La Bible en ses Traditions

Romains 12,1–15,13

Byz V TR Nes
S

Je vous exhorte

Vsupplie donc, frères, par la miséricorde de Dieu

à offrir vos corps en hostie vivante

sainte, agréable à Dieu :

c'est là votre culte logique

Vraisonnable.

...

Et ne vous conformez pas à ce monde-ci

mais transformez

Vréformez-vous par le renouvellement de l’

Byz V TRvotre  intelligence

afin que vous puissiez discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable [à Dieu] et parfait

Vbonne, agréable et parfaite.

...

Car je dis, en vertu de la grâce qui m’a été donnée, à tous ceux qui sont parmi vous

de ne pas s’estimer plus qu’il ne faut s'estimer

Vêtre plus sages qu'il ne convient de l'être

mais de s'estimer

Vd'être sages avec sobriété,

selon la mesure de la foi que Dieu a départie en chacun.

...

Car, de même que dans un seul corps nous avons beaucoup de membres

et que tous les membres n’ont pas la même fonction,

...

ainsi, nous qui sommes nombreux, nous sommes un seul corps dans le Christ

et chacun en particulier, membres les uns des autres.

...

Or nous disposons, selon la grâce qui nous a été donnée, de dons différents :

soit la prophétie, selon l'analogie

Vla raison de la foi ;

...

soit le service dans le service,

Vministère, dans l'exercice du ministère ;

soit celui qui enseigne, dans l'enseignement ;

...

celui qui exhorte, dans l'exhortation

Ven exhortant ;

celui qui donne, dans la simplicité ;

celui qui préside

Vgouverne, avec zèle

Vprudence ;

celui qui fait preuve de miséricorde, dans la joie !

...

 La charité

VQue l'amour soit sans hypocrisie

Vdissimulation,

ayant en horreur

Vhaïssant le mal

s'attachant au bien

...

10 vous aimant Byz TR Nescordialement les uns les autres d'un amour fraternel

Vde charité fraternelle

vous prévenant d'honneur les uns les autres

10 ...

11 en zèle

Vsollicitude non paresseux,

fervents d'esprit,

servant le Seigneur

11 ...

12 se réjouissant dans l'espérance

patients dans la tribulation 

persévérant dans la prière.

Vinsistant en prière.

12 ...

13 Prenant part aux nécessités des saints

pratiquant avec empressement

Vrecherchant avec ardeur à offrir l’hospitalité.

13 ...

14 Bénissez ceux qui Byz TRvous persécutent

bénissez et ne maudissez pas !

14 ...

15 Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent,

pleurez

Byz TRet pleurez avec ceux qui pleurent

15 ...

16 ayant les mêmes sentiments les uns vis-à-vis des autres,

n'ayant pas de sentiments de

Vle goût des grandeurs

mais vous laissant attirer par

Vconsentant à ce qui est humble.

Ne soyez pas sages

Vhabiles à vos propres yeux !

16 ...

17 Ne rendant à personne le mal pour le mal

veillant à faire le bien

devant tous les hommes

Vnon seulement devant Dieu mais aussi devant tous les hommes

17 ...

18 si cela se peut, autant qu’il dépend de vous

vivant en paix avec tous les hommes

18 ...

19 ne vous vengeant

Vdéfendant pas vous-mêmes, bien-aimés

Vtrès chers

au contraire laissez place à la colère de Dieu,

car il est écrit :

« — À moi la vengeance ! C’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur ! »

19 ...

20 Au contraire, si ton ennemi a faim, nourris-le !

S’il a soif, donne-lui à boire !

Car, faisant cela tu amasseras des charbons de feu sur sa tête.

20 ...

21 Ne sois pas vaincu par le mal mais vaincs le mal par le bien.

21 ...

13,1 Que toute personne soit soumise aux pouvoirs placés au-dessus [d'elle]

Vplus élevés qu'elle

car il n’y a pas de pouvoir, si ce n'est de Dieu

et ceux

Byz TRles pouvoirs qui existent ont été établis par Dieu.

...

13,2 Ainsi celui qui s'oppose

Vrésiste au pouvoir

résiste à l’ordre de Dieu.

Or ceux qui résistent obtiendront pour eux-mêmes une condamnation.

...

13,3 Car les magistrats ne sont pas à crainte pour une bonne action

Byz TRles bonnes actions mais pour une mauvaise

Byz TRles mauvaises.

Veux-tu donc ne pas craindre le pouvoir ?

Fais le bien 

et tu seras loué par eux.

