Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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15 C’est peut-être la raison pour laquelle il a été séparé pour une heure, afin que tu le récupères pour l'éternité
16 non plus comme esclave, mais mieux
Splus qu’un esclave :
comme un
Smon propre frère bien aimé.
Byz V TR NesIl l’est grandement pour moi
combien plus le sera-t-il pour toi, et dans la chair et dans le Seigneur !
17 Si donc tu me tiens comme un compagnon
Ses un compagnon pour moi
accueille-le comme moi-même.
1–25 Supplique d'un apôtre devenu pater familias
À son accoutumée, Paul profite de l’adresse pour transmettre une bénédiction aux destinataires de l’épître : Genres littéraires Phm 1,1ss.
L’épître est l’occasion de féliciter Philémon de sa foi et de sa charité, qui provoquent joie et consolation à l’Apôtre : Genres littéraires Phm 1,4–7. Elle est mobilisée au service de l'argumentation de Paul : il rappelle que la communion dans la foi ne peut rester une simple adhésion intellectuelle mais doit s’épanouir dans une réflexion éthique (la connaissance du bien qui est en nous pour le Christ) et de véritables actions (la charité qui produit le réconfort).
L’essentiel du corps de l’épître est consacré à la requête de Paul. Tout en affirmant laisser Philémon libre de son choix (v.8), l’Apôtre présente divers arguments pour le convaincre de recevoir Onésime sans le punir. Paul présente ainsi sa demande : que Philémon ne tienne pas rigueur à Onésime de s’être enfui de chez lui pour se réfugier chez Paul. En effet, converti par Paul et devenu chrétien, il est bien plus que le simple esclave de son maître : il est comme son propre frère.
L’épître se clôt par l’assurance d’être entendu de Philémon (v.20-21), une promesse de voyage (v.22), un échange de salutations de la part des collaborateurs de Paul (v.23-24) et une bénédiction finale (v.25) : Genres littéraires Phm 1,20–25.
On peut se lancer dans des considérations de morale sociale (Théologie Phm 1,12), peut-être anachroniques (Milieux de vie Phm 1,16a) ; on peut aussi être sensible à la subtilité des relations humaines tissées par Paul.
Deux thèmes sont à l’œuvre : la prison et les entrailles (le cœur : Milieux de vie Phm 1,7b.12b.20b). Ils construisent une figure subtile d’autorité de l’Apôtre, qui apparaît à la fois comme un modèle de souffrance pour la foi et comme un modèle de paternité. Paul devient pater familias de Philémon et d’Onésime, qui sont maintenant frères (c.-à-d. la paternité de Philémon est relativisée). Plutôt que de faire appel à son autorité apostolique (v.8), Paul préfère se présenter comme un père et comme une victime (v.9).
Il le fait avec une tendre ironie (Procédés littéraires Phm 1,8s), feignant la négociation commerciale (Milieux de vie Phm 1,19ab), multipliant les arguments jusqu’aux limites de la préciosité (comme le jeu de mots sur le nom de l'esclave : Procédés littéraires Phm 1,10b.11b ; Procédés littéraires Phm 1,20a), comme s'il ne voulait pas imposer sa volonté, malgré son insistance (Phm 20-21) et alors qu'il rappelle à Philémon qu'il ne lui doit rien moins que... lui-même : Procédés littéraires Phm 1,19c !
15 il a été séparé pour une heure afin qu’éternel, tu le récupères Chiasme On peut comprendre : « il a été séparé pour un temps afin que tu le récupères pour l’éternité », mais la construction rendue par la traduction souligne le contraste entre le caractère transitoire et fragile de sa vie ancienne (« une heure ») et la profondeur de sa condition nouvelle de frère dans la foi (« éternel »).
16d et dans la chair et dans le Seigneur Idiolecte paulinien : formules figées Paul oppose comme à son habitude « la chair » (le monde apparent et souvent pécheur, dans lequel l’homme se meut) et le monde spirituel. Aux liens sociaux entre l’esclave et le maître se sont superposés des liens spirituels, une fraternité dans le Seigneur.
16a esclave romain Comme toutes les sociétés antiques, la société des provinces de l’Empire romain était fortement hiérarchisée et connaissait l’esclavage.
On pouvait devenir esclave de multiples façons : beaucoup étaient des prisonniers de guerre, d’autres étaient ‘razziés’ par des chasseurs d’esclaves, certains étaient jetés dans la servitude pour dette ; il y avait enfin l’immense population des enfants d’esclaves.
La condition réelle des esclaves dans l’Antiquité variait selon les circonstances. Si certains esclaves étaient soumis à de rudes travaux manuels, beaucoup travaillaient comme domestiques chez des maîtres compréhensifs et devenaient amis de la famille. Les lettres privées révèlent souvent des relations d’affection et de quasi-égalité. Enfin, certains esclaves recevaient une excellente éducation, instruisaient les enfants, géraient les domaines, servaient de secrétaires aux maîtres. Pour la législation grecque et romaine, le statut d’esclave est souvent rapproché de celui de fils.
Onésime semble être un esclave domestique. Le v.18a a suggéré à quelques interprètes qu’il se soit enfui auprès de Paul après avoir volé son maître. Théologie Phm 1,12 ; →Serviteurs et esclaves chez Paul
16ad frère + dans la chair — Consanguinité ? Selon les coutumes de l’époque, il n’est pas impossible qu’Onésime soit le demi-frère de Philémon, né d’une esclave au même père. →Serviteurs et esclaves chez Paul
15 il a été séparé pour une heure Avis de recherche Les cas d’esclaves en fuite étaient fréquents, comme le prouve un avis de recherche datant du 2e s. avant notre ère :
1–21 Deuxième lecture du 23e dimanche du TO, année C
Phm 1-21 est précédé ou bien de Jr 18,1-18 ; Ps 139,1-6.13-18 ou bien de Dt 30,15-20 ; Ps 1 ; et suivi par Lc 14,25-33.
Phm 9b-10.12-17 est précédé de Sg 9,13-18b ; Ps 90,3-6.12-14.17 et suivi par Lc 14,25-33.
Le rappel à Philémon de considérer Onésime maintenant comme un frère et non plus comme son esclave prépare l’enseignement de Jésus qui invite dans l’évangile ceux qui veulent le suivre à renoncer aux biens matériels. La requête de Paul à Philémon se comprend alors comme le cas particulier d’un enseignement biblique plus général.
7–20 Lectionnaire quotidien romain
Ce texte se lit avec Lc 17,20-25, où l’enseignement de Jésus sur la venue du fils de l’homme, qui doit souffrir et être rejeté par les hommes, a un lien ténu avec la situation critique d’Onésime.
15 la raison Un mal tourné en bien
16bd un frère + dans la chair et dans le Seigneur — Enfant de Dieu et de Philémon
17b comme moi-même Les esclaves Paul et Onésime