Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
Pour nous apporter votre aide, cliquer ici
1 Étant
VComme il était descendu de la montagne, des foules nombreuses le suivirent.
2 Et voici, un lépreux s’approchant
Byz V S TRvenant [à lui], se prosternait devant lui
Vl'adorait en disant :
— Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier.
3 Et, étendant la main, il
Byz V S TRJésus le toucha, en disant :
— Je veux, sois purifié.
Et aussitôt sa lèpre fut purifiée.
4 Et Jésus lui dit :
— Vois, ne [le] dis à personne
mais va, montre-toi au prêtre
Saux prêtres
et offre le don Sselon ce que Moïse a prescrit en témoignage pour eux.
5 Comme il
S TRJésus était entré dans Capharnaüm
un centurion s'approcha de lui, le suppliant
6 en disant :
— Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, paralysé, gravement tourmenté.
7 Jésus
NesIl lui dit :
— Moi, en allant,
Vje viendrai et je le guérirai.
8 Et répondant le centurion dit :
— Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit
mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri
9 car moi je suis un homme sous une autorité
ayant sous moi
Sma main des soldats
et je dis à l'un : — Va, et il va
et à un autre : — Viens, et il vient
et à mon esclave : — Fais ceci, et il fait.
10 En entendant, Jésus admira
et dit à ceux qui suivaient :
— Amen, je vous dis : — Chez personne je n'ai trouvé une telle foi en Israël
Byz V TRJe n'ai pas trouvé une telle foi en Israël
SMême en Israël je n'ai trouvé une telle foi.
11 Je vous dis :
— Beaucoup viendront du Levant et du Couchant
et se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux
12 les fils du royaume seront jetés
Ssortiront dans les ténèbres extérieures
là seront le pleur et le grincement de dents.
13 Et Jésus dit au centurion :
— Va et qu’il te soit fait comme tu as cru !
Et à cette heure-là son
Vle serviteur fut guéri.
14 Jésus étant venu dans la maison de Pierre
vit sa belle-mère alitée et fiévreuse
15 et il toucha sa main et la fièvre la laissa
elle se leva et elle le
V TRles servait.
16 Le soir venu on lui amena de nombreux démoniaques
Vbeaucoup de gens ayant des démons
et il chassait les esprits par une parole
et tous ceux qui allaient
Vavaient un mal, il les guérit
17 afin que s'accomplît ce qui avait été dit par le prophète Isaïe, disant :
« Lui-même a pris nos faiblesses et s’est chargé de nos maladies. »
18 Jésus, voyant de grandes foules
Nesune foule autour de lui, ordonna de s'en aller sur l’autre rive.
19 Et un scribe s'approchant lui dit :
— Maître
SRabbi, je te suivrai où que tu ailles,
20 et Jésus lui dit :
— Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des abris
Vtentes
mais le fils de l’homme n’a pas où reposer la tête.
21 Un autre de ses disciples lui dit :
— Seigneur, permets-moi d’abord de m'en aller et d'ensevelir mon père.
22 Mais Jésus lui dit :
— Suis-moi
et laisse les morts ensevelir leurs propres morts.
23 Et comme il était monté dans la barque ses disciples le suivirent.
24 Et voici, survint une grande secousse dans la mer
au point que la barque était couverte par les vagues
mais lui dormait
25 Ses disciples
ByzLes disciples
V Neset ils s’approchèrent, le réveillèrent et lui dirent
Ven disant :
— Seigneur, sauveByz V S TR-nous, nous périssons !
26 Il leur dit :
— Pourquoi êtes-vous craintifs, [hommes] de peu de foi ?
Alors, s'étant levé, il menaça les vents et la mer
Vil commanda aux vents et à la mer
et il se fit un grand calme.
27 Les
VAprès, les hommes furent étonnés en disant :
— Quel est celui-ci que même les vents et la mer lui obéissent ?