...

13,4 Car il est pour toi le serviteur de Dieu, pour le bien.

Mais si tu fais le mal, crains ;

car ce n’est pas en vain

Vsans raison qu’il porte le glaive.

Il est en effet le serviteur de Dieu, le vengeur, pour exercer sa colère sur celui qui commet le mal.

...

13,5 C'est pourquoi il est nécessaire d'être soumis

Vde nécessité soyez soumis  

non seulement à cause de la colère mais aussi à cause de la conscience.

...

13,6 Et voilà bien pourquoi vous payez les impôts

Vun tribut :

car ils sont des ministres Byz TR Nespublics de Dieu assidus à cela même.

V le servant en cela même.

...

13,7 Rendez Byz TRdonc à tous ce qui leur est dû :

à qui l’impôt, l’impôt

Vle tribut, le tribut

à qui le tribut, le tribut

Vl'impôt, l'impôt

à qui la crainte, la crainte

à qui l’honneur, l’honneur.

...

13,8 Ne devez rien à personne

si ce n’est de vous aimer les uns les autres

car celui qui aime autrui

Vle prochain a accompli la loi.

...

13,9 En effet : Tu ne commettras pas d’adultère

tu ne tueras pas

tu ne déroberas pas

TRtu ne feras pas de faux témoignage

tu ne convoiteras pas

et s'il est quelque autre commandement,

tout se résume

Vest compris dans cette parole :

— Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

...

13,10 La charité

VL'amour du prochain ne fait pas de mal :

la charité

Vl'amour est donc la plénitude de la loi.

10 ...

13,11 Et cela en sachant par le temps que l'heure est venue de vous

Byz V TRnous réveiller du sommeil,

car le

Vnotre salut est maintenant plus près de nous

Vproche que lorsque nous avons cru.

11 ...

13,12 La nuit est avancée

Vpassée

et le jour est proche.

Quittons

VRejetons donc les œuvres des ténèbres

et revêtons-nous des armes de la lumière.

12 ...

13,13 Comme en plein jour, conduisons-nous décemment

Vavec honnêteté :

non dans les orgies

Vgloutonneries  et les ivrogneries

non dans les coucheries et les débauches

Vimpudicités

non dans les querelles et les jalousies

Vémulations 

13 ...

13,14 mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ

et ne faites pas cas de la chair dans ses convoitises.

14 ...

14,1 Quant à celui qui est faible dans la foi, accueillez-le

sans disputer sur les opinions.

...

14,2 Tel croit Ven effet pouvoir manger de tout

mais le faible

Vmais celui qui est faible mange des légumes.

...

14,3 Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas

et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange,

car Dieu l’a accueilli.

...

14,4 Qui es-tu, toi qui juges l'esclave d’autrui ?

S'il se tient debout ou s'il tombe, cela regarde son Seigneur

mais il se tiendra debout

car Dieu est puissant pour

Nesle Seigneur peut  le faire tenir debout

Vl'établir.

...

14,5 En effet

Nes[En effet]

Byz TROr, l'un estime un jour plus qu'un autre jour

l'autre estime tous les jours égaux

que chacun ait dans son esprit une pleine conviction

Vabonde en son sens.

...

14,6 Celui qui tient compte du jour en tient compte pour le Seigneur

Byz TRCelui qui tient compte du jour en tient compte pour le Seigneur et celui qui ne tient pas compte du jour n'en tient pas compte pour le Seigneur

et celui qui mange mange pour le Seigneur

car il rend grâces à Dieu

et celui qui ne mange pas ne mange pas pour le Seigneur et il rend grâces à Dieu.

...

14,7 Car aucun de nous ne vit pour soi-même

Vsoi,

et nul ne meurt pour soi-même

Vsoi.

...

14,8 Mais, soit que nous vivions, nous vivons pour le Seigneur ;

soit que nous mourions, nous mourons pour le Seigneur.

Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous appartenons

Vsommes au Seigneur.

...

14,9 Car c'est pour cela que le Christ Byz TRet est mort et ressuscité et a repris vie

V Nes et a ressuscité

afin d’être le Seigneur des morts et des vivants.

...

14,10 Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ?

Ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ?

Tous en effet nous comparaîtrons

Vnous tiendrons devant le tribunal du Christ. 

V Nesde Dieu.

10 ...

14,11 Car il est écrit :

« — Pour autant que je vis, dit le Seigneur, tout genou fléchira devant moi, et toute langue confessera Dieu. »

11 ...

14,12 Ainsi Byz TRdonc chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même.

