Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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36 Et après avoir dit cela
s'étant mis à genoux il pria avec eux tous.
36 ...
37 Et ils fondirent tous en larmes
et s'étant jetés au cou de Paul ils l’embrassaient
37 ...
38 affligés
surtout de la parole qu’il avait dite
qu’ils ne verraient plus sa face.
Et ils l'escortèrent jusqu’au bateau.
38 ...
38 affligés surtout de ce qu’il avait dit qu’ils ne verraient plus sa face Portrait de Paul Quel était donc ce visage ? Les Actes des Apôtres ne donnent aucune description de Paul, et ses lettres non plus, si ce n'est une indication brève et cependant essentielle dans la seconde lettres aux Corinthiens. Paul y rapporte ce qu'on disait de lui à Corinthe : « Ses lettres, dit-on, sont accablantes et fortes mais la présence de son corps est faible et sa parole méprisable » (2Co 10,10).
Ce contraste décisif entre faiblesse physique et force spirituelle alimentera les portraits de Paul. Plusieurs écrits postérieurs, tel que Philopatris, transmis sous le nom du Ac 18,18).
(seconde moitié du 2e s.), le décrivent comme chauve. Cet ouvrage est dorénavant attribué à un anonyme constantinopolitain de l’époque d’Héraclée (610-641), voire de Nicéphore II Foca (963-969). La référence à la calvitie tire peut-être son origine des Actes des Apôtres, même si c'est de manière paradoxale. Il y est en effet raconté que Paul s'est « fait raser la tête à Cenchrées car il avait fait un vœu » (Les éléments de l'iconographie de Paul font aussi référence au modèle gréco-romain du philosophe. On sait que Paul jouissait d'une réputation immense, même dans les milieux syncrétistes et ses portraits y étaient vénérés parmi les effigies de Pythagore, Platon et Aristote. La calvitie est un élément distinctif du philosophe, avec la barbe, qui est aussi attribuée à l'Apôtre bien qu'elle ne soit jamais citée dans les sources anciennes. On ne connaît pas avec certitude le portrait de Plotin, mais on peut parler d'un « type Plotin », caractérisé par une sensibilité et des traits particuliers.
Le portrait de Paul semble donc être bien plus basé sur ce type que sur une description exacte. Il n'est pas anodin que le sculpteur se soit inspiré des traits du père du néoplatonisme. Plotin prêcha la doctrine de l'Un qui existe avant tout ce qui existe, parla d'une Providence et de l'ascèse mystique de l'âme dans son retour à l'Un. Les Pères de l'Église s'inspirèrent de sa pensée, en particulier au 3e s. Or c'est à cette époque que Plotin prêche entre l'Orient et Rome et que le portrait de Paul s'élabore. La calvitie et la barbe philosophiques contribuèrent ainsi à différencier le portrait de Paul de celui de Pierre, caractérisé par une barbe courte et des cheveux crépus. Le christianisme trouve sa place et son essor dans la rencontre entre tradition juive et pensée grecque.
Le visage de Paul, isolé sur un bouclier, avec celui de Pierre et de deux autres apôtres dans les catacombes de Sainte Thècle démontre la persistance d'une iconographie de Paul typiquement « plotinienne » :
Paul est représenté pour la première fois tenant une épée au cimetière ad decimum près de Grottaferrata. L'instrument de son martyre — peut-être aussi référence au « glaive de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » dans son épitre aux Éphésiens (Ep 6,17) — apparaît encore sur la mosaïque de l’arc triomphal de la basilique de la via Ostiense du temps de Léon le Grand, ainsi que sur une lampe à huile africaine de Akhmîn-Panopolis du 5e ou 6e s. aujourd’hui au Musée de Cologne. Depuis lors, cet attribut fait partie de l'iconographie paulinienne.