La Bible en ses Traditions

Jacques 3,1–4,10

Byz V TR Nes
S

Qu'il n'y ait pas un tres grand nombre de maîtres, mes frères

sachant que nous recevrons

Vvous recevrez un jugement plus grand.

...

3,1 Les docteurs Mt 23,8 ; Rm 2,20s ; 1Tm 1,7

En beaucoup de points en effet nous trébuchons tous.

Si quelqu’un ne trébuche pas en parole, c’est un homme accompli

capable de tenir aussi tout le corps en bride.

...

3,2 Mort et vie au pouvoir de la langue Pr 10,19 ; 18,21 ; Si 5,9-15 ;14,1 ; 28,13-26

Regardez !

V NesOr si nous mettons un mors dans la bouche des chevaux pour qu'ils nous obéissent

Vnous en faire obéir

c'est aussi tout leur corps que nous conduisons.

Vfaisons tourner.

...

Voici aussi les vaisseaux, alors qu'ils sont si grands

Vgrands et poussés par des vents forts

ils sont conduits

Vtournés par un très petit gouvernail là où l'impulsion de celui qui dirige le veut.

Vl'aura voulu.

...

De même, la langue

est

Vest vraiment un petit membre et elle s'enorgueillit de grandes choses.

Voici combien un petit feu peut embraser une si grande forêt.

Nescombien un tel feu peut embraser une telle forêt.

Vcombien un feu peut embraser une grande forêt.

...

3,5 La langue est comme un feu ! Pr 16,27 ; 26,18-21 ; Si 28,22

La langue aussi est un feu, un monde d’iniquité.

Ainsi la langue

V NesLa langue est placée parmi nos membres

elle qui tache tout le corps

et enflamme le cours de notre vie, ayant été aussi enflammée

Vayant été enflammée par la géhenne.

...

3,6 L’impureté vient du coeur Mt 15,18

De fait toutes les espèces de quadrupèdes, d’oiseaux, de reptiles et d'animaux marins

Vet autres reptiles

sont domptées et ont été domptées par la nature humaine.

...

3,7 L’homme, roi de la création Gn 1,26 ; 9,2

La langue en revanche, nul parmi les hommes ne pourrait la dompter

c’est un mal agité

Byz TRirrépressible

Vsans repos

elle est pleine d’un venin mortifère.

...

3,8 Une langue de vipère Ps 140,4

En elle nous bénissons le Dieu

V NesSeigneur et Père

et en elle nous maudissons les hommes qui ont été faits à l’image de Dieu.

...

3,9 L’homme créé à l’image de Dieu Gn 1,26s

10 De la même bouche sortent bénédiction et malédiction.

Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi.

10 ...

3,10 Dites des paroles bonnes ! Ep 4,29

11 Est-ce qu'une source, de la même ouverture, fait jaillir une eau et douce et amère ?

11 ...

Byz V TR
S
Nes

12 Est-ce qu'un figuier, mes frères, pourrait produire des olives, ou une vigne des figues ?

Ainsi aucune source

Vune [source] salée ne peut pas non plus produire de l’eau douce. 

12 Ou est-ce qu'un figuier, mes frères, peut produire des olives, ou une vigne des figues ? 

Ainsi des eaux salées ne peuvent pas être rendues douces.

12 Est-ce qu'un figuier, mes frères, peut produire des olives, ou une vigne des figues ?

Une eau salée [ne peut pas] non plus produire du doux.

3,12 On reconnaît l’arbre à ses fruits Mt 7,16
Byz V TR Nes
S

13 Qui est sage et instruit parmi vous ?

Qu'il montre d'un bon mode de vie son œuvre dans la douceur de sagesse.

13 ...

14 Mais si vous avez un zèle amer et des disputes en vos cœurs,

n'en tirez pas gloire et ne soyez pas menteurs contre la vérité.

14 ...

3,14 Appel à la charité Ep 4,1-2

15 Pareille sagesse ne vient pas d’en haut

mais elle est terrestre, charnelle, diabolique.

15 ...

3,15 Ayez la sagesse d’en haut ! 1Co 3,3 ; 2Co 1,12

16 En effet, là où se trouvent zèle et dispute, là se trouvent l'instabilité et toute œuvre mauvaise.

16 ...

17 En revanche la sagesse qui est d’en haut

premièrement est pure

Vpudique

ensuite pacifique, modeste, traitable

pleine de miséricorde et de bons fruits

impartiale et sincère.

Nesimpartiale, sincère.

Vne jugeant pas, sans hypocrisie.

17 ...

