La Bible en ses Traditions

Fils de Dieu

Le titre scripturaire de « fils de Dieu »* ne désigne pas d'abord ni nécessairement une filiation de nature, mais métaphoriquement une filiation adoptive résultant d'un choix de Dieu, qui établit avec une créature des relations de protection ou d'intimité particulières. La révélation de Jésus de Nazareth vient finalement le garnir d'un nouveau sens propre, absolument inédit.

Dans la culture du Proche-Orient ancien : un titre royal et sacerdotal

« Fils de Dieu » est un titre donné aux hommes exerçant le pouvoir suprême (p. ex. Pharaon, souverain politique et religieux ; cf. →Royauté dans l'AT : idéal et applications). Ce n'est pas un signe de divinité, mais un titre de souveraineté. Que le monarque soit « fils de Dieu », garant terrestre de l’ordre de la création comprise selon la tradition cosmogonique locale, prêtre par excellence dont les actions dans le Temple à côté du palais garantissaient la prospérité du pays, constitue un cœur de croyances présent dans beaucoup de cités-États proche-orientales antiques. On retrouve cela jusque dans l’idéologie impériale romaine.

En Israël, après l’exil, la souveraineté est exercée par un monarque étranger, perse d’abord, puis égyptien, puis syrien, enfin romain ; et à Jérusalem, le pouvoir est partagé entre un grand prêtre héréditaire et un gouverneur nommé. Le titre « fils de Dieu » semble alors réservé à la fonction sacerdotale.

Dans l’AT

Des anges
Et des hommes

« Fils de Dieu » peut désigner :

au pluriel
au singulier

Dans le NT, spécialement dans Mt

Le diable au désert (Mt 4,3.6) et les railleurs au pied de la croix (Mt 27,40.43) opposent la gloire royale et l’humble service dans la souffrance, mais Jésus accomplit les deux.

Avant la résurrection, accomplissement de la titulature ancienne : « fils de Dieu » en tant que messie davidique prophétisé

Dans Mt, le titre de « fils de Dieu » est souvent lié aux pouvoirs surnaturels de Jésus. Cependant :

Mais l’expression « fils de Dieu » restait ouverte à la signification plus haute d’une filiation proprement divine. Jésus peut l’avoir suggérée à propos de sa prière ou de sa parole,

Ces déclarations, relayées par des suggestions sur le rang divin du messie (Mt 22,42-45) et l’origine céleste du →fils de l’homme, orientent l’expression « fils de Dieu » vers un sens eschatologique (cf. →Autorité de Jésus durant son ministère). 

Après la résurrection, un contenu radicalement nouveau : Fils de Dieu par nature ?

La paradoxale expérience de Pâque, où le titre de gloire est conféré au cœur de la souffrance (Rm 5,10 ; 8,32 ; Ga 2,20), apporte au titre de « fils de Dieu » des connotations inouïes. La confession de la résurrection a des répercussions immédiates sur la compréhension de la « filiation » de celui qui est ressuscité. Paul lie le titre à la résurrection par Dieu de « son Fils, issu de la lignée de David selon la chair, manifesté Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par une résurrection d'entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 1,3-4 ; cf. 1Th 1,10 ; 2Tm 2,8). Jésus n’est plus seulement « fils » sous l’angle de l’accomplissement messianique ; le voilà « Fils » en tant que Seigneur, porteur du nom même de Seigneur :

Rétrospectivement, les évangélistes font remonter cette filiation : à la transfiguration de Jésus (Mt 17,5 ; Mc 9,7 ; Lc 9,35) ; à son baptême (Mt 3,17 ; Mc 1,11 ; Lc 3,22) ; à sa conception (Lc 1,32.35) et même à sa préexistence (qui n'était certes pas absente de l'esprit de certains interlocuteurs de Jésus, dès le temps de son ministère, pour peu qu'ils aient été conscients des spéculations sur les →protoctistes, entités originaires de la création ?) :

→Jésus Fils de Dieu : du symbolisme juif au dogme chrétien

Conclusions

Du Fils de Dieu aux fils de Dieu

La résurrection renforce aussi le sens eschatologique de la filiation divine :

De la résurrection à l’incarnation

Ainsi, c'est la résurrection qui révèle le contenu le plus profond de l’expression « fils de Dieu » : elle désigne le Fils éternel du Père. Elle permet l’éclosion d’une théologie de l’incarnation (→Christologie orthodoxe) : de l’envoi du Fils-Verbe (venu d’auprès du Père en notre chair) à sa mort et sa résurrection, par laquelle il restaure radicalement son œuvre et confère aux hommes l’adoption filiale.

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* On écrira