Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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4 Regarde, réponds-moi, YHWH, mon Dieu
Donne la lumière à mes yeux
afin que je ne m’endorme pas dans la mort
4 ...
4 Regarde, exauce-moi Seigneur mon Dieu !
Illumine mes yeux pour ne pas que je m'endorme dans la mort !
5 que mon ennemi ne dise :
Je l’ai emporté sur lui !
que mes adversaires n'exultent à me voir chanceler.
5 ...
5 de peur que mon ennemi ne dise : — J'ai prévalu contre lui !
Ceux qui me tourmentent exulteront si je suis ébranlé.
6 Mais moi en ta Mbonté j’ai Meu confiance
mon cœur Ma exulté en ton salut
je chanterai MYHWH car il m'a Mfait [le bien].
6 Mais moi en ta miséricorde j’ai espéré
mon cœur exultera en ton salut
je chanterai le Seigneur mon bienfaiteur
et je chanterai le nom du Seigneur le Très-haut.
6 Mais moi en ta miséricorde j'ai espéré
mon cœur exultera en ton salut
je chanterai le Seigneur qui m'a comblé de biens
et je psalmodierai pour le nom du Seigneur le Très-Haut.
4 V—IUXTA HEBR.
5 V—IUXTA HEBR.
6 V—IUXTA HEBR.
6 Mon coeur exultera Graduel
6.1 Seigneur, en ta miséricorde Introït
4s Illumine mes yeux. (V) Le Psautier d'Utrecht et sa réception : modèle iconographique et textuel au Moyen Âge.
Pour chaque psaume, le Psautier d'Utrecht est paré d'un grand décor à l'encre qui se déploie sur une demi-page. Probablement produit dans l'entourage de la cour carolingienne à Reims vers 820-845, le manuscrit arrive vers 1000 en Angleterre, à Canterbury, où il sert de modèle pour la décoration de plusieurs psautiers dont le Psautier Harley (11e), le Psautier d'Eadwine (12e) et le Psautier anglo-catalan (12e).
L'illustration du psaume 13 repose essentiellement sur les versets 4 et 5 : dans le coin supérieur gauche, le Christ, nimbé et imberbe, tient un livre dans sa main gauche. Il est de dos, mais se retourne pour pointer les rayons de sa torche vers les yeux du psalmiste qui se trouve sous un arbre, dans le coin inférieur droit. Le psalmiste a les yeux rivés sur un groupe de douze hommes armés de lances et de boucliers. L'un d'eux tend des flèches à un homme placé en avant qui dirige son arc vers le psalmiste. Un sarcophage ouvert et un monticule de terre agrémenté d'un arbre séparent le psalmiste du groupe d'hommes. C'est l'intervention divine qui pourra sauver le chantre.
Ainsi surnommé en hommage à un copiste représenté à la fin du manuscrit, le Psautier d'Eadwine tire directement ses illustrations du Psautier d'Utrecht. Un rapide coup d'oeil permet de saisir ce que doit ce manuscrit au précédent : la composition est identique, du placement des protagonistes à leur gestuelle.
La première différence est d'ordre technique : les contours du dessin à la plume sont rehaussés de couleur. Ce n'est plus tant la vigueur du trait que les encres de couleur qui donnent vie à cette illustration littérale du psaume. Autre distinction, le décor naturel est réduit, de manière à mettre en valeur le monticule et les arbres. Le Christ est quant à lui placé au centre d'un espace formé par le haut du cadre et un demi-cercle au contour ondulé, le séparant ainsi des actions des humains.
Cependant, seules les illustrations sont copiées du Psautier d'Utrecht, puisque le contenu textuel diffère d'avec le précédent manuscrit. Le Psautier d'Utrecht donne uniquement le texte du psautier gallican, c'est-à-dire de la traduction latine de la Septante (celle que l'on traduit ici), tandis que le Psautier d'Eadwine est divisé en trois colonnes de textes distincts :
Ce manuscrit est commencé vers 1200 à Canterbury avant d'être complété à Barcelonne vers 1340. L'illustration du psaume 13 est réalisée au cours de la première période de production, à Canterbury, et s'inscrit dans la tradition iconographique des deux psautiers évoqués. Les textes ont directement été copiés du Psautier d'Eadwine.
La composition de cette enluminure ressemble beaucoup aux décors à la plume des deux autres manuscrits, mais le traitement des personnages et la technique picturale varient.
On trouve, toutefois, quelques ajouts notables qui mettent en valeur l'évolution des codes iconographiques.
Le Psautier d'Utrecht a donc servi de modèle pour les décors d'autres manuscrits, parfois plusieurs siècles après sa confection. Cependant, le décor et le contenu textuel de chaque manuscrit sont adaptés au contexte et aux goûts de l'époque de production. L'étude de ces quelques manuscrits met donc en exergue les tensions entre traditions et renouvellements dans les manuscrits d'une même famille iconographique.