Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Nāḥāš l’Ammonite
GUn mois après, Naas l’Ammanite
VNaas l’Ammonite monta et campa
Vcommença à combattre contre Yābēiš de Gilᵉ‘ād
GIabis Galaad
VJabisgalaad.
Et tous les hommes de Yabesh
VJabès dirent à Nahash
VNaas :
— Conclus une alliance avec nous
VConsidère-nous comme tes alliés et nous te servirons.
1 ...
2 Et Nahash
VNaas l’Ammonite leur dit
Vrépondit :
— Je conclurai une alliance avec vous à Gcette condition
que je vous crève
Garrache à tous l’œil droit
et M Vque je mette
Gmettrai un opprobre sur M Vtout Israël.
2 ...
3 Et les anciens
Ghommes de Yabesh
VJabès lui dirent
Gdisent :
— Accorde-nous sept jours pour que nous envoyions
Get nous enverrons des messagers dans tout le territoire d’Israël
et s’il n’y a personne qui nous sauve
Vdéfende, nous sortirons vers toi.
3 ...
4 Et les messagers vinrent
Gviennent à Gibéa
VGabaath de
Gchez Saül
et dirent
Gdisent ces paroles aux oreilles du peuple
Vau peuple qui écoutait
et tout le peuple éleva sa voix et pleura.
4 ...
5 Et voici que Saül revenait
Garrivait de [son] champ derrière [ses] bœufs
Gaprès le petit matin
Vsuivant [ses] bœufs
et Saül
Vil dit : — Pourquoi le peuple pleure-t-il ?
Et ils lui rapportèrent les paroles des hommes
Gfils de Yabesh
VJabès.
5 ...
6 Et l'esprit de YHWH
G Vdu Seigneur s'élança sur Saül lorsqu’il eut entendu ces paroles
et sa colère s'enflamma fortement
Gsa colère s'irrita contre eux fortement
Vsa colère s'irrita fortement.
6 ...
7 Et il prit une paire de
G Vdeux bœufs et les coupa en morceau
et les envoya par la main de messagers dans tout le territoire d’Israël en disant :
— Quiconque ne sortira pas à la suite de Saül et de Samuel
ainsi sera-t-il fait à ses bœufs.
L'effroi de YHWH
G V du Seigneur s'abattit sur le peuple Gd'Israël et ils sortirent
Gcrièrent comme un seul homme.
7 ...
8 Et il
GAbiezek les passa en revue à Bezeq
Gà Bama
VBézec :
les enfants
Ghommes d’Israël Vfurent trois cent mille
et les hommes de Juda trente mille.
8 ...
9 Et ils dirent
Gil dit aux messagers qui étaient venus
Garrivaient :
— Vous direz ainsi aux hommes qui sont à Yabesh en Galaad
VJabisgalaad :
— Demain ce sera pour vous le salut quand le soleil sera devenu chaud.
Et les messagers vinrent et portèrent la nouvelle aux hommes de Yabesh
VJabès
et ils se réjouirent.
9 ...
10 Et les hommes de Jabès
Vils dirent Gà Naas l'Ammonite : — Demain
VAu matin nous sortirons vers vous
et vous nous ferez tout ce qui sera bon à vos yeux
Gsera bon à votre regard
Vvous plaira.
10 ...
11 Et le lendemain
Gil arriva, le surlendemain, que
Vcomme le jour suivant était arrivé
Saül disposa le peuple en trois corps
et ils pénétrèrent
Vil entra au milieu du camp à la veille du matin
Gde l'aurore
et ils frappèrent
Gils frappaient
Vil frappa Gles fils d'Ammon jusqu’à ce que le jour fût devenu chaud.
Ceux qui restèrent furent dispersés et
Vsi bien qu’il n’en resta pas deux ensemble.
11 ...
8,1–31,13 Saül, héros d'opéra
Georg Friedrich Haendel, né à Halle en 1685, mort à Londres en 1759, montra très tôt des dons exceptionnels pour la musique. Organiste de la cathédrale de sa ville natale, il part pour Hambourg en 1703, où l'on joue ses premiers opéras en 1705. En 1710, il s'installe à Londres où il impose l'opéra italien à un public qui en ignorait presque tout. En 1719, il est nommé directeur de l'Académie Royale de Musique. Trois ans plus tard, il est naturalisé anglais.
