.  

RÉCEPTION

Canonicité

L’appartenance de l’épître aux Galates au canon des Écritures est constante.

Importance traditionnelle

Outre les commentaires sur l’ensemble des épîtres de Paul (cités ci-dessus), l'épître aux Galates est aussi commentée, entre autres, par :

Sa doctrine, comme son style polémique enflammé, font de cette épître un enjeu important lors de la Réforme protestante. Luther (†1546) se plaît à la nommer « la fiancée de son âme ». Luther met en avant la doctrine de la justification par la foi, et s’oppose ainsi à deux fronts. Il lutte d'abord contre la théologie scholastique, professant l’égalité de l’Évangile et de la Loi, mais aussi contre les réformateurs de son temps qui séparent la lettre et l’esprit, la chair et l’esprit. Ainsi, Jean Calvin (†1564) voit l’homme comme composé d’une âme et d’un corps, et parle de l’âme comme de la partie la plus noble. Luther, lui, combat cette double séparation alexandrine entre corps et âme, mais aussi entre lettre et esprit.