La Bible en ses Traditions

Apocalypse 2,7

Byz V S TR Nes

Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises !

À celui qui vaincra, je lui donnerai à manger de l’arbre de vie qui est dans le

TRau milieu du paradis de mon Dieu.

TR NesDieu.

Réception

Arts visuels

7 je lui donnerai à manger de l’arbre de vie Motif judéo-chrétien

Un symbole universel

L’arbre du paradis originel des Écritures, dont les fruits devaient assurer l'immortalité, peut se rapprocher de l’arbre mythologique décoratif présent dans les croyances de nombreux peuples, depuis l'époque préhistorique en Mésopotamie et dans l'Antiquité, entre autres en Égypte, en Grèce, en Babylonie, en Perse et en Inde, avec des symboliques variées. Au Moyen-Orient, l’Arbre de Vie symbolise l’immortalité ; en Chine et en Inde, le centre de l’univers. Dans le bouddhisme, il est nommé « le Bodhi » : Bouddha a eu l’éveil sous cet arbre, lieu de ses enseignements premiers.

Dans l'art chrétien médiéval, ces symbolismes naturels ne sont pas oubliés.

Maître des Carmina Burana, Arbres en abondance (pigments en détrempe sur parchemin, 25 x 17 cm, ca. 1230) Clm 4660, fol. 64v

Bibliothèque de l'État de Bavière, Munich (Allemagne) © Domaine public→

Il s'agit de l'une des huit illustrations apparaissant à la fin de chaque groupe de chants de thème similaire, dans cette compilation de 318 chants profanes latins (quelques uns en moyen-haut allemand) en un manuscrit de 112 feuillets, contenant aussi deux pièces sur la Nativité et sur la Passion.

Jusque dans l'art islamique il symbolise la renaissance éternelle de la nature, et la fugacité de la condition humaine.

Anonyme, Arbre de vie (mosaïque au sol, ca. 724-743)

salle d'audience des bains du palais de Hisham Khirbat al-Mafjar, Jéricho (Palestine) © Domaine public→

Ce pommier ombrageant des gazelles paissant tranquillement à gauche et chassées par un lion à droite, pourrait symboliser l'existence humaine oscillant entre répit et danger.

Au 20e s. encore, il inspire de grands plasticiens. L'un des plus célèbres « arbres de vie » du siècle passé est celui de Klimt.

Gustav Klimt (1862-1918), L'arbre de vie (triptyque, 1909)

Musée des Arts Appliqués, Vienne (Autriche) © Domaine public→

Les trois parties du triptyque sont intitulées : L’Attente, L’Arbre de Vie et L’Accomplissement. L'œuvre achevée n'est pas publique, elle a été réalisée sur fresque par l'atelier de la Wiener Werkstätte, chargé de la réalisation de la décoration du Palais Stoclet (le belge Adolphe Stoclet, commanditaire de Klimt). L’arbre de vie est un sujet extrêmement ancien. On trouve deux arbres dans le Jardin d’Éden : l’Arbre de vie et l’Arbre de la Connaissance, actant principal du péché originel. L’Arbre de Klimt concentre le cycle de la vie (feuilles d'automne et bourgeons de printemps), l'ensemble du cosmos (oiseau et fleurs), monde sous-terrain des racines, monde humain du tronc et monde céleste des branches. Il est structuré en sept branches (symboles des caractères et humeurs humains) démultipliées en ramifications finissant en spirales (suggérant la répétition cyclique de la vie). Les deux panneaux qui l'encadrent présentent à gauche une danseuse, « L’attente » et à droite « L’accomplissement » avec un couple d’amoureux rappelant le « Baiser ».

Un symbole chrétien

Dans le christianisme, les deux arbres du paradis, l’arbre de la connaissance du bien et du mal et l’arbre de l’immortalité, sont des types du Messie crucifié : l’arbre de la croix est le lieu où la mort est devenue le début de la vie. La typologie de la croix comme arbre culmine au 13e s. chez Bonaventure Lignum.

Dans les arts visuels, elle se déploie dans le motif des « crucifix ramifiés » : la croix-Arbre de Vie devient tronc feuillu à branches, fruits et nœuds.

Le motif est à la fois protologique et eschatologique, renvoyant à la fois à la Genèse et à l'Apocalypse, à l'Éden et au Golgotha, à Ève et à Marie, à Adam et au Christ nouvel Adam : 

Berthold Furtmeyr (ca. 1446-1501), Arbre de vie flanqué de Marie et Ève (pigments en détrempe sur parchemin, 1481 ; enluminure du Salzburger Missale) Clm 15708-15712

Bibliothèque de l'État de Bavière, Munich (Allemagne) © Domaine public→

Anonyme, Arbre de Vie  (médaillon émaillé, ca. 1160 ; art mosan)

Trésor de la collégiale Notre-Dame, Huy (France) © Traumrune CC BY 3.0→, Ps 1 ; 24,10

Inscription sur le pourtour : « Universæ viæ Domini, misericordia et veritas » (Ps 24,10), dans le phylactère : « qui vicerit dabo illi edere de ligno vitæ » (Ap 2,7). Ce médaillon pourrait avoir fait partie d'un triptyque Stavelot Triptych 1980, 28,6.

Un symbole juif

La tradition mystique juive (Kabbale) elle-même déploie sa méditation de l’unipluralité divine sous forme d'un Arbre de Vie, l’« arbre séphirotique » :

Anonyme, Arbre de vie séfirotique (gravure sur bois, page de titre in Gikatilla, Yosef Ben Abraham ; Portae lucis, trad. latine par Paul Ricius de sections de Shaarei Ora, 1ère éd. impr. 1561, Mantoue)

Musée de l'Embassy of the Free Mind, Amsterdam (Pays-Bas) © Domaine public→

Tradition kabbalistique, L'arbre de vie avec les nom des dix sephiroth

© Domaine public→ 

Les séphiroth sont les dix puissances créatrices émanées de l'énergie du Créateur et faisant rayonner le Sans-fin (En Sof) dans le monde fini. En voici une traduction possible : 

Ben Siesta, Arbre de vie de la kabbale avec les noms des séphiroths traduits en français (image numérique, 2019)

© CC BY-SA 4.0→ 

Dans l’architecture sacrée tant juive que chrétienne le motif de l'arbre de vie apparaît fréquemment, diversement stylisé.

Cinéma

1,1–22,21 Allusions à l'Apocalypse

  • Ingmar Bergman, Det sjunde inseglet [« le septième sceau »] (1957).
  • Vincente Minnelli, The Four Horsemen of the Apocalypse (1961).
  • Andrei Tarkovski, Offret [« le sacrifice »] (1985).
  • Peter Jackson, The Lord of the Rings (en particulier le 3e film, 2003).