La Bible en ses Traditions

Matthieu 1,21–4,4

Byz V S TR Nes

21 Et elle enfantera un fils et tu l'appelleras du nom de « Jésus »

car lui-même sauvera son peuple de ses péchés.

22 Tout cela arriva

pour que s'accomplît la parole dite 

V Sce qui a été dit par le Seigneur à travers le prophète qui disait :

23 « Voici, la Vierge sera enceinte et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'"Emmanuel" »

ce qui se traduit : « Dieu avec nous ».

24 Réveillé de son sommeil, Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait prescrit

et il reçut

Vaccueillit son épouse.

25 Et il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils 

Byz V S TRson fils premier-né 

et il

Selle l'appela de son nom « Jésus ».

2,1 Jésus étant né

VComme Jésus était né à Bethléem de Judée aux jours du roi Hérode

voici, des mages d’Orient arrivèrent

Vvinrent à Jérusalem

2,2 disant :

— Où est le roi des Juifs qui a été enfanté

Vest né ?

Car nous avons vu son étoile à l’orient

et nous sommes venus l’adorer.

2,3 En entendant [cela] le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.

2,4 Et, rassemblant tous les chefs des prêtres et les scribes du peuple,

il s'enquit auprès d'eux : — où le Christ devait naître ?

2,5 Ils lui dirent : — À Bethléem de Judée

car ainsi a-t-il été écrit par le prophète :

2,6 « Et toi Bethléem, Byz V TR Nesterre de Juda, tu n’es pas la moindre parmi les chefs-lieux

Sroyaumes de Juda

car de toi sortira un chef

Vprince Byz S TR Nes, celui qui paîtra

Vrégira mon peuple Israël. » 

2,7 Alors Hérode, ayant secrètement appelé les mages, se fit préciser par eux

Vse renseigna avec soin auprès d'eux sur le moment où l’étoile était apparue.

2,8 Et, les envoyant à Bethléem, il dit :

— Allez, informez-vous précisément

Vavec soin au sujet de l’enfant.

Et quand vous aurez trouvé, faites-moi l'annonce

Vfaites-moi un rapport 

afin que moi aussi j’aille l’adorer.

2,9 Quant à eux, ayant 

VQuand ils eurent entendu le roi, ils partirent.

Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait 

Vmarchait devant eux 

jusqu’à ce que, en venant au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta.

V' elle vienne s'arrêter au-dessus de là où était l'enfant.

2,10 En voyant l'étoile, ils se réjouirent d'une très grande joie.

2,11 En entrant dans la maison, ils virent

Byz V S TRtrouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère,

et, tombant

Vse prosternant, l’adorèrent ;

et, leurs trésors ouverts, ils lui présentèrent

Voffrirent des dons : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

2,12 Et ayant été avertis en songe

Vreçu dans des songes l'oracle de ne pas retourner vers Hérode

par un autre chemin regagnèrent leur région.

2,13 Alors qu'ils s'en étaient retournés

voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, disant :

— Lève-toi, prends l’enfant et sa mère

et fuis en Égypte

et reste là-bas jusqu’à ce que je te dise 

car il arrivera qu'Hérode cherchera l’enfant pour le faire périr

Vperdre.

2,14 Lui, 

SJoseph, s'étant levé, prit avec lui l'enfant et sa mère de nuit et se retira en Égypte.

2,15 Et il fut là-bas jusqu’à la mort d’Hérode

afin que fût accomplie la parole dite 

Vaccompli ce qui avait été dit par le Seigneur à travers le prophète, disant :

« D'Égypte j'ai appelé mon fils. »

2,16 Alors Hérode, voyant que les mages s'étaient joués de lui, fut très en colère

et il envoya tuer tous les enfants Vqui étaient dans Bethléem et dans toute sa région

depuis l’âge de deux ans et au-dessous, d’après le temps qu'il s'était fait préciser par les mages.

2,17 Alors s'accomplit la parole dite

Vce qui a été dit par Jérémie le prophète disant :

2,18 « Une voix en Rama a été entendue, Byz TRlamentations, pleurs et plaintes nombreuses :

Rachel pleure ses enfants ; et elle ne voulait 

Vvoulut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus. »

2,19 Hérode étant mort 

voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph en Égypte

2,20  disant :

— Lève-toi, prends l’enfant et sa mère

et va en terre d’Israël

car ils sont morts, ceux qui recherchaient la vie de l’enfant.

