La Bible en ses Traditions

Psaumes 147,15–2

Texte

Genres littéraires

1–20 Hymne au Tout-Puissant Le poète célèbre en Dieu le libérateur d'Israël, le Créateur, l'ami des « pauvres ».

Réception

Comparaison des versions

1–20 M | G V Disposition du texte et numérotation des psaumes La tradition hébraïque (M), dont on suit ici la numérotation, ne voit ici qu'un psaume unique, mais plusieurs versions, dont G et V, coupent ce Ps en deux au v.12 (v.1-11 et v.12-20).

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3 V—IUXTA HEBR.

  • Il guérit ceux qui ont le cœur brisé | et il panse leurs blessures.

4 V—IUXTA HEBR.

  • Lui qui compte la multitude des étoiles | il les appelle toutes par leur nom.

5 V—IUXTA HEBR.

  • Grand est notre Seigneur, immense sa force incalculable son intelligence.

6 V—IUXTA HEBR.

  • Le Seigneur soutient les doux | il abaisse les méchants jusqu'à terre.

7 V—IUXTA HEBR.

  • Entonnez pour le Seigneur l'action de grâces | jouez pour notre Dieu sur la cithare !

8 V—IUXTA HEBR.

  • Lui qui couvre les cieux de nuages | et fournit la pluie à la terre | et fait croître l'herbe sur les montagnes.

9 V—IUXTA HEBR.

  • Il donne aux bêtes leur pâture | aux petits du corbeau quand ils crient.

10 V—IUXTA HEBR.

  • Ce n'est pas la vigueur du cheval qu'il agrée | ni les jarrets de l'homme qui lui plaisent

11 V—IUXTA HEBR.

  • Le Seigneur se plaît en ceux qui le craignent | et en ceux qui attendent sa miséricorde.

12 V—IUXTA HEBR.

  • Jérusalem, loue le Seigneur | Sion, chante ton Dieu.

13 V—IUXTA HEBR.

  • Car il a renforcé les verrous de tes portes | il a béni tes fils au milieu de toi

14 V—IUXTA HEBR.

  • Il a établi la paix à tes frontières | il t'a rassasié de la fleur du froment.

15 V—IUXTA HEBR.

  • Il envoie sa parole à la terre | rapide court sa parole.

Liturgie

1–20 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Ce psaume est récité lors de l'office dit des zemirot, suite de psaumes formant la seconde partie de l'office journalier du matin.

1–20 Il a été offert Antienne

« Oblatus est »

Traditionnel, Jeudi Saint - Laudes : Antienne « Oblatus est » et Psaume 146

(CD, 2007) Dom Jean Claire, chœur des moines de l'abbaye de Solesmes

© Abbaye de Solesmes→, Ps 147

12s Loue le Seigneur, Jérusalem - Offertoire

« Lauda Jerusalem »

Traditionnel, Offertoire - Lauda Jerusalem

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ps 147,12s

Pièce d'offertoire chantée pour la Messe votive de Saint Joseph.

Histoire des traductions

3

  • Levinas Nations « Celui qui guérit les cœurs brisés et panse leurs douloureuses blessures » (133).

4

  • Levinas Nations « détermine le nombre des étoiles et à elles toutes attribue des noms » (133).

Littérature

15–20 parole  + discours + neige, givre, cristal + verbe + justices et jugements  (V) : FRANÇAIS BIBLIQUE Du Verbe aux verbes et réciproquement : dimension cosmique du langage Le psalmiste observe une continuité :

  • depuis les météores, qu'il imagine symboliquement sortis de la bouche de Dieu comme une parole (eloquium) ou un discours (sermo) Ps 147,15 — ce qui rappelle le Psaume 19, qui parle du langage et du savoir énigmatiques proférés sans mot par le Créateur à travers toute la création : cf. Ps 19,3, et compréhensibles au-delà de toute langue : Ps 19,4) ;  
  • jusqu'à la Tora, texte oral et écrit révélé à travers Moïse sous forme de décisions de justice et de préceptes clairs et distincts, ici désignée comme verbe  envoyé à Jacob (Ps 147,19-20, cf. Ps 19,8-10). 