Le théâtre a été au centre des activités de Haendel tout au long de sa vie. Des 39 opéras qui nous sont parvenus, tous, sauf trois, furent composés pour Londres. Destinés à un public aristocratique, ils conservent beaucoup des caractéristiques des opéras de cour de l'époque, en particulier l'utilisation de chanteurs virtuoses. Tous appartiennent à la tradition de l'opera seria ; l'œuvre est construite sur le récitatif et l'aria, les rôles masculins principaux sont confiés à des castrats, l'emploi des ensembles et des chœurs est restreint. La plupart des intrigues sont construites sur des thèmes classiques ou historiques, certaines font appel au fantastique et au merveilleux (Alcina, Orlando). Parmi les plus célèbres, citons : Tamerlano, Rodelinda, Orlando, Ariodante, Xerse. Vers la fin de sa vie, Haendel reporta une partie de son génie dramatique sur l'oratorio (Samson, Jephta, le Messie) ; il put s'y libérer de l'emprise de l'aria da capo et proposer une écriture vocale nouvelle.
Charles Jennens (1700-1773) était un riche propriétaire, musicien amateur et homme de lettres qui soutenait la « cause » haendélienne depuis le début. On suppose que c’est en 1735 qu’il soumit au compositeur le livret de Saül. Mais le moment était mal choisi, Haendel n’ayant pas encore renoncé à ses ambitions italiennes, et le livret atterrit probablement dans un tiroir. Il n’en sortit qu’en 1738, après l’échec d’une souscription lancée par Heidegger pour une nouvelle saison d’opéra. Le 23 juillet, Haendel mettait sur papier les premières notes de Saül dont il acheva la première mouture en août. Il interrompit la composition entre le 9 et le 20 septembre et termina l’œuvre – après une révision profonde, surtout de la dernière partie – le 27 septembre. Trois jours plus tard, il en était déjà à esquisser Israël en Egypte…
A 53 ans, il ouvrait une nouvelle époque de sa vie. Saül allait être produit au King’s Theatre, loué à Heidegger, selon le schéma déjà utilisé en 1736, dans le cadre d’une saison construite autour d’œuvres anglaises données en concert. Saül inaugura la série le 16 janvier 1739 et fut donné quatre fois. Le succès ne fait aucun doute, comme le démontrent de nombreux témoignages. Le rôle de David, écrit initialement la mezzo-soprano Marchesini fut repris par un Mr. Russell, probablement un ténor qui dut le transposer ; lors des reprises – cinq à Londres, entre 1740 et 1754, et une, triomphale, à Dublin en 1742 – le rôle traversa tous les registres, depuis sopranos jusqu’aux basses, en passant par le castrat Andreoni pour qui on le traduisit en italien ; à Dublin on le confia naturellement à Mrs Susannah Cibber, premier alto du Messie, et tragédienne de génie. Comme la plupart des drames bibliques de Haendel, Saül ne disparut jamais du répertoire, tant en anglais qu’en traduction allemande, faisant souvent l’objet de productions théâtrales.
Inspiré par un livret admirablement construit, dans lequel Jennens parvient à resserrer les épisodes du Premier livre de Samuel, et à en extraire l’essence des conflits humains (il y ajoute celui de Merab, judicieusement emprunté à un autre écrivain), Haendel produit un drame d’une grandeur et d’une force exceptionnelles, littéralement inédites dans la musique de son siècle. La tragédie progresse à grands pas, ignorant l’unité de lieu et de temps, toute entière vouée à l’exaltation des passions humaines et aux leçons profondes qu’il faut tirer du spectacle de leur périlleux empire.
Saul : basse ; David : ténor ; Jonathan : ténor ; Michal : soprano ; Merab : soprano ; Grand’Prêtre : ténor ; Sorcière d’Endor : alto ; Samuel : basse ; Doeg : ténor ; Amalekite : ?
