La Bible en ses Traditions

Isaïe 13,1–12,24

Texte

Vocabulaire

13,1 ; 15,1 ; 17,1 ; 19,1 ; 21,1.13 ; 22,1 ; 23,1 ; 30,6 Charge Polysemie: Une parole avec du poids qui peut lever

Lexicologie

Très souvent traduit par « oracle », le substantif massā’ vient de la racine ns’ « porter » ou « lever ».

Lexicographie et sémantique

Comme l'indiquent ses usages en Jr 23,33-34.36.38 ; 2R 9,25, le substantif retient l’ambiguïté du verbe : seul le contexte d'une occurrence donnée de massā’ permet de comprendre s'il réfère quelque chose qui (se) lève ou, au contraire, qui pèse.

Hors du contexte prophétique 

Le terme massā’ dénote 

  • une action :  « levée du visage » = favoritisme (2Ch 19,7) ; « levée de l’âme » = joie (Ez 24,25) ;

plus souvent : une chose à porter

En contexte prophétique : usage technique 

Le terme apparaît dans un usage singulier, comme une espèce de titre ou de rubrique, dans la littérature prophétique. 

  • Une fois, en Ez 12,10, massā’ se réfère à un acte prophétique, il ne signifie donc pas seulement une générique « énonciation » (de la phrase « lever la voix »).
  • 24 fois le nom introduit un ensemble de paroles prophétiques (le plus souvent en Is; Na 1,1; Ha 1,1; Za 9,1 ; 12,1 ; Ml 1,1). 
  • Le terme hébreu massā’ n'est généralement pas à l'état construit, et les massorètes le séparent nettement du terme qui le suit par un accent disjonctif : aussi est-il abusif de traduire ce dernier comme un complément déterminatifs du premier (par exemple : « oracle contre x », ou « oracle sur y »).

Le symbole linguistique massā’ semble réactiver alors ses connotations étymologiques : les thèmes les plus fréquents des paroles qu'il introduit sont la violence et le jugement. Le terme semble ainsi signaler que  le message qui le suit a de l'importance et de la gravité : du poids. Peut-être aussi, inversement,  que l'écoute qui en sera faite, la mise en pratique de ses injonctions a la capacité de (re)lever ceux à qui il s'adresse.

Choix des traductions compréhension des versions traditionnelles

  • M :  La Bible en ses traditions traduit ces occurrences de massā’s avec un léger étoffement par : « [Paroles à] charge ». Charge évoquant en français aussi bien un registre de violence (une charge de cavalerie) qu'un registre judiciaire (un dossier à charge). 
  • G traduit par horasis (« vision, apparence »).
  • V traduit par onus (« poids, fardeau ; peine, entrave ; obligation, lien ; taxe, tribut ; embryon ; selles, excréments »). Le littéralisme produit un effet saisissant, car le terme n'a jamais eu un tel emploi avant le latin biblique, aussi La Bible en ses traditions le traduit-elle par : « fardeau ».

Grammaire

13,1 Charge « Babylone » Titre L’accent disjonctif de M démontre que le substantif massa’ n’est pas ici dans un état construit. On ne doit pas lire de construction en génitif « Charge de Babylone ». Les deux mots ne forment pas une phrase mais fonctionnent plutôt comme un titre.

Réception

Arts visuels

13,1–22 sera comme Sodome et Gomorrhe que Dieu a détruites

Bible illustrée

Gustave Doré (1832-1883), Vision d'Isaïe de la Destruction de Babylone, (gravure sur bois, 1866), illustration de la → Bible de Tours

Wikimedia Commons→, © Domaine public

Musique

46,1–47,15 ; 13,1–22 Ouverture de Nabucco

19e s.

Giuseppe Verdi (1813-1901), Nabucco - Ouverture, 1842

Orchestre Symphonique de Radio Berlin

© License YouTube Standard→, 2Ch 36,1–23

Nabucco est un opéra en 4 actes qui évoque l'épisode biblique de l'esclavage des juifs à Babylone. L'Ouverture du premier acte introduit la prière des Hébreux au Seigneur pour leur venir en aide face aux troupes babyloniennes. Cet extrait contient la mélodie particulièrement célèbre du "Va pensiero" chanté par le choeur de la troisième partie.