La Bible en ses Traditions

Tobie 9,1–11,21

G
V
S

Et Tobie appela Raphaël et lui dit :  

Alors Tobie appela auprès de lui l’ange, qu’il croyait un homme

et lui dit : — Azarias, mon frère, je te prie d’écouter mes paroles.

...

Frère Azarias, prends avec toi ton serviteur et des chameaux, et va à Ragès de Médie chez Gabaël

obtiens pour moi l'argent et amène Gabaël à mes noces

Quand je me donnerais à toi comme esclave, je ne reconnaîtrais pas encore tous tes soins.

...

car Raguel m'a adjuré de ne point m'en aller

Néanmoins je t’adresse encore cette prière : Prends avec toi des bêtes de somme et des serviteur

et va trouver Gabélus, à Ragès, ville des Mèdes

tu lui rendras son écrit, tu recevras de lui l’argent et tu le prieras de venir à mes noces.

...

Mon père compte les jours et si je tarde beaucoup, il sera très affligé. 

Car tu sais toi-même que mon père compte les jours

et que, si je tarde un jour de plus, son âme sera dans la tristesse.

...

Et Raphaël partit et logea chez Gabaël, et il lui remit la caution.

Il apporta les petits sacs qui étaient encore scellés et il les lui remit. 

Tu vois aussi de quelle manière Raguël m’a conjuré de rester ici

et que je ne puis résister à ses instances. 

...

Ils se levèrent tous deux de bon matin et ils vinrent aux noces.

Et Tobie bénit sa femme. 

Alors Raphaël, prenant quatre des serviteurs de Raguël et deux chameaux, se rendit à Ragès, ville des Mèdes.

Ayant trouvé Gabélus, il lui rendit son billet

et en reçut tout l’argent

...

Ø

et, après lui avoir raconté tout ce qui était arrivé à Tobie, fils de Tobie

il le fit venir avec lui aux noces.

...

Ø

Lorsque Gabélus entra dans la maison de Raguël, il trouva Tobie à table

celui-ci se leva aussitôt 

ils se baisèrent mutuellement, et Gabélus pleura et bénit Dieu

...

Ø

en disant :

— Que le Dieu d’Israël te bénisse

car tu es le fils d’un homme excellent, juste et craignant Dieu, et faisant beaucoup d’aumônes !

...

10 Ø

10 Que la bénédiction se répande aussi sur ta femme et sur vos parents !

10 ...

11 Ø

11 Puissiez-vous voir vos fils et les fils de vos fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération !

Que votre postérité soit bénie du Dieu d’Israël, qui règne dans les siècles des siècles ! 

11 ...

12 Ø

12 Tous ayant dit : — Amen ! ils se mirent à table

et c’est dans la crainte de Dieu qu’ils firent le festin des noces.

12 ...

10,1 Cependant, Tobit son père comptait chaque jour et lorsque les jours du voyage furent accomplis et qu'ils ne revenaient pas

Pendant que Tobie différait son départ à cause de ses noces

son père Tobie était rempli d’inquiétude : — D’où vient, se disait-il, le retard de mon fils ? Quelle raison peut le retenir dans ce pays ?

...

10,2 Il dit : Peut-être aurait-il été confondu ?

Ou peut-être Gabaël serait-il mort et personne ne peut lui remettre l'argent ? 

Gabélus serait-il mort, et n’y aurait-il plus personne pour lui rendre cet argent ? 

...

10,3 Et il fut très triste. 

Il commença donc à s’attrister beaucoup, lui et Anne, sa femme

et ils se mirent ensemble à pleurer de ce que leur fils n’était pas revenu près d’eux au jour marqué.

...

10,4 Sa femme lui dit : L'enfant est mort, car le temps est passé.

Elle commença à se lamenter sur lui et elle dit : 

Sa mère surtout répandait des larmes intarissables :

— Hélas ! hélas ! mon fils, disait-elle, pourquoi t’avons-nous envoyé si loin

toi qui étais la lumière de nos yeux

le bâton de notre vieillesse

la consolation de notre vie

et l’espérance de notre postérité ?

...

10,5 Je n'ai pas à me reprocher, mon enfant, de t'avoir laissé partir, toi, la lumière de mes yeux. 

Nous qui avions tout en toi seul

nous n’aurions pas dû t’éloigner de nous. 

...

10,6 Et Tobit lui dit : Tais-toi, ne t'inquiète pas, il se porte bien. 

Tobie lui disait : — Cesse tes plaintes et ne te trouble pas, notre fils se porte bien

et l’homme avec qui nous l’avons fait partir est très fidèle.

...

10,7 Et elle dit : Tais-toi, ne m'abuse pas, mon enfant est mort.

Et chaque jour, elle allait au dehors par la route qu'il avait empruntée

le jour, elle ne prenait pas de nourriture, et la nuit, elle ne cessait pas de pleurer Tobie, son fils, jusqu'à ce que s'écoulèrent les quatorze jours  des noces que Raguel lui avait fait jurer de passer là. 

