Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Et il y avait un homme Gdes fils de Benjamin du nom de « Qîš »
G« Kis »
V« Quis », fils d’’Ăbî’ēl,
GAbiêl,
VAbiel,
fils de Çᵉrôr
GSared
VSéror, fils de Bᵉkôrat
GBachir
VBécoreth
fils d’’Ăpîaḥ
GAphek
VAfia
fils d’un Benjaminite
Vhomme de Jamin, un homme vaillant
Gun homme puissant
Vcourageux et vaillant.
1 ...
2 Et il avait un fils du nom de « Šā’ûl »
G« Saoul »
V« Saül », homme jeune
Gde grande taille
Vd'élite et beau
G Vhomme de bien
et aucun des fils d’Israël n'était plus beau
G Vmeilleur que lui
depuis l'épaule et au-dessus il était plus grand que
Vdépassait tout le peuple.
Gpays.
2 ...
3 Or les ânesses de Qish, père de Saül, s’étaient égarées
et Qish dit à Saül son fils :
— PrendsM, je te prie, avec toi un des serviteurs et lève-toi, va, cherche
Glevez-vous, allez, cherchez les ânesses.
3 ...
3 Or les ânesses de Quis, père de Saül, s’étaient égarées
et Quis dit à Saül son fils :
— Prends avec toi un des serviteurs et debout ! Va, et cherche les ânesses !
Et comme ils avaient traversé la montagne d'Éphraïm
4 Et il passa
Gils passèrent par la montagne d'Éphraïm
et il passa par
Gils passèrent par le pays de Šālišâ
GSelcha et ils ne les trouvèrent pas.
Ils passèrent par le pays de Ša‘ălim
GIakim et elles n’y étaient pas
ils passèrent par le pays de Benjamin et ils ne les trouvèrent pas.
4 ...
4 et le pays de Salisa, et qu'ils ne les avaient pas trouvées
ils passèrent aussi par le pays de Salim et elles n'y étaient pas
et par le pays de Jamin et ils ne les trouvèrent pas davantage.
5 Lorsqu’ils furent parvenus dans le pays
Gà celui de Suph
Saül dit à son serviteur qui était avec lui :
— Viens et rentrons, de peur que mon père ait laissé tomber les ânesses et ne soit en train de s'inquiéter pour nous !
5 ...
6 Et il
Gle serviteur lui dit : — Voici,
GVoici justement qu'
VIl se trouve qu'il y a un homme de Dieu dans cette ville, un homme
Get l'homme est célèbre,
tout ce qu’il dit arrive
Gdira arrivera infailliblement.
Allons-y Vdonc maintenant
peut-être nous informera-t-il sur le chemin
Gpour qu'il nous indique notre chemin que nous devons prendre ?
Gsur lequel nous nous en sommes allés !
Vpour lequel nous sommes venus ?
6 ...
7 Et Saül dit à son serviteur Gqui était avec lui :
— Si nous y allons,
G— Voici que nous irons,
V— Bon, nous y allons : qu’apporterons-nous à l’homme Gde Dieu ?
En effet, le
VLe pain manque dans nos sacs
et nous n’avons pas de cadeau à offrir
G rien de plus à apporter
Vmême un petit cadeau, nous n'en avons pas à offrir à l’homme de Dieu , qu’avons-nous ?
Gqui soit à nous.
Vni quoi que ce soit.
7 ...
8 Le serviteur répondit de nouveau à Saül et dit :
— Voici que j'ai sur moi
Gse trouve dans ma
Vj'ai en main un quart de sicle d’argent
je le donnerai
Gtu le donneras
V donnons-le à l’homme de Dieu et
Vpour qu'il nous indiquera
Vindique le chemin !
8 ...
9 Autrefois en Israël Gvoici ce que chacun disait Mainsi en allant consulter Dieu :
— Venez M Vet allons chez le voyant !
En effet, celui qu’on appelle aujourd'hui « prophète »
Gle prophète était appelé Gpar le peuple autrefois « voyant ».
9 ...
10 Et Saül dit à son serviteur :
V— Très bien parlé. Viens, allons.
