La Bible en ses Traditions

Sophonie

« Silence devant la face du Seigneur Dieu, car proche est le jour du Seigneur ! » (So 1,7). Sophonie, l’un des →Prophètes mineurs, présente la restauration de Jérusalem dans un esprit d'espérance, comme un temps de joie pour Dieu et son peuple, après une période difficile de purification et de renouveau. Son livre est divisé en trois mouvements : le premier annonce la catastrophe qui s'abattra sur les hommes et la nature (So 1,2-2,3), le deuxième étend le jugement divin des  nations païennes jusqu'à Jérusalem et Juda (So 2,4-3,8), le troisième introduit une note d'espoir pour un « petit reste »(So 3,9-20).

Le thème central de la prédication de Sophonie est le « jour du Seigneur » (So 1,7.10.14), thème présent chez d'autres prophètes, notamment Amos (Am 5,18-20). Ce jour, décrit avec des traits sombres comme un jour de colère, d'angoisse et d'affliction (So 1,15-16), mettra fin à la méchanceté régnant sur la terre. Il secouera l'indifférence et le cynisme de ceux qui disent : «  — Le Seigneur ne fera pas de bien et il ne fera pas de mal » (So 1,12). Le Nouveau Testament déploie plusieurs facettes de ce « jour » : Lc 17,30 ; 1Co 1,8 ; 5,5 ; 2Co 1,14 ; Ph 1,6.10 ; 1Th 5,2 ; 2Th 2,2 ; 2P 2,12).

Mais au milieu de ces menaces et de ces annonces de châtiment, remarquable est l'exhortation du prophète aux humbles de ce monde : ils ont à rechercher le Seigneur, à agir avec justice et humilité, afin d'être épargnés de la colère imminente (So 2,3). Mieux encore, c'est l'espérance qui leur est ensuite annoncée lorsque le prophète déclare que Dieu purifiera son peuple des orgueilleux, pour laisser en lui des gens humbles et simples, qui mettront leur confiance dans le nom du Seigneur (So 3,11-12). 

De ce petit « reste », la « fille de Sion » est la figure emblématique. À la suite du l'évangéliste Luc, la tradition chrétienne y voit un type de la Vierge Marie :

TEXTE

Critique textuelle

Il faut noter quelques passages obscurs (So 2,1s.5s.14 ; 3,18), des gloses à caractère doctrinal (So 1,3 ; 3,5.8.10), d'autres qui permettent de voir l'existence de deux versions (peu divergentes) du texte (So 1,5 ; 2,2 ; 3,20), quelques petites difficultés textuelles. Les versions et une critique modérée permettent généralement d'atteindre une restauration assez probable.

Proposition d’une structure du livre

Quatre parties peuvent être identifiées :

Genres littéraires

Le livre de Sophonie est un oracle prophétique qui gravite autour de l’annonce du « Jour du Seigneur ». Les oracles (énoncés à la première personne du « Je » divin) se mêlent aux discours prophétiques (Yhwh nommé à la troisième personne). Des exhortations à la conversion, puis des promesses suivent les menaces. Enfin, le livre se conclut par un chant de jubilation qui reprend la même alternance entre une prescription de louange sur Dieu, puis une promesse de bonheur de Yhwh énoncée à la première personne.

CONTEXTE

Histoire et géographie

Après la conquête de Sennachérib, le royaume de Juda est sous le pouvoir de l'Assyrie, et troublé par les règnes de Manassé et Amon, les rois impies. Mais l'espoir d'un renouveau politique et religieux grandit avec l'affaiblissement des Assyriens.

Auteur et datation

Après la mention du nom du prophète – qui signifie « celui que le Seigneur cache (abrite) » – le livre débute par une généalogie jusqu’à la quatrième génération (ce qui est très inhabituel) (So 1,1) ; cela pourrait être le signe qu’il appartient à une famille de haut rang. Selon le titre de l'ouvrage, le ministère de Sophonie s'exerce sous Josias, 640-609, mais probablement avant sa réforme puisqu'il fustige les modes étrangères (1 8) et les cultes des faux dieux (1 4s), les ministres (So 1,8) sans évoquer le roi. Il a donc prêche probablement entre 640 et 630, avant la majorité de Josias et avant Jérémie. Il a sans doute vécu la prise de Ninive en 612, ainsi que, avec moins de certitude, les deux sièges de Jérusalem (597 et 587/586) et la prise de la ville.

Formation

Le noyau du livre se trouve en 1*. Puis viennent des ajouts à l'époque exilique, comme par exemple le titre (So 1,1), et à l'époque post-exilique, comme par exemple So 3,14-20.

RÉCEPTION

Canonicité

Neuvième des Douze Petits Prophètes, le livre de Sophonie suit celui d’Habaquq et précède celui d’Aggée dans le texte massorétique comme dans la Septante. Si le livre d’Habaquq est considéré comme visant l’assujettissement de Juda à Babylone en 605 et si le message d’Aggée porte sur la reconstruction du Temple au début de la période perse, alors, selon certains exégètes, les oracles de malheur de Sophonie concerneraient l’exil à Babylone.

Importance traditionnelle
Intertextualité

Le petit livre de Sophonie a une influence limitée, mais réelle, peut-être en raison de l'époque à laquelle il prêche.

Les contacts du Nouveau Testament avec le livre de Sophonie sont peu fréquents : ainsi lorsque l’évangile aborde le thème du « Jour du Seigneur », il cite les mots de Joël, et non ceux de Sophonie.

Exégèse juive antique

Les grottes de Qumrân donnent des fragments d'un Pesher de Sophonie : 1Q15 (= 1QpZeph) et 4Q170 (= 4QpZeph).

Postérité

A la fin du 2e s., une Apocalypse de Sophonie est attestée dans les Stromates (1.1) de Cyrille d’Alexandrie (†444), qui dépeint le voyage du prophète jusqu’au cinquième ciel où il rejoint l’assemblée des anges après avoir été spectateur du châtiment d’une âme pécheresse.

Exégèse chrétienne

Les commentateurs patristiques, grecs et latins, sont ceux donnés plus haut (voir les commentaires sur l’ensemble des douze petits prophètes). Chez les premiers auteurs chrétiens, le thème de la venue du Christ ne s’appuie généralement pas sur des « témoignages » tirés de Sophonie ;

Le livre est plus tard commenté, entre autres, par :

Liturgie chrétienne

Le premier vers du Dies irae reprend le début de So 1,15.