La Bible en ses Traditions

Jacques 2,20–3,6

Byz V TR Nes
S

20 Mais tu veux savoir, ô homme inconsistant, que la foi sans les œuvres est morte ?

V Nesoisive ?

20 ...

21 Abraham notre père, n'a-t-il pas été justifié par les œuvres

ayant offert son fils Isaac sur l’autel ?

21 ...

2,21 = Gn 22,9 ; He 11,17

22 Tu vois que la foi coopérait à ses œuvres

et que par les œuvres la foi fut portée à la perfection.

22 ...

23 Et elle a été accomplie l'Écriture disant :

— Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice

et il fut appelé ami de Dieu.

23 ...

2,23 Abraham, l’ami, le serviteur de Dieu Gn 15,6 ; Is 41,8 ; Rm 4,3 ; Ga 3,6

24 Vous voyez donc

V NesVous voyez que c'est par les œuvres qu'est justifié l'homme et non par la foi seulement.

24 ...

25 De semblable façon aussi la courtisane Rahab

VRaab

n'est-ce pas par les œuvres qu'elle fut justifiée

ayant reçu les envoyés et par un autre chemin les ayant rejetés ?

25 ...

2,25 Rahab Jos 2,1s ; He 11,31

26 De même que le corps sans souffle s'éteint dans la mort

de même la foi sans les œuvres est morte.

26 ...

3,1 Qu'il n'y ait pas un tres grand nombre de maîtres, mes frères

sachant que nous recevrons

Vvous recevrez un jugement plus grand.

...

3,1 Les docteurs Mt 23,8 ; Rm 2,20s ; 1Tm 1,7

3,2 En beaucoup de points en effet nous trébuchons tous.

Si quelqu’un ne trébuche pas en parole, c’est un homme accompli

capable de tenir aussi tout le corps en bride.

...

3,2 Mort et vie au pouvoir de la langue Pr 10,19 ; 18,21 ; Si 5,9-15 ;14,1 ; 28,13-26

3,3 Regardez !

V NesOr si nous mettons un mors dans la bouche des chevaux pour qu'ils nous obéissent

Vnous en faire obéir

c'est aussi tout leur corps que nous conduisons.

Vfaisons tourner.

...

3,4 Voici aussi les vaisseaux, alors qu'ils sont si grands

Vgrands et poussés par des vents forts

ils sont conduits

Vtournés par un très petit gouvernail là où l'impulsion de celui qui dirige le veut.

Vl'aura voulu.

...

3,5 De même, la langue

est

Vest vraiment un petit membre et elle s'enorgueillit de grandes choses.

Voici combien un petit feu peut embraser une si grande forêt.

Nescombien un tel feu peut embraser une telle forêt.

Vcombien un feu peut embraser une grande forêt.

...

3,5 La langue est comme un feu ! Pr 16,27 ; 26,18-21 ; Si 28,22

3,6 La langue aussi est un feu, un monde d’iniquité.

Ainsi la langue

V NesLa langue est placée parmi nos membres

elle qui tache tout le corps

et enflamme le cours de notre vie, ayant été aussi enflammée

Vayant été enflammée par la géhenne.

...

3,6 L’impureté vient du coeur Mt 15,18

Réception

Philosophie

3,2 langue garder sa langue en bride La convergence entre l’éthique du comportement et l’éthique de l’expression transparait dans plusieurs maximes des sages comme chez Chilon, l’inventeur du célèbre apophtegme « rien de trop » (μηδὲν ἄγαν). 

