La Bible en ses Traditions

Cantique des cantiques 4,1–7

M
G S
V

— Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle ! 

Tes yeux sont des yeux de colombes, derrière ton voile

tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.

— Comme tu es belle mon amie comme tu es belle !

tes yeux, de colombes, sans ce qui se cache au-dedans

tes cheveux comme des troupeaux de chèvres qui sont montées du mont Galaad

1 Eloge de la beauté de la bien-aimée 4,3 ; 6,7 1s || 6,5-7
M V
G S

tes dents Vsont comme un troupeau de brebis tondues qui remontent

Vsont montées du lavoir

Vbain :

toutes ont des jumeaux et nulle n'a perdu son petit

Vnulle d'entre elles stérile

M
G S
V

Tes lèvres sont comme un fil de pourpre et ta bouche est charmante.

Ta joue est comme une moitié de grenade, derrière ton voile.

comme ruban éclarlate, tes lèvres, et ta conversation est douce

comme fragment de grenade, ainsi tes joues, sans ce qui se cache au-dedans

Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour servir d’arsenal.

Mille boucliers y sont suspendus, tous les boucliers des braves.

comme la tour de David, ton cou, édifiée avec ses remparts

mille boucliers y pendent (une armure de preux complète !)

4 Symbole de puissance Ez 27,10-11
M V
G S

tes deux seins Msont comme les deux faons jumeaux d'une gazelle

Vd'une chevrette qui paissent dans les lis ...

5 || 7,4

Avant

V(D'ici que vienne la fraîcheur du jour

Vsouffle le jour et que fuient

Vs'inclinent  les ombres

j’irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens.V)

Tu es toute belle, mon amie, et nulle tache en toi !

7 pas de tache Ep 5,27 ; 2P 3,14

Contexte

Milieux de vie

3 FLORE Grenadier

Un grenadier à Jérusalem

Photo : Isabelle Dauphin (oct. 2022) D.R. M.R. Fournier © BEST AISBL

M, G—Ex 28,33-34 ; 39,24-26 ; Nb 13,23 ; 20,5 ; Dt 8,8; 1S 14,2 ; 1R 7,18-20 ; 2R 25,17 ; 2Ch 3,16 ; 4,13 ; Ct 4,3.13 ; 6,7.11 ; 7,13 ; 8,2 ; Jr 52,22-23 ; Jl 1,12 ; Ag 2,19 

Étrange limitation que celle de cette comparaison des « joues » au « fragment de grenade (...) sans ce qui se cache au-dedans ». Le verset Ct 6,7 évite sans doute un faux sens, puisqu'il semble formuler la même idée mais de manière plus explicite (« sans ce qui se cache en toi ») : il s'agit là non pas de ce qui se cache au-dedans de la grenade, mais au-dedans des joues ! Dès lors, l'intérieur des joues de la bien-aimée bénéficie d'un enrichissement par cette comparaison : elles ne renferment pas simplement la langue, les dents et le palais, mais plutôt les délicieux grains de la grenade. Ce jeu entre le visible et l'invisible, entre le signe et la chose, peut renvoyer à l'Église qui, dans l'apparence de son humanité (pécheresse) est néanmoins pleine de l'Esprit Saint, ou à Marie qui, dans son corps de femme tout ce qu'il y a de plus humain, est néanmoins remplie à un titre unique de grâce divine.

Identification

L’identification est indiscutable : le nom « rimmôn » dans la Bible (qui signifie « élevé ») désigne à la fois le grenadier et la grenade. Les Romains ont connu ce fruit par les Carthaginois et l’ont appelé « malum punicum » (« fruit punique »). Aujourd’hui son nom scientifique est « punica granatum » : « punicus » signifie « de Carthage » et « granatum » veut dire « rempli de graines ».