28 Étant venu sur l'autre rive, dans le pays des Gadaréniens
Byz TRGergéséniens
VGéraséniens,
deux possédés
V hommes ayant des démons vinrent à sa rencontre
sortant des tombeaux
et ils étaient très violents
Smauvais, de sorte que personne n'était capable de passer par ce chemin-là
29 et voici, ils crièrent en disant :
— Qu'en est-il de nous et de toi, Byz S TRJésus Fils de Dieu ?
Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ?
30 Il y avait Vnon loin d’eux un troupeau de porcs nombreux paissant.
31 Et les démons le priaient en disant :
— Si tu nous expulses, envoie-nous
Byz S TRpermets-nous d'aller dans le troupeau de porcs.
32 Et il
SJésus leur dit : — Allez !
Étant sortis, ils partirent vers les
Byz TRle troupeau de porcs
et voici, tout le troupeau Byz TRde porcs se précipita
Vs'en alla d'un élan du haut de l'escarpement dans la mer
et ils périrent dans les eaux.
33 Les pasteurs s'enfuirent
et étant allés dans la ville ils annoncèrent tout
et ce qui était arrivé aux démoniaques
Và ceux qui avaient des démons.
34 Et voici, toute la ville sortit à la rencontre de Jésus
et, le voyant, ils le priaient de s'éloigner de leur région.
17 « Lui-même a pris nos faiblesses et s’est chargé de nos maladies. » Le Christ comme « homme de douleurs » d'Isaïe 53 au fil de l'histoire de l'art
Citation d’Is 53,3 (« Il était mépris et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance »), l’expression Vir dolorum désigne un ensemble iconographique complexe. Au-delà de tout déroulement narratif, elle se réfère à des images de dévotion invitant à méditer la passion du Christ. Toutes figurent le Christ après la crucifixion, avec des variantes que l'on peut regrouper en deux types :
Là où le Christ de Piété appelle à la méditation silencieuse, le Vir Dolorum engage dans une expérience affective et pathétique de la souffrance du Christ. Leur formulation et leur succès, liés à l’évolution de la dévotion et de la liturgie vers la passion et les souffrances du Christ, en font des témoins éloquents de la piété médiévale et des cultes de la sainte croix, des →Arma Christi (Arts visuels Mt 27,26b) et du Corpus Christi (Arts visuels Mt 27,27–31).
Le portrait en buste du Christ mort apparaît dans l'iconographie byzantine au 12e s. et se diffuse en Occident à partir du 13e s. Les besoins de la liturgie byzantine du vendredi saint conduisent à la formulation d’une image de dévotion nouvelle, inspirée de l’epitaphios (icône représentant les lamentations de la Vierge, des saintes femmes, de Nicodème et de Jean sur le corps de Jésus, étendu sur le catafalque). L’imago pietatis représente le Christ mort, en buste, la tête nimbée inclinée sur la poitrine et les yeux clos.
Icône double face avec la Vierge Hodegetria et l'Homme des Douleurs/Christ de piété, (pigments à la détrempe et feuille d'argent sur panneau de bois, 12e s.), 115 x 77.5 x 3.5 cm, icône processionnelle,
Musée byzantin, Kastoria, Grèce,© Fair Use CB 51 Omeka→, Is 53,8
Cette première apparition connue de l’iconographie de l’Homme des Douleurs en fixe déjà les traits essentiels. Le Christ, nu et debout devant la Croix, n’y est pas cloué mais représenté dans un état de « mort vivante » : ses bras tombent le long du corps. La scène ne renvoie à aucun épisode précis de l’Écriture, mais condense la Passion dans son ensemble. Ici, les yeux du Christ sont clos, alors que dans nombre de représentations ultérieures de l’Homme des Douleurs, ils resteront ouverts. Quant à la Vierge Hodiguitria, un contraste singulier apparaît : elle porte l’Enfant, source de joie, mais son visage exprime une profonde tristesse. Marie semble déjà consciente de l’Homme de Douleurs représenté au revers et réagit à cette image.
