La Bible en ses Traditions

Vocabulaire financier chez Paul, en particulier en Philippiens

Les échanges épistolaires de Paul avec ses différentes communautés sont l’expression de relations qui ont aussi été traduites par une aide financière, particulièrement avec la communauté de Philippes. Nous avons probablement là l’origine d’un vocabulaire à connotation financière non seulement à la fin, mais aussi au début de Ph, en Ph 1,11 ; 4,17-18 , dans l’emploi du verbe plêroô.

Plêroô dans les papyri

Le verbe a le sens général de « combler » quelqu’un (de force, de qualités). L’emploi de ce terme dans les papyri permet de préciser l’emploi de ce terme dans le champ lexical des échanges commerciaux.

Ces textes montrent que deux constructions se rencontrent avec peplêrômai dans les papyri : 1) le génitif de l’argent dû et rendu ; 2) l’accusatif de l’argent dû et rendu.

Chez Paul

Pour le texte de Ph 1,11, si nous suivons la syntaxe des papyri, nous devrions traduire de la façon suivante :

Cela implique de donner à karpos le sens de « profit » financier, de « dividendes », qui n’apparaît pas dans les papyri, mais que l’on peut aisément supposer d’après les emplois papyrologiques des termes karpeia, karpizomai, et d’après Ph 4,17 (epizêtô ton pleonazonta eis logon humôn « je cherche le profit qui s’accroît  sur votre compte »).

Paul a contracté une dette auprès des Philippiens (cf. Ph 4,16). Il pourrait résulter des versets précédents un certain malaise. Les Philippiens pourraient penser que Paul cherche, en les flattant, à obtenir de nouveaux fonds. Pour éviter cela, il montre que les vrais bénéficiaires de ces dons sont les Philippiens eux-mêmes. L’assistance au prisonnier à cause de l’Évangile contribue à une croissance spirituelle, en vue de l’accomplissement eschatologique.

Ce verbe apparaît aussi en Ph 4,18 (peplêrômai dexamenos para epaphroditou ta par humôn) où la construction s’impose d’emblée, et le sens est renforcé par dexamenos. Les Philippiens ont pourvu à tous les besoins de Paul. Ayant été comblé par ces dons, l’Apôtre n’est en rien demandeur à leur égard. C’est alors que le langage sacrificiel fait son apparition, tout comme en Ph 2,15.17.25.30 et Ph 3,3, se mêlant au langage économique. Le don des Philippiens à Paul est, en fait, un don fait à Dieu lui-même.

Enfin, il faut signaler que la construction de Ph 1,11 s’explique également par la syntaxe propre à G, et un deuxième sens est à la fois présent dans ce passage :

Peplêrômenoi ti serait la forme passive de la construction avec double accusatif plêroô tina ti, « combler quelqu’un de quelque chose », que l’on rencontre dans G avec les verbes dont le sens est lié à l’idée de « combler ».