12 ...

14,13 Ne nous jugeons donc plus les uns les autres

mais jugez plutôt ceci :

de ne pas mettre

Vque vous ne mettiez pas une pierre d’achoppement ou une occasion de chute devant votre frère.

13 ...

14,14 Je sais et je suis persuadé

Vcrois fermement dans le Seigneur Jésus

que rien n’est souillé par soi-même

Byz Vlui-même ;

si ce n'est pour celui qui estime qu’une chose est souillée, pour celui-là, elle est souillée.

14 ...

14,15 Si, en effet,

Byz TROr, si à cause d'un aliment, ton frère est contristé

Vdès lors tu ne marches plus selon la charité.

Ne va pas, avec ton aliment, faire périr celui pour qui le Christ est mort.

15 ...

14,16 Que votre

Vnotre bien ne soit donc pas un sujet de blasphème.

16 ...

14,17 Car le

VLe royaume de Dieu n’est pas aliment et breuvage

mais il est justice, paix et joie dans l’Esprit-Saint.

17 ...

14,18 Car celui qui en cela

Byz TRen ces choses sert le Christ 

plaît à Dieu

et est approuvé des hommes.

18 ...

14,19 Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à la paix

et ce qui contribue à l’édification mutuelle.

19 ...

14,20 Ne détruis pas, pour manger, l’œuvre de Dieu.

Certes, toutes choses sont pures,

mais c'est un mal pour l'homme qui mange en étant pierre d'achoppement.

20 ...

14,21 Il est beau

V bon de ne pas manger de viande et de ne pas boire de vin

et de ne rien faire de ce qui bronche

Byz V TRbronche, scandalise ou affaiblit

ton frère.

21 ...

14,22 Toi, tu as la foi

garde-la pour toi-même devant Dieu.

Heureux celui qui ne se condamne pas lui-même dans ce qu’il approuve.

22 ...

14,23 Mais celui qui a des doutes

Vdiscerne, s’il mange, est condamné parce qu'il n'a pas la foi. 

Car tout ce qui ne vient pas de la foi est péché.

23 ...

15,1 Or nous devons, nous les Vplus forts, porter

Vsupporter les infirmités des faibles

et non pas nous plaire à nous-mêmes.

...

15,2 Que

TRCar que chacun de nous

Vvous plaise au prochain

Và son prochain pour le bien en vue de l'édification.

...

15,3 Car le Christ, en effet, ne s'est pas plu à lui-même

mais comme il est écrit :

« Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi. »

...

15,4 Car tout ce qui a été écrit Byz TR Nesavant [nous]

a été écrit Byz TRauparavant pour notre instruction

afin que par la patience et Byz TR Nespar la consolation des Écritures nous ayons l’espérance.

...

15,5 Que le Dieu de la patience et de la consolation

vous donne donc d'avoir un même sentiment les uns envers les autres selon [le] Christ Jésus

VJésus Christ :

...

15,6 afin que d’un même cœur et d'une seule bouche vous glorifiiez

Vhonoriez  le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ.

...

15,7 C'est pourquoi accueillez-vous les uns les autres

comme le Christ vous

Nes| nous | vous |

TRnous a aussi accueillis pour la gloire

Vl'honneur de Dieu.

...

15,8 Je dis en effet

Byz TRCar je dis que le Christ Jésus

Nesle Christ a été ministre de la circoncision

pour la vérité de Dieu,

afin de confirmer les promesses faites aux pères ;

...

15,9 quant aux nations, c'est pour sa miséricorde qu'elles glorifient

Vhonorent Dieu

comme il est écrit :

« C’est pourquoi

Vpour cela que je te célébrerai

Vconfesserai parmi les nations et je chanterai ton nom. »

...

15,10 Et il est dit encore :

« — Réjouissez-vous, nations, avec son peuple. »

10 ...

15,11 Et ailleurs :

« Louez le Seigneur, toutes les nations, et que tous les peuples l'acclament. »

Byz TRacclamez-le, tous les peuples. »

Vexaltez-le, tous les peuples. »

11 ...

15,12 Et Isaïe dit encore :

« — Et ce sera le rejeton de Jessé et celui qui se lève

Vlèvera pour régner sur les nations, en lui les nations mettront leur espérance. »

12 ...

15,13 Et que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi

afin que vous abondiez dans espérance et dans la vertu de l’Esprit Saint.

13 ...

