Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Écoutez Mdonc ce que dit Yhwh
Vle Seigneur :
— Lève-toi, engage un procès devant
Vcontre les montagnes
et que les collines entendent ta voix !
1 ...
2 Écoutez, montagnes, le procès de YHWH, et vous, solides fondements de la terre,
car YHWH est en procès avec son peuple,
et veut entrer en débat avec Israël.
2 ...
2 Que les montagnes écoutent le jugement du Seigneur, et les solides fondements de la terre,
car il y a jugement du Seigneur avec son peuple,
et le différend sera tranché en justice avec Israël.
3 Mon peuple, que t’ai-je fait ? Et en quoi t’ai-je fatigué
Vété pénible ? Réponds-moi.
3 ...
4 Car je t’ai fait monter de la terre d’Égypte,
et je t'ai racheté
Vlibéré de la maison des esclaves,
et j’ai envoyé devant ta face Moïse, Aaron et Miryam
VMarie.
4 ...
5 Mon peuple, souviens-toi donc
V, je t'en prie, de ce que méditait Balaq
VBalac, roi de Moab,
et de ce que lui répondit Bilam,
VBalaam, fils de Béor,
de Shittim
VSettim jusqu’à Gilgal,
VGalgala,
pour connaître
Vqu'il connaisse les justes œuvres de YHWH.
Vdu Seigneur.
5 ...
6 Avec quoi me présenterai-je devant Yhwh,
me prosternerai-je devant le Dieu d'en haut ?
Me présenterai-je devant lui avec des holocaustes, avec des veaux d’un an ?
6 ...
6 Qu'offrirais-je au Seigneur qui soit digne de lui ?
Fléchirais-je le genou devant le Dieu très haut ?
Lui offrirais-je des holocaustes et des veaux d'un an ?
7 Yhwh agréera-t-il des milliers de béliers, des myriades de torrents d’huile ?
Donnerai-je mon premier-né pour ma faute,
le fruit de mes entrailles, pour le péché de mon âme ?
7 ...
7 Le Seigneur peut-il être apaisé avec mille béliers, ou avec mille boucs engraissés ?
Donnerai-je mon premier-né pour ma faute,
le fruit de mes entrailles, pour le péché de mon âme ?
8 On t’a fait
VJe te ferai connaître, ô homme, ce qui est bon et ce que YHWH
Vle Seigneur demande de toi :
c’est de pratiquer la justice, d’aimer la tendresse
Vmiséricorde
et de
Vd'être soucieux à marcher Mhumblement avec ton Dieu.
8 ...
9 La voix de YHWH
Vdu Seigneur crie vers la ville,
et ton nom verra le succès :
Vceux qui craignent ton nom auront le salut :
— Écoutez, tribu, et celui qui l'a établie.
Vtribus, mais qui approuvera cela ?
9 La voix du Seigneur sera invoquée dans la ville
et il sauvera ceux qui craignent son nom :
— Écoute, tribu, qui donc ordonnera la ville ?
9 ...
10 Y a-t-il encore dans la maison du méchant des trésors iniques, et un épha trop petit et maudit ?
10 ...
10 Les trésors de l'iniquité sont encore un feu dans la maison de l'impie, et la mesure trop petite est pleine de colère.
11 Serais-je pur avec des balances injustes
VPourrais-je rendre justes une balance impie, et des poids truqués dans le sac ?
11 ...
12 [Ville] dont
VEt parmi eux, les riches sont pleins de violence,
Vd'iniquité,
et ses habitants
Vles habitants dans cette ville profèrent
Vdisaient le mensonge,
et leur langue est tromperie
Vétait trompeuse dans leur bouche.
12 ...
13 Alors moi, je t'ai rendue malade en te frappant, en te dévastant, à cause de tes péchés.
13 Et
SEn vérité je commencerai par te frapper, et je te ferai disparaître, à cause de tes péchés.
13 Alors moi, je me suis mis à te frapper à mort, à cause de tes péchés.
14 Et toi, tu mangeras sans te rassasier,
et ta faim
Vton humiliation sera au-dedans de toi,
tu mettras de côté
Vsaisiras et tu ne sauveras pas
et ce
Vceux que tu sauveras, je le
Vles livrerai au glaive.
14 ...
15 Toi, tu sèmeras et tu ne moissonneras pas,
toi, tu fouleras l’olive et tu ne t’oindras pas d’huile
et tu fouleras le moût et tu ne boiras pas le vin.
15 ...
16 Il se garde
GTu as gardé les ordonnances d’Omri, et toutes les pratiques de la maison d’Achab,
et vous avez marché d’après leurs conseils
afin que je vous livre à la destruction,
Gdisparition,
et ses habitants au sifflement [des railleurs]
et vous portiez
Grecevrez l’opprobre de mon peuple.