3,17 Charité 1Co 13,4-7

18 Le fruit de justice en revanche est semé dans la paix pour ceux qui font la paix.

18 ...

3,18 Le fruit de justice et de paix Ph 1,11 ; He 12,11 Les artisans de paix Mt 5,9

4,1 D’où [viennent] les guerres et d'où [viennent] les litiges

Byz V TRD’où [viennent] les guerres et les litiges parmi vous ?

N’est-ce pas de là, de vos concupiscences qui combattent dans vos membres ?

...

4,2 Vous convoitez et vous n’avez pas,

vous tuez, vous enviez et vous ne pouvez obtenir,

vous êtes en litige et vous êtes en conflit

mais vous

Byz V Nesvous ne possédez pas parce que vous,

Vparce que vous ne demandez pas,

...

4,2 Les luttes intérieures Rm 7,23 ; Ga 5,17 ; 1P 2,11

4,3 vous demandez et vous ne recevez pas pour la raison que vous demandez mal

en voulant dépenser dans vos concupiscences.

...

4,3 Priez bien ! Ps 66,18 ; Mt 6,5-13,33 ; Rm 8,26

4,4 Hommes et femmes adultères,

V NesAdultères, vous ne savez pas que l’amitié de ce monde est ennemie de Dieu.

Quiconque donc aura voulu être ami de ce monde

en ennemi de Dieu est établi.

...

4,4 Se garder du monde Mt 6,24p ; 1Jn 2,15-17

4,5 Ou bien pensez-vous que ce soit en vain que l'Écriture dise :

— Jusqu’à la jalousie désire l’esprit qui habite en nous ? 

...

4,5 “Il insuffla une haleine de vie” Gn 2,7

4,6 Il donne en revanche une grâce plus grande

c'est pourquoi il dit :

— Dieu résiste aux superbes, aux humbles en revanche il donne sa grâce.

...

4,6 = Pr 3,34 LXX ; 1P 5,5-9

4,7 Soyez donc soumis à Dieu

résistez

Byz V Nesrésistez en revanche au diable et il fuira loin de vous.

...

4,7 Résister au diable Ep 6,11

4,8 Approchez-vous du Seigneur et il s’approchera de vous

purifiez vos mains, pécheurs

et purifiez vos cœurs, vous qui avez l’âme double.

...

4,8 “Revenez à moi et je reviendrai à vous” Za 1,3 ; Ml 3,7

4,9 Soyez misérables

et prenez le deuil et pleurez

que votre rire se transforme

V Neschange en deuil

et votre joie en affliction.

...

4,10 Humiliez-vous sous le regard du Seigneur et il vous élèvera.

10 ...

4,10 Humilité Mt 23,12

Réception

Philosophie

3,2 langue garder sa langue en bride La convergence entre l’éthique du comportement et l’éthique de l’expression transparait dans plusieurs maximes des sages comme chez Chilon, l’inventeur du célèbre apophtegme « rien de trop » (μηδὲν ἄγαν). 

  • DIOGENE LAËRCE, Vies et Doctrines des philosophes illustres, 1,3 (68-70) « Chilon de Lacédémone, fils de Damagète, a laissé deux cents vers élégiaques. Il disait que la prévoyance de l’avenir, appuyée sur le raisonnement, est pour l’homme la vertu par excellence. On rapporte aussi qu’ayant demandé à Ésope ce que faisait Jupiter, il en reçut cette réponse : « Il abaisse les grands et élève les petits ». On lui demandait à lui-même ce qui distingue l’homme instruit de l’ignorant : « Les bonnes espérances, » dit-il. À cette question : Quelles sont les choses les plus difficiles ? il répondit : « Taire un secret, bien employer son temps, supporter une injustice ». On lui doit encore ces préceptes : « Retenez votre langue […]— Ne parlez mal de personne […]— Ne dites pas de mal des morts […]— Ne riez pas des malheureux — Êtes- vous puissant? soyez bienveillant, afin qu’on ait pour vous plus de respect que de crainte […] — Que la langue chez vous ne devance pas la pensée — Domptez la colère […] — Ne désirez pas l’impossible […]— Ne gesticulez pas en parlant : c’est le propre d’un insensé. — Obéissez aux lois. — Menez une vie paisible ».
  • EURIPIDE « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence ».

  • Zénon de Cittium « La nature nous a donné deux oreilles et une langue afin que nous écoutions le double de ce que nous disons ».

 

3,2 Langue L’ontologie du silence Pour Simone Weil, l’herméneutique réceptive et contemplative du silence de l’Être dévoile le silence comme un mode authentique de la parole.

