La Bible en ses Traditions

1 Rois 21,8–13

M V
G S

Elle écrivit Valors une lettre au nom d’Achab

la scella de son sceau

Vla marqua de son anneau

et l'envoya aux anciens et aux notables

de

Vqui étaient dans sa ville et habitaient avec Nābôth

VNaboth.

...

Elle écrivit dans la lettre, disant :

VLe contenu de la lettre était celui-ci : 

— Proclamez un jeûne 

faites asseoir Nābôth

VNaboth en tête du peuple

Vparmi les premiers du peuple

...

10 faites asseoir

Vsurgir deux hommes, des fils de Bélial, en face de lui,

ils témoigneront contre lui, disant :

V qu'ils disent un faux témoignage :

Tu as maudit 

VIl a dévoué Dieu et le roi !

et menez-le dehors, lapidez-le : qu’il meure Vainsi !

10 ...

11 Les hommes de sa ville

VSes concitoyens, les anciens et les notables qui habitaient dans sa ville

Vavec lui dans la ville firent Vdonc

comme Jézabel leur avait ordonné,

comme il était écrit dans la lettre qu’elle leur avait envoyée.

11 ...

12 Ils proclamèrent un jeûne, ils firent asseoir Nābôth

VNaboth en tête du peuple

Vparmi les premiers du peuple ;

12 ...

M G
V
S

13 et Mles deux hommes fils de Bélial

Gtransgresseurs vinrent et ils s'assirent en face de lui. 

Et Mles hommes de Bélial témoignèrent contre lui Mcontre Nābôth devant le peuple, disant :

Nabot a

GTu as maudit Dieu et le roi. 

Et ils le menèrent hors de la ville et ils le lapidèrent avec des pierres et il mourut.

13 ayant amené deux hommes, des fils du diable, ils les firent asseoir en face de lui

et eux, bien sûr, en hommes diaboliques, dirent le témoignage contre lui devant la foule :

— Naboth a dévoué Dieu et le roi !

et pour cela ils le menèrent hors de la ville et le firent périr à coup de pierres.

13 ...

Texte

Vocabulaire

10c.13c dévoué (V) : ou « béni » ? Lexique religieux latin V lit benedixit Deum et regem, qu'il est difficile de traduire « il a béni Dieu et le roi » (à moins d'y voir une sorte d'ironie christique, le prophète se trouvant puni pour avoir fait... le bien ?)

Comme benedicere peut signifier aussi « consacrer », est ici mobilisé le premier sens du verbe « dévouer→ » en français : donner la vie d'une personne ou d'un animal en sacrifice à une divinité. Dévouer, dans ce sens, entre dans les formules imprécatoires. Milieux de vie 1R 21,10c.13c

Contexte

Milieux de vie

10c.13c dévoué (V) Envoûtements antiques  Vocabulaire. Comme benedicere peut signifier aussi « consacrer », doit-on penser que le traducteur latin a en vue les rituels d'envoûtement / « dévouement » par formulation d'imprécation, voire réalisation de « tablettes de défixion », qui étaient courantes dans les cultures méditerrannéennes antiques ? 

Anonyme, Tablette de défixion contre Rhodinè, détail (partie gauche), (inscription sur plomb, milieu du 1er s. av. J.-C.)

Musée national des Thermes, Bains de Dioclétien, Rome

D.R. photo Marie-Lan Nguyen © CC BY 2.5→ 

Les tablettes de défixion

(defixio en latin, κατάδεσμος / katádesmos en grec ancien : percement ou lien), appelées aussi « tablettes de malédiction » ou « d’envoûtement », constituent le témoignage le plus courant de la magie antique : plus de 1600 exemplaires sont recensés, s’étalant du 4e s. av. J.-C. au 6e s. ap. J.-C., dans l’ensemble du monde gréco-romain. Attesté dans la littérature, leur usage consiste littéralement à « clouer », « lier », une personne ou parfois un animal, afin de les soumettre à sa volonté : de les envoûter. Elles sont en plomb, papyrus, bronze, étain ou terre cuite, inscrites en petites lettres, parfois en mots magiques. Elles se divisent en  defixiones iudicariae, tentant de nuire aux adversaires dans le cadre d’un procès ; defixiones amatoriae visent à attirer une personne aimée ; defixiones agonisticae, dans le contexte est du théâtre ou du cirque, ou de la concurrence économiques ; défixions visant un voleur ou un calomniateur. Les imprécations sont généralement adressés à des dieux infernaux ou liminaux tels que Pluton, Charon, Hécate et Perséphone, parfois par l'intermédiaire d'un mort (probablement le cadavre dans la tombe duquel la tablette était déposée).

En usage dans toutes les classes de la société (Tacite Ann. 3,13rapporte que Cn. Calpurnius Pison fut accusé d'avoir utilisé des maléfices contre Germanicus) elles étaient roulées et percées de clous, parfois accompagnées de figurines également percées de clous, puis placées sous terre : soit enterrées dans des tombes ou des tombeaux, jetées dans des puits ou des bassins, dans des sanctuaires souterrains, clouées aux murs des temples ou placées à l'intérieur de la maison de la cible désirée.

La tablette d'envoûtement en plomb contre Rhodinè

Inscription en latin : « De même que le mort enseveli ici ne peut ni parler, ni converser, de même que Rhodinè soit morte auprès de M. Licinius Faustus et ne puisse ni parler, ni converser. De même qu'un mort n'est reçu ni chez les dieux, ni chez les hommes, que Rhodinè trouve un tel accueil chez M. Licinius, et qu'elle ait autant de force que le mort qui est enseveli ici. Pluton, notre père, je te confie Rhodinè, pour qu'elle soit toujours haïe de M. Licinius Faustus. De même [je te confie] Marcus Hedius Amphio. De même Gaius Popillius Apollonius. De même Vennonia Hermiona. De même Sergia Glycinna. »

Réception

Musique

21,1–22,54 Elie, Achab et Jézabel

19e s.

Felix Mendelssohn (1809-1847), Elias, op. 70, 1846

Leipzig Gewandhaus Orchestra & Choir, Wolfgang Sawallisch (dir.)

© Licence YouTube Standard→, 1R 21,1-22,54

Composition

L'oratorio Elias op. 70 (MWV A 25) a été composé par Felix Mendelssohn en 1846, après l'immense succès remporté par son Paulus. Le livret s'appuie sur le portrait que fait le récit biblique du prophète Élie, au premier livre des Rois, ainsi que sur d'autres textes bibliques (Esaïe, Psaumes, ...). Personnage haut en couleur, plein de fougue et de zèle, Élie progresse au fil de l'oratorio dans la connaissance de lui-même et de Dieu.

Divisée en deux parties, l’œuvre reprend l’histoire du prophète Elie, du roi d'Isaraël Achab et de son épouse, la princesse Jézabel. La deuxième partie montre la défaite du prophète. La reine incite le peuple à assassiner Elie qui est conduit par des chœurs d'anges au mont Horeb dans le désert. Il y connaît le point culminant de sa vie de prophète dans la rencontre avec le Dieu invisible. Il en ressort avec un courage renouvelé pour lutter contre les adorateurs des dieux. À la fin de sa vie il est conduit au ciel dans un char de feu. La conclusion annonce alors l'arrivée du Messie qui continuera son ministère.