Mais rien ne pouvait la consoler 

sortant chaque jour de sa maison, elle regardait de tous côtés, et allait sur tous les chemins par lesquels il y avait espoir qu’il reviendrait

afin, s’il était possible, de l’apercevoir de loin.

...

10,8 Et Tobie dit à Raguel :

Congédie-moi car mon père et ma mère n'espèrent plus me revoir. 

Cependant Raguël disait à son gendre :

— Reste ici, et j’enverrai des nouvelles de ta santé à Tobie, ton père. 

...

10,9 Et son beau-père lui dit :

Reste auprès de moi, je te renverrai alors vers ton père et je l'informerai à ton sujet.

Tobie dit : Non, laisse moi retourner chez mon père. 

Tobie lui répondit :

— Je sais que mon père et ma mère comptent les jours

et que leur esprit se tourmente au-dedans d’eux. 

...

10,10 Et Raguel s'étant levé, lui donna Sara, sa femme et la moitié de ses biens, en esclaves, bétail et argent. 

10 Après avoir fait encore de grandes instances à Tobie, sans que celui-ci voulût rien entendre à ses raisons

Raguël lui remit Sara avec la moitié de tout ce qu’il possédait

en serviteurs et en servantes, en troupeaux, en chameaux, en vaches, en argent, dont il avait beaucoup

et il le laissa partir, plein de santé et de joie

10 ...

10,11 Et les ayant béni, il les congédia en disant :

Que le Dieu du ciel vous fasse prospérer, enfants, tant que je vivrai. 

11 en disant :

— Que le saint ange du Seigneur soit en votre chemin

qu’il vous conduise jusque chez vous sains et saufs, puissiez-vous trouver toute chose prospère chez vos parents

et puissent mes yeux voir vos enfants avant que je meure !

11 ...

10,12 Et il dit à sa fille : Honore tes beaux-parents car ils sont désormais tes parents, que j'entende une bonne renommée de toi. Et il l'embrassa. 

12 Et le père et la mère, prenant leur fille, l’embrassèrent et la laissèrent aller,

12 ...

10,13 Et Edna dit à Tobie : Frère bien-aimé, que le Seigneur du ciel te conserve, qu'il m'accorde de voir tes enfants de Sara ma fille, afin que je me réjouisse davant le Seigneur. Voilà que je te confie ma fille, ne l'attriste pas !

14. Après cela,Tobie s'en alla  bénissant Dieu parce qu'il avait fait de son voyage un succès. Et il bénit  Ragouel et Edna sa femme.

13 après lui avoir recommandé d’honorer ses beaux-parents, d’aimer son mari, de bien conduire sa famille, de gouverner sa maison et de se conserver elle-même sans reproche.

13 ...

11,1 Et il allait jusqu'à ce qu'ils s'approchassent de Ninive, et Raphaël dit à Tobie :

Comme ils s’en retournaient, ils arrivèrent le onzième jour à Haran

ville située à moitié chemin vers Ninive

...

11,2 Ne sais-tu pas, frère, en quel état tu as laissé ton père ? 

Et l’ange dit : — Tobie, mon frère

tu sais en quel état tu as laissé ton père

...

11,3 Prenons de l'avance sur ta femme, et préparons la maison

Si donc tu le trouves bon, prenons les devants

et que tes serviteurs suivent à petites journées, avec ta femme et tes troupeaux. 

...

11,4 Et emporte avec toi le fiel du poisson.

Ils pressèrent le pas et le chien les suivit derrière eux. 

Tobie ayant approuvé ce dessein

Raphaël lui dit :

— Prends avec toi du fiel de poisson, car tu en auras besoin.

Tobie prit de ce fiel, et ils partirent.

...

11,5 Anne alors était assise en cherchant des yeux sur la route son fils

Anne cependant allait tous les jours s’asseoir près du chemin, au sommet d’une éminence

d’où elle pouvait découvrir de loin.

...

11,6 Et elle l'apperçut qui arrivait et elle cria à père de ce dernier : 

Voilà ton fils qui arrive et l'homme qui est parti avec lui. 

Et comme elle épiait de là l’arrivée de son fils, elle l’aperçut dans le lointain qui revenait

et, l’ayant reconnu, elle courut l’annoncer à son mari, en disant :

— Voici ton fils qui arrive. 

...

11,7 Et Raphaël dit : Je sais, moi, que ton père ouvrira les yeux

En même temps, Raphaël dit à Tobie : 

— Lorsque tu seras entré dans ta maison, adore aussitôt le Seigneur, ton Dieu

et rends-lui grâces, puis, t’approchant de ton père, tu le baiseras

...

11,8 Fais couler donc sur ses yeux le fiel

et, mordu par la souffrance, il se frottera avec force, fera tomber les taies et il te verra. 

et tu étendras tout de suite sur ses yeux de ce fiel de poisson que tu portes avec toi

car sache que ses yeux s’ouvriront à l’instant

et que ton père verra la lumière du ciel, et que ta vue le comblera de joie. 