Une ouverture en quatre mouvements et un grand tableau triomphal – l’Epinicion – à la gloire de David, vainqueur de Goliath – plantent le décor (How excellent ! – an infant raised – Along the monster – The youth inspired). Michal, la fille de Saül que David aimera, annonce l’arrivée du « divin adolescent » (Oh, godlike youth). Celui-ci entre en scène tenant la tête ensanglantée de Goliath. Saül l’invite à rester auprès de lui, en lui proposant d’épouser sa fille. David accepte les faveurs, mais refuse l’éloge : Dieu est seul responsable de ses victoires (O King, your favours). Jonathan, fils de Saül, est émerveillé par tant de vertu, alors que Merab, sa sœur, s’en offense (What abject thoughts). Mais Jonathan n’a cure de la basse extraction de David (Birth and fortune). Saül offre à David la main de Merab qui la rejette avec mépris (My soul rejects), à l’étonnement de sa sœur, Michal (See, with what a scornful air). Le temps passe (Sinfonia). Le carillon annonce le retour des deux guerriers, Saül et David, mais les louanges maladroites du peuple (Welcome, welcome) dressent le Roi contre son jeune vassal. La fureur de Saül (With rage I shall burst) n’a semble-t-il étonné personne : sa fille Michal confirme qu’il s’agit d’une vieille maladie (Fell rage and black despair), et que seule la lyre de David peut apaiser les souffrances du Roi ; hélas, la thérapie semble avoir perdu toute efficacité.
Les paroles de David (O Lord, whose mercies) restent sans effet sur Saül qui lance son javelot sur le chanteur (A serpent in my bosom warmed). L’ayant raté, il ordonne à Jonathan de le poursuivre et le tuer. Merab condamne son père fantasque (Capricious man), alors que Jonathan proteste (Oh, filial pietry ! – No, cruel father). Le chœur prie Dieu de préserver David de la fureur meurtrière de Saül (Preserve him) ;
Le chœur déplore la fatale jalousie qui s’est emparée du cœur de Saül (Envy ! eldest born of hell). Jonathan jure son amitié à David (But sooner Jonathan stream) qui aime Michal (Such Haughty beauties). Jonathan tente à nouveau de calmer son père (Sin not, o king) qui feint une guérison (As great Jehovah) à la plus grande joie de Jonathan (From cities stormed) ; Saül accepte de donner Michal à David, en espérant le faire tuer par ses ennemis. Michal et David échangent leur vœux (duo : Of fairest of ten thousand fair), et le peuple approuve leur union (Is there a man). Le temps passe à nouveau (Sinfonia) Saül n’est pas guéri : il a de nouveau lancé son javelot sur David. Michal sauve le jeune homme in extremis (duo : At persecution I can laugh) lorsqu’un messager du roi vient le chercher avec des intentions évidentes. Michal ne tremble pas (No, let the guilty tremble), tandis que David est parvenu à gagner le cœur de sa belle-sœur Merab, horrifiée par la cruauté de Saül (Author of peace). (Sinfonia). Saül ne pouvant atteindre David, lève la main sur son propre fils Jonathan. Le chœur réagit avec horreur et crainte (O fatal consequence). Ouvert et clos par une fresque chorale, le IIe acte a mené la tragédie à son point culminant.
Saül visite la grotte de la Sorcière d’Endor, et sollicite l’oracle (accompagnato : Wretch that I am). La Sorcière invoque l’esprit du prophète Samuel (infernal spirits). De sa bouche, Saül reçoit l’impitoyable verdict : il sera tué avec son fils Jonathan. (Sinfonia). Après la bataille, un Amalécite en informe David. (Marche funèbre). En symétrie avec la cérémonie triomphale du début, la tragédie s’achève sur un tableau funèbre auquel participent David, Michal, Merab et le Grand prêtre, hommage idéalisé au roi défunt et à son fils (Mourn Israel – From This unhappy day – Brave Jonathan – Eagles were not so swift – In Sweetest harmony – O fatal day – Gird on thy sword).
Bibliographie : Piotr ; Programme Opéra national de Paris, Jules César, saison 2010-2011, p.19.
Mille et un opéras (Les Indispensables de la musique), Paris: Fayard, 2004