2,20 La mort des persécuteurs. Ex 4,19

2,21 Lui, 

SJoseph, s’étant levé, prit l’enfant et sa mère, et entra 

Byz V S TRvint en terre d’Israël.

2,22 Entendant qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode son père, il craignit de s'y rendre

et, averti en songe, il se retira dans la région de la Galilée

2,23 et il vint s'installer

Vhabiter dans une ville appelée « Nazareth »

afin que s'accomplît le mot dit

Vce qui a été dit par les prophètes :

Il sera appelé « Nazoréen »

V« Nazaréen ».

3,1 En ces jours-là survient

Vvint Jean le Baptiste

VJean-Baptiste, proclamant

Vprêchant dans le désert de Judée

3,2 et disant :

Repentez-vous

VFaites pénitence, car le royaume des cieux s'est approché.

3,3 C'est lui en effet qui a été annoncé par le prophète Isaïe, disant :

« Voix de celui qui crie dans le désert : — Préparez le chemin du Seigneur ! Rendez droits ses sentiers ! »

3,4 Ce même Jean avait son 

Vun vêtement en poil de chameau

et une ceinture de cuir autour de ses reins

sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage.

3,5 Alors sortaient vers lui Jérusalem, toute la Judée et toute la région autour du Jourdain.

3,6 Et ils se faisaient baptiser

Vétaient baptisés  dans le S Nesfleuve du Jourdain par lui, en confessant leurs péchés.

3,7 Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens

VSadducéens venir au baptême

Và son baptême

Sse faire baptiser, il leur dit :

— Engeance de vipères, qui vous a montré comment fuir devant la colère qui vient ?

3,8 Faites donc un fruit digne

TRdes fruits dignes du repentir

Vde la pénitence.

3,9 Et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham

car je vous dis que Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants à Abraham.

3,10 Déjà,

SEt voici, la hache est posée à la racine des arbres

tout arbre donc qui ne fait pas de bon fruit est coupé et jeté au feu.

3,11 Pour moi, je vous baptise dans l’eau pour le repentir

Vla pénitence

mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi

[lui] dont je ne suis pas digne de porter les sandales

lui-même vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu.

3,12 Il a la pelle à vanner

Vle van dans sa main

et il purifiera

Vnettoiera son aire

et il rassemblera son blé

Vfroment dans le grenier ;

quant aux bales, il les brûlera dans le feu qui ne s'éteint pas.

3,13 Alors survient

Vvint Jésus de la Galilée au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui.

Byz S TR Nes
V

3,14 Mais Jean voulait l'en empêcher en disant :

— C’est moi qui Byz S TR Nesai besoin d’ être baptisé par toi

et c'est toi qui viens à moi !

14 Mais Jean l'en empêchait en lui disant :

— C’est moi qui dois être baptisé par toi

et c'est toi qui viens à moi !

Byz V S TR Nes

3,15 Mais Jésus, répondant, lui dit :

— Laisse [faire] maintenant

car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice.

Alors il le laisse 

Vlaissa [faire].

3,16  Baptisé, Jésus

Vil monta aussitôt de l’eau

et voici, les cieux lui furent ouverts

et il vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe

et venant sur lui.

3,17 Et voici une voix des cieux qui disait :

— Celui-ci est mon Fils, le Bien-aimé, en qui je me suis complu.

4,1 Alors Jésus fut conduit en haut 

Vconduit dans le désert par l’Esprit SSaint pour être tenté par le diable.

Sl'accusateur.

Byz S TR Nes
V

4,2 Il jeûna quarante jours et quarante nuits ; après quoi il eut faim.

Alors qu'il avait jeûné quarante jours et quarante nuits, après cela, il eut faim.

Byz V S TR Nes

4,3 Et s'approchant Byz TRde lui, le tentateur V S Neslui dit :

— Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.

4,4 Répondant, il dit :

— Il est écrit :

« Ce n'est pas de pain seul que l'homme vivra, mais de toute parole sortant par

Vqui sort de la bouche de Dieu. »

Réception

Arts visuels

2,11b se prosternant l'adorèrent L'adoration des mages

5e s.