Les offices liturgiques relatifs à la Passion se sont développés dans les monastères constantinopolitains au 11e s., et favorisèrent l'invention d'un nouveau motif iconographique combinant les thèmes de la Crucifixion, de la Déploration et de la Mise au tombeau. Peut-être s'agit-il d'une s'agit d'une version picturale des chants rituels byzantins utilisés dans la liturgie de la Passion : certains de ces chants montrent Marie en deuil de la Crucifixion tout en évoquant la jeunesse du Christ, exactement ce que semble faire la Vierge dans ce panneau ?
Au cours du 12e s., l’image se diffuse et s’enrichit rapidement. Le corps est alors présenté devant la croix, comme émergeant du tombeau. Le cadrage s'élargit et le Christ apparaît les bras croisés sur sa poitrine, dans la posture du mort.
Le type se diffuse en Occident à la faveur des échanges entre Byzance et l’Italie.
(actif entre 1320 et 1344), Imago pietatis (tempera sur panneau de bois de peuplier, ca. 1340-1345), 35 x 25,9 cm
Lindenau-Museum, Altenburg, Thuringe, Allemagne © Domaine public→
Giovanni (1427-1516), Imago Pietatis, Homme de Douleurs, (tempera sur bois, 1457), 50 x 40,4 cm
Musée Poldi Pezzoli, Milan, Italie © Fair Use. Musée Poldi Pezzoli→
Ce panneau de Giovanni Bellini est une œuvre de jeunesse, marquée par l’influence de son beau-frère Andrea Mantegna. Bellini y représente une résurrection à l’aube, au lever du soleil, moment de la renaissance du jour. Le fond rosé contraste avec le Christ encore pâle, soulignant les traces de la mort. Émergeant du tombeau, le Christ est figuré entre la vie et la mort : son corps terne et son visage las, privés de couleurs vitales, accentuent la dramatisation. Les zones blanches peintes sur les joues et autour des yeux creusés laissent apparaître les os du crâne sous la peau.
Parfois, et dès la fin du 13e s. en sculpture, le Christ est présenté par Marie ou par des anges, parfois même par le Père et l’Esprit, comme hostie vivante offerte à la contemplation du fidèle :
Giovanni (vers 1245/1248), Pietà de l'ange, (ca 1300), 44x 45 x 36 cm, Pupitre d'une chaire (relief), cathédrale de Pise (?)
Musées d'État de Berlin→, Collection de sculptures et Musée d'art byzantin, photo Antje Voigt © CC BY-SA 4.0
Le relief provient d’un lutrin appartenant à l’une des chaires sculptées par Giovanni Pisano, à Sant’Andrea de Pistoia (1297-1301) ou à la cathédrale de Pise (1302-1311). Il constitue l’une des premières représentations de la Pietà de l’Ange. Les anges, émus, ont ouvert le linceul du Christ de façon à laisser voir le haut de son corps. Le présentant comme une hostie, ils l’encadrent de leurs bras levés et de leurs jambes tendues, formant une mandorle. Sur cette chaire destinée à proclamer l’Écriture, ils désignent le Logos, le Verbe incarné.
(Italie Nord, fin 15e s.), Christ mort soutenu par deux anges (Imago Pietatis), (sculpture sur peuplier polychromé, 1485 - 1500), 82 x 68 m x 7 cm, bas-relief (la tête de l’ange senestre est une réfection)
Département des Sculptures du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes, n° RF 706, Musée du Louvre, Paris
© Fair Use. Musée du Louvre, Dist. Grand Palais Rmn. photo : Pierre Philibert→
Au fil des siècles les artistes ont continué à développer ce thème.
Particulièrement remarquables sont :
Carlo (ca. 1430–1495/1500), Le Christ mort soutenu par deux anges, (Tempera à l'œuf et or travaillé sur panneau de bois, ca 1472), 70,8 × 47,3 × 2,9 cm, Pinacle d'un retable, Collection John G. Johnson, 1917, n° Cat. 158
Philadelphia Museum of Art, Pennsylvanie, États-Unis © Philadelphia Museum of Art→. Fair Use
Carlo Crivelli se caractérise par un dessin fin et une touche délicate, alliés à un réalisme étrange et caricatural. Ici, la représentation détaillée des plaies du Christ et de sa peau grisonnante, ainsi que les larmes et les expressions angoissées des anges, accentuent l'horreur et la douleur de la souffrance et de la mort du Christ.