 S. WEIL. Poèmes, 

« La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ?

Il vaut mieux aller abandonnant l’espérance.

Nous n’entrerons jamais. Nous sommes las de la voir.

La porte en s’ouvrant laissa passer tant de silence

Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ;

Seul l’espace immense où sont le vide et la lumière

Fut soudain présent de part en part, combla le cœur

Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière. », p. 36

Arts visuels

3,1–12 Si quelqu'un ne trébuche pas en parole La langue, « fléau sans repos » Giotto et Bellini offrent une illustration saisissante des ravages d'une langue indomptée que saint Jacques détaille dans sa lettre.

Fresque du 14e s.

Giotto di Bondone (1267-1337), Invidia (ca. 1305-1306)

chapelle des Scrovegni, mur sud, tiers inférieur, Padoue (Italie) © Domaine public→

L'envie est représentée sous les traits d'une vieille femme laide marchant à tâtons dans un berceau de flammes. Cherchant une proie de sa main droite crispée, elle tient fermement une bourse à sa main gauche. De sa bouche jaillit un serpent tordu en arrière, comme pour lui crever les yeux : la médisance se retourne toujours contre son auteur ... La queue du serpent entoure les grandes oreilles de la figure. Ouvertes aux vilenies de tout poil, elles rappellent celles des diablotins. L'envie et la médisance sont intimement liées.

Peinture du 15e s.

Bernard l'ermite

Giovanni Bellini (ca. 1425/1433-1516), Le Mensonge (huile sur panneau de bois, 1490), 32 x 22 cm 

Gallerie dell'Accademia, Venise (Italie) © Domaine public→

Un homme — le menteur ? — tient dans ses bras un immense coquillage dont jaillit un homme nu. À la fois coupable et victime, ce dernier est aux prises avec un serpent qui l'enlace. Le mensonge échappe à son auteur, impossible à contrôler et à rattraper, et frappe ici un innocent pèlerin. Le piédestal sur lequel il se tient porte le nom du peintre. 

Pour une fois, le mensonge n'est pas représenté sous les traits d'une femme !

4,1–17 purifiez vos cœurs Madeleine, ou la vie pénitente

Peinture française du 17e s.

Georges de La Tour a peint quatre versions de la « Madeleine pénitente ». Chaste silence de la méditation et clair-obscur mimant le passage progressif des ténèbres à la lumière, ou le renoncement aux vaines lumières de ce monde, ces compositions invitent à la conversion intérieure.

Georges de La Tour (1593-1652), La Madeleine à la flamme filante (1638-1640), 117 x 92 cm,

Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles (États-Unis) © Domaine public→

Georges de La Tour (1593-1652), La Madeleine au miroir, ou Madeleine Fabius (huile sur toile, 1635-1640), 113 x 92,7 cm

National Gallery of Art, Washington D.C. (États-Unis) © Domaine public→

Madeleine se regarde, mais par un jeu de miroir dont La Tour est coutumier, le spectateur ne voit que le reflet du crâne : efficace memento mori

Georges de La Tour, La Madeleine aux deux flammes (huile sur toile, ca. 1640), 133 x 102 cm

Metropolitan Museum of Art (MET), New York (États-Unis) © Domaine Public→

Marie Madeleine se tient assise devant une table sur laquelle repose un cierge, dont la flamme effilée se reflète dans un miroir au cadre orné de motifs. Le collier de perles placé sous le miroir et les bijoux qui gisent à ses pieds, abandonnés dans l'ombre symbolisent la vanité des plaisirs et de la vie légère à laquelle elle a renoncé. Câlé entre ses genoux et ses mains repose un crâne, élément classique du genre pictural de la vanité. La bougie déjà bien entamée et la flamme vacillante, qu'un souffle peut faire mourir, évoquent la fragilité et l'évanescence de la vie humaine. On entend alors de façon nouvelle les mots de saint Jacques : « Vous êtes une vapeur qui paraît un instant et s'évanouit ensuite » (Jc 4,14). Le regard de la pénitente, dont le visage pénétré et baigné de lumière est tourné de trois quarts, plonge au-dessus du miroir vers un rideau d'ombre, nous invitant nous aussi à contempler des réalités d'un autre ordre. La finesse des plis, le blanc lumineux de la chemise, ainsi que la délicatesse des mains jointes en prière sont remarquables.

Georges de La Tour (1593-1652), La Madeleine à la veilleuse (huile sur toile, ca. 1640-1645), 128 × 94 cm

Musée du Louvre, Paris (France) © Domaine public→