Et ils allèrent à la ville où était l’homme de Dieu.
10 ...
11 Comme ils gravissaient la montée de la ville
ils rencontrèrent des jeunes filles sorties pour puiser de l’eau
et ils leur dirent
Gdisent : — Le voyant est-il ici ?
11 ...
12 Et répondant elles leur dirent
Gdisent : — Il est là
voici, devant toi
Gvous, M Vhâte-toi maintenant
car aujourd’hui
Gc'est à cause du jour qu'il est venu à la ville
parce qu'aujourd'hui il y a un sacrifice pour le peuple sur le haut lieu
Gà Bama.
...
13 Aussitôt en entrant
GQuand vous entrerez dans la ville vous le trouverez Gsans peine avant qu’il ne monte au haut lieu
Gà Bama pour manger
car le peuple ne mangera Gsûrement pas jusqu'à ce qu’il soit arrivé
parce que c'est lui qui bénit le sacrifice et ensuite les conviés mangeront
Ghôtes mangent.
Montez M Vdonc maintenant car M Gà cause du jour vous le trouverez
Mà l'instant
Vaujourd’hui.
13 ...
14 Et ils montèrent à la ville.
Et comme ils entraient
Vmarchaient au milieu de la ville
voici que Samuel sortait
Gsortit
Vapparut, sortant à leur rencontre pour monter au haut lieu
Gà Bama.
14 ...
15 Or YHWH
G Vle Seigneur avait fait une révélation à l'oreille de Samuel un jour avant que Saül vîntG vers lui, disant :
15 ...
16 — Au même moment demain je t’enverrai un homme du pays de Benjamin
et tu l’oindras pour chef de mon peuple Israël
et il sauvera mon peuple de la main des Philistins
Gétrangers
parce que j’ai regardé Gl'humiliation de mon peuple
car son
G Vleur cri est venu jusqu’à moi.
16 ...
17 Et quand Samuel eut vu Saül
YHWH
G Vle Seigneur lui dit
Grépondit : — Voici l’homme dont je t’ai parlé : celui-là sera chef de mon peuple.
17 ...
18 Et Saül s’approcha de Samuel au milieu de la porte
Gville et dit :
— Indique-moi, je te prie, où
Gquelle est la maison du voyant.
18 ...
19 Et Samuel répondit à Saül, disant :
— C’est moi qui suis le voyant
Gmoi-même, monte devant moi au haut lieu
Gà Bama
vous mangerez
Get mange
Vpour que vous mangiez aujourd’hui avec moi et je te laisserai partir le matin
et tout ce qu’il y a dans ton cœur, je te l'indiquerai.
19 ...
20 Et quant aux ânesses que tu as perdues il y a trois jours
n'en sois pas inquiet parce qu'elles sont
Gont été retrouvées.
Et à qui [sera] tout ce qu'il y a de précieux
Gla fleur de ce qui est
Vtout ce qu'il y a de meilleur en Israël ?
N’est-ce pas à toi et à M Vtoute la maison de ton père ?
20 ...
21 Et Saül répondit et dit :
— Ne suis-je pas, moi, un Benjamite d'une des plus petites tribus
Vun fils de Jamin de la plus petite tribu d'Israël ?
Et ma famille
Vma parenté n’est-elle pas la dernière de toutes les familles de la tribu de Benjamin ?
Pourquoi donc m'as-tu dit une telle parole ?
21 Et Saül répondit et dit : — Ne suis-je pas, moi, un fils d'un Iéminéen, du petit sceptre d'une tribu d'Israël ?
Et de la tribu la plus petite du sceptre entier de Benjamin ?
Pourquoi donc m'as-tu dit une telle parole ?
21 ...
22 Et Samuel prit
Vayant pris Saül et son serviteur
Met les fit entrer dans la salle Và manger
et leur donna une place à la tête des
Vde ceux qui avaient été conviés
car ils étaient environ trente hommes.
22 Et Samuel prit Saül et son serviteur
et les emmena dans l'hôtellerie
et leur donna une place parmi les premiers des invités,
environ soixante-dix hommes.
22 ...