...

11,9 Or Anna qui s'était mise à courir, sauta au cou de son fils et elle lui dit :

Je t'ai vu, mon enfant, à partir de maintenant je peux mourir et ils pleurèrent tous les deux. 

Alors le chien qui les avait accompagnés dans le voyage courut devant eux

comme pour apporter la nouvelle, caressant de la queue et tout joyeux.

...

11,10 Et Tobit était sorti sur le pas de la porte, il tomba et son fils s'élança alors vers lui

10 Et le père aveugle se leva et se mit à courir, et, comme il heurtait des pieds

il donna la main à un serviteur pour aller au-devant de son fils.

10 ...

11,11 Et il releva son père et il fit couler le fiel sur ses yeux, disant à son père : Aie confiance, père

11 Le prenant dans ses bras, il le baisa, ce que fit aussi sa femme, et tous deux versaient des larmes de joie.

11 ...

11,12 Et pendant qu'ils cuisaient, il se frotta les yeux avec force et les taies se détachèrent de chaque coin de ses yeux comme des écailles. 

12 Après qu’ils eurent adoré Dieu et lui eurent rendu grâces, il s’assirent.

12 ...

11,13 Aussitôt en voyant son fils, il lui sauta au cou, pleura et dit : 

13 Aussitôt Tobie, prenant du fiel du poisson, l’étendit sur les yeux de son père.

13 ...

11,14 Béni sois tu, mon Dieu, et béni soit ton nom dans tous les siècles et bénis soient tous tes saints anges 

parce qu'après m'avoir châtié, tu as eu pitié de moi, voilà que je peux voir mon fils Tobie. 

14 Au bout d’une demi-heure environ d’attente

une taie blanche, comme la pellicule d’un œuf, commença à sortir de ses yeux.

14 ...

11,15 Et son fils entra tout joyeux et il raconta à son père les grandes choses qui lui étaient arrivé en Médie. 

15 Tobie la saisit, et l’arracha des yeux de son père, et à l’instant celui-ci recouvra la vue.

15 ...

11,16 Et Tobit s'avança à la rencontre de sa bru, plein de joie et bénissant Dieu jusqu'à la porte de Ninive 

et les passants s'émerveillaient de le voir marcher parce qu'il voyait

et Tobit se réjouissait en louanges devant eux parce que Dieu avait eu pitié de lui. 

16 Et ils rendaient gloire à Dieu, lui et sa femme et tous ceux qui le connaissaient.

16 ...

11,17 Et lorsque Tobit arriva près de sa bru Sara, il la bénit en disant :

Que tu sois en bonne santé, ma fille ! Béni soit Dieu qui t'a conduite auprès de nous et bénis soient ton père et ta mère !

17 Tobie disait : — Je te bénis, Seigneur, Dieu d’Israël, parce que tu m'as châtié

et que tu m'as guéri, et voici, je vois mon fils Tobie ! 

17 ...

11,18 Et il y eut une grande joie à Ninive parmi tous ses frères

18 Sept jours après arriva aussi Sara, la femme de son fils, avec tous ses serviteurs en bonne santé

avec les troupeaux et les chameaux

et tout l’argent de son mariage et celui qu’avait rendu Gabélus.

18 ...

11,19 et Achiachare et Nabbas, ses cousins germains, arrivèrent

et le mariage de Tobie fut célébré dans l'allégresse pendant sept jours. 

19 Et Tobie raconta à ses parents tous les bienfaits

dont Dieu l’avait comblé par l’homme qui l’avait conduit.

19 ...

11,20 Ø 

20 Ahior et Nabath, parents de Tobie, vinrent le trouver, pleins de joie

et le félicitèrent de tous les biens que Dieu lui avait faits.

20 ...

11,21 Ø 

21 Et pendant sept jours, mangeant ensemble, ils se livrèrent à de grandes réjouissances.

21 ...

Réception

Musique

1,1–10,1 Va! Tobie... Oratorio de Charles Gounod

19e s.

Charles Gounod (1818-1893), Tobie, quatuor "Par la main de ce fils", 1854

Jesko Sirvend (dir.), Jodie Devos, Kate Aldrich

© License YouTube Standard→, Tb 1,1-10,1

Composition

Introduit par des harmonies cristallines et alertes des bois, le récitatif de l’Ange — presque un arioso qui pourrait être celui d’un Page d’opéra — annonce au vieux Tobie que son fils va lui rendre la vue et, comme il sent quelque défiance, Raphaël insiste : « Quand c’est Dieu qui promet le doute est-il permis ? » avant de se lancer dans un air presque galant de ton, avec des arabesques de violons rebondissant sur le soutien des cors : « Va ! Tobie et sois sans crainte ». Tobie y répond symétriquement puis le père, la mère, le fils et l’ange se rassemblent pour une nouvelle reprise.

(France Musique © 2018)