Réception

Arts visuels

12,5 nous sommes un seul corps dans le Christ Contemplation

De la corporéité christique

 Véronique Ellena (1966-) et Pierre-Alain Parot (1950-), Le vitrail des cents visages (2015), 9 m

cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (France) © Véronique Ellena→

C’est un Christ perçant l’édifice religieux pour s’inscrire dans le paysage citadin de Strasbourg que les deux créateurs — l’une plasticienne, l’autre maître-verrier — ont imaginé et confectionné ensemble pour répondre à une commande de restauration émise par l’État. Mais si l’on s’approche, ce n’est plus seulement le visage du Fils de Dieu admirablement rendu sur le modèle du Christ bénissant d’Hans Memling (1481) qui transparaît : ce sont là des centaines de portraits articulés qui se confondent pour n’en former qu’un seul, monumental. L’effet produit par cet assemblage est remarquable d’ingéniosité et son message ne saurait être plus évocateur — hymne à la diversité du monde, de l’humain habité indistinctement par le Verbe et agi par lui. Réalisée par la fusion de deux couches de verre (l’une imprimée des visages anonymes et l’autre colorée par le souffle du maître-verrier), l’œuvre s’intègre parfaitement à l’ensemble des vitraux de l’édifice gothique datant du 14e s. Quant à la nature radieuse que bénit la main du Christ, elle s’apparente à l’Éden peuplé d’animaux et de végétation luxuriante qu'a saisis la plasticienne – manifestant la vision panthéiste d’un Dieu résidant en toute chose. (D'après V. L.)

12,9–21 vous aimant les uns les autres de charité fraternelle La charité : théorie et pratique 

ALLÉGORIES : CONTEMPLER LA CHARITÉ

Fresque du 13e s.

Giotto di Bondone (1267-1337), Allégorie de la charité (fresque, 1303-1306), 120 x 60 cm

chapelle Scrovegni, église de l'Arena, Padoue (Italie) © Domaine public→

La charité revêt ici les traits d'une figure féminine : couronnée de fleurs en signe de son bonheur terrestre, elle reçoit une bourse des mains de Dieu, symbole de la Providence. La corbeille débordante de fruits et de fleurs qu'elle tient dans sa main gauche, ainsi qu'à ses pieds les bourses destinées aux pauvres, montrent sa prodigalité.  

Illustration du 14e s. 

Anonyme, in Manuel des jeux des Échecs, des mérelles et des tables (encre sur parchemin, 1300-1380), manuscrit, fol. 1v

Bibliothèque Nationale de France, Paris (France) © Domaine Public→

Le pélican, dont on pense qu'il nourrit ses petits de sa propre chair, est vite considéré par les Pères de l'Église comme un symbole christique, puisqu'à l'image du pain eucharistique, son corps est donné en nourriture. 101 établit ainsi un parallèle entre le pélican et le Christ dont le sang vivifie les croyants. Dans son hymne « Adoro te devote », Thomas d'Aquin désigne le Christ adoré en la sainte hostie comme le « pie pellicane », le pieux pélican. L'iconographie médiévale reprend à son compte l'oiseau comme allégorie de la charité. 

Peinture du 16e s. 

Lucas Cranach Le Jeune (1515-1586), Charité (huile sur chêne, vers 1537), 48,5 x 73 cm

 Musée d'art de Hambourg (Allemagne) © Domaine Public→

La nature généreuse et verdoyante de ce tableau délicat évoque l'Âge d'or et le jardin d'Eden : la forêt, loin d'être hostile, offre à la tendresse maternelle un écrin protecteur. Alors qu'elle présente son sein au nourrisson, la Charité, en tenue d'Ève, reçoit des fruits de ses trois autres enfants, illustrant ainsi le cercle vertueux de l'amour, qui ne s'épuise jamais. 

Peinture française du 17e s. 

Philippe de Champaigne (1602-1674), La Charité (huile sur toile, 1635), 157 x 132 cm

Musée des Beaux-Arts de Nancy (France) © CC BY-SA→

Sur fond d'architecture classique, une jeune femme imposante et majestueuse, auréolée du feu de l'amour divin, est accaparée par trois enfants dodus. L'un s'agrippe au sein qu'il tète, un deuxième plonge son regard dans celui de sa mère, tandis que le troisième tend ses bras potelés vers la grenade écorcée qui occupe le centre de la composition. Cette dernière, aux grains rouges et juteux, symbolise le corps et le sang du Christ qui vivifient les croyants. Les grains sont inépuisables, comme l'amour divin. Une symbolique associe leur nombre à celui des commandements du Pentateuque, et ainsi à la perfection de la Loi donnée à Moïse. 