23 Et Samuel dit au cuisinier :
— DonneG-moi la portion que je t’ai donnée en te disant : Mets-la à part.
Get que je t'ai dit de déposer près de toi.
Vet que je t’ai commandé de mettre à part près de toi.
23 ...
24 Et le cuisinier leva l’épaule Met ce qui l’entoure et la posa devant Saül.
Et il
VSamuel dit à Saül : — Voici ce qui reste, mets-le devant toi et mange
parce qu'elle a été gardée pour ce moment
Vexprès pour toi lorsque j’ai convié le peuple.
Et Saül mangea avec Samuel ce jour-là.
24 Et le cuisinier leva la cuisse et la posa devant Saül.
Et Samuel dit à Saül :
Voici ce qui reste, mets-le devant toi et mange
parce que c'est en témoignage qu'elle a été déposée pour toi de préférence aux autres.
Et Saül mangea avec Samuel ce jour-là.
24 ...
25 Et ils descendirent du haut lieu dans la ville
et il parla avec Saül sur le toit.
25 Et ils descendirent de Bama dans la ville
et ils disposèrent pour Saül de quoi s'étendre sur la terrasse.
25 ...
26 Et ils se levèrent, et
Get il se coucha. Et
il arriva, comme montait l'aurore, que Samuel appela Saül sur la terrasse en disant :
— Lève-toi et je te laisserai aller.
Et Saül se leva et ils sortirent tous les deux,
Gsortit, lui et Samuel, dehors.
26 Et alors qu'ils s'étaient levés au matin et qu'il commençait à faire jour
Samuel appela Saül sur la terrasse en disant :
— Lève-toi que je te laisse aller.
Et Saül se leva et ils sortirent tous les deux
c'est-à-dire lui-même et Samuel.
26 ...
27 Et alors qu'ils descendaient à l’extrémité
Gdans une partie de la ville
Samuel dit à Saül :
— Dis à ton serviteur de passer M Vet de marcher devant nous.
Et toi arrête-toi maintenant
Gaujourd'hui
Vun peu et je te ferai entendre
Gje te révèlerai
Vécoute la parole de Dieu
Vdu Seigneur.
27 ...
10,1 Et Samuel prit une
Gla fiole d’huile et la versa sur sa tête
puis il l'embrassa et dit :
— YHWH
G— Le Seigneur ne t'a-t-il pas oint pour chef sur son héritage
Gpeuple, sur Israël ?
GC'est toi qui seras chef du peuple du Seigneur et c'est toi qui le sauveras de la main de ses ennemis alentour. Et voici pour toi le signe que le Seigneur t'a oint comme chef sur son héritage :
1 ...
1 Et Samuel prit une petite fiole d’huile et la versa sur sa tête
puis il l'embrassa et dit :
— Voici que le Seigneur t'a oint pour chef sur son héritage.
10,2 Quand tu seras parti loin de moi aujourd’hui
tu trouveras deux hommes près du sépulcre de Rachel dans le territoire de Benjamin à Çelᵉçaḥ
Gfaisant de grands bonds
Và midi
et ils te diront : — Les ânesses que tu étais allé
Gvous êtes allés chercher sont retrouvées
et M Gvoici, ton père ayant délaissé les
M Ga laissé tomber l'affaire des ânesses M Get est inquiet pour vous
disant : — Que dois-je faire au sujet de mon fils ?
2 ...
10,3 Et tu partiras de là
Vlorsque tu seras parti de là et que tu passeras au-delà
et Vque tu arriveras au chêne de Tabor
VThabor
là tu seras rencontré par trois hommes
Gtu rencontreras trois hommes
Vtrois hommes te rejoindront montant vers Dieu à Béthel
l’un portant trois chevreaux
l’autre trois gâteaux de pain
Gréservoirs de pain
Vpains ronds
et l’autre portant une outre de vin.
3 ...
10,4 Et ils te demanderont comment tu vas et
Vlorsqu’ils t’auront salué, ils te donneront deux pains
et tu les recevras de leur main.
4 Et ils t'interrogeront avec les paroles de paix et ils te donneront deux parts prélevées sur les pains
et tu les prendras de leur main.