L’épisode de la visite des mages est la première à frapper l’imagination des artistes, qui la représentent selon un modèle assez vite standardisé : suivant l’étoile dans la direction de Marie et de son fils qui attendent leurs exotiques visiteurs, ils marchent en procession rythmique.

Anonyme, Adoration des mages (fresque, 3e-4e s. ap. J.-C.), peinture murale, au-dessus d'une arche

Catacombe de Priscille, Capella Graeca, Rome (Italie) © Collection personnelle→

C'est la première attestation du nombre des mages : Matthieu mentionnant trois types d'offrandes, il semble qu'on en déduisit qu'elles étaient portées par trois personnes.

Les mages occupent le plus d’espace dans la composition, sur l’axe central au sommet de l’arc : le spectateur est pris dans leur mouvement de recherche intense du Fils. La mise en scène fait entrer le spectateur dans un récit de quête et de découverte, dont il devient participant — adorant Dieu fait enfant — en s’appropriant les attitudes des personnages.

Les postures d’offrande et de réception de dons abondent dans l’art gréco-romain ancien et le choix des offrandes informe sur l’identité du donateur aussi bien que du destinateur.

L’attitude rappelle celle du culte de l’empereur dans les cérémonies impériales.

Dans leurs célébrations et prédications, les Églises locales semblent s’être diversement concentrées sur les évangiles de Matthieu et de Luc. La popularité du thème des Rois mages dans l’art, avant celui de la mangeoire, peut être un signe d’une préférence pour Matthieu plutôt que Luc, mais pourrait tout simplement venir de sa capacité de synthétiser les deux récits et même de faire allusion au prologue de Jean.

À Rome, les évangiles de Luc et de Jean sont préférés pour Noël. Dans la mosaïque de Sainte-Marie Majeure, les Mages arrivent devant un enfant et sa mère, impériaux, sans présence d’aucun des bergers du récit lucanien.

Anonyme, Adoration des mages (mosaïque, ca. 435), arc triomphal, côté gauche, deuxième registre à partir du haut

Basilique Santa Maria Maggiore, Rome (Italie) © CC-BY-SA 3.0→

Sur la mosaïque de Sainte-Marie-Majeure, les Mages arrivent devant un enfant et sa mère impériaux, sans la présence d’aucun des bergers du récit lucanien.

6e s.

Anonyme Adoration des mages (mosaïque, 6e s.), mur gauche de la nef

église Saint-Apollinaire-le-Neuf, Ravenne (Italie) © CC-BY-SA 4.0→

15e s. flamand

Intégré parmi d'autres scènes

Dierick Bouts (ca. 1420-1475), Tryptique de la Dernière Cène (huile sur panneau, 1464-1468), 185 × 294 cm

Musée de Louvain (Belgique) © Domaine public→

15e s. italien

Gentile da Fabriano (ca. 1370-1427), L'adoration des mages (tempera sur panneau, 1423), 301,5 x 283 cm

Galerie des Offices, Florence (Italie) © Domaine public→

Fresques de Florence

Chez Fra Angelico comme chez Gozzoli, à Florence, le plus jeune roi mage prend les traits de Laurent le Magnifique.

Fra Angelico (ca. 1395-1455), L'adoration des rois mages (fresque, 1438-1446)

Musée national San Marco, Florence (Italie) © Domaine public→

Enluminure du 15e s. 

Jean Fouquet (1420-), L'adoration des rois mages (enluminure sur parchemin, ca. 1452-1460), 21 x 15 cm

Heures d'Étienne Chevalier, Bibliothèque Condé © Domaine public→

16e s.

Pieter Bruegel l'Ancien (ca. 1526-1569), L'adoration des Rois (huile sur bois, 1564), 111,1 x 83,2 cm

National Gallery, Londres (Royaume-Uni) © Domaine public→

CONTEMPLATION Dans les Flandres renaissantes : l’Épiphanie dans la blancheur du silence 

Pieter Bruegel l’Ancien (1525-1565), L’Adoration des mages sous la neige (huile sur panneau, 1567), 35 × 55 cm

Musée Oskar Reinhart « Am Römerholz », Winterthur (Suisse) © Domaine public→

La scène est située dans un village des Flandres sous la neige, un univers bien connu du peintre. À l’écart sur la gauche du tableau, dans une pauvre masure au toit prêt à s’écrouler, Marie présente son enfant ; Joseph dans l’ombre regarde, les deux Mages se prosternent devant elle, le troisième est avec le petit groupe qui s’avance.