  • DIOGENE LAËRCE, Vies et Doctrines des philosophes illustres, 1,3 (68-70) « Chilon de Lacédémone, fils de Damagète, a laissé deux cents vers élégiaques. Il disait que la prévoyance de l’avenir, appuyée sur le raisonnement, est pour l’homme la vertu par excellence. On rapporte aussi qu’ayant demandé à Ésope ce que faisait Jupiter, il en reçut cette réponse : « Il abaisse les grands et élève les petits ». On lui demandait à lui-même ce qui distingue l’homme instruit de l’ignorant : « Les bonnes espérances, » dit-il. À cette question : Quelles sont les choses les plus difficiles ? il répondit : « Taire un secret, bien employer son temps, supporter une injustice ». On lui doit encore ces préceptes : « Retenez votre langue […]— Ne parlez mal de personne […]— Ne dites pas de mal des morts […]— Ne riez pas des malheureux — Êtes- vous puissant? soyez bienveillant, afin qu’on ait pour vous plus de respect que de crainte […] — Que la langue chez vous ne devance pas la pensée — Domptez la colère […] — Ne désirez pas l’impossible […]— Ne gesticulez pas en parlant : c’est le propre d’un insensé. — Obéissez aux lois. — Menez une vie paisible ».
  • EURIPIDE « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence ».

  • Zénon de Cittium « La nature nous a donné deux oreilles et une langue afin que nous écoutions le double de ce que nous disons ».

 

3,2 Langue L’ontologie du silence Pour Simone Weil, l’herméneutique réceptive et contemplative du silence de l’Être dévoile le silence comme un mode authentique de la parole.

 S. WEIL. Poèmes, 

« La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ?

Il vaut mieux aller abandonnant l’espérance.

Nous n’entrerons jamais. Nous sommes las de la voir.

La porte en s’ouvrant laissa passer tant de silence

Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ;

Seul l’espace immense où sont le vide et la lumière

Fut soudain présent de part en part, combla le cœur

Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière. », p. 36

Arts visuels

2,1–26 ayez, sans faire acception des personnes, la foi La foi en acte de saint Jean l'Aumônier 

Peinture italienne du 16e s.

Le Titien, Saint Jean l'Aumônier (huile sur toile, 1545), 229 x 156 cm, retable du maître autel

église San Giovanni in Bragora, Venise (Italie) © Domaine Public→

Saint Jean l'Aumônier, représenté ici par Le Titien, vécut au 6e s. et fut patriarche d'Alexandrie, où il mena une lutte tenace contre le monophysisme. La Légende Dorée de Jacques de Voragine fait état de ses nombreux actes de charité envers les pauvres, qu'il appelait « mes seigneurs » et pour qui il aurait vendu tous ses biens. 

La composition du tableau unit de manière particulièrement signifiante la foi et les œuvres. Sous une croix tenue par un enfant de chœur, saint Jean tient fermement de sa main gauche le livre ouvert des évangiles. De sa main droite, il fait l'aumône à un pauvre.

3,1–12 Si quelqu'un ne trébuche pas en parole La langue, « fléau sans repos » Giotto et Bellini offrent une illustration saisissante des ravages d'une langue indomptée que saint Jacques détaille dans sa lettre.

Fresque du 14e s.

Giotto di Bondone (1267-1337), Invidia (ca. 1305-1306)

chapelle des Scrovegni, mur sud, tiers inférieur, Padoue (Italie) © Domaine public→

L'envie est représentée sous les traits d'une vieille femme laide marchant à tâtons dans un berceau de flammes. Cherchant une proie de sa main droite crispée, elle tient fermement une bourse à sa main gauche. De sa bouche jaillit un serpent tordu en arrière, comme pour lui crever les yeux : la médisance se retourne toujours contre son auteur ... La queue du serpent entoure les grandes oreilles de la figure. Ouvertes aux vilenies de tout poil, elles rappellent celles des diablotins. L'envie et la médisance sont intimement liées.

Peinture du 15e s.

Bernard l'ermite

Giovanni Bellini (ca. 1425/1433-1516), Le Mensonge (huile sur panneau de bois, 1490), 32 x 22 cm 

Gallerie dell'Accademia, Venise (Italie) © Domaine public→

Un homme — le menteur ? — tient dans ses bras un immense coquillage dont jaillit un homme nu. À la fois coupable et victime, ce dernier est aux prises avec un serpent qui l'enlace. Le mensonge échappe à son auteur, impossible à contrôler et à rattraper, et frappe ici un innocent pèlerin. Le piédestal sur lequel il se tient porte le nom du peintre. 

Pour une fois, le mensonge n'est pas représenté sous les traits d'une femme !