Gdes peuples.
16 Tu as gardé les ordonnances d’Amri et toute l'œuvre de la maison d’Ahab [Achab],
et tu as marché selon leurs volontés,
si bien que je te livre à ta perte,
et ceux qui y habitent au sifflement des railleurs,
et vous porterez l’opprobre de mon peuple.
16 ...
7,1 Malheur à moi, car je suis comme aux récolte d’été, comme au grappillage de la vendange,
il n'y a pas une grappe à manger.
Mon âme désirait des prémices.
1 ...
1 Malheur à moi, car je suis devenu comme celui qui réunit en automne les raisins de la vendange :
il n'y a pas une grappe à manger.
Mon âme a désiré des figues précoces.
7,2 Le pieux
Vsaint a disparu de la terre,
et il n’y a pas un être droit parmi les hommes.
Tous sont en embuscade pour répandre le sang,
chacun chasse son frère au filet
Vl'homme chasse son frère jusqu'à mort .
2 ...
7,3 Pour complaire aux mains [qui agissent] pour le mal,
le prince demande, le juge [demande] sa récompense
et le grand exprime le désir de son âme, lui, et ils le tordent.
3 ...
3 Ils appellent bien le mal fait par leurs mains.
Le prince exige et le juge est à vendre,
un grand a exprimé le désir de son âme, et ils ont bouleversé la terre.
7,4 Le meilleur d’entre eux est comme une ronce,
le [plus] droit, [pire] qu'une haie [d'épines]
Vet celui qui est droit, est comme l'épine d'une haie.
Le jour [annoncé] par tes guetteurs,
Vde ta tour de garde,
ton châtiment est venu
Vvenu en visite.
Maintenant, c'est leur confusion
Vce sera leur dévastation.
4 ...
7,5 Ne crois
Vcroyez pas en un ami,
ne te fie
Vvous fiez pas à un intime
Vchef,
devant celle qui repose sur ton sein, garde les portes de ta bouche.
5 ...
7,6 Car le fils fait outrage à son père,
la fille se dresse contre sa mère,
la belle-fille contre sa belle-mère.
Chacun a pour ennemis
VLes ennemis d'un homme sont les gens de sa maison.
6 ...
7,7 Mais moi, je regarderai vers YHWH,
Vle Seigneur,
j'espérerai dans le Dieu de mon salut,
Vj'attendrai en Dieu mon sauveur,
mon Dieu m’entendra.
7 ...
7,8 Ne te réjouis pas à mon sujet, ô mon ennemie.
Si je suis tombée, je me relèverai.
Si je suis assise dans les ténèbres, YHWH est ma lumière.
8 ...
8 Ne te réjouis pas à mon sujet, ô mon ennemie,
parce que je suis tombée, je me relèverai,
quand je serai assise dans les ténèbres, le Seigneur est ma lumière.
7,9 La colère de YHWH
Vdu Seigneur, je la porterai, puisque j’ai péché contre lui,
jusqu’à ce qu’il prenne en main
Vjuge ma cause et qu’il établisse mon droit
Vrende son jugement pour moi.
Il me fera sortir à la lumière,
je contemplerai sa justice
Vverrai dans sa justice.
9 ....
7,10 Que mon ennemie la voie
VEt mon ennemie verra, et la honte la couvrira,
elle qui me disait
Vdit : — Où est Yhwh
Vle Seigneur ton Dieu ?
Mes yeux la verront,
maintenant, elle sera foulée aux pieds comme la boue des rues
Vplaces.
10 ...
7,11 Le jour de rebâtir tes murs,
ce jour-là sera reculée [ta] frontière.
Ven ce jour-là, ta loi s'étendra au loin.
11 ...
7,12 Ce jour-là, on viendra jusqu’à toi, de l’Assyrie
Vl’Assur viendra jusqu’à toi
et des villes d’Égypte,
Vjusqu'au villes fortifiées,
et de l’Égypte
Vdes villes fortifiées jusqu’au fleuve,
de la mer à la mer, et la montagne de
Vde la montagne à la montagne.
12 ce jour-là : même tes villes seront réduites en plaine, et au partage des Assyriens,
et tes villes fortes au partage de Tyr, jusqu'au fleuve de Syrie,
jour d'eau et de confusion.
12 ...
7,13 La terre deviendra désert, à cause de ses habitants, pour fruit de leurs actions
Vpensées.
13 ...
7,14 Pais ton peuple avec ta houlette, le troupeau de ton héritage,
qui habite solitaire, dans la forêt au milieu du Carmel.