Classification
  • Famille : punicaceae
  • Genre : punica
  • Espèce : granatum
Localisation

Originaire d’Asie centrale et plus précisément des régions d’Iran situées au sud de la mer Caspienne, le grenadier est rapporté par les Phéniciens à Carthage et sur le pourtour méditerranéen. Il est l’un des premiers arbres cultivés par l’homme. Il était présent à Jéricho 4000 ans av. J.-C., dans les jardins de Babylone et en Égypte (Nb 20,5). Aujourd’hui ce fruit est cultivé sur tous les continents.

Description
  • Arbuste monoïque au port touffu et buissonnant qui peut atteindre jusqu’à 6 m de haut. 
  • Il peut vivre 200 ans.
  • Rameaux légèrement épineux.
  • Ses petites feuilles caduques, oblongues (3 à 7 cm) et opposées sont d’abord rouges puis vertes.
  • Ses fleurs rouge-orangé sortent chiffonnées de leur calice et mesurent environ 3 cm de diamètre quand elles sont ouvertes.
  • Son fruit, la grenade, est une grosse baie jaune-rouge contenant en moyenne 600 semences rouges et pulpeuses dans 6 à 12 loges. Ce fruit éclate quand il est mûr.

Illustration botanique du Punica granatum

1885 © Domaine public

Usage
Alimentation
  • La grenade est consommée comme fruit ou en boisson (jus de grenade, liqueur, vin de grenade). Le jus de grenade est parfois associé au vin (Ct 8,2).
  • En réduisant le jus, on obtient un condiment appelé nasharab.
Médical
  • En tisane les fleurs sont utilisées pour soigner l’asthme.
  • L’écorce soigne la dysenterie.
  • Les grains de grenade contenant des vitamines, du potassium, des antioxydants et des hypertenseurs sont de bons remèdes pour lutter contre les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Cultuel
  • Le grenadier était une plante sacrée.
  • La grenade devait être associée au culte du dieu assyrien Ramman, que Naaman appelle dans la Bible « Rimmôn » (2R 5,18).
Culture matérielle
  • Le tanin de l’écorce sert de teinture (couleur jaune) pour le cuir, les tapis, etc.
  • En cuisant les grains, on obtient une encre noire.
  • Sa racine mélangée à de l’oxyde de fer donne une teinture bleue.
Ornemental
  • Les fleurs de grenadier peuvent être mises en bouquets.
  • Les grenades sont utilisées comme motifs architecturaux en particulier chez les Assyriens. Les chapiteaux et colonnes du temple de Salomon ainsi que la mer d'airain étaient ornés de grenades (1R 7,20 ; 2Ch 4,13 ; Jr 52,22).
  • L’habit sacerdotal d’Aaron était décoré de grenades (Ex 28,33).
  • Aujourd’hui certains rouleaux de la Torah sont décorés de grenades.
Symbolique
Prospérité, bénédiction
  • La grenade fait partie des sept fruits bénis de la Terre promise.
  • Elle est considérée dans le Coran comme un fruit du paradis.
Vie, fertilité, éternité
  • Elle est symbole de fertilité en raison de ses nombreuses graines.
  • Son jus a la même couleur que le sang qui représente la vie.
  • En Chine, les femmes offrent des grenades à la déesse de la miséricorde pour qu’elle leur accorde d’avoir des enfants (MoldenkePlants of the Bible p. 191).