Rien ne brille. Même pas les offrandes divines, masquées par la neige ou les lourds manteaux bruns. Il faut une loupe pour discerner la scène, humble et modeste, microcosme d’un événement qui va bouleverser le cours de l’histoire de l’humanité.

Jésus se donne à voir à ceux qui le cherchent, cette présence ne se perçoit pas à l’œil nu. Pour les villageois affairés, c’est un jour banal. Pour découvrir cet enfant, il faut  marcher, passer par ce monde enneigé, où le quotidien devient le lieu de la rencontre : c’est là au milieu des gens « comme les autres » que Bruegel invite le contemplateur de son petit tableau à accueillir l’ordinaire de la vie pour être conduit au seuil du mystère.

Il faut aiguiser son regard pour voir Celui qui humblement se donne à vivre, écouter le silence de cette Épiphanie ; laisser fondre la neige du cœur pour voir fleurir le printemps de la vie… À chacun de découvrir dans la banalité de son propre quotidien les signes fragiles de Sa Présence… (Père J.-M. Nicolas)

17e s.

Rubens 

Pierre Paul Rubens (1577-1640), L'adoration des rois mages (huile sur toile, ca. 1617-1618), 328 × 251 cm

Musée des Beaux-Arts de Lyon (France) © Domaine public→

Nicolas Poussin 

Nicolas Poussin (1594-1665), L'Adoration des mages (huile sur toile, 1633), 160 × 182 cm

Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde (Allemagne) © Domaine public→

Leonaert Bramer

Leonaert Bramer (1596-ca 1674), L'adoration des mages (huile sur panneau, 1628-1630), 43 x 53 cm

Detroit Institute of Arts, Detroit, MI (États-Unis) © Domaine public→

20e s.

George Desvallières (1861-1950), Roi Mage Balthazar (gouache sur papier, ca. 1926), 54 x 36 cm

Collection particulière, France © Succession Desvallières→

Un roi mage aux coloris de rêve bleu vient parler d’un mystère joyeux lors de l’exposition du deuxième groupe chez Druet au printemps 1926 aux côtés de grandes compositions graves remémorant la Grande Guerre. Par la suite, Desvallières proposa l’œuvre à l’exposition consacrée à son maître Gustave Moreau et ses élèves.

Cinéma

1,18–2,19 Histoire de la Nativité Une intense poésie se dégage de ce film d'animation russe.

Mikhail Aldashin, Noël (мультфильм Михаила Алдашина), (film d'animation, 1997)

musique :  Johann Sebastian Bach, Concerto en D minor pour clavecin, BWV 1052 (Clavecin: Jim Long) ; L. van Beethoven, Symphonie No. 7 en A Major, Op. 92: II. Allegretto (Rafael Frühbeck de Burgos; Wyn Morris ; London Symphony Orchestra).

Prod. : Primoluz, Рождество © Licence YouTube standard, Mt 1,1-2,19 ; Lc 1,26-2,20

Le film Noël du réalisateur et artiste Mikhail Aldashin cherche à faire toucher au miracle de la naissance du Sauveur parmi les hommes. L'intrigue respecte le texte canonique, en y ajoutant bien des traits naïfs et émouvants tirés des récits apocryphes. Mikhail Aldashin est l'un des principaux réalisateurs du studio Pilot. Ses films ont remporté le succès dans de nombreux pays, dans divers festivals internationaux. Le film Noël, tourné en 1997 la même année, a reçu le prix de la meilleure réalisation et la première place dans une classification professionnelle au Festival panrusse d'animation de Tarus ; au Golden Fish International Film Festival à Moscou et de nombreuses autres récompenses.

La scène de l’appel des trois mages endormis dans le même lit et tirés de leur sommeil par un petit ange qui les touche du doigt vient directement d’un chapiteau du 12e s. de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun, sculpté par maître Gislebertus : Arts visuels Mt 2,1s