Qu’ils paissent en Bashn
VBasan et en Giléad
VGalaad, comme aux jours anciens.
14 ...
7,15 Comme au jour où tu sortis
Vde ta sortie de la terre d’Égypte,
je lui ferai voir des merveilles.
15 ...
7,16 Les nations le verront, et auront honte en dépit de toute leur force.
Elles mettront la main sur la bouche,
leurs oreilles seront assourdies.
16 ...
7,17 Elles lécheront la poussière comme le serpent.
Comme les [bêtes] rampantes
Vreptiles de la terre, elles frémiront
Vseront chassées du fond de leurs forteresses
Vmaisons.
Devant YHWH elles trembleront, et elles te craindront
VElles désireront le Seigneur notre Dieu, et elles auront peur de toi.
17 ...
7,18 Quel Dieu est semblable à toi, qui enlèves l’iniquité
et qui passes sur le crime
Vle péché du reste de son
Vton héritage ?
Il ne fait pas pour toujours prévaloir
Vn'enverra plus sa colère
Vfureur, car il se plaît, lui, à la tendresse
Vveut la miséricorde.
18 ...
7,19 Il aura encore pitié de nous,
il foulera aux pieds
Vdéposera nos iniquités,
et vous jetterez
Vjettera au fond de la mer tous leurs
Vnos péchés.
19 Il reviendra et aura pitié de nous,
il submergera nos iniquités,
et jettera aux profondeurs de la mer tous nos péchés
19 ...
7,20 Tu donneras à Jacob la fidélité
V vérité, à Abraham la tendresse
Vmiséricorde,
que tu as jurées à nos pères dès les jours anciens.
VICI FINIT LE PROPHÈTE MICHÉE
20 ...
6,1–4 mon peuple que t'ai-je fait Réappropriation christologique de l'oracle : Impropères de l’Office de la croix contre hymne d’action de grâces Dayenu, une polémique judéo-chrétienne Durant l’après-midi du Vendredi saint a lieu la grande synaxe de l'→Adoration de la croix, dont l’origine remonte à la présentation à Jérusalem des →Reliques retrouvées par l'impératrice Hélène. Chantée au cours de cette cérémonie, une pièce grandiose énumère de douze façons différentes, le crime du « peuple » (juif) ingrat envers son Dieu. La contradiction avec une pièce, non moins saisissante, de la Haggadah de la Pâque juive, mais qui à l'inverse s'extasie devant les bienfaits surabondants du Seigneur, conduit à s'interroger sur leurs relations.
C'est une succession de « reproches » (en latin improperia) de Dieu incarné à son peuple qui Lui inflige les opprobres de la passion en guise d’action de grâce pour toutes les faveurs accordées depuis sa libération de la servitude en Égypte. Dans ce texte, après une reprise de la voix de Dieu en Mi 6,3, Jésus semble, du haut de sa croix, parler à son peuple, décrivant son activité au milieu de lui avant même son incarnation, selon une conception originelle des écrivains du NT, encore vivante chez →1, 62-63 Apol. ; → Dial.127 : c’est déjà le Fils qui parlait à Moïse dans le buisson et aux prophètes).
Le poème complet est daté du 8e s. (ils rappellent certains tropaires des liturgies syrienne et byzantine), répandu aux 11e-12e s., intégré à l’Ordo romain au 14e s.
Apparurent en premier trois Grands Impropères d’origine byzantine, dans le Sud de l’Italie, ponctués du Trisagion en grec et en latin (invocation à la pitié du Dieu saint, Fort et Immortel).
Y furent ajoutés neuf Petits Impropères ponctués non plus de l’imploration doxologique mais du refrain « Popule meus » (Mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je contristé ? Réponds-moi !) qui revient donc dix fois comme autant de reproches au peuple .
Chacun des douze Impropères consiste à mettre en opposition les douze bienfaits dont le peuple juif a été gratifié lors de l’exode et les douze méfaits qui ont frappé Jésus lors de la Passion à cause du même peuple juif.
Le texte (→Grad. 176-181) est un centon biblique mêlant prophéties anciennes et récit de la passion, amplifiant la lamentation de Jésus sur Jérusalem en Lc 19,41-44. Le chœur énumère la liste des bienfaits de Dieu durant l’Exode, l’assemblée répond en implorant la miséricorde du « Dieu saint, Dieu fort, Dieu immortel » — mot à mot : Saint Dieu, Saint fort, Saint immortel (trisagion), en langue vernaculaire, latin et grec.
La mélodie grégorienne du refrain (Popule meus… dans la seconde partie : →MR 325-326) d’abord grave monte doucement, par degrés conjoints, puis par intervalles plus marqués, expressifs de la souffrance de l’âme du Christ, pour retomber lourdement sur la tonique, et se terminer par une mise en demeure à la créature : Responde mihi ! (« Réponds-moi ! »).