Renouvellement, passage d’une vie à une autre, éternité
  • Les grains de grenade, quand ils sont enfouis pour un temps dans la terre, peuvent germer et porter du fruit afin de permettre à de nouveaux grains de voir la lumière du jour. C’est là un symbole de renouvellement.
  • Dans la mythologie grecque, Perséphone, fille de Déméter déesse de l’agriculture, sur le point d’être délivrée des enfers pour rejoindre sa mère, succombe à l’attrait de la grenade qu’Hadès lui tend, et en mange six grains. Ceci lui vaut d’être ramenée aux enfers mais uniquement pour y passer six mois chaque année. Durant ces six mois, Déméter délaisse les récoltes de la terre pour chercher sa fille (c’est alors l’automne et l’hiver) et la récolte ne reprend que lorsque Perséphone revient, au printemps et en été : de là le cycle des saisons.
  • Les Égyptiens plaçaient des grenades dans les sarcophages pour le voyage de l’âme dans l’au-delà. 
  • La grenade qui éclate pour laisser apparaître ses grains symbolise la résurrection du Christ sortant du tombeau.
  • Jean de la Croix Cantique spirituel str. 36 : Dieu est « représenté par la forme circulaire ou sphérique de la grenade parce qu’elle n’a ni commencement ni fin ».
La royauté
  • Le bout de la grenade a la forme d’une couronne.
  • En Perse le sceptre royal se terminait par une grenade.
  • D’anciennes représentations de Jupiter le montrent avec une grenade dans la main.
Commandements de Dieu
  • La grenade, selon les juifs, contient 613 graines rappelant les 613 commandements.
Unité
  • En un seul fruit est contenue une multitude de grains serrés les uns contre les autres et harmonieusement agencés.
L’amour, la beauté, la charité, le Christ
  • Sa couleur rouge et son goût suave et sucré font de ce fruit le fruit de l’amour.
  • Dans la poésie orientale, la femme est parfois comparée à la grenade pour illustrer sa beauté (Ct 4,3.13).
  • Sous une écorce dure et quelconque se cachent des graines à la saveur divine tout comme dans l'humanité de Jésus se cache sa divinité. 
  • Ce fruit qui s’entrouvre tout seul pour laisser couler son jus rouge et permettre à l’homme de goûter ses fruits est le symbole de la Passion de Jésus : par amour, il a donné sa vie pour la multitude et de son cœur transpercé sur la croix a jailli le sang rédempteur.
Fruit de l'arbre de vie
  • Parce que la grenade est symbole d’amour, d’éternité, d’unité, de retour à la vie, de fertilité, de bénédiction et une représentation du Christ, le grenadier devient un parfait symbole de l’arbre de vie.
L’Église
  • Derrière une écorce rugueuse se cachent la beauté et la bonté de la grenade. De même la beauté de l'Église réside à l'intérieur, dans l'âme des justes qui aiment Dieu Ps 45,14 Apponius Exp. Cant.8,74.
  • Comme les grains rouges de la grenade sont réunis en un seul fruit, la multitude des hommes lavés dans le sang du Christ est réunie en une unique Église.
  • Comme de la grenade éclatée apparaissent les nombreux grains qui la composent, du cœur transpercé de Jésus naît l’Église.