Cette mise en série des Écritures et des météores peut être justifiée poétiquement par l'étymologie, réelle ou imaginée a posteriori. En effet, la tradition rabbinique fait dériver le substantif Tora (« précepte, enseignement, loi »), de la racine יָרָא [yara], signifiant en usage intransitif : couler, pleuvoir ; transitif : lancer, tirer (p. ex. une flèche), et figuratif : indiquer (comme en pointant le doigt), enseigner. Le psalmiste invite à percevoir la Loi elle-même comme une espèce de météore, en continuité profonde avec l'ensemble de la création : tout sort de la bouche de Dieu.

En V, le mot verbum  symbolise au mieux cette continuité qui va du Verbe divin ineffable aux verba humains de la Tora en passant par la parole divine ineffable rayonnant à traavers les créatures. C'est d'ailleurs verbum qui apparaît, tout comme le mot spiritus, à mi chemin entre un sens cosmique et un sens scripturaire en Ps 147,18, juste avant d'être employé pour désigner la Tora au verset suivant Ps 147,19.  

Du latin ...

Le nom verbum, omniprésent dans les Écritures, signifie « mot, énoncé, parole(s) » et beaucoup plus encore. Il assume les significations de dabar et de logos, cristallisant la méditation sur la présence d'un « langage » transcendant avec le Créateur, participé dans la création. Cet usage culmine dans le Nouveau Testament pour désigner le mystère personnel de Jésus-Christ (cf. V—Jn 1,1.14.17). 

L'expression verbum Domini, en particulier, crée donc un fil continu de révélation christique, de livre en livre. Pour les scribes latins : elle dénote non seulement les paroles attribuées à Dieu, mais aussi Jésus-Christ comme ce Verbe ultime ; elle connote donc aussi sa prééxistence, dans des proportions et selon des participations difficilement déterminables.

... au français

CNRTL →:

  • En littérature, un verbe peut encore signifier un énoncé, une parole ou une suite de paroles : Paul VerlaineSagesse, (OC. vol. I), Paris : Vanier, 1902 : « Aime-moi ! Ces deux mots sont mes verbes suprêmes » (238).
  • En philosophie, l'analyse du langage depuis l'antiquité grecque distingue entre « verbe intérieur » (espèce de parole sans mot non déterminée entièrement par une langue particulière, conçue par tout esprit qui pense) et « verbe extérieur » (parole exprimée avec des mots). 
  • En théologie, le Verbe est la Parole divine adressée aux hommes, Dieu lui-même incarné en sa deuxième Personne en Jésus-Christ. 

Autant que possible, nous traduisons donc verbum par « verbe », le plus souvent sans majuscule, parfois avec.

Drapeau de la francophonie→ © Domaine public

Musique

12–20 Lauda Jerusalem

18e s.

Antonio Vivaldi (1678-1741), Lauda Jerusalem, 1720

Rinaldo Alessandrini (dir.), Concerto italiano, Gemma Bertagnolli & Roberta Invernizzi

© Licence YouTube standard→, Ps 147,12-20

Paroles

Lauda, Jerusalem, Dominum: Lauda Deum tuum, Sion. Quoniam confortavit seras portarum tuarum, benedixit filiis tuis in te. Qui posuit fines tuos pacem, et adipe frumenti satiat te. Qui emittit eloquium suum terrae, velociter currit sermo eius. Qui dat nivem sicut lanam, nebulam sicut cinerem spargit. Mittit crystallum suam sicut bucellas: ante faciem frigoris eius quis sustinebit? Emittet verbum suum, et liquefaciet ea; flabit spiritus eius, et fluent aquae. Qui annuntiat verbum suum Jacob, iustitias et iudicia sua Israel. Non fecit taliter omni nationi: et iudicia sua non manifestavit eis. (Ps 147,12-20) Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in saecula saeculorum. Amen.

Compositeur

Antonio Lucio Vivaldi est un violoniste et compositeur italien. Il était également prêtre de l'Église catholique. Vivaldi a été l’un des virtuoses du violon les plus célèbres et les plus admirés de son temps ; il est également reconnu comme l’un des plus importants compositeurs de la période baroque, en tant qu'initiateur principal du concerto de soliste, genre dérivé du concerto grosso. Son influence, en Italie comme dans toute l’Europe, a été considérable, et peut se mesurer au fait que Bach a adapté et transcrit plus d’œuvres de Vivaldi que de n'importe quel autre musicien. Aujourd’hui, certaines de ses œuvres instrumentales et notamment les quatre concertos connus sous le titre « Les Quatre Saisons » comptent parmi les plus populaires du répertoire classique.