La Bible en ses Traditions

Matthieu 2,7–12

Byz V S TR Nes

Alors Hérode, ayant secrètement appelé les mages, se fit préciser par eux

Vse renseigna avec soin auprès d'eux sur le moment où l’étoile était apparue.

Et, les envoyant à Bethléem, il dit :

— Allez, informez-vous précisément

Vavec soin au sujet de l’enfant.

Et quand vous aurez trouvé, faites-moi l'annonce

Vfaites-moi un rapport 

afin que moi aussi j’aille l’adorer.

Quant à eux, ayant 

VQuand ils eurent entendu le roi, ils partirent.

Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait 

Vmarchait devant eux 

jusqu’à ce que, en venant au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta.

V' elle vienne s'arrêter au-dessus de là où était l'enfant.

10 En voyant l'étoile, ils se réjouirent d'une très grande joie.

11 En entrant dans la maison, ils virent

Byz V S TRtrouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère,

et, tombant

Vse prosternant, l’adorèrent ;

et, leurs trésors ouverts, ils lui présentèrent

Voffrirent des dons : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

12 Et ayant été avertis en songe

Vreçu dans des songes l'oracle de ne pas retourner vers Hérode

par un autre chemin regagnèrent leur région.

Réception

Arts visuels

11b se prosternant l'adorèrent L'adoration des mages

5e s.

L’épisode de la visite des mages est la première à frapper l’imagination des artistes, qui la représentent selon un modèle assez vite standardisé : suivant l’étoile dans la direction de Marie et de son fils qui attendent leurs exotiques visiteurs, ils marchent en procession rythmique.

Anonyme, Adoration des mages (fresque, 3e-4e s. ap. J.-C.), peinture murale, au-dessus d'une arche

Catacombe de Priscille, Capella Graeca, Rome (Italie) © Collection personnelle→

C'est la première attestation du nombre des mages : Matthieu mentionnant trois types d'offrandes, il semble qu'on en déduisit qu'elles étaient portées par trois personnes.

Les mages occupent le plus d’espace dans la composition, sur l’axe central au sommet de l’arc : le spectateur est pris dans leur mouvement de recherche intense du Fils. La mise en scène fait entrer le spectateur dans un récit de quête et de découverte, dont il devient participant — adorant Dieu fait enfant — en s’appropriant les attitudes des personnages.

Les postures d’offrande et de réception de dons abondent dans l’art gréco-romain ancien et le choix des offrandes informe sur l’identité du donateur aussi bien que du destinateur.

L’attitude rappelle celle du culte de l’empereur dans les cérémonies impériales.

Dans leurs célébrations et prédications, les Églises locales semblent s’être diversement concentrées sur les évangiles de Matthieu et de Luc. La popularité du thème des Rois mages dans l’art, avant celui de la mangeoire, peut être un signe d’une préférence pour Matthieu plutôt que Luc, mais pourrait tout simplement venir de sa capacité de synthétiser les deux récits et même de faire allusion au prologue de Jean.

À Rome, les évangiles de Luc et de Jean sont préférés pour Noël. Dans la mosaïque de Sainte-Marie Majeure, les Mages arrivent devant un enfant et sa mère, impériaux, sans présence d’aucun des bergers du récit lucanien.

Anonyme, Adoration des mages (mosaïque, ca. 435), arc triomphal, côté gauche, deuxième registre à partir du haut

Basilique Santa Maria Maggiore, Rome (Italie) © CC-BY-SA 3.0→

Sur la mosaïque de Sainte-Marie-Majeure, les Mages arrivent devant un enfant et sa mère impériaux, sans la présence d’aucun des bergers du récit lucanien.

6e s.

Anonyme Adoration des mages (mosaïque, 6e s.), mur gauche de la nef

église Saint-Apollinaire-le-Neuf, Ravenne (Italie) © CC-BY-SA 4.0→

15e s. flamand

Intégré parmi d'autres scènes

Dierick Bouts (ca. 1420-1475), Tryptique de la Dernière Cène (huile sur panneau, 1464-1468), 185 × 294 cm

Musée de Louvain (Belgique) © Domaine public→

15e s. italien

Gentile da Fabriano (ca. 1370-1427), L'adoration des mages (tempera sur panneau, 1423), 301,5 x 283 cm

Galerie des Offices, Florence (Italie) © Domaine public→

Fresques de Florence

Chez Fra Angelico comme chez Gozzoli, à Florence, le plus jeune roi mage prend les traits de Laurent le Magnifique.

Fra Angelico (ca. 1395-1455), L'adoration des rois mages (fresque, 1438-1446)

Musée national San Marco, Florence (Italie) © Domaine public→

Enluminure du 15e s. 

Jean Fouquet (1420-), L'adoration des rois mages (enluminure sur parchemin, ca. 1452-1460), 21 x 15 cm

Heures d'Étienne Chevalier, Bibliothèque Condé © Domaine public→

16e s.

