Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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2 — Je dors, mais mon cœur veille ...
C’est la voix
VVoix de mon bien-aimé ! Il
Vpréféré qui frappe :
— Ouvre-moi, ma sœur mon amie ma colombe, ma parfaite
Vmon immaculée !
car ma tête est couverte
Vpleine de rosée, les boucles de mes cheveux sont trempées des gouttes de la nuit !
Vdes nuits !
2 …
3 — J’ai ôté
VJe me suis dépouillée de ma tunique : comment la remettre
Vremettrai-je ?
J’ai lavé mes
V me suis lavé les pieds : comment les salirai-je ?
3 …
4 (Mon bien-aimé a passé
Vpréféré tendit la main par le trou de la serrure
Vl'ouverture et mes entrailles se sont émues sur lui
Vmon ventre trembla à sa touche.
4 …
5 Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé
et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe exquise, sur la poignée du verrou.
5 …
5 je me levai pour ouvrir à mon préféré
mes mains dégouttèrent de myrrhe, j'avais les doigts pleins de myrrhe surfine
6 J’ouvre à mon bien-aimé ; mais mon bien-aimé avait disparu, il avait fui.
J’étais hors de moi quand il me parlait.
Je l’ai cherché et ne l’ai pas trouvé ; je l’ai appelé, il ne m’a pas répondu.
Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville
ils m’ont frappée, ils m’ont meurtrie.
6 …
6 le verrou de la porte, je l'ouvris pour mon préféré... Las ! lui s’était dérobé et il était passé !
Mon âme se liquéfia quand il parla
je le cherchai sans le trouver, j'appelai et il ne me répondit pas ;
7 Ils m’ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent la muraille.
7 …
7 ceux qui me trouvèrent ce furent les gardes qui circulent dans la cité :
ils me frappèrent, me blessèrent, m'enlevèrent mon manteau, les gardes des remparts).
8 — Je vous adjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé
Vpréféré, que lui direz-vous ? Que
Vde lui faire savoir que je languis d’amour !
8 …
9 — Qu’a donc ton bien-aimé de plus qu’un autre bien-aimé, ô la plus belle des femmes ?
Qu’a donc ton bien-aimé de plus qu’un autre bien-aimé, pour que tu nous conjures de la sorte ?
9 …
9 — Qu'est-il, ton préféré, d'autre qu'un préféré, ô la plus belle des femmes ?
Qu'est-il, ton préféré, d'autre qu'un préféré, qu'ainsi tu nous aies adjurées ?
10 — Mon bien-aimé est frais
Vpréféré ? d'un blanc et vermeil, il se distingue entre dix
Vd'un rouge éclatants, se distingue entre mille :
10 …
11 Sa tête est de l’or pur
ses boucles de cheveux flexibles comme des palmes sont noires comme le corbeau.
11 ...
11 avec sa tête d'or fin,
ses cheveux tels les spathes des palmiers, noirs comme le corbeau,
12 Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux
se baignant dans le lait, posées sur les rives.
12 ...
12 ses yeux comme des colombes sur des ruisselets d'eau
lavées au lait, et séjournant près des fleuves les plus abondants,
13 ses joues Msont comme des parterres
Vde petits parterres de baumiers, des carrés de plantes odorantes
Vplantés par des parfumeurs
ses lèvres Msont des lis, d’où découle la myrrhe la plus pure
V distillant une myrrhe supérieure
13 …
14 ses mains sont des cylindres d'or
Vd'or, faites au tour, émaillés de pierres de Tharsis
Venrichies d’hyacinthes
son ventre Mest un chef-d’œuvre d’ivoire
Véburnéen couvert
Vrehaussé de saphirs
14 …
15 ses jambes sont des
Vcuisses, colonnes d’albâtre, posées
Vmarmoréennes fondées sur des bases d’orM pur
il a l'aspect du
Vavec son allure de Liban, élégant comme le cèdre,
Vélevé comme les cèdres,
15 …
16 Son palais n’est que douceur et toute sa personne n’est que charme.
Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem.
16 …
16 sa gorge des plus suaves, bref, en tout désirable :
tel est mon préféré, et c'est lui mon ami, filles de Jérusalem !
2 couverte Litt. "remplie", "pleine".
1,13 ; 3,6 ; 4,6.14 ; 5,1.5.13 myrrhe FLORE Arbre à myrrhe (basalmier)
La myrrhe est « môr » en hébreu et « smurna » en grec. Le mot « muron » en grec qui généralement est traduit par « huile parfumée » ( Ex 30,25 ; 1Ch 9,30 ; 2Ch 16,14 ; Jdt 10,3 ; Ps 132,2 ; Pr 27,9 ; Ct 1,3-4 ; Ct 4,14 ; Am 6,6 ; Is 39,2 ; Ez 27,17 ; Mt 26,7.12 ; Mc 14,3-5 ; Lc 7,37-38.46 ; Lc 23,56 ; Jn 11,2 ; 12,3.5.) est traduit par « myrrhe» en Ap 18,13. Il s'agirait probalement d'une huile à base de myrrhe et d'autres aromates (cf. Ct 4,14).
Originaire d’Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie) et du sud de l’Arabie (Yémen, Oman).
En raison de son goût amer et de son efficacité pour soigner et apaiser les blessures, la myrrhe évoque la souffrance.
Parce qu’elle sert à l’embaumement, elle est associée à la mort.