Les mots grec athanatos et latin immortalis ont un sens et une mélodie identiques, mais le choeur les traite différemment en fonction de la différence de position de la syllabe accentuée dans le mot.
Pièce d’une grande puissance émotionnelle, elle a parfois été accusée d’avoir entretenu un antijudaïsme radical dans le monde chrétien, en accablant l’ensemble du « peuple » de reproches d’ingratitudes. — Et ce d’autant plus, que les Impropères semblent inverser une hymne de la liturgie juive.
Le rituel du séder de la Pâque juive (Haggadah) contient une hymne d’action de grâce qui énumère les bienfaits dont Adonaï a comblé son peuple en les ponctuant du refrain qui lui a donné son titre : Dayenou, « cela seul nous aurait suffi ! »
C’est une cascade de gratitude du peuple d’Israël envers son Dieu :
Ce texte est connu par un manuscrit du 10e s. mais pourrait être d’origine plus ancienne, tant la tradition juive depuis les Ecritures du retour d’Exil (Ne 9,8-24) s’est plue à reprendre des thèmes et des rhétoriques semblables.
On pourrait être tenté de voir dans les Impropères l’inversion un peu odieuse d’une admirable action de grâce humaine, Dayenu, en volée de reproches divins. Mais la réalité historique est sans doute plus complexe.
Mi 6,1-4 : Dieu intente à son peuple un procès en ingratitude le refrain « Mon peuple, que t’ai-je fait ? » est emprunté à ce passage ; semblablement le chant de la vigne en Is 5,1-7, ou la menace au peuple de ne plus être appelé « mon peuple » en Os 1-2 ; 14 (cf. Ne 9,6-37 ; Ps 78 ; 106 ; Jr 2,5-13 ; Os 11,1-7 ; 13,4-6 ; Am 2,6-16).
Il qui présente des parallèles antithétiques entre bienfaits divins et ingratitude humaine :
P. ex. la qinah de l’office du 9 Av :
Plus généralement, le judaïsme rabbinique porte l’idée d’une mystérieuse correspondance entre transgression et châtiment (middâ kᵉneged middâ « mesure pour mesure » ; cf. Mt 7,2; →Jub. 4,32).
→Ac. Pil. 9 montre Pilate, campé en innocent et crypto-chrétien, reprochant aux Juifs qui l’accusent de ne pas être ami de César de persévérer dans leur ingratitude à l’égard de leurs bienfaiteurs : Dieu jadis au désert, comme le gouverneur romain à cet instant.
→ 96 développe des antithèses entre les Juifs célébrant confortablement la Pâque pendant que Jésus souffre et meurt en croix (autres parallèles avec la Haggada : 46 la question sur le jour Pascha ; 68 le passage de la nuit à la lumière ; 80 allongés sur vos divans moëlleux ; 93 herbes amères).
,→ dans son Sermon 28 sur Fr.Ps 16,1= G-15,1, place la phrase « Garde-moi, Seigneur, mon espoir est en toi » dans la bouche de Jésus et l’amplifie en une suite de rappels des bienfaits que le Christ a réalisés pour son peuple, depuis la délivrance d’Égypte jusqu'à la fin de l’Exode. Les ingrats ne sont pas identifiés, mais ils ne peuvent pas être les interlocuteurs de la voix divine puisqu'elle les désigne à la troisième personne : ils pourraient bien être les auditeurs d’Asterios, qu’il appelle à se convertir.
Historiquement, les Impropères étant attestés au 8e s. et Dayenu seulement au 10e s., on est en droit de penser que le second est une réaction rabbinique aux premiers : c'est d'ailleurs ce que propose Joseph
, The JPS Commentary on the Haggadah, Jewish Publication Society, 2008, p.46. Par leur conditionnement culturel, les Impropères et Dayenu ressemblent à deux résultantes juives d’un même thème, celui des réactions humaines aux bienfaits du Seigneur, selon qu’on reconnaît le messie en Jésus ou non.Théologiquement, ainsi que l'indique la lettre même et le contexte rituel des Impropères, les reproches adressés par Dieu/le Christ à son peuple le sont dans l'ici et maintenant de l’actualisation liturgique. Les chrétiens qui le chantent sont eux-mêmes part du « peuple » pécheur, c’est à eux (d'abord) que les reproches du Christ sont adressés et ils l’implorent en conséquence : prends pitié de nous ! Paradoxalement, la « théologie de la substitution » par laquelle le peuple chrétien se veut part essentielle du peuple juif, garantit les Impropères contre tout antijudaïsme radical.