Andrea (1431–1506), Le Christ, Rédempteur souffrant, (tempera sur panneau de bois, 1488), 136 x 97 cm
Musée des Beaux Arts du Danemark, Copenhague, © Domaine public→
Cette iconographie inspire quelques artistes contemporains reprenant les grands maîtres de la Renaissance :
(1951-2024), Emergence, (bande vidéo couleur HD, 2002), taille de l’image projetée : 84 5/16 x 84 5/16 x 37/8 po, J. Paul Getty Museum, Los Angeles, © Licence Youtube standard→ D.R. Bill Viola, , Romains 6. 3-5
Cette œuvre du vidéaste américain, extraite de la série des Passions, est une méditation métaphysique sur la renaissance spirituelle. D’une durée de onze minutes et 49 secondes, elle met en scène un homme à la blancheur irréelle qui émerge lentement de l’eau d’un bassin et que deux femmes viennent accoucher sur le sol. Au sens chrétien, la symbolique est flagrante et l’on peut en faire une double lecture : à la fois celle de la résurrection du Christ au matin de Pâques, porté hors de sa tombe par la vitalité des fluides divins ; mais également celle du sacrement du baptême pour le croyant. Cela, car le ralenti extrême de la vidéo évoque l’effort de gestation que constitue le cheminement spirituel, depuis l’abandon du « vieil homme » jusqu'à la vie en Christ. Cette renaissance dans la famille de Dieu ne se fait pas sans douleur : commençant dans les pleurs des jeunes femmes agenouillées, elle s’accompagne nécessairement d’un deuil puisqu’il faut mourir à soi-même – la vieille enveloppe gisant au sol (vidéo) – pour que jaillisse l’homme nouveau, revêtu du vêtement christique. Quant à l’eau qui s’écoule de façon ininterrompue dans cette mise en scène expérimentale, elle renvoie à la purification baptismale, promesse de la vie éternelle.
(1951-2024), Emergence, Espace Louis Vuitton, Venise (Italie), (2014) avec Weba Garretson, John Hay et Sarah Steben
Vidéo amateur Bellatrilli Maria-Laura Bidorini © Licence YouTube standard
Deux femmes sont vues assises de chaque côté d'une citerne en marbre dans une cour, tandis qu'elles attendent patiemment en silence, ne se saluant qu'occasionnellement de la présence de l'autre, quand soudain la tête d'un jeune homme apparaît, puis son corps se lève...
Le portrait en pied du Christ, encore vivant montrant ses plaies, apparaît assez tardivement (14e s.) en Occident, surtout dans les pays germaniques.
(1472–1553), Christ de douleur, (peinture sur panneau de bois, 1550), 137 x 54 cm, (Intérieur du haut 5,5 cm, raboté et complété en dessous 6,5 cm), Aile intérieure d'un autel
Kunsthistorisches Museum, Vienne, Autriche © Domaine public→
L’expression générique Vir dolorum peut désigner aussi des imagines pietatis, si bien que les expressions sont souvent synonymes.
En Italie, le type s’enrichit des dolents de la crucifixion : la Vierge dès le 13e s. ; puis Jean, Marie-Madeleine, Joseph d’Arimathie et Nicodème au 14e s., au point que la composition devient une lamentation, le Christ étant présenté à mi-corps.
Maître de la Madone Strauss, peut-être ( ca 1360-1429), Vir dolorum, saints et Arma Christi, (détrempe, pigments et feuille d'or sur panneau de bois, 1380-90)
église San Romolo, Valiana, près de Pratovecchio, Toscane, Italie, © CC-BY-3.0→
(ca 1460 –1488), L'homme des douleurs de Smarten, (huile sur panneau de bois, ca 1485–1495), 24,5 x 24 cm,
Musée du Couvent de Sainte-Catherine, Utrecht © Domaine public→,
Mort jeune, le peintre primitif flamand au 12 ou 16 œuvres connues livre ici une version particulièrement complexe du thème, avec anges, saintes femmes, saint Jean et instruments de la Passion...