Pieter Bruegel l'Ancien (ca. 1526-1569), L'adoration des Rois (huile sur bois, 1564), 111,1 x 83,2 cm

National Gallery, Londres (Royaume-Uni) © Domaine public→

CONTEMPLATION Dans les Flandres renaissantes : l’Épiphanie dans la blancheur du silence 

Pieter Bruegel l’Ancien (1525-1565), L’Adoration des mages sous la neige (huile sur panneau, 1567), 35 × 55 cm

Musée Oskar Reinhart « Am Römerholz », Winterthur (Suisse) © Domaine public→

La scène est située dans un village des Flandres sous la neige, un univers bien connu du peintre. À l’écart sur la gauche du tableau, dans une pauvre masure au toit prêt à s’écrouler, Marie présente son enfant ; Joseph dans l’ombre regarde, les deux Mages se prosternent devant elle, le troisième est avec le petit groupe qui s’avance.

Rien ne brille. Même pas les offrandes divines, masquées par la neige ou les lourds manteaux bruns. Il faut une loupe pour discerner la scène, humble et modeste, microcosme d’un événement qui va bouleverser le cours de l’histoire de l’humanité.

Jésus se donne à voir à ceux qui le cherchent, cette présence ne se perçoit pas à l’œil nu. Pour les villageois affairés, c’est un jour banal. Pour découvrir cet enfant, il faut  marcher, passer par ce monde enneigé, où le quotidien devient le lieu de la rencontre : c’est là au milieu des gens « comme les autres » que Bruegel invite le contemplateur de son petit tableau à accueillir l’ordinaire de la vie pour être conduit au seuil du mystère.

Il faut aiguiser son regard pour voir Celui qui humblement se donne à vivre, écouter le silence de cette Épiphanie ; laisser fondre la neige du cœur pour voir fleurir le printemps de la vie… À chacun de découvrir dans la banalité de son propre quotidien les signes fragiles de Sa Présence… (Père J.-M. Nicolas)

17e s.

Rubens 

Pierre Paul Rubens (1577-1640), L'adoration des rois mages (huile sur toile, ca. 1617-1618), 328 × 251 cm

Musée des Beaux-Arts de Lyon (France) © Domaine public→

Nicolas Poussin 

Nicolas Poussin (1594-1665), L'Adoration des mages (huile sur toile, 1633), 160 × 182 cm

Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde (Allemagne) © Domaine public→

Leonaert Bramer

Leonaert Bramer (1596-ca 1674), L'adoration des mages (huile sur panneau, 1628-1630), 43 x 53 cm

Detroit Institute of Arts, Detroit, MI (États-Unis) © Domaine public→

20e s.

George Desvallières (1861-1950), Roi Mage Balthazar (gouache sur papier, ca. 1926), 54 x 36 cm

Collection particulière, France © Succession Desvallières→

Un roi mage aux coloris de rêve bleu vient parler d’un mystère joyeux lors de l’exposition du deuxième groupe chez Druet au printemps 1926 aux côtés de grandes compositions graves remémorant la Grande Guerre. Par la suite, Desvallières proposa l’œuvre à l’exposition consacrée à son maître Gustave Moreau et ses élèves.

Cinéma

1,18–2,19 Histoire de la Nativité Une intense poésie se dégage de ce film d'animation russe.

Mikhail Aldashin, Noël (мультфильм Михаила Алдашина), (film d'animation, 1997)

musique :  Johann Sebastian Bach, Concerto en D minor pour clavecin, BWV 1052 (Clavecin: Jim Long) ; L. van Beethoven, Symphonie No. 7 en A Major, Op. 92: II. Allegretto (Rafael Frühbeck de Burgos; Wyn Morris ; London Symphony Orchestra).

Prod. : Primoluz, Рождество © Licence YouTube standard, Mt 1,1-2,19 ; Lc 1,26-2,20

Le film Noël du réalisateur et artiste Mikhail Aldashin cherche à faire toucher au miracle de la naissance du Sauveur parmi les hommes. L'intrigue respecte le texte canonique, en y ajoutant bien des traits naïfs et émouvants tirés des récits apocryphes. Mikhail Aldashin est l'un des principaux réalisateurs du studio Pilot. Ses films ont remporté le succès dans de nombreux pays, dans divers festivals internationaux. Le film Noël, tourné en 1997 la même année, a reçu le prix de la meilleure réalisation et la première place dans une classification professionnelle au Festival panrusse d'animation de Tarus ; au Golden Fish International Film Festival à Moscou et de nombreuses autres récompenses.

La scène de l’appel des trois mages endormis dans le même lit et tirés de leur sommeil par un petit ange qui les touche du doigt vient directement d’un chapiteau du 12e s. de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun, sculpté par maître Gislebertus : Arts visuels Mt 2,1s