Les deux précédents symboles manifestant la vulnérabilité de la nature humaine, la myrrhe devient aussi symbole d’humanité.
Ce parfum précieux était généralement réservé à l’embaumement des rois.
Comme l’amour, la myrrhe dégage un parfum envoûtant et puissant. (Ps 45,9 et Ct 1,13)
Le prénom de Marie « Mariam » ou « Myriam » signifie « mer de myrrhe » ou « mer d'amertume».
1–16 LITURGIE JUIVE Un chant pascal Le Cantique est lu après la amida durant la semaine de Pessach. Le choix serait motivé par la mention des chars de Pharaon en Ct 1,9 où l'on voit une allusion à l'Exode.
Abraham Shmuelof né en 1913 dans le quartier Meah Shearim de Jérusalem, dernier de seize enfants dans une grande famille juive ultraorthodoxe de Bucharan qui avait émigré de Perse à la fin du 19e siècle devint une figure légendaire à Jérusalem, passant du statut de juif ultraorthodoxe au catholicisme romain, moine trappiste, bénédictin, retournant aux trappistes et enfin servant dans l'Église gréco-catholique de Galilée. Dans les années 1970, il trouva sa place à « La Maison Saint-Isaïe » fondée à Jérusalem par les Dominicains français, où il collabora au développement d'une liturgie catholique hébréophone avec le P. Jacques Fontaine. C'est à cette époque qu'il se chargea de la tâche d'enregistrer l'intégralité du Tanakh en hébreu.
2 gouttelettes Traduction Rabbinat (1899) : « Je dors, mais mon cœur est éveillé : c’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe : “Ouvre-moi, ma sœur, ma compagne, ma colombe, mon amie accomplie ; car ma tête est couverte de rosée, les boucles de mes cheveux sont humectées par les gouttelettes de la nuit.” » Paul Vulliaud (1925, traduction commandée pour accompagner les gravures de Kupka) : « Je dors, mais mon cœur veille. J’entends mon Bien-Aimé qui frappe à ma porte. – Ouvre-moi, ma Sœur, mon Aimée, ma Colombe, ma Toute-Belle, car ma tête est couverte de rosée ; mes boucles, de la bruine des nuits ».
10 Traduction Rabbinat : « Mon amant est blanc et vermeil » ; Meschonnic : « Mon ami est rayonnant et rouge » ; Chouraqui : « Mon amant, pur et vermeil » (1953) ; « Mon chéri, limpide et rose » (1970) et « mon amant transparent et rouge » (1985).
1,1–8,15 Le Cantique comme symbole de la révélation → (p. 235-242) interprète le caractère dialogal du Ct comme une instance de la structure dialogale de la révélation elle-même. Stern
La révélation n'est donc pas pour Rosenzweig la communication d'un ensemble d'informations sur Dieu, mais la naissance d'une relation entre Dieu et l'homme. Le Ct est pur dialogue — sans jamais de passage à la 3e pers. — et histoire au présent. Ces deux caractéristiques sont le fondement de la révélation : le dialogue et le présent.
Il ne s'agit donc plus de parler de la relation entre Dieu et l'homme, comme les prophètes qui décrivaient cette relation à l'aide de la métaphore des noces, mais de faire parler cette relation elle-même.
Le discours du Ct est donc tout entier porté par la subjectivité.
Dès le début du texte, la focalisation n'est pas celle d'une narration objective mais celle d'une subjectivité : les choses ne sont pas décrites pour elles-mêmes, l'enjeu est d'emblée perspectiviste.
Rosenzweig critique les analyses modernes du Ct (à partir des 18e et 19e s.) qui ont cherché à effacer cette dimension dialogale du texte.
11s Bible hiéroglyphique
1–16 Je dors mais mon cœur veille
Melchior Franck est un compositeur allemand de la Renaissance tardive et du début de l'époque baroque. Il composa plus de quarante livres de motets, dont cette œuvre sur le Cantique des Cantiques: « Je dors, mais mon cœur veille ».
6 Mon âme a fondu
Anima mea liquefacta est, ut dilectus locutus est. Quaesivi et non inveni illum; vocavi et non respondit mihi. Invenerunt me custodes civitatis, percusserunt me et vulneraverunt me. Tulerunt pallium meum custodes murorum. Filiae Hierusalem, nuntiate dilecto quia amore langueo.
1,4.7.15 ; 2,8.16 ; 4,1–7.10 ; 5,8 ; 8,6 Niets dan liefde (Rien d'autre que l'amour)
Cette Cantate est composée pour le quatrième dimanche du carême sur l'amour. Elle est constituée de deux parties: la première décrit l'amour entre l'homme et Dieu comme un amour entre humains, la deuxième fait apparaître l'amour entre Dieu et l'homme dans l'eucharistie et le don de soi. La première partie est inspirée du Cantique des cantiques. Dans la deuxième partie, le Récit de l'Institution est superposé par un poème de Hans Andreus, qui se traduit en français par: « Je te préfère au pain, bien qu'on dit que c'est impossible, et bien que ce soit impossible ». Un fragment de la Prière de Charles de Foucauld et du cantique de l'amour (1Co 13,8a.7) concluent la cantate.
8 malade d'amour Une chanson célèbre Écrite avec l’aide du grand parolier français Yves Dessca, cette hymne à l’amour s’inspire directement du Ct et spécialement de Ct 5,8 pour exalter la beauté, les merveilles mais aussi les déchirements que l’amour peut susciter.