LES ŒUVRES DE MISÉRICORDE : PRATIQUER LA CHARITÉ

Nombre de peintres ont quant à eux fait droit à une charité à pied d'œuvre, par la représentation des sept œuvres de miséricorde, que sont 

  • (1) donner à manger aux affamés,
  • (2) donner à boire à ceux qui ont soif,
  • (3) vêtir ceux qui sont nus,
  • (4) accueillir les étrangers,
  • (5) assister les malades,
  • (6) visiter les prisionniers,
  • (7) ensevelir les morts. 
Polyptique flamand du 16e s.

Maître d'Alkmaar (actif ca. 1490-1524), Les sept œuvres de miséricorde  (huile sur bois, 1504), 101 x 54 cm

Rijksmuseum, Amsterdam (Pays-Bas) © Domaine public→

Peinture flamande du 17e s. 

Frans Francken le Jeune (1581-1642), Les sept œuvres de miséricorde (huile sur toile, 1605), 55 x 80 cm

Deutsches Historisches Museum, Berlin (Allemagne) © Domaine Public→

Peinture italienne du 17e s. 

Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit le Caravage (1600-1604), Les sept œuvres de miséricorde (huile sur toile, 1607), 390 x 260 cm

église Pio Monte della Misericordia, Naples (Italie) © Domaine Public→

Le Caravage, connu pour ses compositions fortes et ses jeux de lumière spectaculaires, parvient ici à illustrer en une seule scène les sept œuvres de miséricorde.

Dans la moitié supérieure de la composition, la Vierge tient l'enfant Jésus dans ses bras : il regarde la terre tendrement, mi-interrogateur, mi-compatissant. Dans un grand froufrou d'ailes et de drapés, deux anges enlacés semblent dégringoler du ciel, comme pour montrer que par les actes de miséricorde des croyants, Dieu se penche sur la terre.

À gauche de la composition, un vieillard passe sa tête à travers les barreaux d'une geôle pour téter le sein tendu d'une jeune femme qui détourne le regard. C'est la scène dite de la « charité romaine », racontée par des auteurs de l'Antiquité classique comme Valère Maxime ou Pline l'Ancien. Une jeune fille du nom de Péro aurait nourri de cette façon son père, Mycon, condamné à mourir de faim en prison. Caravage fait d'une pierre deux coups : cette histoire illustre à la fois le don de nourriture aux affamés et la visite aux prisonniers. 

Derrière, ces deux personnages, un homme en surplis — sans doute un prêtre — tient une torche d'une main, un linceul de l'autre. Aidé d'un autre homme, il semble faire entrer chez lui un cadavre dont on ne voit que les pieds (chose inhabituelle chez Caravage, ils sont propres !), mis en valeur par les jeux de lumière. C'est au commandement « enterrer les morts » qu'obéissent ainsi les deux hommes. 

Au centre du tableau, un jeune homme bien mis regarde avec sollicitude un personnage à demi-nu qui semble mal en point ; il esquisse le geste de déchirer son manteau, faisant écho à un épisode de la vie de saint Martin de Tours. Le Caravage illustre ainsi deux œuvres de miséricorde : visiter les malades et vêtir ceux qui sont nus. 

À droite, au second plan, un homme guide un pèlerin, reconnaissable à son chapeau orné d'une coquille de Compostelle ; on reconnaît ici l'hospitalité due à l'étranger.

Enfin, le dernier personnage buvant dans une mâchoire d'âne évoque un épisode de la vie de Samson (Jg 15), rappelant une dernière œuvre de miséricorde : donner à boire aux assoiffés.

13,1–7 Que toute personne soit soumise aux pouvoirs Obéissance, cité et bien commun Le bon chrétien est bon citoyen : c'est ce que suggère saint Paul, qui voit dans l'autorité un instrument pouvant conduire au bien. L'Allégorie du bon gouvernement peinte par Lorenzetti dans la salle du Conseil du Palazzo Pubblico de Sienne fait également l'éloge d'une cité où règnent justice et vertus (morales et théologales).

Ambrogio Lorenzetti (?-1348), Allégorie du bon gouvernement (fresque, 1338-1339), 200 x 770 cm, salle des Neuf

Palazzo Pubblico, Sienne (Italie) © Domaine Public→

Dans la partie médiane, à gauche, la Justice, vêtue d'une riche tunique rouge et or, siège sur un trône surmonté d'une balance. Elle rend à chacun ce qui lui est dû : la punition par le glaive à gauche, la récompense des mérites à droite. Au-dessus d'elle veille la Sagesse, un livre dans la main droite. À ses pieds la Concorde, qui tient littéralement les ficelles de la justice, est assise devant un rabot qui évoque le nivellement des inégalités devant préserver l'harmonie de la cité. 