1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)

Illustration botanique de Commiphora myrrha (arbre à myrrhe ou basalmier) de Müller (1833-1887) 

  Köhler's Medizinal-Pflanzen Franz Eugen Köhler, 1887 © Domaine public→

Ex 30,23 ; Ex 30,23 ; M, G – Est 2,12 ; Ps 45,9 ; Pr 7,17 ; Ct 1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 ;  M – Si 24,15 ; Mt 2,11 ; Mc 15,23 ; Jn 19,39 ; Ap 18,13 

Identification

La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).

Classification
  • Famille : burseraceae
  • Genre : commiphora
  • Espèce : myrrha
Localisation

Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).

Description
  • Arbuste de 3 à 5 m de haut aux branches noueuses et anguleuses dotées d’épines.
  • Ses petites feuilles ovales vertes sont caduques et aromatiques.
  • Ses fleurs blanches ou rouges-orangées apparaissent en été.
  • De ses nœuds suinte, sous forme de larmes jaunes, une résine aromatique que l’on appelle « myrrhe » ; ce nom vient de l’akkadien murru qui signifie « amère ».
Usages
Médical et cosmétique
  • En médecine, dès l’Antiquité, la myrrhe était réputée pour apaiser la douleur et pour son action anti-inflammatoire. Les Grecs utilisaient la myrrhe pour nettoyer les plaies des soldats. Elle était utilisée en gargarisme pour éviter les inflammations de la bouche.
  • Jérôme Commentariorum in Matthaeum 27,48  t.26, col.212  affirme que le breuvage donné à Jésus sur la croix, un vin mêlé de myrrhe (Mc 15,23), avait pour but d’alléger les douleurs du crucifié.
  • En huile, elle servait pour la toilette des femmes (Est 2,12).
Cultuel
  • Parfum pour l’embaumement (Hérodote Historiae 2,86 ), elle est employée en Égypte mais aussi chez les Juifs (cf. Jn 19,39).
  • Elle est brûlée comme encens dans les temples.
  • La myrrhe entrait dans la composition de l’onction sainte (Ex 30,23). Aujourd’hui elle entre dans la composition du saint-chrême.
Histoire
  • Selon les archives royales assyriennes, au 9e siècle av. J.-C., la myrrhe venue d’Arabie par caravane était vendue dans des villes sur les bords de l’Euphrate.
  • Hérodote Historiae 7,181 rapporte que Pythès, membre de l’armée navale de Xerxès, tombé à demi-mort entre les mains des Perses, fut soigné avec de la myrrhe. 

 Myrrhe

Photo : Leo_65 / 319 Bilder de Pixabay (2014) © Domaine public

Symbolique
Souffrance

En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.

Mort

Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.

Humanité

Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.

Royauté

Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.

Amour

Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)

Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».

Réception

Liturgie

7 Texte : fête mariale La liturgie applique le v. à l'Immaculée Conception de Marie : c'est la première antienne de l'office des Vêpres.

7 Tota pulchra es

Alleluia "Tota pulchra es"

Alleluia - Tota pulchra es

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 4,7

7 Vous êtes toute belle, Marie - Antienne

« Tota pulchra es Maria »

Traditionnel, Antienne - Tota pulchra es Maria

Chœur des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

© Abbaye du Barroux→, Ct 4,7

Antienne chantée pour l'Office de l'Immaculée Conception, le 8 décembre.

Paroles

Vous êtes toute belle, Marie, et la tache originelle n'est pas en vous.

Tradition juive

3b comme une moitié de grenade Nécessité des commandements accomplis

Les vauriens : pleins de commandements accomplis

  • b. Sanh. 37a « Rech Laquich dit : [...] Même les vauriens (rekanine) les plus avérés parmi vous sont pleins de mitsvoth, comme une grenade » (Levinas Lectures 152).

Les mitsvoth : plus forts que les puissances du mal

  • (Tradition juive Ct 7,3) Levinas Lectures « [...] on suppose la puissance de ces mitsvoth — et leur pouvoir de pénétration dans l'âme, et l'histoire qui leur a soumis Israël, et par-dessus tout la violence du pouvoir qui au Sinaï sut se décider pour les mitsvoth — plus fortes que toutes les puissances du mal et de la vulgarité, communes sans doute aux juifs et à l'humanité tant qu'on s'en tient au plan du 'purement naturel' » (179).

Philosophie

1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation Rosenzweig Stern (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même.  

  • Une première partie, intitulée « création », décrit une relation non personnelle, en 3e pers. et au passé, entre Dieu et le monde.
  • Au cœur de l'ouvrage, Rosenzweig fait de son commentaire du Ct le fil conducteur de la présentation de ce qu'il appelle « La révélation », c'est-à-dire le passage au « tu » et au présent et ainsi à l'avènement d'une relation personnelle entre Dieu et l'homme. Tout le Ct est un dialogue (à l'exception de Ct 8,6) : il ne dit pas que la révélation est dialogale, il le montre en étant lui-même dialogue et étant presque uniquement cela.

Révélation performée : importance du dialogue

La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.

Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.

Révélation lyrique : importance de la subjectivité

Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.

  • Cela se manifeste par l'importance du « je » sous la forme du je-marqué (’ănî en héb.). Le Ct est le texte biblique qui utilise, proportionnellement à sa taille, le plus ce « je », après le livre du Qo (fréquence de 6,03 emplois pour 1000 mots en Ct, et de 6,50 en Qo).
  • Cela se remarque aussi au fait que les premiers mots du Ct expriment une comparaison : « tes amours sont meilleures que le vin » (Ct 1,2b), c'est-à-dire une appréciation subjective et non un simple constat, auquel cas un comparatif n'eût pas été nécessaire.

Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste. 

Critique de la réception moderne du Cantique

Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.

  • Il vise d'abord Herder et Goethe, qui ont fait du Ct un chant d'amour purement humain, prisonniers qu'ils étaient du préjugé que ce qui est humain ne peut être divin et que Dieu ne peut pas aimer. Cependant, leur tentative eut au moins le mérite de conserver cet aspect essentiel du Ct : le fait qu'il s'agisse d'un chant lyrique, de l'expression de deux subjectivités.
  • D'autres tentatives ont suivi, plus condamnables parce qu'elles ont réduit le Ct à un simple récit, narration entre plusieurs personnages : un roi, un berger, une paysanne. Dans ce dernier type d'interprétation le cœur du Ct, à savoir son caractère lyrique, est perdu et l'œuvre demeure incompréhensible.

Histoire des traductions

3 Ta joue est comme une moitié de grenade Ta tempe

  • Levinas Lectures « Ta tempe (rakotech) est comme une tranche de grenade » (177, d'après b. Sanh. 37a).

Arts visuels

5 Tes deux seins sont comme deux faons

Expressionnisme allemand

Egon Tschirch (1889-1948), Cantique des Cantiques, composition n° 3 (tempera sur carton, 1923), 64 x 47 cm

Kunsthalle Rostock→ (Allemagne) © CC BY-SA 3.0 de→

Le Cantique des Cantiques - en allemand Das Hohelied Salomos - est le titre d'un cycle d'images expressionnistes du peintre allemand Egon Tschirch. L'artiste interprète les textes du Cantique des cantiques. Le cycle a été créé en 1923 à Rostock et contient environ 50 images, dont 27 ont été redécouvertes en 2015. La composition n°3 de ce cycle évoque Ct 4,5.

7s Interprétation mariale

Biblia Pauperum

Albrecht Pfister (1420-ca. 1466) , impr. et éd., Biblia pauperum (Bible des pauvres), (gravures sur bois et texte imprimé avec des caractères mobiles, 1462-1463), 18 folios, Bamberg, Allemagne,

Bibliothèque d’État de Bavière→ : Rar.4, © CC BY-NC-SA 4.0

 Ct 4,7-8 ; Is 45,7 ; Si 17,11 ; Jb 29,20 ; 1R 1,15-21 ; Est 2,16-17 

Panneau central : Marie est couronnée par son Fils dans la gloire du Ciel. La légende dit : Virgo coronata fruitur jam luce parata (La Vierge couronnée jouit désormais de la lumière préparée [de toute éternité].)

À sa gauche, Salomon (Ct 4,7-8) dialogue avec Isaïe (Is 45,7) ; à sa droite, ben Sira (V—Si 17,11) avec ... Job (Jb 29,20) ! 

En-dessous, à gauche : la reine Bethsabée intercède auprès du roi David pour qu'il désigne Salomon pour successeur (1R 1,15-21). L'imagier souligne le fait que Marie est la mère sans péché du nouveau Salomon.

En-dessous, à droite : Assuérus choisit Esther et l'introduit dans la chambre du roi de préférence à toutes les femmes (Est 2,16-17). De même, poursuit le texte, Marie accède au roi des Cieux, son époux et le fils unique du Père céleste... 

Musique

1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)

21e s.

Kris Oelbrandt, OCSO (1972-), Niets dan liefde (Oratorio du printemps op.23), 2011

Marie de Roy (sopr), Aldo Platteau (bar), Ensemble Sturm und Klang (dir. Thomas van Haeperen)

© Kris Oelbrandt→, Ct 1,4.7.15.2,8.16.4,1-7.10.5,8.8,6 Mc 14,22 Mt 26,26 Lc 22,19 1Co 13,7s

Composition

Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.