La Bible en ses Traditions

Isaïe 1,3

M G V S

Le bœuf connaît son possesseur et l’âne, la crèche de son maître :

Israël 

Gmais Israël

Set Israël  ne connaît pas, mon peuple ne réfléchit pas.

Sne connaît pas et mon peuple ne réfléchit pas.

Gne me reconnaît pas et mon peuple ne m'écoute pas.

Réception

Liturgie

1–27 LITURGIE JUIVE (rite séphardi) Haftara du sabbat Debarim (44)

Tradition chrétienne

3 Le bœuf connaît son possesseur et l’âne, la crèche de son maître TYPOLOGIE Du Dieu saint d'Isaïe à l'Emmanuel dans la crèche de Noël Origène, commentant la Nativité  applique explicitement ce verset à la crèche de Bethléem 

  • Origène Hom. Luc. 13 (sur Lc 2,13-16) « Le bœuf connaît son propriétaire et l’âne la crèche de son maître. Le bœuf est le peuple soumis à la Loi, l’âne est le peuple des nations. Tous deux reconnaissent le Seigneur couché dans la crèche. » (Origen, Homilies on Luke, trans. Joseph T. Lienhard, «The Fathers of the Church 94 », Catholic University of America Press: Washington D.C, 1996, 55–56).

Évangile du Pseudo-Matthieu (7e-8e s.)

  • Retravaillant le Protévangile de Jacques, 21,1, Pseudo-Matthieu, Évangile c.14, ajoute « Le troisième jour après la naissance du Seigneur, Marie sortit de la grotte, entra dans une étable et déposa l'enfant dans la crèche, et le bœuf et l'âne l'adorèrent. Alors s'accomplit la parole du prophète Isaïe : "Le bœuf a reconnu son maître et l'âne la crèche de son maître." Ces animaux avaient l'enfant entre eux et l'adoraient sans cesse. Alors s'accomplit la parole du prophète Habacuc : "Tu te feras connaître entre deux animaux." »

Arts visuels

1–31 Le Prophète Isaïe Raphaël réalise en 1511-1512 une fresque monumentale représentant Isaïe, pour la basilique Saint-Augustin de Rome.

Raffaello Sanzio, dit Raphaël (1483, Urbino-1520, Rome), Le Prophète Isaïe, (fresque monumentale, 1511-1512), 2,50 x 1,55m

3ème pilier de la nef, Basilique Saint-Augustin, Rome

© Domaine public→

Entouré par des putti à l'arrière-plan qui entourent une plaque d'inscription grecque, Isaïe déroule un rouleau présentant en hébreu sa prophétie de l'ouverture du ciel : (Is 26,2-3) « Ouvrez les portes et laissez entrer la nation juste, celle qui reste fidèle ! À celui qui est ferme dans ses intentions tu assures [une paix profonde parce qu’il se confie en toi]. » Au-dessus de sa tête se troube une inscription dédicatoire à sainte Anne en grec : « À Sainte Anne, mère de la Vierge, à la sainte Vierge, mère de Dieu, et au Christ, Jo[hannes] Go[ritius]. »

Composition

Cette fresque a été commandée à Raphaël par le chancelier-chef de la cour papale, Johannes Goritz de Luxembourg. Vasari rapporte dans ses Vies qu'après avoir vu les Prophètes de Michel-Ange au plafond de la chapelle Sixtine (cf. Arts visuels Is 3,1–24), Raphaël aurait repris entièrement sa première version d'Isaïe. Son travail a été retouché par d'autres peintres à travers les siècles, et a fait l'objet d'une restauration en 1960.

3 Le bœuf connaît son possesseur et l’âne, la crèche de son maître TYPOLOGIE Du Dieu saint d'Isaïe à l'Emmanuel dans la crèche de Noël Ce verset a été interprété très tôt comme une prophétie accomplie dans la naissance du Christ : Tradition chrétienne Is 1,3 où la crèche devient le lieu symbolique de la reconnaissance du Seigneur par les humbles, selon Isaïe, tandis que les hommes peinent à le reconnaître.

Art paléo-chrétien : première apparition au cours du 4e s.

C'est au 4e s. que la mangeoire évoquée en Lc 2,7 apparaît, et l’accent se déplace vers l’Enfant qui en vient à occuper le centre de la scène, parfois même sans parent ni aucune autre figure humaine. Flanqué de l’âne et du bœuf (Is 1,3) il apparaît comme l’accomplissement unique de toutes les prophéties.

Anonyme, Nativité (sculpture sur marbre, ca. 400), 100 x 60 cm, pierre tombale, Sangri, BXM 312

Naxos Byzantine Museum, Athènes (Grèce) © CC-BY-SA 3.0→

Moyen Âge

L’imagerie médiévale représente souvent la scène où les deux animaux évoqués par la Septante d'Habacuc et identifiés avec ceux d'Is 1,3, contemplent l’Enfant dans la crèche.  

Maso di Banco (flor. 1329 – 50 ?), la Nativité (détail), (tempera sur panneau de bois, ca 1335-50), 58,1 x 52,1 (triptyque ouvert), volet droit d'un triptyque portatif

n°25.41, Institute of Arts, Detroit, U.S.A. © Domaine public→ 

Dans cet exemple, l'insistance sur les deux animaux fait écho à la présence de saint François, « inventeur de la crèche de Noël », peint au pied de la croix sur le volet gauche).

Maso di Banco (flor. 1329 – 50 ?), Vierge en majesté avec des saints, Nativité et Crucifixion, (détrempe sur panneau de bois, 1335), 58,1 x 52,1 cm (triptyque ouvert) n°25.41, Institute of Arts, Detroit, U.S.A. © Domaine public→

Autre exemple

Gentile da Fabriano (1370–1427), Nativité de Jésus, (tempera sur panneau de bois, 1423), 32 x 75 cm

Galerie des Offices, Florence (Italie) © Domaine public→ 

C'est bien entre deux animaux que se dévoile tout-à-fait l'ultime Présence de Dieu sur terre.

Musique

3 Le bœuf et l'âne de la crèche

16e s.

Noël traditionnel, Entre le Boeuf et l'âne gris, 16e siècle

© Licence YouTube Standard→, Is 1,3

Composition

« Entre le bœuf et l'âne gris » est l'un des chants de Noël les plus anciens car il daterait du début du 16e siècle. Les paroles de cette chanson font référence à la crèche où est né Jésus, et où figurent traditionnellement un âne et un bœuf. La présence de l'âne et du bœuf dans la crèche doit son origine à Isaïe : « Le bœuf connaît son possesseur et l'âne, la crèche de son maître: Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Is 1,3).