Sur la droite, le Bien commun trône sous les traits d'un empereur, muni d'un sceptre et d'un bouclier où figure un portrait de la Vierge, protectrice de la cité. Les trois vertus théologales, la foi, l'espérance et la charité se tiennent au-dessus de sa tête : source de tout bon gouvernement, elles rappellent aussi que toute autorité vient de Dieu. Six vertus encadrent le Bien Commun. À gauche, la paix (à ses pieds se trouve un bouclier ; elle porte sur la tête une couronne de lauriers et à la main un rameau d'olivier), la force (munie d'un glaive et d'un bouclier) et la prudence. À droite, la magnanimité qui porte sur ses genoux une corbeille pour dispenser ses dons, la tempérance et enfin la justice. Au pied du trône, gardés par une louve, se tiennent les jumeaux Senius et Aschinus, fils de Rémus, traditionnellement considérés comme les fondateurs de Sienne. 

Vingt-quatre citoyens au premier plan se tiennent en ordre devant le Bien commun. Tous de la même taille en signe d'égalité, ils sont néanmoins plus petits que les vertus personnifiées, ce qui témoigne de leur soumission aux valeurs civiques et morales. En bas à droite, les ennemis du bon gouvernement se trouvent ligotés et bien gardés par des hommes en armes. 

13,8s Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer Primat de l'amour En collant le panneau « Entrée » sur un cœur travaillé au couteau et plein de grumeaux dédicacé « pour Joël » (au verso), l'œuvre invite celui qui la regarde à prendre conscience simplement qu'« on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux » (Antoine de Saint-Exupéry, Le petit prince, 1943). En faisant ainsi du cœur « L'» entrée par excellence, le peintre ne rejoint-il pas le primat de la charité ?

Michelangelo Ysasarabal (20e s., Espagne puis Antibes), Entrée (acrylique et technique mixte sur toile, 2000 (?)), 61 x 54 cm

Coll. priv., Beaucaire (France), D.R. © Photographie BEST a.i.s.b.l.,

Jn 13,34 ; 15,12 ; 1Co 13,1-13 ; Col 3,14 ; 1Jn 3,10 ; 4,7-12 ; 1Tm 1,7 ; 1P 4,8 ; 2P 1,7

14,14–23 tout genou fléchira devant moi Le Nom au-dessus de tout nom

Domínikos Theotokópoulos, dit le Greco (1541-1614), L'Adoration du nom de Jésus (peinture sur toile, 1579), 55,1 x 33,8 cm

The National Gallery, Londres (Royaume-Uni) © Domaine Public→

Le Greco offre à ce verset de Paul une parfaite illustration. Dans la partie supérieure du tableau, le nom de Jésus figure, auréolé de lumière et surmonté d'une croix, adoré par des myriades d'anges en prière dans le ciel. Ce nom n'est ni un sigle, ni un acronyme, comme on le croit trop souvent dans le monde latin, en interprétant les trois lettres comme indiquant « Iesus, Hominum Salvator ». Il s'agit plutôt des trois premières lettres grecques du nom de Jésus (« Ιησους », ou « IHΣOYΣ » en majuscules), translittérées imparfaitement mais néanmoins traditionnellement : iota, êta, sigma. C'est le nom de Jésus qui sauve, comme cela foisonne dans les Actes des apôtres. En bas à gauche, des hommes se prosternent devant le nom de Jésus. Parmi eux, on reconnait le roi d'Espagne Philippe II (au centre, vêtu de noir), le Doge Alvise Mocenigo vêtu d'une chape doré et le pape Pie V qui leur fait face. La présence de ces trois personnages suggère la Sainte Ligue, alliance ayant pour objectif de contrer la progression turque durant la guerre entre Venise et la puissance ottomane au début des années 1570. En bas à droite, la gueule béante d'un monstre laisse entrevoir les damnés gisant dans les feux de l'enfer. 

15,13 Bible hiéroglyphique

Thomas Bewick (1753-1828) et Rowland Hill (1744-1833), New Hieroglyphical Bible (impression au plomb et gravure sur bois, 1794), 14 cm x 9 cm

Thomas Fisher Rare Book Library, Toronto (canada) © Domaine public - Photo : Dr. Ralph F. Wilson