4 ...
10,5 Après cela, tu arriveras à la colline de Dieu
Vdu Seigneur où se trouve une garnison de Philistins
Gla construction des étrangers, où est Nasib l'étranger.
Et lorsque tu seras entré
Gvous serez entrés là, dans la ville,
tu rencontreras une troupe
Gun chœur de prophètes descendant du haut lieu
Gde Bama
et devant eux un luth et un tambourin
et une flûte et une harpe, et eux-mêmes prophétisant
Gseront en train de prophétiser.
5 ...
10,6 Et l’esprit de YHWH
G Vdu Seigneur s'élancera sur toi et tu prophétiseras avec eux
et tu seras changé en un autre homme.
6 ...
10,7 Quand donc Vtous ces signes te seront arrivés
fais tout ce que ta main trouvera car Dieu
Vle Seigneur est avec toi.
7 ...
10,8 Et tu descendras devant M Vmoi à Gilgal
VGalgal
et voici
Vcar moi je descendrai vers toi
pour offrir des holocaustes
Goffrir un holocauste
Vque tu offres un sacrifice et immoler
V que tu immoles des victimes de paix.
Tu attendras sept jours jusqu’à ce que je vienne vers toi
et je te ferai savoir ce que tu dois faire
Gferas.
8 ...
10,9 Et il arriva
VC'est pourquoi lorsqu'il eut tourné le dos pour s'éloigner de Samuel
M Gque Dieu lui changea son cœur en un autre
et tous ces signes arrivèrent ce jour-là.
9 ...
10,10 Et ils arrivèrent
Gil arrive à la colline Vindiquée
et voici une bande
Gun chœur
Vun bataillon de prophètes venant à sa rencontre
Gen face de lui
et l’esprit de Dieu s'élança sur lui et il prophétisa au milieu d’eux.
10 ...
10,11 Et Mil arriva que tous ceux qui l'avaient connu d'hier et d'avant-hier
G Vhier et avant-hier Garrivèrent et virent
qu’il prophétisait
G Vétait avec les prophètes Vet qu'il prophétisait
le peuple dit, chacun à son voisin :
Vils se dirent l’un à l’autre :
— Qu’est-il arrivé au fils de Qish
VQuis ? Saül est-il aussi parmi les prophètes ?
11 ...
10,12 Quelqu’un de là répondit et dit
GEt l'un d'eux répondit et dit
VL'un répondit à l'autre en disant :
— Et qui est leur
Gson père ?
C’est pourquoi cela passa en proverbe : « — Saül est-il aussi parmi les prophètes ? »
12 ...
10,13 Et il cessa de prophétiser et vint
Gvient à la colline.
Vau haut lieu.
13 ...
10,14 Et l’oncle de Saül
Gson parent [leur] dit, à lui et à son serviteur : — Où êtes-vous allés
Vpartis ?
Et il dit
Vils répondirent : — Chercher les ânesses
et nous avons vu qu'elles étaient nulle part,
Vmais comme nous ne les avons pas trouvées, nous sommes venus vers Samuel.
14 ...
10,15 Et l’oncle de Saül
Gson parent
Vson oncle lui dit :
— Raconte-moi ce que vous
G Vt'a dit Samuel.
15 ...
10,16 Et Saül dit à son oncle
Gparent :
— Il nous a déclaré expressément
G— Déclarant, il nous a déclaré
V— Il nous a indiqué que les ânesses étaient retrouvées.
Mais Vconcernant la parole sur la royauté, il ne lui rapporta pas
Mce que Samuel avait dit
Vce que Samuel lui avait dit.
16 ...
8,1–31,13 Saül, héros d'opéra
Georg Friedrich Haendel, né à Halle en 1685, mort à Londres en 1759, montra très tôt des dons exceptionnels pour la musique. Organiste de la cathédrale de sa ville natale, il part pour Hambourg en 1703, où l'on joue ses premiers opéras en 1705. En 1710, il s'installe à Londres où il impose l'opéra italien à un public qui en ignorait presque tout. En 1719, il est nommé directeur de l'Académie Royale de Musique. Trois ans plus tard, il est naturalisé anglais.