Parallèlement, l’image se charge d’une dimension eucharistique qui module la représentation du Christ. Au cours du 14e s., dans les pays germaniques, le Christ est figuré montrant ses plaies, en pied, sous les traits du Rédempteur triomphant de la mort, sortant du tombeau et présentant le saint calice :
, Der Schmerzensmann mit den Arma Christi (gravure sur bois, rehaut d'aquarelle, ca. 1470-1485)
Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg © Domaine public→,
Rapidement, les Arma Christi sont associées à la composition.
(ca. 1455-1543), Triptyque de l'abbé Antonius Tsgrooten, (huile sur panneau, 1507), 33,7 x 25,2 cm
Musée des Beaux-Arts, Anvers, Belgique © Domaine public→
L’image donne également naissance à l’iconographie de « La messe de saint Grégoire », qui commémore une vision du pape Grégoire le Grand célébrant l’Eucharistie et voyant apparaître sur l’autel le Christ de douleurs.
, actif 1475-1515, Messe de saint Grégoire (panneau de dévotion, détrempe sur bois, 1486)
musée du couvent Sainte-Catherine, Utrecht © Domaine public→
Les variantes duVir dolorum connaissent un essor considérable tout au long du 15e s., accompagnant le développement de la piété doloriste et de la devotio moderna. Ainsi, les peintres germaniques et flamands développent une variante du Vir dolorum présenté en buste comme dans l’imago pietatis, mais vivant et montrant ses plaies.
(ca. 1452-1549), L'homme de douleurs, (huile sur bois de chêne, ca. 1525), 44,5 x 28,6 cm
Metropolitan Museum of Art, New York © Fair Use Metmuseum→
L'image n'a jamais cessé de hanter les artistes, jusqu'à la période contemporaine : est-il interdit d'en trouver un avatar dans cette installation célèbre de Andy Warhol et de Jean-Michel Basquiat ?
Andy (1928–1987) et Jean-Michel (1960–1988), Ten Punching Bags (Last Supper), (sérigraphie et acrylique sur punching bags, 1985-86), 10 fois ca 107 × 36 × 36 cm, installation,
Andy Warhol Museum, Pittsburgh (PA) © Fair Use. Carnegiemuseums→
Cette installation provocatrice soulève paradoxe et contradiction : elle exhibe peut-être ce qui est le cœur du christianisme : Dieu a pris figure humaine et accepté d'être défiguré pour sauver l'humanité : le punching bag symbolise Jésus comme prenant les coups («porter les péchés») de l’humanité. Le nombre 10 suggère à la fois les dix commandements (dix manières de frapper Jésus quand on les enfreint ) et les dix lépreux (parias) que Jésus a purifiés (Mc 10,41).
Andy (1928–1987) et Jean-Michel (1960–1988), Ten Punching Bags (Last Supper), detail, (sérigraphie et acrylique sur punching bags, 1985-86), 10 fois ca 107 × 36 × 36 cm, installation
Andy Warhol Museum, Pittsburgh (PA) © Fair Use. D.R. photo D.R. blondeambition4→,
Commande du collectionneur fantasque Alexander Iolas en 1984, l'abondante série de Warhol inspirée par La dernière Cène de , fut sa dernière œuvre majeure. Elle prend donc une résonance singulière, alors que l'artiste, atteint du SIDA, est déjà hanté par la mort. Aux images sereines de Warhol d’un Christ DaVinci-esque, Basquiat juxtapose ses propres graphismes, à la fois religieux (une couronne, une racine de Jessé, des symboles trinitaires) et profanes (plomb, amiante, potence, stade de football délabré). Jésus le juge est lui-même jugé par la misère de la pauvreté urbaine.