Le théâtre a été au centre des activités de Haendel tout au long de sa vie. Des 39 opéras qui nous sont parvenus, tous, sauf trois, furent composés pour Londres. Destinés à un public aristocratique, ils conservent beaucoup des caractéristiques des opéras de cour de l'époque, en particulier l'utilisation de chanteurs virtuoses. Tous appartiennent à la tradition de l'opera seria ; l'œuvre est construite sur le récitatif et l'aria, les rôles masculins principaux sont confiés à des castrats, l'emploi des ensembles et des chœurs est restreint. La plupart des intrigues sont construites sur des thèmes classiques ou historiques, certaines font appel au fantastique et au merveilleux (Alcina, Orlando). Parmi les plus célèbres, citons : Tamerlano, Rodelinda, Orlando, Ariodante, Xerse. Vers la fin de sa vie, Haendel reporta une partie de son génie dramatique sur l'oratorio (Samson, Jephta, le Messie) ; il put s'y libérer de l'emprise de l'aria da capo et proposer une écriture vocale nouvelle.
Charles Jennens (1700-1773) était un riche propriétaire, musicien amateur et homme de lettres qui soutenait la « cause » haendélienne depuis le début. On suppose que c’est en 1735 qu’il soumit au compositeur le livret de Saül. Mais le moment était mal choisi, Haendel n’ayant pas encore renoncé à ses ambitions italiennes, et le livret atterrit probablement dans un tiroir. Il n’en sortit qu’en 1738, après l’échec d’une souscription lancée par Heidegger pour une nouvelle saison d’opéra. Le 23 juillet, Haendel mettait sur papier les premières notes de Saül dont il acheva la première mouture en août. Il interrompit la composition entre le 9 et le 20 septembre et termina l’œuvre – après une révision profonde, surtout de la dernière partie – le 27 septembre. Trois jours plus tard, il en était déjà à esquisser Israël en Egypte…
A 53 ans, il ouvrait une nouvelle époque de sa vie. Saül allait être produit au King’s Theatre, loué à Heidegger, selon le schéma déjà utilisé en 1736, dans le cadre d’une saison construite autour d’œuvres anglaises données en concert. Saül inaugura la série le 16 janvier 1739 et fut donné quatre fois. Le succès ne fait aucun doute, comme le démontrent de nombreux témoignages. Le rôle de David, écrit initialement la mezzo-soprano Marchesini fut repris par un Mr. Russell, probablement un ténor qui dut le transposer ; lors des reprises – cinq à Londres, entre 1740 et 1754, et une, triomphale, à Dublin en 1742 – le rôle traversa tous les registres, depuis sopranos jusqu’aux basses, en passant par le castrat Andreoni pour qui on le traduisit en italien ; à Dublin on le confia naturellement à Mrs Susannah Cibber, premier alto du Messie, et tragédienne de génie. Comme la plupart des drames bibliques de Haendel, Saül ne disparut jamais du répertoire, tant en anglais qu’en traduction allemande, faisant souvent l’objet de productions théâtrales.
Inspiré par un livret admirablement construit, dans lequel Jennens parvient à resserrer les épisodes du Premier livre de Samuel, et à en extraire l’essence des conflits humains (il y ajoute celui de Merab, judicieusement emprunté à un autre écrivain), Haendel produit un drame d’une grandeur et d’une force exceptionnelles, littéralement inédites dans la musique de son siècle. La tragédie progresse à grands pas, ignorant l’unité de lieu et de temps, toute entière vouée à l’exaltation des passions humaines et aux leçons profondes qu’il faut tirer du spectacle de leur périlleux empire.
Saul : basse ; David : ténor ; Jonathan : ténor ; Michal : soprano ; Merab : soprano ; Grand’Prêtre : ténor ; Sorcière d’Endor : alto ; Samuel : basse ; Doeg : ténor ; Amalekite : ?
Une ouverture en quatre mouvements et un grand tableau triomphal – l’Epinicion – à la gloire de David, vainqueur de Goliath – plantent le décor (How excellent ! – an infant raised – Along the monster – The youth inspired). Michal, la fille de Saül que David aimera, annonce l’arrivée du « divin adolescent » (Oh, godlike youth). Celui-ci entre en scène tenant la tête ensanglantée de Goliath. Saül l’invite à rester auprès de lui, en lui proposant d’épouser sa fille. David accepte les faveurs, mais refuse l’éloge : Dieu est seul responsable de ses victoires (O King, your favours). Jonathan, fils de Saül, est émerveillé par tant de vertu, alors que Merab, sa sœur, s’en offense (What abject thoughts). Mais Jonathan n’a cure de la basse extraction de David (Birth and fortune). Saül offre à David la main de Merab qui la rejette avec mépris (My soul rejects), à l’étonnement de sa sœur, Michal (See, with what a scornful air). Le temps passe (Sinfonia). Le carillon annonce le retour des deux guerriers, Saül et David, mais les louanges maladroites du peuple (Welcome, welcome) dressent le Roi contre son jeune vassal. La fureur de Saül (With rage I shall burst) n’a semble-t-il étonné personne : sa fille Michal confirme qu’il s’agit d’une vieille maladie (Fell rage and black despair), et que seule la lyre de David peut apaiser les souffrances du Roi ; hélas, la thérapie semble avoir perdu toute efficacité.
Les paroles de David (O Lord, whose mercies) restent sans effet sur Saül qui lance son javelot sur le chanteur (A serpent in my bosom warmed). L’ayant raté, il ordonne à Jonathan de le poursuivre et le tuer. Merab condamne son père fantasque (Capricious man), alors que Jonathan proteste (Oh, filial pietry ! – No, cruel father). Le chœur prie Dieu de préserver David de la fureur meurtrière de Saül (Preserve him) ;
Le chœur déplore la fatale jalousie qui s’est emparée du cœur de Saül (Envy ! eldest born of hell). Jonathan jure son amitié à David (But sooner Jonathan stream) qui aime Michal (Such Haughty beauties). Jonathan tente à nouveau de calmer son père (Sin not, o king) qui feint une guérison (As great Jehovah) à la plus grande joie de Jonathan (From cities stormed) ; Saül accepte de donner Michal à David, en espérant le faire tuer par ses ennemis. Michal et David échangent leur vœux (duo : Of fairest of ten thousand fair), et le peuple approuve leur union (Is there a man). Le temps passe à nouveau (Sinfonia) Saül n’est pas guéri : il a de nouveau lancé son javelot sur David. Michal sauve le jeune homme in extremis (duo : At persecution I can laugh) lorsqu’un messager du roi vient le chercher avec des intentions évidentes. Michal ne tremble pas (No, let the guilty tremble), tandis que David est parvenu à gagner le cœur de sa belle-sœur Merab, horrifiée par la cruauté de Saül (Author of peace). (Sinfonia). Saül ne pouvant atteindre David, lève la main sur son propre fils Jonathan. Le chœur réagit avec horreur et crainte (O fatal consequence). Ouvert et clos par une fresque chorale, le IIe acte a mené la tragédie à son point culminant.
Saül visite la grotte de la Sorcière d’Endor, et sollicite l’oracle (accompagnato : Wretch that I am). La Sorcière invoque l’esprit du prophète Samuel (infernal spirits). De sa bouche, Saül reçoit l’impitoyable verdict : il sera tué avec son fils Jonathan. (Sinfonia). Après la bataille, un Amalécite en informe David. (Marche funèbre). En symétrie avec la cérémonie triomphale du début, la tragédie s’achève sur un tableau funèbre auquel participent David, Michal, Merab et le Grand prêtre, hommage idéalisé au roi défunt et à son fils (Mourn Israel – From This unhappy day – Brave Jonathan – Eagles were not so swift – In Sweetest harmony – O fatal day – Gird on thy sword).
Bibliographie : Piotr ; Programme Opéra national de Paris, Jules César, saison 2010-2011, p.19.
Mille et un opéras (Les Indispensables de la musique), Paris: Fayard, 2004